Le Lauréat (Mike Nichols - 1967)
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Re: Le Lauréat - The graduate (Mike Nichols - 1967)
Ben moi, j'aime beaucoup Mike Nichols, surtout celui de la fin des années 60 (les années 80-90 sont plus discutables). Précision du cadrage, direction d'acteur au poil, gestion intelligente du rythme et de la bande sonore, j'aime beaucoup son travail.
Sur le fond, sa thématique d'alors étaient la captation d'un air du temps entre besoin d'engagement, dispersion de valeurs et référents de la génération précédente, remise en question de l'état, des hiérarchies établies... J'aime vraiment beaucoup.
Le lauréat reste pour moi un formidable film sur la liberté, l'affranchissement des contraintes parentales et l'affirmation de soi. Je recommande à ce sujet le texte de Thoret (je crois que c'est dans son bouquin sur le cinéma américain des années 70, mais je me trompe peut-être, vu que le film date de 67) dans lequel il analyse l'usage du cadre pour accompagner formellement le passage de Ben du carcan à la liberté.
Sur le fond, sa thématique d'alors étaient la captation d'un air du temps entre besoin d'engagement, dispersion de valeurs et référents de la génération précédente, remise en question de l'état, des hiérarchies établies... J'aime vraiment beaucoup.
Le lauréat reste pour moi un formidable film sur la liberté, l'affranchissement des contraintes parentales et l'affirmation de soi. Je recommande à ce sujet le texte de Thoret (je crois que c'est dans son bouquin sur le cinéma américain des années 70, mais je me trompe peut-être, vu que le film date de 67) dans lequel il analyse l'usage du cadre pour accompagner formellement le passage de Ben du carcan à la liberté.
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
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Re: Le Lauréat - The graduate (Mike Nichols - 1967)
Jeremy Fox a écrit :Oui effectivement, c'est le seul que je me rappelle avoir un peu apprécié (Silkwood aussi mais ça fait tellement longtemps). Mais pour un bon film, combien de séances insupportables pour ma part avec loin devant les pénibles Wolf, A propos d'Henry ou Working Girl auxquels vient désormais s'ajouter ce Lauréat.Rick Blaine a écrit :
Pour revenir à Nichols, je ne veux pas prendre sa défense, je ne le connais pas assez, mais j'avais tout de même trouvé son travail très bon sur Qui a peur de Virginia Woolf?, l'autre film que j'ai vu de lui (et que je préfère au Lauréat d'ailleurs), tu le trouves mauvais également?
Si tu ne l'as jamais vu je te recommande vivement Catch 22 versant cauchemardesque et bien plus réussi du MASH de Altman (qui l'a éclipsé malheureusement) un très grand film. Et récemment son petit dernier La Guerre selon Charlie Wilson était très bon aussi, inégal mais intéressant réalisateur bon souvenir de Silkwood aussi. Tu as vu les pires à part Le Lauréat (que j'aime beaucoup aussi ah cette fin !)en fait Jeremy
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Re: Le Lauréat - The graduate (Mike Nichols - 1967)
Profondo Rosso a écrit :
Si tu ne l'as jamais vu je te recommande vivement Catch 22 versant cauchemardesque et bien plus réussi du MASH de Altman (qui l'a éclipsé malheureusement) un très grand film. Et récemment son petit dernier La Guerre selon Charlie Wilson était très bon aussi, inégal mais intéressant réalisateur bon souvenir de Silkwood aussi. Tu as vu les pires à part Le Lauréat (que j'aime beaucoup aussi ah cette fin !)en fait Jeremy
N'étant pas spécialement borné, j'en prends bonne note
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Re: Le Lauréat - The graduate (Mike Nichols - 1967)
Je viens de voir et de découvrir ce film (version BD de Studio Canal, disque livré ce matin); j'ai parcouru ce topic, lu les avis négatifs et positifs...
J'ai beaucoup aimé ce film - sans nier d'éventuels défauts - ainsi que la bande son.
J'ai beaucoup aimé ce film - sans nier d'éventuels défauts - ainsi que la bande son.
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Re: Le Lauréat - The graduate (Mike Nichols - 1967)
Pas forcément le chef-d'oeuvre de Nichols -qui me semble être Ce plaisir qu'on dit charnel- mais un moment difficile à oublier en raison de la révélation de Dustin Hoffman, d'une mise en scène inventive et bien sûr, de la bande originale signée Simon et Garfunkel.
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Re: Le Lauréat - The graduate (Mike Nichols - 1967)
Bonjour,
J'ai vu ce film à la Tv et la scène de la combinaison de plongée m'a laissé dubitatif...
Elle est drôle mais j'ai l'impression de ne pas avoir bien compris la volonté du réalisateur.
J'ai l'impression qu'il souhaite montrer que les parents essaient de guider benjamin selon leurs lubies telle une marionnette.
Mais ça me semble très incomplet comme explication.
Pourquoi cette scène si saugrenue (un harpon dans une piscine!) pour une idée qui aurait pu être illustrée de façon beaucoup plus 'directe'?
Y a-t-il une deuxième lecture? L'immersion symbolise-t-elle qqchose? La vue subjective des invités depuis le fond de la piscine à travers le masque me semble quasiment onirique...
Auriez vous des idées pour éclairer la lanterne?
Merci d'avance.
J'ai vu ce film à la Tv et la scène de la combinaison de plongée m'a laissé dubitatif...
Elle est drôle mais j'ai l'impression de ne pas avoir bien compris la volonté du réalisateur.
J'ai l'impression qu'il souhaite montrer que les parents essaient de guider benjamin selon leurs lubies telle une marionnette.
Mais ça me semble très incomplet comme explication.
Pourquoi cette scène si saugrenue (un harpon dans une piscine!) pour une idée qui aurait pu être illustrée de façon beaucoup plus 'directe'?
Y a-t-il une deuxième lecture? L'immersion symbolise-t-elle qqchose? La vue subjective des invités depuis le fond de la piscine à travers le masque me semble quasiment onirique...
Auriez vous des idées pour éclairer la lanterne?
Merci d'avance.
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Re: Le Lauréat - The graduate (Mike Nichols - 1967)
J'imagine que Mike Nichols a voulu montrer une image d'etouffement, de manque d'air. Dustin Hoffman veut sortir du chemin tout tracé imaginé par ses parents, il se sent enfermé oppressé (un peu comme les poissons qu'il regarde dans l'aquarium qui est dans sa chambre). Ses parents en lui offrant l'argent des études, le manipule, l'incite à ne pas faire de choix, à suivre un itinéraire prévu dès le début. Dustin Hoffman suit les étapes de la vie sans se poser de question. Il commence à comprendre qu'il ne choisit rien, qu'il est le jouet d'une éducation stricte (encore ancrée dans les années 50) et qu'il doit s'en libérer. Il a besoin d'air, il veut sortir. En étant coincé dans la piscine il symbolise ces poissons qui tournent en rond et aussi le petit scaphandrier qui est au fond de l'aquarium de sa chambre.
L'image subjective des invités montrent que Dustin Hoffman se sent à part, qu'il fait partie d'un autre monde (le monde de la jeunesse, de l'avenir, de la liberté, un truc comme ça). Pendant tout le film, il essaie de quitter ce monde là, de fuir ces gens qui eux essaient de l'y faire rester. J'ai peur d'être un peu flou dans mes propos, mais j'espère que tu as saisi mon interprétation.
En tous la cas, la copie du film hier était d'une beauté renversante !
L'image subjective des invités montrent que Dustin Hoffman se sent à part, qu'il fait partie d'un autre monde (le monde de la jeunesse, de l'avenir, de la liberté, un truc comme ça). Pendant tout le film, il essaie de quitter ce monde là, de fuir ces gens qui eux essaient de l'y faire rester. J'ai peur d'être un peu flou dans mes propos, mais j'espère que tu as saisi mon interprétation.
En tous la cas, la copie du film hier était d'une beauté renversante !
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Re: Le Lauréat - The Graduate (Mike Nichols - 1967)
Merci Grimmy pour cet avis.
Tes propos ne sont pas flous!
Effectivement, la théorie du poisson prisonnier de l'aquarium est intéressante.
De même que l’aquarium symbolise un univers à lui (hermétique à celui des ses parents).
Merci!
Tes propos ne sont pas flous!
Effectivement, la théorie du poisson prisonnier de l'aquarium est intéressante.
De même que l’aquarium symbolise un univers à lui (hermétique à celui des ses parents).
Merci!
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Re: Le Lauréat - The Graduate (Mike Nichols - 1967)
Et puis bienvenue, Nocnoc (on heaven's door)
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Re: Le Lauréat - The Graduate (Mike Nichols - 1967)
La diffusion HD par Arte m'a permis de découvrir ce film dont j'entendais parler depuis tant d'années, je me sens donc privilégié ! J'avoue que ça a été une vrai découverte mais tout a été dit dans ce topic sur le sujet. J'ajouterai seulement deux choses :
d'abord Katharine Ross que j'avais découvert dans le chef d’œuvre de McLaglen (Les Feux de l'Enfer) , est véritablement magnifique
<= moi
et deuxièmement, je trouve que la fin, au-delà de son caractère surprenant, se conclut sur un scène qui m'interroge beaucoup :
d'abord Katharine Ross que j'avais découvert dans le chef d’œuvre de McLaglen (Les Feux de l'Enfer) , est véritablement magnifique
<= moi
et deuxièmement, je trouve que la fin, au-delà de son caractère surprenant, se conclut sur un scène qui m'interroge beaucoup :
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Re: Le Lauréat - The Graduate (Mike Nichols - 1967)
Ah oui, la fin est curieusement très ouverte ! Finalement, c'est quoi la liberté ? Et maintenant, on fait quoi ? J'ai trouvé que cette fin très ambiguë était une très belle trouvaille du scénariste (ou du metteur en scène) et annonce, finalement, le cinéma des années 70, celui des loosers, celui des laisser pour comptes qui veulent, eux, être insérés dans une société qui les néglige. De la difficulté de quitter une société opulente pour vivre en marge ou de la difficulté de quitter la marge pour rentrer dans le rang. Avec ce dernier plan, on quitte "Le lauréat" et on passe à "Macadam Cow boy"...
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Re: Le Lauréat - The Graduate (Mike Nichols - 1967)
MerciGrimmy a écrit :Et puis bienvenue
Grimmy a écrit :Nocnoc (on heaven's door)
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Re: Le Lauréat - The graduate (Mike Nichols - 1967)
Le travail sur les cadrages est en tous cas remarquable - je te renvoie à la très bonne analyse de Thoret dans son Cinéma américain des années 70 (un bouquin pour le reste pas toujours très digeste )Grimmy a écrit :J'imagine que Mike Nichols a voulu montrer une image d'etouffement, de manque d'air.
"In a sense, making movies is itself a quest. A quest for an alternative world, a world that is more satisfactory than the one we live in. That's what first appealed to me about making films. It seemed to me a wonderful idea that you could remake the world, hopefully a bit better, braver, and more beautiful than it was presented to us." John Boorman
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Re: Le Lauréat - The Graduate (Mike Nichols - 1967)
Comme un certain nombre, je ne suis pas particulièrement fan du boulot de Mike Nichols. Je ne trouve pas ses films mauvais mais généralement je les regarde avec un ennui plus (La Guerre Selon Charlie Wilson, Bons Baisers D’Hollywood) ou moins (Wolf, Primary Colors) poli. Du coup, je ne m’étais pas trop d’espoir dans la vision du classique Le Lauréat. Ben, ça a été une grosse claque. J’ai complètement adhéré à la mise en scène qui semble partagé en ses lieux. L’idée des cadrages étouffants pour l’ouverture m’a saisit dès le départ. Aux contraires de qualifier les effets de grossiers, j’ai plus ressentit une accumulation de subtilités dans les cadrages et le découpage. C’est pas toujours parfait (quelques zooms craignos et des mouvements de caméra peu concluants) mais globalement je trouve que Nichols arrive à transmettre un flot constant d'émotions par son travail visuel. D’ailleurs, à ces quelques anicroches, je ne trouve pas du tout que le film accuse son âge. On évoque régulièrement un film reflet d’une époque, or j’ai été saisit par son caractère assez intemporel. Le parcours de Dustin Hoffman (brillant bien sûr) que décrit très justement Grimmy ne me semble pas juste le reflet des sixties et présente des mécanismes de réflexions tout aussi applicables actuellement. Nichols semble jouer d’ailleurs consciemment de cela puisque si on regarde bien, il n’y a pas de repères historiques et pas particulièrement d’élément indissociable de l’époque de sa réalisation. Conquit je suis donc et prêt à découvrir un peu plus du cinéma de Nichols.
- Flol
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Re: Le Lauréat - The Graduate (Mike Nichols - 1967)
Je viens d'apprendre (grâce au bouquin de Christophe Carrière) que Dustin Hoffman était doublé en VF par Patrick Dewaere. J'avais jamais remarqué.
C'était l'info rigolote du jour
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