Re: Drive (Nicolas Winding Refn - 2011)
Publié : 14 août 12, 22:30
Comme je le disais plus haut, absolument pas, et c'est, je pense, une grosse erreur que de trouver que la mort de Mélanie et la torture du flic sont comparables. Leur ton, le contexte dans lequel elles sont amenées, l'ambiance globale sont tous différents, et je ne vois aucun rapport, quelqu'il soit, entre ces 2 scènes.Nikita a écrit :La scène de l'oreille dans Reservoir Dogs est drôle aussi ?
N'oublie pas l'usage de la musique chez Tarantino, et particulièrement dans cette scène. A t-elle pour rôle de désamorcer la violence ?tenia a écrit : Dans le 2e, on montre un flic, dans une ambiance très tendue, qui va gratuitement se faire torturer par un mec qui visiblement n'est pas très bien dans sa tête.
C'est peut-être le cas mais je trouve qu'elle ne fait que renforcer le côté sadique de Mr Orange, au contraire.Blue a écrit :N'oublie pas l'usage de la musique chez Tarantino, et particulièrement dans cette scène. A t-elle pour rôle de désamorcer la violence ?tenia a écrit : Dans le 2e, on montre un flic, dans une ambiance très tendue, qui va gratuitement se faire torturer par un mec qui visiblement n'est pas très bien dans sa tête.
Honnêtement, c'est la seule scène d'un Tarantino qui m'ait vraiment mis mal à l'aise car il n'y avait pas de recul et le hors champ ne faisait que renforcer la violence ...tenia a écrit :C'est peut-être le cas mais je trouve qu'elle ne fait que renforcer le côté sadique de Mr Orange, au contraire.Blue a écrit : N'oublie pas l'usage de la musique chez Tarantino, et particulièrement dans cette scène. A t-elle pour rôle de désamorcer la violence ?
Je crois que tout le problème est là : il n'y a pas de réaction unique à la violence cinématographique. Certains s'en divertissent voire s'en amusent carrément, d'autres en sont gênés (et parmi ces derniers certains riront pour dissimuler cet embarras, un peu comme devant une scène porno) voire révulsés. Il y en a sans doute même à qui ça ne fait rien, soit parce qu'ils captent parfaitement la distinction entre le factice et la réalité soit par habitude (?!).Major Tom a écrit :Ah oui, ce vieux débat. Je n'avais pas dû réagir à ce sujet, mais pour y répondre ici (tant pis), ça ne m'a jamais perturbé. Ça dépend toujours, d'abord de quel film on parle (devant La Liste de Schindler ou Le Pianiste, effectivement ça craint), et de quel rire il s'agit. Et ce dernier est difficile à cerner: Est-ce que certains rient à l'encontre du film (parce qu'ils trouveraient ça mal fait ou peu importe)? et ça c'est pas bien ... Est-ce plutôt un rire de défense?... Ou alors juste parce que, au fond, ils trouvent ça drôle sans être forcément psychopathes?... Contrairement à certains d'entre vous, ça ne m'a jamais dérangé d'autant que, moi-même, j'ai souri ou ri devant la violence extrême, "dérangeante" ou bigger than life de certains films, y compris Drive. C'est du cinéma, on y entre pas tête baissée sans un certain détachement, et dedans on n'y tue pas les acteurs à coups de pieds dans un ascenseur pour de vrai. Ces scènes, aussi réalistes qu'elles peuvent l'être, ont certainement demandé beaucoup d'humour à leur préparation. En tout cas, c'est ce que montrent les making-of et disent les réalisateurs comme j'ai entendu Lucas Belvaux le dire récemment (au moment de la promo de 38 témoins), en gros: "plus la scène de crime se veut réaliste, plus on s'amuse car on sait quand même que tout est faux". Peckinpah racontait que les scènes violentes de ses films étaient à prendre comme de l'amusement, comme des jeux d'enfants (il racontait ça au sujet de Guet-Apens dans lequel, précisait-il, plusieurs scènes étaient là pour sous-entendre le côté puéril).
Surtout, à l'exception de drames de guerre comme je l'ai déjà cité en exemple comme de "drames" tout court, dans les films comme ceux qui nous occupent en ce moment, c'est-à-dire Tarantino ou donc Drive, il est (normalement) difficile de prendre les choses au premier degré tant ces réalisateurs prennent justement les choses au second.
Strum me reprochera de citer quelqu'un d'autre, mais j'ai un bon exemple justement. Un ami de Sarajevo qui était là-bas à l'époque où Milosevic et Tudman étaient un poil taquins, a été témoin de choses épouvantables dans sa jeunesse (du coup son point de vue sur le cinéma violent m'intéressait). Je l'ai connu client de films violents, en étant détaché des scènes de barbaries du cinéma. Tu parles. Je l'ai vu se marrer quand Mr. Blonde de Reservoir Dogs se préparait à torturer le flic ligoté. Je crois qu'il avait raison, il le prenait comme c'était: c'est du cinéma. Je lui avais conseillé Drive justement, il est allé le voir et m'a dit entre autres que la scène de l'ascenseur l'a "bien fait marrer". Donc il l'avait beaucoup aimé.
Le film ne m'a personnellement jamais semblé aussi simpliste que cela...Frances a écrit :Voilà un film qui a fait pas mal parler de lui et même si le sujet ne m’emballait pas plus que ça les retours positifs de mon entourage ont eu raison de ma réticence. J'ai eu tort de les écouter. Drive m'a laissé sur ma faim malgré une esthétique formidable je trouve le film bien creux. Une énième variation sur les gros méchants de la mafia qui tueraient père et mère pour une poignée de dollars et un preux chevalier des temps modernes qui libère la violence qui l'habite pour protéger sa belle voisine. Je ne me suis pas vraiment ennuyée mais j'avais quand même hâte d'arriver à la fin. Très surestimé à mon humble avis.
Clairement. Avec le recul, je le considère comme un des plus beaux films de l'année dernière.jacques 2 a écrit :Un film magnifique même si c'est un exercice de style, ce qui n'a rien de péjoratif à mes yeux ...
C'est à la fois sa qualité et sa limite pour moi. Le film ne vit que pour et par son esthétique.jacques 2 a écrit :Un film magnifique même si c'est un exercice de style, ce qui n'a rien de péjoratif à mes yeux ...