Cosmopolis (David Cronenberg - 2012)
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Cosmopolis (David Cronenberg - 2012)
Dans un New York en ébullition, l'ère du capitalisme touche à sa fin. Eric Packer, golden boy de la haute finance, s’engouffre dans sa limousine blanche. Alors que la visite du président des Etats-Unis paralyse Manhattan, Eric Packer n’a qu’une seule obsession : une coupe de cheveux chez son coiffeur à l’autre bout de la ville. Au fur et à mesure de la journée, le chaos s’installe, et il assiste, impuissant, à l’effondrement de son empire. Il est aussi certain qu’on va l’assassiner. Quand ? Où ? Il s’apprête à vivre les 24 heures les plus importantes de sa vie.
Projet que Cronenberg tenta de mener à bien il y a quelques temps déjà, on sent que le réalisateur se sert du film de manière quelque peu expiatoire, sans doute une façon de prendre sa revanche sur le jumeau American Psycho (qu'il prépara avec DiCaprio fut un temps). Toutefois, l'attente que le film fit naître augmenta considérablement mon niveau de (relative) déception à la sortie de la salle. Le film, un décalque plutôt pâlot de Videodrome en terme de structure scénaristique, n'est pas assez fort et ne va jamais assez loin. Là où Cronenberg se faisait alors défricheur de pans de société dont les signifiants étaient loin d'être évidents, il me semble qu'on est ici plus proche du cas eXistenZ (qui continue toujours autant de diviser): d'autres que lui sont désormais passés par là.
Sinon, le montage tout ce qu'il y a de plus dialectique est alternativement fascinant et irritant. Je crois qu'il y a beaucoup à déchiffrer de ces cassures de rythme au milieu de discussion fort limpides, mais pour ma part, Mary Harron en révélait bien plus sur l'incommunicabilité et le tout-ego du monde moderne dans sa propre adaptation d'American Psycho, et de manière plus fluide.
Pattinson, qui devait se "révéler" à toute une frange de cinéphiles m'a semblé "bon" sans plus. Juliette Binoche fade et inutile (un comble!!). Les autres RAS.
Belles ambiances toutefois (mais quelques transparences mal gérées, notamment sur la séquence Jay Baruchel, pour un budget de $20M... ), le film rappelle vraiment un certain ciné fin-de-siècle (d'ailleurs, certains diront qu'il a 15 ans de retard) tendance cyber. Je pourrais facilement me faire une soirée Johnny Mnemonic / Strange Days / Cosmopolis.
A noter une collaboration Howard Shore/Metric dont je ne sais trop que penser pour le moment.
Incidentally, surpris aussi de voir qu'il s'agit d'une co-production franco-canadienne. Je pensais qu'il s'agissait d'une prod US dotée d'un budget bien plus enflé, mais que nenni.
A revoir, mais tout de même pas la claque que j'espérais. Ma première semi-déception depuis Spider.
Le film va sans doute beaucoup diviser. Je pense qu'un topic peut lui être dédié sans qu'on ait trop à en redire...
Projet que Cronenberg tenta de mener à bien il y a quelques temps déjà, on sent que le réalisateur se sert du film de manière quelque peu expiatoire, sans doute une façon de prendre sa revanche sur le jumeau American Psycho (qu'il prépara avec DiCaprio fut un temps). Toutefois, l'attente que le film fit naître augmenta considérablement mon niveau de (relative) déception à la sortie de la salle. Le film, un décalque plutôt pâlot de Videodrome en terme de structure scénaristique, n'est pas assez fort et ne va jamais assez loin. Là où Cronenberg se faisait alors défricheur de pans de société dont les signifiants étaient loin d'être évidents, il me semble qu'on est ici plus proche du cas eXistenZ (qui continue toujours autant de diviser): d'autres que lui sont désormais passés par là.
Sinon, le montage tout ce qu'il y a de plus dialectique est alternativement fascinant et irritant. Je crois qu'il y a beaucoup à déchiffrer de ces cassures de rythme au milieu de discussion fort limpides, mais pour ma part, Mary Harron en révélait bien plus sur l'incommunicabilité et le tout-ego du monde moderne dans sa propre adaptation d'American Psycho, et de manière plus fluide.
Pattinson, qui devait se "révéler" à toute une frange de cinéphiles m'a semblé "bon" sans plus. Juliette Binoche fade et inutile (un comble!!). Les autres RAS.
Belles ambiances toutefois (mais quelques transparences mal gérées, notamment sur la séquence Jay Baruchel, pour un budget de $20M... ), le film rappelle vraiment un certain ciné fin-de-siècle (d'ailleurs, certains diront qu'il a 15 ans de retard) tendance cyber. Je pourrais facilement me faire une soirée Johnny Mnemonic / Strange Days / Cosmopolis.
A noter une collaboration Howard Shore/Metric dont je ne sais trop que penser pour le moment.
Incidentally, surpris aussi de voir qu'il s'agit d'une co-production franco-canadienne. Je pensais qu'il s'agissait d'une prod US dotée d'un budget bien plus enflé, mais que nenni.
A revoir, mais tout de même pas la claque que j'espérais. Ma première semi-déception depuis Spider.
Le film va sans doute beaucoup diviser. Je pense qu'un topic peut lui être dédié sans qu'on ait trop à en redire...
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Re: Cosmopolis (David Cronenberg - 2012)
Je viens de partager un profil sur facebook (*) qui me fait bien plaisir, je le recite tout de suite :
(*) Profil que Mannhunter n'a pu s'empêcher de flooder dès le troisième message.
Je vais voir Cosmopolis dimanche personnellement, j'ai hâte.Avec Dangerous Method, Cronenberg a clairement opéré un tournant qui se confirme avec Cosmopolis, quasiment son film jumeau. Les non-dits n'en sont que douloureux.... Tout est désormais intériorisé (et sans besoin d'utiliser aucun genre pour le métaphoriser), n'en faisant que mieux ressortir ses thèmes, et les labyrinthes intérieurs. Il y a aussi une nouvelle chair dans Cosmopolis, mais désormais invisible, dans les mots, dans les attitudes. Sacrée maitrise de la mise en scène pour huit-clos finalement peu statique dans lequel l'arrière plan devient plus important que le premier. Le pare brise devenant un deuxième écran de cinéma - muet. J'adore l'évolution de Cronenberg.
(*) Profil que Mannhunter n'a pu s'empêcher de flooder dès le troisième message.
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Re: Cosmopolis (David Cronenberg - 2012)
Aïe. Je n'ai franchement pas aimé A Dangerous method. Ça commence mal.Anorya a écrit :Avec Dangerous Method, Cronenberg a clairement opéré un tournant qui se confirme avec Cosmopolis, quasiment son film jumeau.
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Re: Cosmopolis (David Cronenberg - 2012)
Et là je viens de tomber sur une seconde chronique qui avoue à nouveau que le film est le prolongement d'A dangerous method (sans les costumes et l'aspect psychanalytique).Major Tom a écrit :Aïe. Je n'ai franchement pas aimé A Dangerous method. Ça commence mal.Anorya a écrit :
Contrairement à toi je sens que je vais aimer et en un sens ça me rassure.
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Re: Cosmopolis (David Cronenberg - 2012)
Aïe, pas très rassurant, en effet.Avec Dangerous Method, Cronenberg a clairement opéré un tournant qui se confirme avec Cosmopolis, quasiment son film jumeau. Les non-dits n'en sont que douloureux.... Tout est désormais intériorisé (et sans besoin d'utiliser aucun genre pour le métaphoriser), n'en faisant que mieux ressortir ses thèmes, et les labyrinthes intérieurs.
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Re: Cosmopolis (David Cronenberg - 2012)
Ça sent bon ! Ça sent bon !Anorya a écrit :Avec Dangerous Method, Cronenberg a clairement opéré un tournant qui se confirme avec Cosmopolis, quasiment son film jumeau. Les non-dits n'en sont que douloureux.... Tout est désormais intériorisé (et sans besoin d'utiliser aucun genre pour le métaphoriser), n'en faisant que mieux ressortir ses thèmes, et les labyrinthes intérieurs. Il y a aussi une nouvelle chair dans Cosmopolis, mais désormais invisible, dans les mots, dans les attitudes. Sacrée maitrise de la mise en scène pour huit-clos finalement peu statique dans lequel l'arrière plan devient plus important que le premier. Le pare brise devenant un deuxième écran de cinéma - muet. J'adore l'évolution de Cronenberg.
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Re: Cosmopolis (David Cronenberg - 2012)
Non, mais je signe ces propos des deux mains.Demi-Lune a écrit :
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Avant toute chose, le film est très drôle! Cronenberg se permet une véritable farce en jouant des attentes que son cinéma génère de façon automatique (
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A ceux qui trouveraient le film inutilement bavard, je répondrais que rien ne nous oblige à écouter ce que les personnages disent... et que c'est justement le piège que le film tend au spectateur: croire que le discours que les personnages portent sur eux-mêmes lui apprendra quelque chose de substantiel. Il faut surtout regarder - esthétiquement Cosmopolis est une nouvelle réussite, autrement plus aboutie que son précédent.
Je comprends que le film irrite, mais il prend une voie beaucoup plus risquée qu'arrogante à mon sens. L'envie de le revoir est déjà très vive. Dans la salle où je l'ai découvert, deux types riaient à gorge déployée à plusieurs répliques de la dernière scène (la prostate...). Je crois qu'ils n'ont pas aimé. Je riais souvent aux mêmes choses et je défend le film. Cronenberg a réalisé la comédie noire qu'il promettait parfois dans son oeuvre (eXistenZ, A History of Violence), en étant très conscient je pense qu'il allait s'aliéner une partie de son public habituel. Son oeuvre continue toujours à faire débat, ce qui est en soi réjouissant.
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Re: Cosmopolis (David Cronenberg - 2012)
Il a un jeu très posé, un understatement plutôt efficace. Et il est marrant! C'est assez intéressant: le film le place dans une position qui provoque immédiatement l'antipathie et il semble pourtant souvent paradoxalement sympathique. Comme si Cronenberg voulait nous dire qu'à la place de ce type odieux d'inhumanité nous agirions exactement de la sorte (ce qui renforce le réquisitoire plus qu'il ne l'atténue).Père Jules a écrit :Et Pattinson, il est bon ?
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Re: Cosmopolis (David Cronenberg - 2012)
Euh, pas trop d'accord. Les deux films sont bavards, certes. Cela mis à part, les thématiques sont différentes, la mise en scène et la structure narrative n'ont rien à voir, le jeu des comédiens diamétralement opposé. Le film qui s'en rapproche le plus à mes yeux reste eXistenZ.Anorya a écrit :Et là je viens de tomber sur une seconde chronique qui avoue à nouveau que le film est le prolongement d'A dangerous method (sans les costumes et l'aspect psychanalytique).Major Tom a écrit : Aïe. Je n'ai franchement pas aimé A Dangerous method. Ça commence mal.
Il est toutefois vrai que les deux films s'attachent aux parcours personnels de protagonistes qui sont en lutte avec leur époque et leur environnement, perdent leurs repèrent, et se recréent. Mais ça, c'est une constante chez Cronenberg.
La différence principale avec les opus précédents de l'auteur reste dans le fait que le film se réclame ouvertement "catalogue cronenbergien", une véritable déclaration d'intention applicable à toute son œuvre (Packer qui s'exclame "je déteste avoir à penser raisonnablement"). Ça rend le film à la fois amusant (multiples références et fausses pistes) et, il faut l'admettre, un peu froid (le crescendo m'a paru faiblard).
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Re: Cosmopolis (David Cronenberg - 2012)
Le film n'a pour moi rien à voir avec a Dangerous method, mais se rapprocherait effectivement plus d'Existenz par le sentiment de dé-réalité qu'il fait passer, la limousine agissant comme une sorte de capsule étanche, qui protège et tient la rue à distance. Mise à part ça et les références arty du film (Rothko, la limo qui se transforme peu à peu en un tableau de Jackson Pollock, renvoyant au générique), des dialogues souvent (trop?) brillants, Pattinson en vampire dans son cercueil en cuir, le film se limite quand même à un dispositif ennuyeux et répétitif, proche, pour le coup, d'une installation d'art contemporain glaçante. Si la fin tente une échappée hors de l'habitacle, elle reste paradoxalement la partie la plus ratée du film.
En sortant de la salle, les spectateurs de l'ugc Odéon semblaient pressés de retrouver le soleil...
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Re: Cosmopolis (David Cronenberg - 2012)
Je suis assez d'accord : le film s'apparente un peu à un objet arty et contemporain : complexe, théorique, à la limite de l'abstraction...mais qui possède tout de même un sacré pouvoir de fascination.
J'aime quand l'art devient un minimum exigeant. Et ici, c'est clairement le cas : pas mal de dialogues peuvent paraitre abscons, mais comme l'a dit MJ, ceux-ci ne sont finalement pas si primordiaux que ça...et l'on peut donc contempler les yeux bien ouverts la maestria de la mise en scène (ah c'est autre chose que le plan-plan de Eastern Promises et A Dangerous Method) et le décor incroyable de l'intérieur de la limousine (très organique, quasi "vivant"...on est bien chez Cronenberg, quoi).
Et Pattinson est excellent (j'en reviens à peine d'écrire ça).
J'aime quand l'art devient un minimum exigeant. Et ici, c'est clairement le cas : pas mal de dialogues peuvent paraitre abscons, mais comme l'a dit MJ, ceux-ci ne sont finalement pas si primordiaux que ça...et l'on peut donc contempler les yeux bien ouverts la maestria de la mise en scène (ah c'est autre chose que le plan-plan de Eastern Promises et A Dangerous Method) et le décor incroyable de l'intérieur de la limousine (très organique, quasi "vivant"...on est bien chez Cronenberg, quoi).
Et Pattinson est excellent (j'en reviens à peine d'écrire ça).
Dernière modification par Flol le 26 mai 12, 17:17, modifié 1 fois.
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Re: Cosmopolis (David Cronenberg - 2012)
Voilà qui me rassure (un peu).Ratatouille a écrit :Je suis assez d'accord : le film s'apparente un peu à objet arty et contemporain : complexe, théorique, à la limite de l'abstraction...mais qui possède tout de même un sacré pouvoir de fascination.
J'aime quand l'art devient un minimum exigeant. Et ici, c'est clairement le cas : pas mal de dialogues peuvent paraitre abscons, mais comme l'a dit MJ, ceux-ci ne sont finalement pas si primordiaux que ça...et l'on peut donc contempler les yeux bien ouverts la maestria de la mise en scène (ah c'est autre chose que le plan-plan de Eastern Promises et A Dangerous Method) et le décor incroyable de l'intérieur de la limousine (très organique, quasi "vivante"...on est bien chez Cronenberg, quoi).
Et Pattinson est excellent (j'en reviens à peine d'écrire ça).
Le fait qu'on le rapproche davantage d'EXistenZ (que j'aime bien, c'est une compil' réjouissante de ce qu'il avait fait jusqu'à ce film) qu'à ses deux précédents derniers films plan-plan comme tu dis (et insignifiants), me remonte un peu le moral. J'irai le voir dès que je peux.
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Re: Cosmopolis (David Cronenberg - 2012)
Non.Major Tom a écrit :son précédent film insignifiant
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Re: Cosmopolis (David Cronenberg - 2012)
En fait, plus qu'à eXistenZ, le film m'a surtout fait penser à Crash dans son approche froide et clinique, avec là aussi un score métallique de Shore.
Belle collaboration musicale avec Metric, d'ailleurs.
Belle collaboration musicale avec Metric, d'ailleurs.