Le cinéma suédois naphta... à part Bergman

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Ann Harding
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Re: le cinéma suédois naphta...à part Bergman

Message par Ann Harding »

Mais si! Bille August a lui aussi adapté Jerusalem de Selma Lagerlöf. Tout s'explique.
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Commissaire Juve
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Re: le cinéma suédois naphta...à part Bergman

Message par Commissaire Juve »

Ann Harding a écrit :Mais si! Bille August a lui aussi adapté Jerusalem de Selma Lagerlöf. Tout s'explique.
:lol: :lol: :lol: J'avais zappé ce passage de ton compte rendu (les ravages de la lecture en diagonale !) :uhuh: :oops: :oops: :oops:
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Ann Harding
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Re: le cinéma suédois naphta...à part Bergman

Message par Ann Harding »

Commissaire Juve a écrit :Finalement... si... c'est la même histoire :lol: . J'avais lu trop vite le début de ton compte-rendu. Quel âne ! :oops: Au passage, Bille Auguste en a fait un film pas du tout clautro. Et il accompagne les personnages jusqu'en terre sainte.
En fait Sjöström n'a adapté qu'une partie du livre. Le début est dans Ingmarssörnena (que je n'ai malheureusement pas vu) et dans Karin Ingmarsdotter, il s'arrête au chapitre 4. Apparemment, c'est Gustaf Molander qui a pris la relève pour adapter la suite avec Ingmarsarvet (1925) et Till österland (1926).
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Ann Harding
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Message par Ann Harding »

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Synnöve Solbakken (La petite fée de Solbakken, 1919) de J. W. Brunius avec Karin Molander, Lars Hanson et Egil Eide

Synnöve Solbakken (K. Molander) est la fille d'un fermier des hauts plateaux norvégiens. Elle est amoureuse de Thorbjörn Granliden (L. Hanson) qui vit dans la vallée. Mais son tempérament querelleur et impulsif le met souvent dans des situations impossibles...

En 1919, la firme Skandia, qui veut rivaliser avec la prestigieuse Svensk Filmindustri, embauche deux des acteurs fétiches de Stiller pour une adaptation d'un célèbre roman norvégien de Bjørnstjerne Bjørnson. Tourné en Suède et en Norvège, le film dirigé par John W. Brunius ne manque pas d'atout. Mais, on se rend compte très rapidement que Brunius n'a pas les mêmes qualités qu'un Stiller ou un Sjöström. Il se contente d'illustrer le roman pastoral de Bjørnson, sans lui apporter les éléments lyriques et la puissance narrative des deux maîtres suédois. Mais on aurait tord de dédaigner ce film. D'abord, il nous permet de découvrir la vie des paysans norvégiens qui suivent le rythme des saisons et les traditions patriarcales. Synnöve étant la fille d'un riche fermier, dont les pâturages élevés lui assure un bon rendement chez ses vaches laitières, elle se doit d'épouser un fils de fermier riche également. De son côté, Thorbjörn fait le désespoir de son père. Depuis son enfance, il est influençable et se laisse entraîner dans des querelles et de mauvaises actions par l'ouvrier agricole de son père. Plus tard, devenu adulte, il est à nouveau en butte aux attaques d'un jaloux qui voudrait lui aussi épouser Synnöve. Il devra apprendre à réfréner ses impulsions pour conquérir Synnöve. Le couple vedette du film, Lars Hanson et Karin Molander (qui devinrent mari et femme quelques années plus tard) apportent énormément au film. Lars Hanson joue un rôle très physique avec un entrain et un naturel qui semblent incompatible avec sa formation théâtrale. C'est d'ailleurs l'un des aspects pour lesquels les Suèdois des années 10 avaient tant d'avance sur d'autres pays: la qualité et le naturel de leurs interprètes. Le tournage en extérieur donne également au film une aération et un charme unique. Même si Brunius n'est pas un metteur en scène exceptionnel, son film reste passionnant et un régal pour l'oeil. Le film est disponible dans un coffret (consacré à trois films adaptés de Bjørnstjerne Bjørnson) publié par le Norsk Filminstitutt avec des sous-titres en anglais dans une superbe copie restaurée. Seul bémol: la musique du suédois Matti Bye se révèle particulièrement répétitive et agaçante avec sa répétition incessante du même motif pendant tout le film.
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Message par Commissaire Juve »

J'allais dire que ce coffret m'avait échappé, mais... c'est normal ; le muet, c'est trop "duuur" pour moi. :oops: Sinon, Bjørnson, je connais... j'ai travaillé sur un de ses textes, mais... chuuut ! :mrgreen:
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Message par Ann Harding »

Le coffret contient 2 muets, mais également un film parlant: EN GLAD GUTT (1932, J.W. Brunius) que je n'ai pas encore regardé.
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KLASSKAMRATER de Shamyl BAUMAN - 1952
Avec Sickan CARLSSON et Stig OLIN

Anna-Greta, après avoir fini ses études, vient pour la première fois exercer son métier de prof d’anglais dans le lycée où elle était autrefois étudiante. Elle y retrouve ses anciens profs qui deviennent à présent ses collègues. Lors d’un jeu de piste, elle se perd dans la forêt et sympathise avec un jeune homme qui l’embrasse….mais c’est un de ses élèves !

Malgré son ton bon enfant et badin, cette histoire d’élève amoureux de son professeur (il embrasse sa prof dans les bois, puis essaie à plusieurs reprises de la séduire, tandis que sa camarade jalouse et déboussolée est retrouvée en petite tenue dans l’appart d’un prof) évoque un sujet un tabou qui aurait connu quelques soucis de censure dans d’autres pays. Cela dit comme l’actrice Sickan Carlsson et Stig Olin ont bien 15 ans de plus que les personnages qu’ils incarnent, on a du mal à croire qu’elle soit une prof débutante et lui un élève (peut être a-t’il redoublé 25 fois ?). J’imagine que les rôles ont été ainsi distribués pour éviter le coté scabreux que cette histoire aurait pu comporter.
C’est sûr que dans ce lycée où tous les profs ont la soixantaine, la jeune enseignante se sent plus proche des élèves de terminale !
En dépit de cette erreur (volontaire ?) de casting le film est sauvé par le côté très naturel de l’ensemble et le jeu sans artifice et absolument juste de Sickan Carlsson. Pas mal de petits détails ajoutent une touche de réalisme (la prof qui cherche un appartement avec son collègue que la logeuse prend pour son compagnon). Dommage qu’au bout d’une heure, le film devienne un peu terne. Un divertissement agréable néanmoins.
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Message par Commissaire Juve »

Oui, film sympa... J'ajoute qu'on y voit Pia Skoglund (21 ans) à ses débuts. Elle était charmante, mais elle décèdera cinq ans plus tard dans un accident de voiture sur un passage à niveau.

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Sinon, pour les invraisemblances, c'est un peu comme le film Les collégiennes (André Hunebelle, 1957) où les principaux rôles sont tenus par des filles âgées de 23 à 27 ans ! :uhuh: Il n'y a que Sylvie Dorléac (environ 10 ans), sa soeur Catherine (14 ans... on ne l'entrevoit que quelques secondes) et trois quatre gamines qui ont vraiment l'âge d'être au collège.
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Re: le cinéma suédois naphta...à part Bergman

Message par Commissaire Juve »

Music Man a écrit :... Cela dit comme l’actrice Sickan Carlsson et Stig Olin ont bien 15 ans de plus que les personnages qu’ils incarnent, on a du mal à croire qu’elle soit une prof débutante et lui un élève (peut être a-t’il redoublé 25 fois ?). J’imagine que les rôles ont été ainsi distribués pour éviter le coté scabreux que cette histoire aurait pu comporter...
Je viens d'aller jeter un coup d'oeil aux critiques suédoises d'époque... il y a une chose qui nous échappe complètement -- vu de France en 2012 -- c'est que le film a surtout été reçu comme une grosse comédie à se tenir les côtes. Par ailleurs, il semble s'inscrire dans une veine du film "en milieu scolaire" qui plaisait pas mal en Suède à l'époque (ou "à une certaine époque"). Ainsi, en 1949, avec le même réalisateur*, Sickan Carlsson (34 ans) interprétait carrément le rôle d'une lycéenne ( :o ) faisant tout son possible pour ne pas aller à l'école (par amour pour un homme plus âgé).


* qui avait aussi réalisé les films "scolaires" d'Alice Babs dans les années 40.
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Commissaire Juve a écrit :Oui, film sympa... J'ajoute qu'on y voit Pia Skoglund (21 ans) à ses débuts. Elle était charmante, mais elle décèdera cinq ans plus tard dans un accident de voiture sur un passage à niveau.
.
Je l'ignorais : elle avait vraiment beaucoup de charme!
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Re: le cinéma suédois naphta...à part Bergman

Message par Music Man »

Commissaire Juve a écrit : il semble s'inscrire dans une veine du film "en milieu scolaire" qui plaisait pas mal en Suède à l'époque (ou "à une certaine époque")
* qui avait aussi réalisé les films "scolaires" d'Alice Babs dans les années 40.
Tu as raison, d'ailleurs ces films sont vraiment sympas en général. Cela m'a amusé de voir le vieux gymnase avec tous les espaliers sur les murs. Il ne manquait plus que la corde pour grimper à la poutre et on aurait dit le gymnase de mon enfance!
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TOURMENTS (Hets) de Alf SJOBERG – 1944
Avec Alf KJELLING, Mai ZETERLING et Stig JARELL

Widgren, lycéen idéaliste qui rêve de devenir écrivain, a pour professeur de latin un être sadique surnommé Caligula par tous les élèves. Un soir Widgren croise Bertha, la fille du bureau de tabac, ivre et désespérée. Il la raccompagne chez elle et en tombe amoureux. Celle-ci lui apprend à mots couverts qu'elle est harcelée et terrorisée par un mystérieux homme tyrannique, qui, dit-elle, finira par la tuer...

mon avis
Réalisé par Alf Sjöberg, Tourments repose sur un scénario d’Ingmar Bergman, inspiré de ses années d’études. Si le futur metteur en scène du Silence et du Septième sceau a paraît-il voulu à plusieurs reprises s’immiscer dans le tournage, il semble que Sjöberg ne lui a pas laissé beaucoup de latitude*. En tout état de cause, le résultat est très réussi.
Le film raconte de façon très réaliste la terreur qu’un professeur de latin fait régner sur sa classe. Torturant les élèves les plus impressionnables, les déstabilisant sans cesse, il prend un malin plaisir à réduire à néant le peu de confiance que ceux-ci ont en eux. Le portrait m’a paru d’autant plus pertinent que j’ai hélas connu ce genre d’énergumène lors de ma scolarité. J’ignore si l’immense escalier du collège a été construit spécialement pour le film, mais le travelling vertical exercé par la caméra semble rendre les élèves minuscules et fait ressentir leur vulnérabilité face à des professeurs détraqués. On comprend vite que cet être pervers est également le bourreau de la pauvre fille perdue (jouée de façon poignante par Mai Zetterling, future vedette du cinéma anglais)qu’il bat et noie dans la boisson. Les scènes où il l’agresse sont tournées de façon très expressionniste et l’ombre menaçante du sadique se projette sur le mur comme dans un Murnau ou M le maudit, avec un résultat aussi efficace qu’épouvantable (franchement, j’ai sursauté en voyant son ombre se glisser derrière la pauvre Bertha).Bergman a voulu utiliser ce personnage monstrueux comme une image de la terreur que les nazis ont exercé sur la Suède et des gens aussi soumis qu’impuissants. Une idée fort ingénieuse. Le film se révèle également une corrosive attaque contre la famille bourgeoise. Personne ne semble se rendre compte des tourments traversés par le jeune lycéen aussi bien sur les bancs de son collège que dans sa vie sentimentale. Il finira par rejeter violemment ses parents et à fuir le foyer après que sa vie ait basculé dans le drame. Il semble que dans la version initiale, le film se clôturait de façon très désespérée et que le producteur ait commandé à Bergman une finale un peu plus optimiste, qui vient un peu éclairer le film après tant de noirceur. En tous les cas, aussi bien le scénariste que l’excellente réalisation de Sjöberg parviennent à transcrire l’émotion et l’angoisse des victimes harcelés moralement. La photographie est absolument impeccable. Un excellent film.
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Avis de SpongeBob :

Ecrit et co-réalisé par Ingmar Bergman, ce premier film tiré d'un scénario du maître met en scène Widgren, un jeune homme en dernière année de lycée, faisant face à "Caligula", un professeur de latin tyrannique. Ces deux personnages vont passer d'un conflit qu'on pourrait qualifier de professionnel (enseignant/élève) à un conflit bien plus personnel ayant pour enjeu principal une femme.
Ce drame psychologique très bien mené nous plonge dans le système éducatif archaïque suédois alors basé sur la peur de la punition. Les élèves sont sans arrêt sous pression voir terrorisés par des professeurs sadiques. Dans ce cas précis il s'agit d'un professeur de latin complètement névrosé ("J'ai été malade", ne cesse-t-il de répéter) qui prend un malin plaisir à tyranniser ses élèves en leur posant des colles tous les lundi matin ("il fiche en l'air tous nos dimanche").
J'ai particulièrement été marqué par cet aspect de l'éducation bien trop souvent occulté qu'est la peur des élèves envers leur professeur. J'ai moi-même été "traumatisé" par certains d'entre eux voulant m'inculquer ce qui me semblait alors être des inepties à coup de marteau ou de brimades. Je n'ai bien heureusement jamais fait de latin.
A la peur de l'enseignant s'ajoute la peur de l'avenir, de l'échec et du rejet. Les élèves que l'on suit ici sont soumis à un stress permanent qu'ils vivent tous comme étant un enfer et qu'ils sont plus qu'impatients de quitter ("Vivement que l'on sorte de cet enfer"). On peut vraiment voir ce film comme un grand doigt accusateur de Bergman sur l'éducation de l'époque mettant à mal la santé physique et mentale des étudiants, jugement prononcé dans le film par un professeur plus humain que les autres et même par un médecin (modèle d'objectivité).
Au niveau de la réalisation on reconnaît immédiatement les influences expressionnistes dans le traitement de la lumière (nombreuses ombres portées), des cadrages (souvent penchés) et des décors (immense école, sombres ruelles) lui donnant un aspect esthétique des plus réussis.
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* La réalisation de ce film étant assurée par Sjöberg (futur réalisateur de l’excellent Mlle Julie où il prouve encore toute sa maestria) et non par Bergman, j’ai choisi d’évoquer ce film dans ce topic.
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Je reposte ici...


Aujourd'hui, dans un petit article du Svenska Dagbladet, on pouvait lire :

Que les Archives du film suédois conservent actuellement 2.500 longs métrages et 6.000 courts métrages dans leurs frigos et que le ministère de la culture ne fait pas grand-chose pour assurer leur survie.

Alors qu'en Finlande, on consacre 8 millions de couronnes par an (937.000 euros) pour numériser les films, que le British Film Insitute a commencé à transférer ses films sur disques durs et que la France a décidé de dépenser 400 millions d'euros pour numériser 10.000 films sur une période de 6 ans*, l'Institut du Film suédois a demandé l'année dernière une rallonge de 65 millions de couronnes (7.611.000 euros) pour commencer la numérisation de 1000 films jusqu'en 2017 et... le ministère de la culture a donné une fin de non-recevoir.

Le boulot a quand même commencé (sur les crédits déjà alloués à l'Institut). 20 films devraient être numérisés en 2013, dont "La fille aux jacinthes" (Hasse Ekman, 1950) qui avait tant plu à Music Man. Mais, vu la mauvaise volonté du ministre de la culture actuel (qui m'a tout l'air d'être une pauv' fille, une bureaucrate à deux neurones... à bien l'écouter, tout cela reviendrait à dilapider l'argent des contribuables... :roll: ), ce n'est pas demain la veille qu'on verra de superbes éditions de classiques suédois débarquer en blu-ray.


* Est-ce vrai ? Si un spécialiste me lit, il pourra toujours corriger. :mrgreen:
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Ingmarssörnena (La Voix des ancêtres, 1918) de Victor Sjöström avec Victor Sjöström, Harriet Bosse, Torre Svennberg et Hildur Carlberg

Le fermier Lil Ingmar (V. Sjöström) monte au ciel pour demander conseil à son vieux père (T. Svennberg). Il lui raconte son malheur. Il était sur le point de se marier avec Brita (H. Bosse), mais la mauvaise récolte lui a fait différer le mariage. Or Brita, déjà installée chez lui, attendait un enfant...

Ce magnifique film de Sjöström est une oeuvre d'auteur complet. Il joue le rôle principal tout en ayant lui-même adapté le roman de Selma Lagerlöf (Jerusalem) et il en assure la mise en scène. Contrairement à ses films précédents comme Terje Vigen (1917) et Berg-Ejvind och hans ustru (Les proscrits, 1918) qui sont des chefs d'oeuvres lyriques et flamboyants, Ingmarssörnena travaille dans l'introspection et une analyse minutieuse de l'âme humaine. Entre d'autres mains, ce film de deux heures pourraient être un pensum. Avec Sjöström, c'est un miracle d'humanité et pudeur. Il prend son temps pour nous conter la vie d'Ingmar, un jeune fermier un peu fruste et taiseux. Celui-ci aime Brita, la fille d'un riche voisin. Or celle-ci ne ressent rien pour lui; mais elle doit accepter de le suivre suite aux injonctions de ses parents qui considèrent que c'est un mariage bienvenu avec un riche fermier. Dès le début, il y a une incompréhension totale entre les futurs époux. Elle est profondément malheureuse dans la ferme d'Ingmar et ne s'entend pas avec sa belle-mère. Et lui ne comprend pas pourquoi elle dépérit de jour en jour. Brita a suivi son fiancé avant même le mariage, comme c'était la coutume à l'époque. Et voilà que la récolte s'annonce mauvaise. Ingmar décide de reculer le mariage d'une année. La malheureuse Brita est enceinte et plutôt que de donner naissance à un enfant illégitime, elle préfère le tuer à la naissance. Elle est condamnée à trois ans de prison, malgré l'intervention d'Ingmar durant le procès. Ce récit est fait par Ingmar lui-même alors qu'il consulte son père mort après avoir escaladé une échelle qui monte au ciel. Il est incapable de prendre une décision. Doit-il aller retrouver Brita à sa sortie de prison ou l'oublier à son triste sort? Son père lui donne le conseil énigmatique de "suivre le chemin de Dieu". Ingmar va donc aller chercher Brita à sa sortie de prison. Comme auparavant, ils sont incapables de se parler franchement. Brita a changé et elle a appris à aimer Ingmar. Lui ne sait pas comment exprimer ses sentiments. Durant le trajet qui les ramènent à la ferme familiale, ils vont lentement réappendre à se comprendre. Sjöström et Harriet Bosse sont des interprètes magnifiques dans la retenue et l'intelligence. Ils réussissent à conférer à leurs deux personnages une puissance émotionnelle et une vérité psychologique que l'on n'attend pas dans un film de 1918. Et en tant que metteur en scène, Sjöström montre qu'il est à l'aise aussi bien dans la fresque lyrique que dans une étude psychologique au petit point. Un film bouleversant et unique. (Dans Karin Ingmarsdotter (1920), il poursuit la saga de la famille Ingmar en nous montrant la destinée de sa fille, voir plus haut)
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Re: le cinéma suédois naphta...à part Bergman

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Johan (A travers les rapides, 1921) de Mauritz Stiller avec Jenny Hasselqvist, Mathias Taube et Urho Somersalmi

Marit (J. Hasselqvist) a épousé Johan (M. Taube) malgré l'opposition de la mère de celui-ci. Mais, une fois mariée, elle s'éloigne de son époux. Un étranger (U. Somersalmi) arrive et fait tout pour la séduire...

Ce magnifique film de Mauritz Stiller est une adaptation du roman Juha du finlandais Juhani Aho. Stiller était d'ailleurs lui-même d'origine finlandaise. L'intrigue est simplissime: la jeune Marit a été adoptée enfant par Johan et sa mère. Elle devient la servante de la famille, exploitée par la mère qui profite de sa reconnaissance. Et lorsque son fils décide d'épouser Marit, elle fait tout ce qu'elle peut pour l'éloigner, sans résultat. Pourtant, le mariage ne semble pas heureux. Il y a une grande différence d'âge entre les époux et Marit va soudain suivre un jeune étranger pour vivre une passion éphémère. Stiller utilise au mieux les décors sauvages qui symbolisent admirablement le voyage émotionnel de l'héroine. Elle descent les rapides dans une barque avec son amant, à la fois terrorisée et pourtant recherchant le risque. C'est finalement cette séparation et cette courte aventure avec cet étranger volage qui va souder son couple avec Johan. Jenny Hasselqvist est une magnifique Marit à la recherche d'une aventure des sens qui lui est inconnue. Contrairement à tant de films tournés avec des transparences en studio, Johan est tourné entièrement en décors naturels en prenant tous les risques. Il faut noter qu'en 1999, le cinéaste finlandais Aki Kaurismäki en a fait un remake. C'est un Stiller de tout premier ordre qui a été diffusé par Arte en 2001 avec une partition assez irritante que j'ai remplacé epar la symphonie N°3 de Jean Sibelius. Sa musique reflète admirablement l'ambiance de Johan. Une pure merveille.
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