Supfiction a écrit : ↑1 mars 22, 19:08
Belfast, demain en salles. Des avis ?
C'est vrai qu'on se bouscule moins pour poster des avis sur
Belfast que sur
The Batman ou le
Massacre à la Tronçonneuse sauce Netflix, mais on en trouve quand même en cherchant bien.
Par ordre d'apparition à l'écran (auxquels on ajoutera Karras et votre serviteur en page précédente) :
santiago a écrit : ↑27 févr. 22, 12:33
Belfast : 5,5/10
cinephage a écrit : ↑1 mars 22, 10:28
Belfast, de Kenneth Brannagh (2021) 7,5/10 - Bon sujet, excellent casting bien dirigé, superbe photo. La mise en scène en fait un peu trop, mais le film se suit avec intérêt tout de même.
poet77 a écrit : ↑3 mars 22, 11:32
Belfast: 8,5/10
TheGentlemanBat a écrit : ↑8 mars 22, 19:20
Belfast : 6/10
Il m'a fallu un peu de temps pour rentrer dans le film (va savoir pourquoi, et ça m'a fait cet effet surtout au tout début, j'ai trouvé que cette reconstitution du Belfast à la fin des sixties, avec son air de carte postale, sonnait horriblement faux) et puis grâce au charme du cast et quelques jolis moments ici & là (notamment les scènes avec "pop" et "granny" qui m'ont renvoyées à mes propres souvenirs de famille), la mayonnaise a finalement réussi à prendre petit à petit. Bon, on est loin des oeuvres glorieuses de jeunesse de Branagh mais par rapport à ce qu'il nous a pondu ces dernières années, je trouve que y'a du mieux.
Histoire de ne pas faire qu'un bête copier/coller, je noterai qu'on aurait pris moins de pincettes pour en dire du bien s'il s'agissait d'un premier film, ou s'il avait été signé par quelqu'un d'autre que le terrifiant mafieux russe de
Tenet et le tout aussi terrifiant réalisateur de
Cendrillon version live-action (cette remarque vaut également pour mon appréciation personnelle).
Sauf que voilà, c'est Kenneth Branagh alors on a appris à se méfier. Et le début ne rassure pas du tout, avec une enfilade de plans touristiques en couleurs de Belfast, de jolies vues aériennes de carte postale (on devrait
vraiment interdire l'usage des drones sur les tournages), le tout s'achevant devant un mur. La caméra s'élève, et de l'autre côté du mur nous sommes en noir et blanc en 1969. Dans un long mouvement qui traverse une rue, une jeune fille appelle un certain Buddy tout en saluant tous ceux qu'elle croise. Finalement elle trouve ce Buddy, adorable bambin qui joue à chasser des dragons avec d'autres enfants, à qui elle dit qu'il faut rentrer manger. Buddy s'exécute et traverse lui aussi cette rue en saluant tout le monde. Soudain sa course s'arrête, figée par l'arrivée d'un groupe de protestants bien décidés à déloger les catholiques de leur quartier. Et c'est la fin brutale de la débauche de virtuosité qui voudrait rivaliser avec
Touch of Evil, remplacée par un interminable traveling circulaire autour de l'enfant (vous savez, comme dans les séries télé pour souligner les moments de tension).
Tout est dit, tout est posé : noir et blanc classieux, mouvements de caméras longs et complexes qui plantent le décor (Branagh avait déjà fait le même coup en intro de
Mort sur le Nil), tout ceci s'achevant sur le sujet du film : la guerre civile vu à travers les yeux d'un enfant.
Là, franchement, le film est à peine commencé depuis cinq minutes et j'ai déjà envie de me barrer. Mais progressivement le charme opère, et on s'installe dans ce récit autobiographique (à Noël on reçoit un roman d'Agatha Christie, à un autre moment le gamin lit un comics
Thor, c'est donc bien la preuve que chaque film de Branagh est une oeuvre personnelle, puisqu'il nous le dit), calibré dans son histoire, propre sur lui et convenu (les parents sont protestants mais ne veulent pas prendre parti), tellement joli et polissé que ses émotions ne parviennent plus à bouleverser... mais ça opère quand même.
Aucun miracle là-dedans, mais deux raisons simples.
D'une part grâce à une interprétation plus que solide qui joue sa partition impeccablement (même les enfants sont bons, c'est dire).
Et d'autre part parce que le film a en fait deux sujets. Il y a ce qu'il veut raconter (la guerre vue par un enfant dans un récit qui se dit autobiographique), mais il y aussi ce qu'il raconte vraiment : la déchirure d'un enfant de huit ans forcé de fuir Belfast pour Londres à cause d'une guerre civile. Et cette blessure ne s'est jamais complètement refermée, même s'il a fallu attendre la soixantaine et un confinement pour que Kenneth Branagh le réalise pleinement. Bref son film touche parce que malgré tous les défauts du bonhomme il est sincère.
Donc un joli petit film à découvrir si vous en avez l'occasion... en attendant son prochain assassinat d'Agatha Christie