Re: Carnage (Roman Polanski - 2011)
Publié : 18 janv. 12, 15:29
Cela faisait longtemps que Roman Polanski n’avait pas enchaîné deux films en aussi peu de temps : en effet, son 19e opus, adaptation de la pièce de théâtre écrite par Yasmina Reza, « Le Dieu du Carnage », a suivi de peu « The Ghost Writer », sorti début 2010.
On sait que Polanski a travaillé sur le scénario de « Carnage » pendant sa retraite forcée en Suisse, entre 2009 et 2010. Il a rapidement mis en chantier le tournage suite à sa libération, s’offrant un joli casting pour interpréter ces deux couples qui vont ‘s’affronter’ entre quatre murs. Le concept de huis-clos, déjà traité par le réalisateur, est cette fois respecté dans les règles de l’art. Pendant 80 minutes, on ne quitte pas le domicile du couple Jodie Foster-John C. Reilly, où s’est rendu le second couple, Kate Winslet-Christopher Waltz. Tous les quatre veulent régler un différend concernant leurs enfants, le fils de Winslet-Waltz ayant frappé celui du couple Foster-Reilly.
En partant d’un postulat basique, voire anecdotique, le film s’envole rapidement. Car, inévitablement, la situation dégénère, et, alors qu’à plusieurs reprises le couple en visite semble décidé à partir, un détail retient à chaque fois tout ce petit monde (ah ! l’épisode du hamster qui est mis dehors !).
Polanski, qui a déjà traité du voyeurisme dans certains de ses films (« Le locataire », pour ne citer qu’un exemple), place ici le spectateur dans ce rôle, de façon frontale : nous assistons, et pour notre plus grand plaisir (le film est très drôle), aux engueulades successives des parents, qui essaient tantôt de minimiser la responsabilité de l’un des enfants, tantôt d’égaliser les fautes des deux côtés. Nous pénétrons dans l’intimité de chacun des personnages, et, pris au premier degré, le film pourrait devenir gênant tant les protagonistes se dévoilent, les uns après les autres. Les travers de chacun, ainsi que les manies, sont passés au crible, sous l’œil de la caméra polanskienne (il est d’ailleurs amusant de noter le caméo que fait le cinéaste, dans le rôle du voisin, dans l’entrebâillement de sa porte d’entrée – procédé auquel Polanski n’avait pas eu recours depuis un bon moment dans ses films).
Techniquement, le film est assez virtuose, comme d’habitude avec le réalisateur : l’utilisation de l’espace est parfaite, les cadrages sont toujours justes, nous immergeant dans ce décor pourtant restreint, et se resserrant ensuite pour cerner au mieux les émotions et les expressions des personnages.
Si Jodie Foster a physiquement pris un coup de vieux, son jeu est toujours aussi remarquable. Elle a pourtant le rôle qui pourrait être le plus agaçant… Christopher Waltz, parfait (déjà dans le film de guerre de Tarantino, il était fabuleux), donne rapidement le ton avec son personnage : la tronche qu’il tire dès les premières secondes suivant son apparition est à elle seule jubilatoire. Quant à Kate Winslet, elle est comme toujours impeccable, et, des années après « Titanic », demeure à mes yeux l’une des plus belles femmes du cinéma anglo-américain contemporain.
« Carnage » vaut donc le détour, et confirme, après le brillant « The Ghost Writer » que, malgré une carrière exceptionnelle de 50 ans, Roman Polanski est toujours un cinéaste aussi surprenant et talentueux… je n’espère qu’une chose : qu’il remette vite ça !
On sait que Polanski a travaillé sur le scénario de « Carnage » pendant sa retraite forcée en Suisse, entre 2009 et 2010. Il a rapidement mis en chantier le tournage suite à sa libération, s’offrant un joli casting pour interpréter ces deux couples qui vont ‘s’affronter’ entre quatre murs. Le concept de huis-clos, déjà traité par le réalisateur, est cette fois respecté dans les règles de l’art. Pendant 80 minutes, on ne quitte pas le domicile du couple Jodie Foster-John C. Reilly, où s’est rendu le second couple, Kate Winslet-Christopher Waltz. Tous les quatre veulent régler un différend concernant leurs enfants, le fils de Winslet-Waltz ayant frappé celui du couple Foster-Reilly.
En partant d’un postulat basique, voire anecdotique, le film s’envole rapidement. Car, inévitablement, la situation dégénère, et, alors qu’à plusieurs reprises le couple en visite semble décidé à partir, un détail retient à chaque fois tout ce petit monde (ah ! l’épisode du hamster qui est mis dehors !).
Polanski, qui a déjà traité du voyeurisme dans certains de ses films (« Le locataire », pour ne citer qu’un exemple), place ici le spectateur dans ce rôle, de façon frontale : nous assistons, et pour notre plus grand plaisir (le film est très drôle), aux engueulades successives des parents, qui essaient tantôt de minimiser la responsabilité de l’un des enfants, tantôt d’égaliser les fautes des deux côtés. Nous pénétrons dans l’intimité de chacun des personnages, et, pris au premier degré, le film pourrait devenir gênant tant les protagonistes se dévoilent, les uns après les autres. Les travers de chacun, ainsi que les manies, sont passés au crible, sous l’œil de la caméra polanskienne (il est d’ailleurs amusant de noter le caméo que fait le cinéaste, dans le rôle du voisin, dans l’entrebâillement de sa porte d’entrée – procédé auquel Polanski n’avait pas eu recours depuis un bon moment dans ses films).
Techniquement, le film est assez virtuose, comme d’habitude avec le réalisateur : l’utilisation de l’espace est parfaite, les cadrages sont toujours justes, nous immergeant dans ce décor pourtant restreint, et se resserrant ensuite pour cerner au mieux les émotions et les expressions des personnages.
Si Jodie Foster a physiquement pris un coup de vieux, son jeu est toujours aussi remarquable. Elle a pourtant le rôle qui pourrait être le plus agaçant… Christopher Waltz, parfait (déjà dans le film de guerre de Tarantino, il était fabuleux), donne rapidement le ton avec son personnage : la tronche qu’il tire dès les premières secondes suivant son apparition est à elle seule jubilatoire. Quant à Kate Winslet, elle est comme toujours impeccable, et, des années après « Titanic », demeure à mes yeux l’une des plus belles femmes du cinéma anglo-américain contemporain.
« Carnage » vaut donc le détour, et confirme, après le brillant « The Ghost Writer » que, malgré une carrière exceptionnelle de 50 ans, Roman Polanski est toujours un cinéaste aussi surprenant et talentueux… je n’espère qu’une chose : qu’il remette vite ça !