Les Blu-ray Carlotta

Rubrique consacrée aux Blu-ray de films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

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tenia
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Re: Les Blu-ray Carlotta

Message par tenia »

Exactement la vision consommateur dont je parle. :o :mrgreen: :idea:
David Locke a écrit : 8 mars 23, 18:02Considérer l'inflation générale sur la période 2006-2023 pour justifier d'un hypothétique maintien dans le temps du prix des blu-ray n'a aucun sens.
Tout le monde se rend bien compte que, dans le secteur de l'électronique grand public, une innovation chasse l'autre et qu'il y a une pression des prix à la baisse.
Pression sur les prix n'implique aucunement des coûts de fabrication diminuables à l'infini, encore moins dans un contexte où il est possible qu'une part plus que non négligeable des coûts de production d'une édition vidéo ne proviennent pas des coûts de fabrication du disque en lui-même. D'où le fait de prendre cela comme référence (juste la période du Blu-ray, alors que la grille tarifaire remonte à plus loin que ça, donc je suis généreux et ne prend qu'une partie restreinte de cette échelle).

J'ai travaillé 9 ans dans l'industrie manufacturière. J'ai donc une certaine idée de la marge de manoeuvre qu'on peut, parfois, avoir, mais aussi la part que peut représenter les autres postes de dépenses, comme par exemple les salaires ou les frais logistiques. Ces derniers sont en tension depuis plus de 5 ans, et les frais sont à la hausse de fait depuis tout autant de temps. Un exemple parmi d'autres, pourtant, donc, répercutés nulle part sur la grille tarifaire des éditions vidéos.

Et dans le cadre de l'édition vidéo physique et la diminution drastique de sa taille, cela ne va pas dans le sens d'une optimisation des capacités de production des lignes (temps de changement, tailles de lot maximisées, etc), et donc pas dans le sens d'une baisse des tarifs une fois ramenés à l'unité.
David Locke a écrit : 8 mars 23, 18:02Ainsi, le consommateur s'attend, selon moi à raison, à devoir payer grosso modo le même prix pour un même contenu "upgradé" / appareil ou support qui rend le même service mais en mieux. (Combien de fois doit-on payer pour un même contenu avant d'estimer qu'il est offert dans une qualité optimale ? Et on devrait payer plus cher à chaque fois ?... Je ne crois pas !).
C'est une toute autre question, qui en soit est individuelle et personnelle : chacun dépense son argent comme il souhaite, en fonction de ce qu'il estime être intéressant pour lui ou non. Certains trouvent les DVDs encore très bien. D'autres trouvent l'UHD un must have absolu. Entre les 2, tout un éventail de possibilités, et surtout de combinaisons produit / prix.
David Locke a écrit : 8 mars 23, 18:02Parallèlement, le consommateur s'attend à ce que le prix des blu-ray baisse tandis que le disque UHD prend une place croissante dans les ventes...
L'UHD en France pèse environ 1.3% des ventes en volume. C'est, hum, croissant oui. Mais le résultat final est ce qu'il est.
Et d'ailleurs, chose intéressante : l'UHD pèse surtout par sa valeur... car en 2021, un UHD en France était acheté en moyenne 35€ (valeur du marché divisée par son volume). Rien à voir avec la grille tarifaire du Blu-ray, plutôt dans la fourchette 20-25€.
De fait, on est sur des marchés qui, "tarifairement", ne sont que très relativement en concurrence.
David Locke a écrit : 8 mars 23, 18:02Et la pression à la baisse sur le prix des blu-ray augmente dès lors que la concurrence des plateformes SVOD a entre temps considérablement amputé le budget alloué à ce poste par les consommateurs qui ne voient qu'une plus-value marginale (voire nulle) à acquérir un contenu sur support lorsqu'il est disponible (ou le sera bientôt) en streaming pour une fraction du prix demandé en physique.
Cf ce que j'écris plus haut : chacun fait ce qu'il veut de son argent, mais si le public est miro ou a une barre technique suffisamment médiocre, ça ne changera pas les incompressibles en terme de coûts de production. Je ne parle même pas du fait qu'on va comparer des multinationales optimisées fiscalement avec un éditeur national. Et de services différents à des tarifs, donc, différents et pour des usages différents.

Par ailleurs, c'est aussi supposé un jeu à somme nulle entre la SVOD et le marché vidéo physique résiduel. Or, en pratique : non seulement ceux qui voulaient sortir du marché vidéo physique l'ont fait avant même la percée de la SVOD, puisque le marché physique a commencé sa baisse bien avant (7 ans avant, pour être exact), mais ceux qui ont ensuite voulu basculer ont fini par le faire et ne sont donc plus, en 2023, dans le marché physique. Par ailleurs, quelle part des achats ces personnes représentaient ?

Evidemment, ça ne va pas dans le sens de ventes physiques en plus, mais il ne faut pas fantasmer de transfert simple entre les différents marchés, car c'est bien plus complexe que ça. J'invite surtout à ne pas confondre un choix qui relèverait du positionnement prix stratégique (devoir composer avec une nouvelle concurrence) et ce dont je parle à l'origine, qui tient de l'évolution dans les temps de la structure des coûts de production.
David Locke a écrit : 8 mars 23, 18:02Seule l'inflation récente (celle qui a frappé d'abord les composants électroniques, puis le papier et enfin les carburants) peut justifier que les prix de certains matériels et consommables reparte à la hausse (players, PC portables, disques optiques, livres et livrets).
Que l'inflation récente soit particulièrement intense et visible est une chose. D'ailleurs, elle n'est, pour le moment, pas vraiment répercutée sur la grille tarifaire des éditions physiques quoiqu'il en soit. Pour autant, pour toutes les raisons citées plus haut et même si l'idée n'est pas non plus de défendre une inflation qui devrait avoir bon dos, le fait est que si cette grille devait être mise à jour, elle ne le serait très certainement pas que sur base de cette inflation récente alors que bien d'autres postes de dépense ont évolué les années d'avant, et pas qu'à la baisse.
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Mosin-Nagant
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Re: Les Blu-ray Carlotta

Message par Mosin-Nagant »

tenia a écrit : 8 mars 23, 18:32J'ai travaillé 9 ans dans l'industrie manufacturière.
Oui, tout ça t'a laissé quelques traces... :mrgreen:

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tenia
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Re: Les Blu-ray Carlotta

Message par tenia »

Si seulement ça se limitait à Excel, mais je connais aussi les joies de SAP...
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Jeremy Fox
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Re: Les Blu-ray Carlotta

Message par Jeremy Fox »

Le Détroit de la faim testé par Stéphane Beauchet
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Re: Les Blu-ray Carlotta

Message par David Locke »

@Tenia :

Sans répondre point par point à ton argumentation - trop fastidieux :mrgreen: - j'émets un gros doute sur ton raisonnement.
En effet, tu as comme point de référence l'industrie manufacturière, et tu justifies ainsi que le prix des supports physiques soit corrélé à l'inflation des coûts de production.
Or, le marché de la vidéo fait partie du marché des biens culturels, et plus précisément des contenus audiovisuels.

Le support physique a bien un pied dans le secteur manufacturier, mais cet aspect, bien que fortement touché par l'inflation, reste très minoritaire dans la structure de prix des supports physiques.
J'en veux pour preuve les prix pratiqués par des distributeurs comme Bluecats, ou la FNAC à travers le multi-buy 4 pour 2 : sachant qu'il est interdit de vendre à perte, un blu-ray vendu entre 5 et 7,50 € TTC reste donc rentable (en tout cas, ce prix demeure au dessus de son coût de fabrication et de distribution).
De même, l'UHD a un coût de revient nettement inférieur à son prix de vente. Ainsi, il suffit de voir à quel prix sont vendus les coffrets Hitchcock édités par Universal moins d'un mois après leur sortie : 65 € TTC environ pour 9 films, donc autour de 7€ TTC par film dans sa boîte individuelle, soit à peu près le même prix que les blu-ray les moins chers.

Alors, qu'est-ce qui constitue la majeure partie du prix de vente de ces disques ? La marge des éditeurs & les droits d'auteur / le copyright des ayant-droit (le producteur et toute autre entité/personne propriétaire d'une partie du "négatif" du film, ex : coproducteur, metteur en scène, acteur principal le cas échéant...).
Donc la logique du consommateur que je suis est tout à fait valide : la valeur de l'objet disque est faible, et l'essentiel du montant payé par le consommateur correspond au contenu, lequel est souvent disponible en mode dématérialisé.

La plus-value apportée par le support physique peut se résumer à :
- une qualité optimale (pas de perte de qualité liée au streaming / à la compression excessive)
- une disponibilité garantie au consommateur (contrairement aux autres canaux des contenus audiovisuels : salle de cinéma, VOD, SVOD, TV, etc.)
- la possibilité de supplémenter le film : bonus, livret, livre, goodies, etc.

C'est cela qu'il convient de valoriser pour pousser les consommateurs à acheter un support physique plutôt que de se tourner vers le dématérialisé, avec comme limite la valeur intrinsèque que le consommateur accorde au film et au fait qu'il soit disponible à tout moment dans la meilleure qualité possible avec un appareil critique et promotionnel qui soutient sa valeur artistique / son originalité.
Le marché du support physique correspond donc de plus en plus à un marche de niche (celui des cinéphiles, grosso modo) et le produit standard (films réédités à foison, films obscurs / de série / peu cotés, éditions "bare bones") se voit logiquement attribuer une valeur de plus en plus faible.
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tenia
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Re: Les Blu-ray Carlotta

Message par tenia »

David Locke a écrit : 9 mars 23, 15:27En effet, tu as comme point de référence l'industrie manufacturière, et tu justifies ainsi que le prix des supports physiques soit corrélé à l'inflation des coûts de production. Or, le marché de la vidéo fait partie du marché des biens culturels, et plus précisément des contenus audiovisuels.
Un UHD est, factuellement, un produit manufacturé industriellement. Comme un livre, mais aussi comme un pneu ou du détergent.
David Locke a écrit : 9 mars 23, 15:27J'en veux pour preuve les prix pratiqués par des distributeurs comme Bluecats, ou la FNAC à travers le multi-buy 4 pour 2 : sachant qu'il est interdit de vendre à perte, un blu-ray vendu entre 5 et 7,50 € TTC reste donc rentable (en tout cas, ce prix demeure au dessus de son coût de fabrication et de distribution).
Il ne me semble pas que le seuil de revente à perte soit calculé comme ça. On parle de promo (voire de déstockage) arrivant APRES une période de nouveauté où la tarification se fait au plein tarif, où le gros des ventes sont faites, et où les rentrées d'argent sont donc principalement effectuées. Qu'ensuite, cela permette de réduire les tarifs via ces opérations (qui n'impliquent par ailleurs pas pour autant que l'éditeur s'y retrouve beaucoup), est encore autre chose.
David Locke a écrit : 9 mars 23, 15:27De même, l'UHD a un coût de revient nettement inférieur à son prix de vente. Ainsi, il suffit de voir à quel prix sont vendus les coffrets Hitchcock édités par Universal moins d'un mois après leur sortie : 65 € TTC environ pour 9 films, donc autour de 7€ TTC par film dans sa boîte individuelle, soit à peu près le même prix que les blu-ray les moins chers.

Alors, qu'est-ce qui constitue la majeure partie du prix de vente de ces disques ? La marge des éditeurs & les droits d'auteur / le copyright des ayant-droit (le producteur et toute autre entité/personne propriétaire d'une partie du "négatif" du film, ex : coproducteur, metteur en scène, acteur principal le cas échéant...).
Tu compares un studio US et une de ses poules aux oeufs d'or via des disques pressés pour de multiples marchés, et un éditeur national et son marché national sur des titres bien moins porteurs. Cela rejoint la remarque que j'ai faite dans ma 1ere réponse : à un moment, faut comparer ce qui est comparable. :idea:

Sinon, pour rappel : Les Années Laser avaient publié il y a 3 ans un tableau donnant de quoi calculer (à la louche) les coûts de manufacture (logistique incluse) d'un DVD, d'un BR et d'un UHD.
Un UHD, pour un lot de 5000 exemplaires (c'est plus cher quand on en presse moins), coûtait de 6 à 9€ pièce (en fonction par exemple de l'authoring, du QC, du HDR, du Dolby Vision, du Dolby Atmos, etc).
A cela s'ajoutent notamment le packaging (boitier plastique + jaquette papier + fourreau, ou bien un steelbook, etc), les droits du film, la production des bonus, ou encore bien sûr les frais fixes de l'éditeur (personnel, etc).
Et ensuite, les revendeurs comme la FNAC et autres prennent 30 à 50% du prix de vente (Hors Taxes, j'espère), et il faut bien entendu tenir compte de la TVA à 19.6% pour arriver au prix TTC.

Pendant ce temps, pour un montant donné des droits, d'accès au master ou de commission d'une restauration, plus le marché se rétrécit, plus ces coûts sont distribués sur moins d'unités (et plus les tarifs industriels unitaires augmentent). Par ailleurs, même si on aurait aimé avoir plus, les salaires ont augmenté (en moyenne/médiane) entre 2006 et 2022. Enfin, donc, les autres postes ont sans doute augmenté (la logistique, par ex), ce qui va là aussi dans le sens inverse d'une possible baisse du PPC.

Or, si un éditeur comme Carlotta marge, disons, à hauteur de 20% sur une édition à 20€, c'est 4€ par exemplaire. Si une augmentation des coûts de production (d'où qu'elle provienne) monte à 1€, c'est seulement 5% du PPC, mais c'est aussi un quart de marge en moins pour l'éditeur. 2€, et l'éditeur a divisé sa marge par deux.
David Locke a écrit : 9 mars 23, 15:27Le marché du support physique correspond donc de plus en plus à un marche de niche (celui des cinéphiles, grosso modo) et le produit standard (films réédités à foison, films obscurs / de série / peu cotés, éditions "bare bones") se voit logiquement attribuer une valeur de plus en plus faible.
C'est, encore une fois, une toute autre discussion, d'autant plus dans un marché où, disons, une édition bare-bones du Roi Lion 2019 fonctionnera 50 fois mieux qu'une belle édition d'Un accident de chasse.
De fait, l'attribution d'une valeur de plus en plus faible est sûrement vraie dans l'ensemble, mais le marché contient tout un éventail de comportements d'achats divers et variés.

Par exemple, les catégories que tu fais sont non seulement assez réductrices, mais pas forcément alignées avec la réalité des ventes : les films régulièrement réédités le sont car ils se vendent encore et toujours, les films obscurs des uns peuvent être les poules aux oeufs d'or des autres (l'inondation du marché depuis quelques années par tous les films horrifiques qui semblent pouvoir venir n'est pas sans raison commercial), ou bien encore l'attrait de certains films pourra largement compenser la faiblesse du contenu éditorial de son édition. Il est d'ailleurs récurrent que certains passent outre ces faiblesses éditoriales car c'est l'édition d'un film, justement, rarement disponible jusqu'ici, et ils seront prêts à y mettre un certain prix (ou en tout cas ne pas attendre un tarif réduit).

Bref, il n'y a surtout que la "valeur" que chacun donne à une édition, et c'est bien plus volatile que ce que tu sembles croire. Si c'est ta façon de faire, tu fais comme tu veux et tu dépenses ton argent comme tu le sens. Mais ce n'est pas pour ça que ça en explique un contexte industriel et de consommation plus large, qui sous-entend qui plus est que le marché vidéo physique en 2023 serait une espèce d'El Dorado où tout le monde se goinfre au lieu de tendre les prix pour être compétitifs avec la SVOD (ce qui, en pratique, n'est pas vraiment le cas, hein).
Dernière modification par tenia le 9 mars 23, 16:29, modifié 1 fois.
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Robert Brisseau
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Re: Les Blu-ray Carlotta

Message par Robert Brisseau »

tenia a écrit : 8 mars 23, 22:34mais je connais aussi les joies de SAP...
on ne critique pas, hein, c'est mon pain quotidien :!:
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cinephage
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Re: Les Blu-ray Carlotta

Message par cinephage »

SAP LAN pour moi...
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
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Robert Brisseau
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Re: Les Blu-ray Carlotta

Message par Robert Brisseau »

cinephage a écrit : 10 mars 23, 00:31 SAP LAN pour moi...
wow
en plus on n'est pas si HS que ça: ça pourrait presque sonner comme une sortie Carlotta d'un titre obscur de la nouvelle-nouvelle vague Taïwanaise
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cineberry
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Re: Les Blu-ray Carlotta

Message par cineberry »

tenia a écrit : 9 mars 23, 16:29
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David Locke a écrit : 9 mars 23, 15:27En effet, tu as comme point de référence l'industrie manufacturière, et tu justifies ainsi que le prix des supports physiques soit corrélé à l'inflation des coûts de production. Or, le marché de la vidéo fait partie du marché des biens culturels, et plus précisément des contenus audiovisuels.
Un UHD est, factuellement, un produit manufacturé industriellement. Comme un livre, mais aussi comme un pneu ou du détergent.
David Locke a écrit : 9 mars 23, 15:27J'en veux pour preuve les prix pratiqués par des distributeurs comme Bluecats, ou la FNAC à travers le multi-buy 4 pour 2 : sachant qu'il est interdit de vendre à perte, un blu-ray vendu entre 5 et 7,50 € TTC reste donc rentable (en tout cas, ce prix demeure au dessus de son coût de fabrication et de distribution).
Il ne me semble pas que le seuil de revente à perte soit calculé comme ça. On parle de promo (voire de déstockage) arrivant APRES une période de nouveauté où la tarification se fait au plein tarif, où le gros des ventes sont faites, et où les rentrées d'argent sont donc principalement effectuées. Qu'ensuite, cela permette de réduire les tarifs via ces opérations (qui n'impliquent par ailleurs pas pour autant que l'éditeur s'y retrouve beaucoup), est encore autre chose.
David Locke a écrit : 9 mars 23, 15:27De même, l'UHD a un coût de revient nettement inférieur à son prix de vente. Ainsi, il suffit de voir à quel prix sont vendus les coffrets Hitchcock édités par Universal moins d'un mois après leur sortie : 65 € TTC environ pour 9 films, donc autour de 7€ TTC par film dans sa boîte individuelle, soit à peu près le même prix que les blu-ray les moins chers.

Alors, qu'est-ce qui constitue la majeure partie du prix de vente de ces disques ? La marge des éditeurs & les droits d'auteur / le copyright des ayant-droit (le producteur et toute autre entité/personne propriétaire d'une partie du "négatif" du film, ex : coproducteur, metteur en scène, acteur principal le cas échéant...).
Tu compares un studio US et une de ses poules aux oeufs d'or via des disques pressés pour de multiples marchés, et un éditeur national et son marché national sur des titres bien moins porteurs. Cela rejoint la remarque que j'ai faite dans ma 1ere réponse : à un moment, faut comparer ce qui est comparable. :idea:

Sinon, pour rappel : Les Années Laser avaient publié il y a 3 ans un tableau donnant de quoi calculer (à la louche) les coûts de manufacture (logistique incluse) d'un DVD, d'un BR et d'un UHD.
Un UHD, pour un lot de 5000 exemplaires (c'est plus cher quand on en presse moins), coûtait de 6 à 9€ pièce (en fonction par exemple de l'authoring, du QC, du HDR, du Dolby Vision, du Dolby Atmos, etc).
A cela s'ajoutent notamment le packaging (boitier plastique + jaquette papier + fourreau, ou bien un steelbook, etc), les droits du film, la production des bonus, ou encore bien sûr les frais fixes de l'éditeur (personnel, etc).
Et ensuite, les revendeurs comme la FNAC et autres prennent 30 à 50% du prix de vente (Hors Taxes, j'espère), et il faut bien entendu tenir compte de la TVA à 19.6% pour arriver au prix TTC.

Pendant ce temps, pour un montant donné des droits, d'accès au master ou de commission d'une restauration, plus le marché se rétrécit, plus ces coûts sont distribués sur moins d'unités (et plus les tarifs industriels unitaires augmentent). Par ailleurs, même si on aurait aimé avoir plus, les salaires ont augmenté (en moyenne/médiane) entre 2006 et 2022. Enfin, donc, les autres postes ont sans doute augmenté (la logistique, par ex), ce qui va là aussi dans le sens inverse d'une possible baisse du PPC.
Or, si un éditeur comme Carlotta marge, disons, à hauteur de 20% sur une édition à 20€, c'est 2€ par exemplaire.
Spoiler (cliquez pour afficher)
Si une augmentation des coûts de production (d'où qu'elle provienne) se monte à 50ct, c'est seulement 2.5% du PPC, mais c'est aussi un quart de marge en moins pour l'éditeur. 1€, et l'éditeur a divisé sa marge par deux.
David Locke a écrit : 9 mars 23, 15:27Le marché du support physique correspond donc de plus en plus à un marche de niche (celui des cinéphiles, grosso modo) et le produit standard (films réédités à foison, films obscurs / de série / peu cotés, éditions "bare bones") se voit logiquement attribuer une valeur de plus en plus faible.
C'est, encore une fois, une toute autre discussion, d'autant plus dans un marché où, disons, une édition bare-bones du Roi Lion 2019 fonctionnera 50 fois mieux qu'une belle édition d'Un accident de chasse.
De fait, l'attribution d'une valeur de plus en plus faible est sûrement vraie dans l'ensemble, mais le marché contient tout un éventail de comportements d'achats divers et variés.

Par exemple, les catégories que tu fais sont non seulement assez réductrices, mais pas forcément alignées avec la réalité des ventes : les films régulièrement réédités le sont car ils se vendent encore et toujours, les films obscurs des uns peuvent être les poules aux oeufs d'or des autres (l'inondation du marché depuis quelques années par tous les films horrifiques qui semblent pouvoir venir n'est pas sans raison commercial), ou bien encore l'attrait de certains films pourra largement compenser la faiblesse du contenu éditorial de son édition. Il est d'ailleurs récurrent que certains passent outre ces faiblesses éditoriales car c'est l'édition d'un film, justement, rarement disponible jusqu'ici, et ils seront prêts à y mettre un certain prix (ou en tout cas ne pas attendre un tarif réduit).

Bref, il n'y a surtout que la "valeur" que chacun donne à une édition, et c'est bien plus volatile que ce que tu sembles croire. Si c'est ta façon de faire, tu fais comme tu veux et tu dépenses ton argent comme tu le sens. Mais ce n'est pas pour ça que ça en explique un contexte industriel et de consommation plus large, qui sous-entend qui plus est que le marché vidéo physique en 2023 serait une espèce d'El Dorado où tout le monde se goinfre au lieu de tendre les prix pour être compétitifs avec la SVOD (ce qui, en pratique, n'est pas vraiment le cas, hein).
20% sur une édition à 20€, c'est 4€ :fiou:

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tenia
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Re: Les Blu-ray Carlotta

Message par tenia »

Quelqu'un m'a lu en détails ! :mrgreen:
(Je corrige...)
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Prolls
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Re: Les Blu-ray Carlotta

Message par Prolls »

Alors puisqu'on en est à être tatillon, la marge se calcule sur le prix net. Il faudrait donc déduire des 20 EUR la TVA (qui au passage est de 20% et non plus de 19.6% depuis le 1er janvier 2014 :wink: ).
De plus, attention à ne pas confondre marge et profit : la marge est simplement le ratio entre prix de vente net (donc différent entre une vente en directe et une vente via un distributeur qui va prendre environ 40%) et prix d'achat.
Or, dans le cas du blu-ray (ou UHD ou DVD), j'imagine qu'on inclue dans le prix d'achat (ou coûtant) la façon, les droits d'auteurs des différents éléments présents sur le disque et bien sûr la matière.
Mais il reste encore beaucoup de frais annexes qui vont plomber les éditeurs à commencer par les salaires et le loyer qui sont souvent les deux plus gros postes de dépenses. A cela s'ajoute aussi les invendus qui plombent considérablement le profit (sans impacter la marge car ils n'ont pas de prix de vente net).

Si je prends l'exemple de l'UHD L'épée sauvage vendu 25 EUR, avec des estimations (totalement hasardeuses) des coûts de fabrication et de la marge du détaillant (même si sur ce point ça ne doit pas être loin de la réalité), on obtiendrait quelque chose comme ça :

Image

On voit donc bien que la marge de l'éditeur parait bien faible par rapport au prix de vente final. Et son profit est encore plus petit.
Il faudrait de plus avoir des parts de ventes directes et indirectes pour estimer la marge moyenne de l'éditeur, mais à mon sens elle n'est pas énorme.
Pour le coup, même si je comprends qu'on en veuille toujours plus pour son argent, je serais assez à me ranger du côté de tenia quand il dit que la concurrence de la VOD ne suffit pas à faire baisser le prix des éditions physiques. Il y aura toujours un prix plancher si l'on veut que les éditeurs continuent de prendre des risques en sortant autre chose que les sempiternels blockbusters déjà édités 200 fois mais qu'ils puissent tout de même en vivre.
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tenia
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Re: Les Blu-ray Carlotta

Message par tenia »

Merci pour les calculs affinés (qui me permettent de vérifier que je n'ai pas non plus basé mon raisonnement sur des grosses âneries :D mais corriger aussi certaines approximations).
Prolls a écrit : 10 mars 23, 18:39De plus, attention à ne pas confondre marge et profit : la marge est simplement le ratio entre prix de vente net (donc différent entre une vente en directe et une vente via un distributeur qui va prendre environ 40%) et prix d'achat.
Dans le cas présent, je n'avais pas précisé la marge ou le profit, je souhaitais juste faire la différence entre la part, dans le prix, de ce qui est payé pour mettre à disposition le produit vs ce qui reviendra chez l'éditeur (quand bien même il lui restera encore des choses à en déduire).

Merci en tout cas de l'avoir résumé dans ce tableau, qui illustre ce dont je parlais au sujet des incompressibles sur ces éditions, quand bien même c'est un bien technologique dont on peut s'attendre à ce que les coûts baissent avec le temps (oui, ils baissent, mais pas jusque 0 : uniquement jusqu'à un plateau).
Prolls a écrit : 10 mars 23, 18:39des estimations (totalement hasardeuses) des coûts de fabrication et de la marge du détaillant (même si sur ce point ça ne doit pas être loin de la réalité)
Pour les coûts de fabrication d'un UHD (pour 5000 exemplaires) (source : Les Années Laser de septembre 2019) :
8k-20k€ pour le premastering (soit 1.6-4€ par disque). L'ajout d'une piste audio coûte environ 150€, une piste de ST 80€.
2k-4k€ pour du HDR (0.4-0.8€ par disque)
2k€ pour le mastering (0.4€ par disque)
Frais AACS : $0.04 par disque = 0.0376€ par disque
Pressage : 2-3€ par disque
Packaging (type Amaray) : 0.2-0.5€ par disque. Pour un steelbook : environ 2€ par exemplaire, mais pour 10 000 exemplaires.
Logistique (commande, transport) : 0.7-1€ par disque. Stockage d'une palette : 7€ par mois

Total par disque : 5.34-9.74€ par UHD.

En te plaçant à 6€ pour le disque + 1€ pour le packaging, tu arrives au milieu de cette fourchette, ce n'est donc pas déconnant du tout.
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Jeremy Fox
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Re: Les Blu-ray Carlotta

Message par Jeremy Fox »

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Re: Les Blu-ray Carlotta

Message par Jack Carter »

Jack Carter a écrit : 7 mars 23, 11:22 6 juin

les Pasolini à l'unité

Bandits à Orgosolo (De Seta) :D
Le Marin qui abandonna la mer (Carlino)
le film de Seta sera egalement accompagné de deux courts metrages du cineaste, restaurés en 4K :)


Courts métrages :
Bergers d’Orgosolo (restauration 4K)
Une journée en Barbagie (restauration 4K)

Entretien inédit avec la réalisatrice Dominique Cabrera
Bande-annonce 2022
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The Life and Death of Colonel Blimp (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1943)
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