Notez les Films Naphtas Février 2012
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Re: Notez les Films Naphtas Février 2012
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Fleur d'oseille (Georges Lautner, 1968)
Curieux, je n'avais jamais vu ce film. Je connais pourtant mon Georges Lautner par cœur. Du moins le croyais-je.
Curieux également parce que le film est très flou dans son genre, ce qui n'est pas plus mal. On ne sait si l'on est dans un polar, une comédie ou un drame. Le sujet est troublant.
Charpenté sur le personnage joué par Mireille Darc, c'est tout de même encore un film d'hommes. Michel Audiard est aux dialogues. Pas le meilleur Audiard, mais son style s'identifie parfaitement. J'apprécie toujours mon petit Audiard, comme quelques rondelles de saucisson poivré pour l'apéro d'ailleurs mais je m'égare (j'ai trouvé une saucisse sèche du Perche... oh mes aïeux! je m'en régale toutes les semaines et je continue de m'égarer). Ici, Audiard ne s'investit pas très fort cependant. M'enfin, ce fieffé salopard a un si beau brin de plume qu'il arrive avec rien à trousser un joli texte. On le sent sur la réserve, à l'économie. Tout en retrait. Quelques lignes fusent, mais c'est presque par habitude. On écoute avec plaisir, mais sans jubilation extrême comme de coutume. Soit.
Quand je vois cette réalisation encore plus osée, plus originale et couillue qu'à l'accoutumée -même si Georges Lautner n'a jamais été un lâche ni un pépère derrière sa caméra- je me dis qu'il s'est éclaté à filmer cette histoire. Entre le champ très vaste des couleurs et l'usage très large du cinémascope, ainsi que surtout le traitement bi-focal (excusez si le terme est impropre) du cadre, bien avant le procédé mis en place par Brian de Palma qui permet d'avoir les plans avant et arrière très nets sur le même cadre, le film fait preuve d'invention, d'une certaine audace, en tout cas d'une envie d'innover, de proposer des images neuves, dynamiques et belles. J'ai la nette impression que le cinéaste, n'ayant pas à se farcir les egos surdimensionnés des stars mâles qu'il avait l'habitude de diriger, s'est un peu plus lâché sur l'esthétique de son film. C'est assez heureux.
Dommage que l'histoire soit aussi peu bandante! Peut-être aussi que le film souffre d'un manque de souffle chez certains comédiens.
Mireille Darc est un peu dans un registre grave, trop sérieuse au début du film. Le scénario l'entraine presque dans une histoire qui ressemble à ces édifiantes aventures mélodramatiques qu'on servait aux jeunes filles en fleur, jadis, pour les dissuader de voir le loup de n'importe qui, ces histoires de filles-mères abandonnées à leurs tristes sorts. Aussi l'actrice prend-elle un air "cocker triste" dans les premières minutes qui se transforme parfois en moue boudeuse peu expressive.
J'ai bien aimé la grandiloquence ridicule de Paul Préboist. Si cet acteur a mangé un énorme tas de sous-rôles vérolés tout le long de sa carrière, il a su tomber sans doute par hasard sur deux ou trois emplois pas trop dégueus. Même si celui-là est exubérant et passible de la peine de grotesque, j'avoue que j'en ai apprécié la fantaisie et le verbe (ou du moins le port de l'Audiard classique). On peut le compter dans les prestations honorables. Hum voilà tout.
Anouk Ferjac qui accompagne Mireille Darc est tout en ambiguïté saphique mais je suis resté indifférent à ce rôle peut-être un peu trop faible à l'écriture.
D'Henri Garcin, j'avais le souvenir un tantinet affectueux de sa participation récurrente dans "Maguy" que j'ai pu voir quand j'étais gamin et celui beaucoup plus heureux de sa performance dans "La vie de château" qu'il faudrait que je revois tellement ce film était frais. J'ai une assez bonne estime de ce comédien, son style, sa voix, son élégance naturelle, matinée d'intelligence inquiétante, mais dans ce film, je n'accroche pas du tout. Je trouve le personnage insipide, peu crédible.
Mais il n'est pas le seul. D'André Pousse à Amidou, beaucoup d'autres ne décollent pas vraiment de leur strapontin. Ça gesticule et les mots d'Audiard ne déploient guère d'envergure dans leurs bouches. Ça tombe à plat. C'est triste.
Le film est coloré mais ne conte guère qu'une histoire assez monochrome. Un Lautner trop attentiste peut-être?
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Re: Notez les Films Naphtas Février 2012
Ce Fleur d'oseille m'avait séduit justement pour cet originalité dans le ton, ce mélange des genres et cette intrigue assez lâche qui permet à Lautner d'expérimenter sur la forme, le montage, le rythme du film, un peu comme La grande sauterelle.
et il est toujours bon de rappeler (comme tu le montres très bien) que Lautner est peut-être le cinéaste commercial du cinéma français des années 60 et 70 le plus expérimental, le plus libre (avec De Broca), le plus stylé. C'était en fait un vrai disciple d'Orson Welles (le jeu sur la profondeur de champ, notamment), sans l'ambition du propos et de l'oeuvre. Il ne cherchait pas à faire des chefs d'oeuvre non plus, juste à divertir et s'éclater lui-même... Il faut dire que ses films portent fortement l'empreinte de la libération des moeurs (et notamment de la femme, un de ses thèmes les plus récurrents), de l'effervescence musical et sociétal de l'époque.
et il est toujours bon de rappeler (comme tu le montres très bien) que Lautner est peut-être le cinéaste commercial du cinéma français des années 60 et 70 le plus expérimental, le plus libre (avec De Broca), le plus stylé. C'était en fait un vrai disciple d'Orson Welles (le jeu sur la profondeur de champ, notamment), sans l'ambition du propos et de l'oeuvre. Il ne cherchait pas à faire des chefs d'oeuvre non plus, juste à divertir et s'éclater lui-même... Il faut dire que ses films portent fortement l'empreinte de la libération des moeurs (et notamment de la femme, un de ses thèmes les plus récurrents), de l'effervescence musical et sociétal de l'époque.
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Re: Notez les Films Naphtas Février 2012
O'Malley a écrit :Ce Fleur d'oseille m'avait séduit justement pour cet originalité dans le ton, ce mélange des genres et cette intrigue assez lâche qui permet à Lautner d'expérimenter sur la forme, le montage, le rythme du film, un peu comme La grande sauterelle.
et il est toujours bon de rappeler (comme tu le montres très bien) que Lautner est peut-être le cinéaste commercial du cinéma français des années 60 et 70 le plus expérimental, le plus libre (avec De Broca), le plus stylé. C'était en fait un vrai disciple d'Orson Welles (le jeu sur la profondeur de champ, notamment), sans l'ambition du propos et de l'oeuvre. Il ne cherchait pas à faire des chefs d'oeuvre non plus, juste à divertir et s'éclater lui-même... Il faut dire que ses films portent fortement l'empreinte de la libération des moeurs (et notamment de la femme, un de ses thèmes les plus récurrents), de l'effervescence musical et sociétal de l'époque.
Nous sommes parfaitement d'accord!
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Re: Notez les Films Naphtas Février 2012
Je crois que l'on ne sera jamais trop nombreux pour défendre le cinéma de Georges Lautner!
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Re: Notez les Films Naphtas Février 2012
O'Malley a écrit :Je crois que l'on ne sera jamais trop nombreux pour défendre le cinéma de Georges Lautner!
Oui c'est bien vrai.
Comme j'ai déjà eu l'occasion de l'écrire, c'est un cinéaste qui, je trouve, n'est pas considéré à sa juste valeur.
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Re: Notez les Films Naphtas Février 2012
c'est un sublime chef d'oeuvre, d'une épure quasi-parfaite (il n'y a que les scènes de guerre dont je me serais passé).Watkinssien a écrit :Après Le Guépard, c'est mon second Visconti préféré...cinephage a écrit :
Ce n'est effectivement pas le meilleur Visconti. Je n'en garde pas un si mauvais souvenir, parce que je connaissais mal l'époque, et que le film est très beau au niveau de l'image... Mais je comprends que tu te sois ennuyé devant, c'est assez classique et un chouia rigide. J'aime bien les 25 dernières minutes, en revanche, qui m'avaient pour le coup pas mal plu.
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Re: Notez les Films Naphtas Février 2012
Tiens justement question je dois regarder prochainement Senso et Le guépard, je dois les regarder en Italien c'est mieux ?
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Re: Notez les Films Naphtas Février 2012
Non, regarde-les plutôt en Papou.Dunn a écrit :Tiens justement question je dois regarder prochainement Senso et Le guépard, je dois les regarder en Italien c'est mieux ?
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Re: Notez les Films Naphtas Février 2012
Dunn a écrit :Tiens justement question je dois regarder prochainement Senso et Le guépard, je dois les regarder en Italien c'est mieux ?
La distribution étant internationale d'une part ; les films italiens étant souvent post synchronisés de l'autre, j'hésite toujours. La VF du guépard est en tout cas remarquable je trouve.
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Re: Notez les Films Naphtas Février 2012
Allons. Toi qui es un grand admirateur du Guépard, et qui de ce fait doit prendre plaisir à le faire partager je gage, tu devrais te féliciter qu'un jeune cinéphile comme Dunn souhaite le découvrir.Tancrède a écrit :Non, regarde-les plutôt en Papou.Dunn a écrit :Tiens justement question je dois regarder prochainement Senso et Le guépard, je dois les regarder en Italien c'est mieux ?
Dunn, ton interrogation est légitime, comme l'a montré Jeremy. En italien sous-titré est probablement la meilleure option. Mais la VF du Guépard est effectivement remarquable. Dans aucune de ces versions, hélas, nous n'avons la vraie voix de Burt Lancaster. Son incarnation du Prince Salina n'en demeure pas moins fabuleuse.
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Re: Notez les Films Naphtas Février 2012
c'est sympa pour Dunn!Strum a écrit :Allons. Toi qui es un grand admirateur du Guépard, et qui de ce fait doit prendre plaisir à le faire partager je gage, tu devrais te féliciter qu'un jeune cinéphile comme Dunn souhaite le découvrir.Tancrède a écrit : Non, regarde-les plutôt en Papou.
Senso est à voir en Italien sinon.
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Re: Notez les Films Naphtas Février 2012
Cela se voulait sympathique, le mot "jeune" n'ayant pas dans ma bouche de sens péjoratif. Dans l'hypothèse où Dunn ne serait pas le jeune homme que je pensais, il n'en aurait pas moins de longues années de cinéphilie devant lui puisqu'il semble ne pas encore avoir vu certains grands classiques.Tancrède a écrit :c'est sympa pour Dunn!
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Re: Notez les Films Naphtas Février 2012
Non mais pas de soucis car effectivement j'ai encore bon nombre de classique à voir et puis je fais encore jeune
sinon oui ma question était importante car comme les westerns italiens de Leone, parfois la VF est meilleur.Donc "le Guépard" en Vf et "Senso" en Italien Merci.
sinon oui ma question était importante car comme les westerns italiens de Leone, parfois la VF est meilleur.Donc "le Guépard" en Vf et "Senso" en Italien Merci.
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Re: Notez les Films Naphtas Février 2012
J'ai vu Rocco et ses frères en italien, pour me rendre compte après coup que les scènes entre Annie Girardot et Belmondo sont jouées en français, qu'on peut entendre en son direct sur la VF. Avec le cinéma italien, où tout est postsynchronisé, la réponse à la question de la langue n'est pas si évidente.
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
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Re: Notez les Films Naphtas Février 2012
Oui, d'ailleurs je continue à regarder les Leone en français par exemple.