Découvert il y a quelques jours un film d'un réalisateur que je ne connaissais pas, dont Lourcelles cite un film à la fin de son dictionnaire qui n'est pas celui que j'ai découvert, devenu très rare depuis des décennies,
La Tour des sept bossus, d'Edgar Neville.
Né en 1899, Neville, jeune diplomate parcourt le Monde puis débute sa carrière à Hollywood où il se distingue en tant que scénariste et traducteur.
Il revient en Espagne réaliser ses premiers films dès le début des années trente.
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- Synopsis :
Madrid, fin du XIXè siècle : Basilio Beltrán est un jeune amateur de jeu très superstitieux qui est tombé sous le charme d’une chanteuse de variétés surnommée la belle Médusa. Afin de pouvoir l’emmener dîner, en compagnie de son inséparable mère si gloutonne, Basilio se rend au casino et suit les indications que lui donne le spectre de don Robinsón de Mantua à la roulette. En échange, le fantôme lui demande de découvrir qui l’a assassiné et de s’occuper de sa nièce Inès, également menacée. Avec l’aide d’un ami, l’agent Martínez, Basilio devra résoudre le mystère d’un lieu où une bande de bossus se réunit pour mettre au point ses plans criminels : une synagogue secrète et souterraine appelée la tour des sept bossus.
Ce film, datant de 1944, est une véritable curiosité tant stylistiquement que par le ton employé par le réalisateur.
Une espèce de synthèse heureuse et déconcertante de l'expressionisme Langien auquel il est fait référence de manière évidente à travers le grouillement de cette vie souterraine évoquant
Les Trois lumières notamment, mais aussi par une photo mettant brillamment en valeur des décors d'inspiration baroque comme cet escalier vertigineux reliant le Monde des mortels à celui de la ville souterraine, ainsi que le cinéma fantastique hollywoodien du début des années trente avec ses savants fous, ses victimes ingénues...


Par ces portraits de personnages interlopes et insaisissables, le cinéma de Neville évoque lointainement certaines nouvelles fantastiques de Gogol, à tel point qu'on éprouve pour ce film une véritable fascination à laquelle il est difficile de résister.
L'édition double dvd de Versus est exemplaire, offrant le choix entre deux versions restaurées du film, et incluant un livret riche en informations de 80 pages.
Une de mes découvertes de l'année !
