Page 15 sur 19

Re: Drive (Nicolas Winding Refn - 2011)

Publié : 20 nov. 13, 10:14
par Thaddeus
Rick Blaine a écrit :Pour moi il s'agit d'un exercice de style raté.
Je dirais plutôt vide que raté. Refn y témoigne d'une virtuosité assez indéniable... mais au service de quoi ?
Je me demande ce qu'un sondage révélerait aujourd'hui sur la pérennité de ce film, deux ans après sa sortie. Car il avait provoqué une petite hystérie quand même, et été élevé au rang de classique instantané par bien des cercles cinéphiles. Encore un phénomène qui m'a échappé.

Re: Drive (Nicolas Winding Refn - 2011)

Publié : 20 nov. 13, 10:24
par Rick Blaine
Thaddeus a écrit :
Rick Blaine a écrit :Pour moi il s'agit d'un exercice de style raté.
Je dirais plutôt vide que raté. Refn y témoigne d'une virtuosité assez indéniable... mais au service de quoi ?
Oui, exactement, ta formulation est plus juste. Avec un materiau bien plus solide, je pense que Refn aurait pu tourner quelque chose d’intéressant.

Re: Drive (Nicolas Winding Refn - 2011)

Publié : 20 nov. 13, 10:42
par Billy Budd
Thaddeus a écrit :
Rick Blaine a écrit :Pour moi il s'agit d'un exercice de style raté.
Je dirais plutôt vide que raté. Refn y témoigne d'une virtuosité assez indéniable... mais au service de quoi ?
Je me demande ce qu'un sondage révélerait aujourd'hui sur la pérennité de ce film, deux ans après sa sortie. Car il avait provoqué une petite hystérie quand même, et été élevé au rang de classique instantané par bien des cercles cinéphiles. Encore un phénomène qui m'a échappé.
Je l'ai trouvé très beau ce film, mon côté fleur bleue.

Re: Drive (Nicolas Winding Refn - 2011)

Publié : 20 nov. 13, 10:43
par wontolla
Billy Budd a écrit :
Thaddeus a écrit : Je dirais plutôt vide que raté. Refn y témoigne d'une virtuosité assez indéniable... mais au service de quoi ?
Je me demande ce qu'un sondage révélerait aujourd'hui sur la pérennité de ce film, deux ans après sa sortie. Car il avait provoqué une petite hystérie quand même, et été élevé au rang de classique instantané par bien des cercles cinéphiles. Encore un phénomène qui m'a échappé.
Je l'ai trouvé très beau ce film, mon côté fleur bleue.
+1, je l'ai vu cinq fois (2 en 2011, 3 en 2012) et je le reverrai volontiers cette année :oops: :wink: .

Re: Drive (Nicolas Winding Refn - 2011)

Publié : 20 nov. 13, 11:32
par Demi-Lune
Thaddeus a écrit :Je me demande ce qu'un sondage révélerait aujourd'hui sur la pérennité de ce film, deux ans après sa sortie. Car il avait provoqué une petite hystérie quand même, et été élevé au rang de classique instantané par bien des cercles cinéphiles. Encore un phénomène qui m'a échappé.
Sans vouloir mettre de l'eau à ton moulin, de mon côté les deux révisions du film - que j'avais franchement apprécié lors de sa sortie - ont relativisé cet enthousiasme. Quelque part, Only God forgives est venu "clarifier" les choses, en prolongeant et en accentuant les inclinations montrées par Refn sur Drive. Comme je l'écrivais l'année dernière,
Drive gagne indéniablement à être vu sur grand écran, mais surtout, malgré son exécution suprêmement racée, le film m'a semblé cette fois plus artificiel : comme je le redoutais je suis de moins en moins sensible à cette fascination générale du film pour son personnage mutique et impassible. L'iconisation a fait son effet lors de la découverte mais elle se révèle progressivement peu impliquante émotionnellement, au final. Et laisse potentiellement apparaître les limites du film. Cela reste néanmoins un polar superbement troussé.
D'ailleurs j'aimerais revenir sur un truc. Pas très important mais bon... Ironiquement, j'avais associé la conception du personnage de Gosling à celle du Samouraï de Delon, trouvant que leur aspect fantasmatique, abstrait, était prompt à fasciner mais aussi à cacher des facilités d'écriture (d'ailleurs une des sources d'inspiration de Refn est The driver, film qui était lui-même sous influence melvillienne). Mais pour avoir revu le film de Melville assez récemment, la fascination du film pour le professionnalisme et l'économie de Delon n'empêche finalement pas l'empathie ni le relief du personnage, contrairement à ce que je ressens maintenant envers le "Driver". Les univers de Melville et de Refn sont tous deux référencés, mais celui de Refn dépasse pour moi difficilement l'exercice de style car il reste dans une imagerie de surface, dans une approche très fonctionnelle et donc peu incarnée des personnages, là où celui de Melville est justement sublimé par sa puissance morale (les principes et les codes avec lesquels ne transigent aucun personnage, ainsi "humanisés").

Re: Drive (Nicolas Winding Refn - 2011)

Publié : 20 nov. 13, 12:07
par Strum
Demi-Lune a écrit :Les univers de Melville et de Refn sont tous deux référencés, mais celui de Refn dépasse pour moi difficilement l'exercice de style car il reste dans une imagerie de surface, dans une approche très fonctionnelle et donc peu incarnée des personnages, là où celui de Melville est justement sublimé par sa puissance morale (les principes et les codes avec lesquels ne transigent aucun personnage, ainsi "humanisés").
Voilà, dans Le Samouraï, il y a un regard admiratif pour les valeurs et la rigueur morale qu'incarne le personnage ou qui se cachent derrière lui, dans Drive, il y a seulement un regard énamouré pour le personnage lui même. Le regard s'arrête en surface et il n'y a rien à voir derrière le justicier joué par Gosling. Du coup, c'est assez creux - et dans ce creux, se niche une fascination pour l'imagerie de l'ultra-violence, qui est mise formellement sur le même plan que la bluette entre le Driver et sa voisine (elle est traitée comme une émotion), et qui aurait fait horreur à Melville.

Re: Drive (Nicolas Winding Refn - 2011)

Publié : 20 nov. 13, 12:14
par Borislehachoir
Demi-Lune a écrit :Quelque part, Only God forgives est venu "clarifier" les choses, en prolongeant et en accentuant les inclinations montrées par Refn sur Drive.
J'aime toujours beaucoup cette logique qui consiste à expliquer qu'un film est raté parce qu'un autre film l'est.

Re: Drive (Nicolas Winding Refn - 2011)

Publié : 20 nov. 13, 12:20
par Gounou
Borislehachoir a écrit :
Demi-Lune a écrit :Quelque part, Only God forgives est venu "clarifier" les choses, en prolongeant et en accentuant les inclinations montrées par Refn sur Drive.
J'aime toujours beaucoup cette logique qui consiste à expliquer qu'un film est raté parce qu'un autre film l'est.
Ce n'est pas ce qu'il dit. Il dit qu'une accentuation d'un trait préexistant peut le rendre plus apparent à la revision. Lis.

Re: Drive (Nicolas Winding Refn - 2011)

Publié : 20 nov. 13, 12:33
par Federico
Drive (que j'ai découvert, passé l'effet de mode, et qui m'a beaucoup plu) et Le samouraï (qui n'est pas mon Melville préféré mais que je revoie toujours avec plaisir) sont tous les deux des films maniérés et fascinants à la fois. Certes, Gosling n'a pas encore le charisme de Delon (quel acteur pourrait s'en vanter ?) mais les personnages centraux ont le même mutisme et l'économie de morts-vivants, le même professionnalisme discret mais hyper-efficace, la même détermination. Il y a d'autres points communs entre les films comme l'importance des bagnoles plus caressées que pilotées (dans la grande tradition macho qui veut qu'une automobile soit du genre féminin mais là, avantage à la DS et ses formes girondes), la violence sèche (plus démonstrative chez Refn mais c'est malheureusement l'époque qui le veut), le fait que l'un comme l'autre ne semble pouvoir compter que sur un seul soutien (Nathalie Delon pour l'un, Bryan Cranston pour l'autre)...
Davantage que la petite histoire amoureuse, je dirai que le principal point qui distingue Drive du Samourai, c'est que la police est aux abonnés absents dans le Refn alors que chez Melville, il n'y a jamais de truand sans flic et inversement.

Possible que Drive faiblisse avec le temps mais je pense que sa séquence d'ouverture fera date.

Re: Drive (Nicolas Winding Refn - 2011)

Publié : 20 nov. 13, 15:15
par Demi-Lune
Gounou a écrit :
Borislehachoir a écrit : J'aime toujours beaucoup cette logique qui consiste à expliquer qu'un film est raté parce qu'un autre film l'est.
Ce n'est pas ce qu'il dit. Il dit qu'une accentuation d'un trait préexistant peut le rendre plus apparent à la revision. Lis.
Voilà, c'était le sens de ma remarque. D'autant que je ne considère absolument pas Drive raté...

Re: Drive (Nicolas Winding Refn - 2011)

Publié : 20 nov. 13, 18:20
par Outerlimits
Jeremy Fox a écrit :
Rick Blaine a écrit : Comme moi, et j'en était ressorti avec le même avis que toi, notamment sur ses longueurs. Pour moi il s'agit d'un exercice de style raté.
Je me range à vos côtés sans pour autant l'avoir trouvé mauvais.
Le film avait été un peu maladroitement "vendu" comme un film d'action, de cascades et de courses-poursuites ininterrompues, ce qu'il n'et pas et qui a sans doute déconcerté un certain nombre de spectateurs. A ce sujet, a bande-annonce est évocatrice :

Re: Drive (Nicolas Winding Refn - 2011)

Publié : 20 nov. 13, 18:36
par Billy Budd
hellrick a écrit :
Ratatouille a écrit :Avoue que tu t'attendais à un film de course-poursuites, aussi...
Non, même pas :D mais à un polar plus nerveux, plus simple et moins maniéré sans aucun doute :wink:
Je le trouve super nerveux moi, enfin très sec malgré un certain maniérisme.

Re: Drive (Nicolas Winding Refn - 2011)

Publié : 20 nov. 13, 18:38
par Federico
Outerlimits a écrit :Le film avait été un peu maladroitement "vendu" comme un film d'action, de cascades et de courses-poursuites ininterrompues, ce qu'il n'et pas et qui a sans doute déconcerté un certain nombre de spectateurs. A ce sujet, a bande-annonce est évocatrice :
Spoiler (cliquez pour afficher)
Maladroite... ou très maligne. Cette bande-annonce a du drainer tout un parterre d'amateurs de Jason Statham, d’aficionados des Taxi et autres Fast & Furious (et rien que d'imaginer la tronche de certains à la sortie me met en joie). :mrgreen:

Re: Drive (Nicolas Winding Refn - 2011)

Publié : 20 nov. 13, 20:26
par Flol
Billy Budd a écrit :
hellrick a écrit : Non, même pas :D mais à un polar plus nerveux, plus simple et moins maniéré sans aucun doute :wink:
Je le trouve super nerveux moi, enfin très sec malgré un certain maniérisme.
Moi aussi. De toute façon, Winding Refn EST un metteur en scène maniériste. A partir de là, si on garde bien ça en tête, difficile d'être étonné par l'aspect extrêmement travaillé de sa mise en scène.
Mais je peux comprendre qu'on reste totalement hermétique à tout ça. Pour ma part, j'y rentre pleinement dedans à chaque fois : j'aime tous les films de Refn, y compris Only God Forgives (celui-là, je crois qu'on était à peu près 3 à l'avoir apprécié).

Re: Drive (Nicolas Winding Refn - 2011)

Publié : 20 nov. 13, 21:21
par Harkento
De toute façon, Winding Refn EST un metteur en scène maniériste.
Oui, et c'est en partie pour ça que j'aime moi aussi beaucoup REFN ! Car avec une histoire aussi simple et classique de celle de Drive, il parvient à transcender son scénario avec une mise en scène aussi fascinante qu'hypnotique. L'ayant revu le week-end dernier, j'ai pris tout autant (voir plus) de plaisir à le revoir et je trouve le montage/découpage (sans parler de la photographie !!) absolument saisissant : jamais je ne m'ennuie et là ou le film m'impressionne, c'est que REFN réussit à faire un film vraiment magique et unique avec un matériau de base très léger. Je fais donc partie des gens qui défend le travail de REFN et qu'il faut prendre le film pour ce qu'il est, et non pas sur ce qu'il aurait pu être si le scénario aurait été plus élaborer : c'est un film de genre simple porté par une esthétique flamboyante et ostentatoire, certes, mais le plaisir ressentit est pour ma part immense et totale ! Et moi, ça me suffit amplement. Et j'ai aussi beaucoup aimé son film d'avant, Valhalla rising, que Only God Forgives (qui est une relecture et un hommage de Santa Sangre de Jodorowski).