allen john a écrit :Kevin95 a écrit :
C'est plus dans l'idée d'oublier l'apport de Valerri (très bon réalisateur) qui me fait tilter à chaque fois que j'entends le nom de Leone à propos du film. Mais c'est à force de radoter comme quoi Leone n'est que le producteur du film à qui veut l'entendre qu'à force je rouspète !
Je me suis basé sur l'abondante littérature (un bien grand mot) disponible sur le net et dans la presse depuis la sortie du film. Mon premier contact avec le film, par le biais des volumes de l'intégrale du dessinateur que je mentionne, font état d'un producteur Leone qui "supervisait" le film sur le plateau. Je ne saurais juger de l''apport seul de Valerii (Qui est seul crédité, et dont on est bien d'accord qu'il est le metteur en scène du film, je ne le mets pas en doute), mais les deux scènes attribuées le plus souvent à Leone, peut-être à tort, sont l'ouverture, et la scène de la confrontation finale de Fonda avec les 150 cavaliers. je n'ai pas vu mentionnée la scène de l'urinoir, qui est effectivement loin d'être un grand moment. Pour le reste, effectivement si Leone avait réalisé autant de scènes que le prétend Fonda, il aurait été assez grand pour mettre son nom au crédit du film, et sinon c'est vrai que quand on a tourné avec Bud Spencer, on n'est pas digne de foi, donc tout ce que Terence Hill a prétendu, hein, on s'en balance(Et d'ailleurs, c'est quoi, ce nom, "Terence Hill"?). Voilà. Pour le reste, le film ressemble souvent à une amicale parodie (Si on retient l'idée que Valerii a seul assumé le tournage), ou une auto-parodie (Si leone a fait plus que de porter une casquette sur le tournage). Voilà.
Pour le reste, une chose est sure, le film est beaucoup plus un film de Tonino Valerii que, disons,
The thing n'est un film de Christian Niby, ou
Tight Rope n'est réalisé par Richard Tuggle.
Je ne sais pas trop ce que vous avez lu ou entendu, parce que cela ne correspond en rien à ce qui été publié récemment (rectifiant ce qui a pu être dit précédemment) et surtout à une hypothèse crédible qui figure dans le commentaire audio du film par Tonino Valerii, qui confirme:
-la partie américaine est intégralement dûe à Valerii, Leone n'étant pas sur le plateau au Nouveau-Mexique (comme vous avez pu le contaster si vous connaissez les photos de Gillain à Acoma, photos montrée à l'exposition Gillain, Angoulême, 1976 ou 1977, que nous avions vues à l'époque.
-Leone est présent les trois derniers jours de tournage aux USA, Royal Street et Jackson Square, Quarier Français, La Nouvelle Orléans ; on peut penser ici à une intervention concertée avec Valerii. Selon Valerii, absent sur le tournage un jour pour cause d'une otite aiguë, Leone se fait photographier devant la presse dirigeant les acteurs, pour une postérité feinte.
En Espagne, suite à une embrouille douanière , le film prend un léger retard (tourné à Poblado Leone et environs, La Calahorra, Province de Grenade, été 1973). Leone dirige la majeure partie de la séquence dans le saloon (Marc Mazza/Terence Hill), une petite partie de la fête foraine (les tartes à la crème). Il rajoute la séquence de l'urinoir, qu'il conserve au montage final contre l'avis de Valerii , qui n'a pas le "final cut".
-Leone tourne quelque plans de la scène finale avec la Horde Sauvage, la rallongeant un peu, Valerii l'ayant prévue plus courte (absent aussi un bref temps du tournage, ôtite): on peut penser à ce long plan à la grue, qu traîne un peu.
Vous trouverez sur le site de l'INA un entretien de Leone avec André Halimi, mai 1973, Cannes, où il annonce le film mentionnant Terence Hill (la plus grosse vedette européenne de l'époque) , Henry Fonda et Tonino Valerii, qu'il présente.
Vous pouvez vous procurer ici, via le site de l'auteur, le script original du film que Ernesto Gastaldi a fait éditer pour son propre compte, fort intéressant à lire (plusieurs effets visuels du films sont déjà présents dans ce scénario), et d'ailleurs d'une grande qualité littéraire (Gastaldi se rendait tous les jours chez Leone, et l'écrivait la nuit.)
L'examen du film montre que la façon de tourner et surtout la partie américaine n'est pas dans le style Leone (à voir sans la musique) , particulièrement dans l'emploi de la profondeur de champ similaire à l' usage qu'en fait Valerii dans
Texas. Cette thèse est développé dans la monographie sur Tonino Valerii par Roberto Curti (2008) et quelques critiques à la sortie du film.
Le film est conçu pour Terence Hill, que, selon Gastaldi, Leone aimait beaucoup, (mais il détestait Bud Spencer), dans un évident souci de "faire de l'argent" aussi. Leone, producteur, donne un énorme budget à Valerii, cinéaste cultivé et plus subtil que lui (la fluidité de
Mon Nom est Personne diffère du style Leone- mais qui n'a pas pu, souvent par manque d'argent et de temps , trouver les moyens de faire valoir au mieux ses qualités.
La théorie de Frayling, biographe hélas trop peu rigoureux de Leone, est que Leone, jaloux de ce q'uil voit réalisé par son ancien assistant aux USA, le jugeant supérieur à son propre travail (Leone est aussi, à ce moment, en perte de vitesse, son dernier film n'ayant pas eu l'audience attendue) va tout faire pour reprendre en main le bateau. Le conflit prend une nouvelle tournure après la mort de Leone, quand sort un petit ouvrage de Francesco Minini où Leone avoue avoir réalisé entièrement
Mon Nom est Personne. La famille Leone charge dans le même sens.
Valerii, à son tour, va jusqu'à expliquer que Leone, par exemple, n'a pas réalisé la partie de
Pour une poignée de Dollars tournée à Almeria, ce qui est faux, puisqu'on le voit dans les rushes heureusement édités en 2008 par RHV en Bonus du film (Italie). L'assistant de Leone, Giraldi, avoue lui-même ne s'être rendu à Almeria que le dernier juour du tournage , avant de revenir à Rome (voir dans le livre qui lui est consacré).
L'attitude de Leone et de la famille ont rendu impossible tout travail d'enquête réel sur ses films, puisque nombre de ses collaborateurs encore vivants ne veulent plus en entendre parler (c'est pourquoi Valerii ne fait aucun commentaire sur
Et pour quelques Dollars de plus, film qu'il a préparé.... Ch. Frayling, a glané une somme colossale de témoignages, mais ne semble jamais eu avoir l'idée de vérifier en recoupant par des archives, le travail est à refaire, mais n'est-ce pas trop tard (selon quelques spécialistes espanols, les auteurs anglo-saxons font des erreurs parcequ'il ne maîtrisent ni l'italien, ni l'espagnol suffisamment bien )?
Récemment, sur la RAI, et dans les interviews pour les DVd, Terence Hill effectivement accrédite l'idée (mais reste dans l'ellipse, "no comment" ) de Leone réalisateur de
Mon Nom est Personne, probablement y trouvant un intérêt personnel; il a été dirigé par Leone, mais pour les quelques séquences répertoriées, dans l'hypothèse la plus vraisemblable.
Je mets petit à petit sur mon blog les différents documents d'archives que l'on peut encore trouver, et les références des livres (souvent épuisés, je viens de mettre la main sur le
Tonino Valerii de l'équipe Nocturno, longue interview, 2005), mais ceci est bien mince par rapport à ce que l'on pourrait encore obtenir (idem pour
Il était une fois la Révolution, De Martino en aurait réalisé un bon morceau).
Tant pis, tout le monde a perdu dans ces histoire de rivalités personnelles... et surtout Leone (dont la fabrication de l'oeuvre reste en fait très obscure). Sauf en Italie, les films sortent massacrés par MGM.
Même chose pour Gillain et Leone , il convient d'être très prudent, parce que les dessins et le texte (médiocre, plat) sont très décevants. Leone a pu simplement aussi être de cet avis (ils sont sortis dans la presse vers 77 ou 78).
Jean Fontaine, le doubleur de Terence Hill, dans
Mon Nom est Personne, se souvient que Leone s 'était beaucoup impliqué dans le doublage français. On manque aussi beaucoup de documentation sur ces doublages (sur les doublages anglais, voir le témoignage de Sergio Donati, dépêché par Leone à New-York, pour éviter une post-syncrhonisation anglaise seulement labiale, la majeure partie du texte dit étant écrit... au doublage; les westerns de Leone sont tournés muets, chacun s'exprimant dans sa propre langue, sans d'ailleurs que le texte dit, mais non enregistré, soit celui que le spectateur entend finalement.)