Re: Le cinéma d'aventure : de la série B...à la série Z
Publié : 13 nov. 19, 16:19
Au sud de Mombasa (1956, George marshall)
L'américain Matt Campbell voyage jusqu'au Kenya après que son frère l'avait contacté pour avoir découvert un gisement d'uranium. À son arrivée, il apprend que son frère est mort. Il décide alors d'enquêter sur ce mystérieux décès. Il rencontre le missionnaire Ralph Hoyt qui lui affirme que son frère aurait été assassiné par les membres d'une société secrète, les Hommes-léopards. Accompagné d'Ann Wilson, la nièce de Hoyt, Matt se rend à Mombasa où le corps a été découvert...
Pour ceux qui aiment les films d’aventure exotiques dans la lignée de Tarzan à Indiana Jones en passant par African Queen, je recommande ce petit film d'aventure bien mené et dépaysant. Il comporte de nombreux éléments attendus d'un film d'aventures en Afrique : éléphants, hippopotames, serpents, attaques de crocodiles, tribus sauvages et bwanas.
Le synopsis a quelques similitudes avec celui A la poursuite du diamant vert, grand succès des années 80 dans lequel une romancière débarquait dans un milieu sauvage et hostile pour rapporter à sa sœur une carte expédiée par son mari peu avant qu'il ne soit retrouvé mort. Dans les deux films, des ennemis invisibles surveillent de près les agissements du personnage principal, un(e) américain plongé(e) contre son gré dans un milieu étranger et hostile.
Ici, il s'agit de Cornel Wilde qui est aidé par un missionnaire et sa nièce (Donna Reed, étonnante dans un registre un peu inhabituel) et avec qui il va entretenir rapidement une relation conflictuelle à la manière de Katherine Hepburn et Humphrey Bogart (dont il est d'ailleurs fait mention pour marquer le cousinage avec African Queen, film modèle du genre) ou de Indiana Jones et Marion Ravenwood. J'exagère un chouïa car le personnage de Donna Reed est loin d'être aussi fort et développé que Marion Ravenwood mais c'est dans l'esprit, comme s'il s'agissait des aventures d'une grande tante.
En revanche, il me parait évident que Lucas / Spielberg ont eu en tête ce Au sud de Mombasa lors de l'écriture des Aventuriers de l'arche perdue. Je pense tout particulièrement à la séquence finale dans la brousse qui rappelle celle d'introduction du film de Spielberg. En particulier la scène durant laquelle le méchant dévoilé manipule une tribu d'indigènes pour attaquer nos héros.
Cette scène ainsi que l'épilogue final feront évidemment sourire en témoignant du conservatisme de leur époque.
En pleine action, le méchant expose ses motivations (à la manière d'un épilogue de Scoubidou) pour justifier ses actes (on ne le savait pas encore à l'époque mais.. when you have to shoot, shoot, don't talk).
Étonnement, ce discours s’avère très moderne et d'actualité (il faut tout faire pour préserver les richesses locales contre l'exploiteur occidental). Mais c'est le discours du méchant, par conséquent le dénouement ne laissera aucune ambiguïté ni aucun doute sur qui sont les gentils. Faut-il en déduire que les scénaristes étaient des contrebandiers qui discrètement ont instillé un propos politique à ce petit film d'aventure ?
De même, le happy end se concrétise conventionnellement par une demande en mariage. Mais c'est Donna Reed et non Cornel Wilde qui en prendra l'initiative.