Re: Votre film du mois de Janvier 2014
Publié : 4 janv. 14, 16:50
[center]Janvier 2014[/center][/color]
Ange (Ernst Lubitsch, 1937)
Lubitsch est passé maître dans l’art de déjouer la censure, manipuler en jongleur les notes de l’ambigüité, mettre en scène des situations où les codes sociaux, d’apparence parfaitement respectable et sophistiquée, s’offrent simultanément pour lui comme des codes stylistiques. Le milieu de l’aristocratie fournit à nouveau l’adéquation parfaite entre les manœuvres des protagonistes et celles du réalisateur, tout autant amuseur sarcastique que moraliste éclairé. Car au-delà des roucoulades au clair de lune et des frivolités bourgeoises, il travaille ici une certaine philosophie de l’amour, de la confiance et de l’engagement, cherchant à révéler la vérité des sentiments derrière la sophistication d’un luxe conçu comme jouissance voluptueuse. 4/6
Ariane (Billy Wilder, 1957)
Le film marque la première collaboration de Wilder avec le scénariste I.A.L. Diamond. Variation douce-amère sur les stratagèmes de l’idée fixe et les multiples visages du mensonge, ce conte de fées lubitschien raconte comment une jeune fille innocente se fait passer pour une gourgandine afin de séduire un Casanova quinquagénaire : parfaitement huilé, le dispositif permet de développer toute une série de variations tonales et célèbre une éducation sentimentale qui passe aussi bien par le sourire que par une certaine forme de désenchantement. Mais l’ensemble n’évite pas complètement la superficialité, et si les notes de gravité qui ponctuent la comédie sont appréciables, on peut largement préférer l’acide habituel de l’auteur à ce champagne un peu fade. 4/6
Témoin à charge (Billy Wilder, 1957)
Intermezzo dans la série des comédies moralistes de l’auteur : Wilder s’offre une récréation criminelle et importe avec brio l’univers d’Agatha Christie dans le sien. Ou plutôt l’inverse, tant son identité de cinéaste sarcastique s’efface au profit d’un échafaudage narratif réglé au poil. Peu importe : pour qui aime se faire balader et prendre au piège d’une toile toute en perspectives déformées, dualités, déguisements, mensonges à gogo et retournements variés, c’est le pied complet. Au-delà d’un suspense de prétoire parfaitement orchestré, Wilder révèle les dessous sordides d’un crime crapuleux, mis à nu à la faveur d’un coup de théâtre final qui laisse sur le derche. Et pour mener ce festival de la ruse et du trompe-l’œil, rien de tel qu’un Charles Laughton onctueux et cabotin en diable. 5/6
Intérieurs (Woody Allen, 1978)
Trois frangines face à la séparation de leurs parents, leurs époux respectifs, leurs secrets inavoués, leurs rancœurs enfouies, l’amour qu’elles se portent, parfois si difficile à communiquer… Ce n’est pas encore l’admirable Hannah et ses Sœurs, mais c’est déjà une réussite achevée, où l’éclatement et la solitude tendent à révéler la crise d’un groupe uni par une affection instinctive et miné par des antagonismes souterrains. Avec une remarquable de moyens, l’auteur cisèle une étude psychologique faite de pénombre, de rigueur et de gravité. La fermeté elliptique et distante de la mise en scène n’empêche nullement l’émotion de fleurir, car loin du drame guindé trop respectueux de son maître (suédois), c’est une œuvre habitée, sincère, pas loin d’être bouleversante sur la fin. 5/6
Ange (Ernst Lubitsch, 1937)
Lubitsch est passé maître dans l’art de déjouer la censure, manipuler en jongleur les notes de l’ambigüité, mettre en scène des situations où les codes sociaux, d’apparence parfaitement respectable et sophistiquée, s’offrent simultanément pour lui comme des codes stylistiques. Le milieu de l’aristocratie fournit à nouveau l’adéquation parfaite entre les manœuvres des protagonistes et celles du réalisateur, tout autant amuseur sarcastique que moraliste éclairé. Car au-delà des roucoulades au clair de lune et des frivolités bourgeoises, il travaille ici une certaine philosophie de l’amour, de la confiance et de l’engagement, cherchant à révéler la vérité des sentiments derrière la sophistication d’un luxe conçu comme jouissance voluptueuse. 4/6
Ariane (Billy Wilder, 1957)
Le film marque la première collaboration de Wilder avec le scénariste I.A.L. Diamond. Variation douce-amère sur les stratagèmes de l’idée fixe et les multiples visages du mensonge, ce conte de fées lubitschien raconte comment une jeune fille innocente se fait passer pour une gourgandine afin de séduire un Casanova quinquagénaire : parfaitement huilé, le dispositif permet de développer toute une série de variations tonales et célèbre une éducation sentimentale qui passe aussi bien par le sourire que par une certaine forme de désenchantement. Mais l’ensemble n’évite pas complètement la superficialité, et si les notes de gravité qui ponctuent la comédie sont appréciables, on peut largement préférer l’acide habituel de l’auteur à ce champagne un peu fade. 4/6
Témoin à charge (Billy Wilder, 1957)
Intermezzo dans la série des comédies moralistes de l’auteur : Wilder s’offre une récréation criminelle et importe avec brio l’univers d’Agatha Christie dans le sien. Ou plutôt l’inverse, tant son identité de cinéaste sarcastique s’efface au profit d’un échafaudage narratif réglé au poil. Peu importe : pour qui aime se faire balader et prendre au piège d’une toile toute en perspectives déformées, dualités, déguisements, mensonges à gogo et retournements variés, c’est le pied complet. Au-delà d’un suspense de prétoire parfaitement orchestré, Wilder révèle les dessous sordides d’un crime crapuleux, mis à nu à la faveur d’un coup de théâtre final qui laisse sur le derche. Et pour mener ce festival de la ruse et du trompe-l’œil, rien de tel qu’un Charles Laughton onctueux et cabotin en diable. 5/6
Intérieurs (Woody Allen, 1978)
Trois frangines face à la séparation de leurs parents, leurs époux respectifs, leurs secrets inavoués, leurs rancœurs enfouies, l’amour qu’elles se portent, parfois si difficile à communiquer… Ce n’est pas encore l’admirable Hannah et ses Sœurs, mais c’est déjà une réussite achevée, où l’éclatement et la solitude tendent à révéler la crise d’un groupe uni par une affection instinctive et miné par des antagonismes souterrains. Avec une remarquable de moyens, l’auteur cisèle une étude psychologique faite de pénombre, de rigueur et de gravité. La fermeté elliptique et distante de la mise en scène n’empêche nullement l’émotion de fleurir, car loin du drame guindé trop respectueux de son maître (suédois), c’est une œuvre habitée, sincère, pas loin d’être bouleversante sur la fin. 5/6