Dvdclassik : cinéma et DVD

Germinal (Yves Allegret - 1963)

Adaptation très honorable du roman de Zola, même si elle de vaut pas celle de Capellani réalisée 50 ans plus tôt qui est bien plus cohérente et passionnante. Le scénario de Spaak est d'ailleurs assez proche de celui de Capellani, la mise en scène d'Allegret tout à fait convenable, voir même très réussie sur certaines scènes de groupe, comme par exemple lorsque Hennebeau (Bernard Blier) fend la foule des ouvriers. Côté casting, Blier est évidement impeccable, il me semble être une évidence pour le rôle, mais c'est Claude Brasseur qui m'a le plus marqué, il est tout simplement magnifique dans le rôle de Chaval.
Malheureusement, on ne peut pas être aussi enthousiaste au sujet des rôles principaux. Berthe Granval est déjà une Catherine bien terne, mais alors que dire de Jean Sorel, qui nous compose un Lantier émouvant comme une porte de prison, récitant son texte sans aucune foi. Il est bien difficile de croire qu'il a convaincu des ouvriers d'accepter de longues semaines de privations. Il est aussi bien difficile de la préférer à Chaval, personnage souvent détestable mais à qui Brasseur donne tant d'humanité, un aspect totalement absent de ce Lantier.
Cette interprétation nous prive d'une empathie pour Lantier indispensable à la réussite complète du film qui est loin d'être mauvais et n'est pas dénué de qualités, mais qui est plombé par ces choix de Casting discutables. Il reste alors un honnête divertissement, rehaussé par endroit du talent de Claude Brasseur et Bernard Blier et de quelques plans marquants, mais privé du souffle et de la conviction qui habitait l’œuvre de Capellani.

J'avais vu il y a de nombreuses années Casque d'Or (1951, Jacques Becker), et j'en avais gardé un excellent souvenir. Je l'ai revu hier et j'ai été soufflé. Parfait, de la première scène à la dernière (et ce n'est pas une figure de style, ceux qui ont ces deux scènes en tête savent de quoi je parle). La veille, j'avais découvert Touchez pas au Grisbi, qui m'a également enthousiasmé. Il faut décidemment que je revoie Falbalas afin de savoir ce qui m'a laissé une impression mitigée. Chouette histoire d'amitié en tout cas.
J'ai aussi récemment visionné, dans un autre style, Big Jake (G.Sherman, 1971), que j'ai trouvé meilleur que l'idée que j'en avais (c'est-à-dire pas grand chose). Le blu-ray lui fait du bien, et en dehors d'une scène finale assez ridicule, j'ai passé un bon moment avec un John Wayne vieillissant.
Enfin, j'ai beaucoup beaucoup aimé la Flèche Brisée (D. Daves, 1950). Faut dire que je suis dans ma période "indiens" Je le place néanmoins nettement au-dessus de la Colline des Potences, que j'ai vu il y a quelques mois. Ah...Debra Paget...Très belle histoire d'amitié en tout cas (bis repetita).

Sympathique parodie gore de Jaws avec des clins d'oeil, de l'humour, des effets spéciaux assez réussis, du gore. On s'amuse bien plus que dans le pas terrible remake en 3D.

Un film bien plus roboratif et iconoclaste que Jaws.

Effectivement. Vu il y a des années à la Cinémathèque, j'en garde un bon souvenir. Tu l'as vu sur quel support, Eusebio? DVD zone 2, BR US?

magobei a écrit :Effectivement. Vu il y a des années à la Cinémathèque, j'en garde un bon souvenir. Tu l'as vu sur quel support, Eusebio? DVD zone 2, BR US?

Je crois qu'il l'a tout simplement vu hier soir sur RTL9

Nestor Almendros a écrit :

magobei a écrit :Effectivement. Vu il y a des années à la Cinémathèque, j'en garde un bon souvenir. Tu l'as vu sur quel support, Eusebio? DVD zone 2, BR US?

Je crois qu'il l'a tout simplement vu hier soir sur RTL9

Ah ouê, sur ce truc qui s'appelle la télé. C'est ballot.

Le Jardin Du Diable de Henry Hathaway

Avec une assez grosse attente sur ce film, je m'avoue déçu. Suis-je passé à coté ? Sans doute ! Tavernier annonçant d'emblé le film comme étant dans le top 2 (!) des westerns d'Hathaway ! (c'est mon premier) Hélas, comme vous le savez sans doute déjà, l'entretien est coupé en plein milieu sur le DVD Sidonis, et il n'aura pas eu le temps de me faire changer d'avis sur les choses qui fachent. (On peut voir ce bonus en entier quelque part d'ailleurs ??)
Alors, il est vrai qu'il est bien emballé ce film, la photo est rayonnante et les décors superbes. On passe du desert à la montagne, de la plaine à la forêt dans cet aller-retour étonnant. C'est très réussit.
Mon problème se situe plutôt dans le traitement des personnages, qui s'annonce pourtant interessant avec ces 4 étrangers très différents qui suivent cette femme en détresse dont ils ne savent rien. L'aller annonce donc le meilleur, mais c'est une fois arrivés que j'ai perdu tout interet, n'ayant pas du tout compris/accepté/accroché à leurs comportements respectifs: le blessé rejette sa femme qui est pourtant revenue le sauver (ça fait quand même 8 jours aller-retour, c'est pas rien) et chacun ira de sa petite tentative de sacrifice personnel pour passer pour le héros aux yeux de la dame - qui n'en a que pour son mari - et ce, souvent, dans la plus grande incohérence. Pour moi ça ne fonctionne pas du tout.
Tant pis.

monk a écrit :

Le Jardin Du Diable de Henry Hathaway

Avec une assez grosse attente sur ce film, je m'avoue déçu. Suis-je passé à coté ? Sans doute ! Tavernier annonçant d'emblé le film comme étant dans le top 2 (!) des westerns d'Hathaway ! (c'est mon premier)

Moi, c'est carrément mon Number one ; et pourtant, quel ennui lorsque je l'avais découvert à la Dernière séance

Jeremy Fox dans sa critique sur le site a écrit :Garden of Evil - et c’est l’une de ses autres grandes forces - nous présente des personnages jamais figés, complexes jusque dans leurs parts d’ombre, que le spectateur verra évoluer tout du long. Aucun manichéisme dans leur description, tous demeurant mystérieux et insaisissables, se situant sur la corde raide entre le bien et le mal ; nous ne connaîtrons pas grand chose de leur passé mais au fur et à mesure des épreuves traversées, ils parviendront à se dévoiler et les bons côtés de leur caractère et de leur tempérament auront le dessus pour chacun d’entre eux alors qu’au départ nous pensions avoir à faire à une bande de rapaces sans scrupules. Sortiront vainqueurs de ces dangers vécus côte à côte, la loyauté, le sacrifice, la responsabilité et l’honnêteté plutôt que l’avarice, le cynisme et l’égoïsme. Si beaucoup vont succomber à ces épreuves, leur âme sera sauvée in extremis.

C'est vrai, dans un sens, je ne peux pas te contredire. Je comprends plutôt bien ton point de vue (dans les grandes lignes) mais j'ai trouvé que les choses n'étaient pas à leur place, au mment elles arrivent. MAis c'est peut être aussi le charme de certains films, n'être pas aussi "cohérent" que ce que le spectateur voudrait ? Sans vouloir affirmer que le cynisme et l'égoïsme auraient du triompher, je trouve qu'ils auraient très bien pu tous s'en sortir vivant s'ils avaient réfléchit 2 mnutes...Pour moi, ça relance le débat de la vraissemblance au cinéma

Comme Jeremy, mon western Hathaway Number One, et même mon western Number One tout court.
Invraisemblable ou pas je ne sais pas, le film m'a toujours paru d'une extrême cohérence, après tout nous sommes dans le "Jardin du Diable", là ou va se révéler la psychologie des protagonistes.

Et puis quel fin extraordinaire. Un immense chef d’œuvre.

J'aime énormément ce western moi aussi. Clairement un des meilleurs (parmi le peu) que j'ai vu.

Je ne me suis jamais questionnée sur la cohérence des personnages ou des situations, parce que j'en apprécie l'histoire. Mais il est vrai que lorsque nous sommes dérangés par un récit, à ce moment-là on accuse souvent la cohérence ou la logique, c'est amusant et au fond pas très charitable, mais enfin ça nous le fait à tous.

Sinon je ne trouve pas Susan Hayward extrêmement convainquante dans le film, mais son interprétation n'est pas rédhibitoire, sans doute parce qu'elle portée par le reste du casting (Cooper et Widmark en tête bien sûr, mais même Cameron Mitchell ou le Mexicain sont bien décrits). Et c'est néanmoins une bonne actrice, qui sait se défendre.

Ce film c'est vraiment pour moi le western 'aventure' (avec en plus dans celui-ci, une trame de relations humaines particulièrement riche, voire mystérieuse, ce qui fait que c'est encore mieux ). Les westerns avec un parcours, un itinéraire physique, bêtement ceux où les personnages se déplacent d'un point à un autre, c'est vraiment ceux que je préfère.

Du rififi chez les hommes (Jules Dassin, 1955)

Effectivement (quote nos hôtes), la scène du casse est le "mètre-étalon" du genre (elle m'a fait pas mal penser à celle du Cercle rouge). Pour le reste, malgré quelques fulgurances, c'est assez inégal quand même.

7/10

Razzia sur la chnouf (Henri Decoin, 1955)

!!attention spoiler!!

Gabin undercover démantèle un réseau de trafic de drogue. Un film engagé - cf. le carton militant anti-drogue d'ouverture - avec quelques gags énormes, et un twist final assez bien amené. Sauf que, rétrospectivement, je trouve qu'on a un peu du mal à croire au personnage de Gabin en trafiquant de came.

7/10

magobei a écrit :
Razzia sur la chnouf (Henri Decoin, 1955)

!!attention spoiler!!

Gabin undercover démantèle un réseau de trafic de drogue. Un film engagé - cf. le carton militant anti-drogue d'ouverture - avec quelques gags énormes, et un twist final assez bien amené. Sauf que, rétrospectivement, je trouve qu'on a un peu du mal à croire au personnage de Gabin en trafiquant de came.

7/10

Je n'en suis pas si sur. Il s'agit plus pour la production de se désolidariser de personnages éventuellement séduisants que d'une véritable action morale. On se rapproche à mon sens du carton final du Cave se Rebiffe, et surement d'autres films de l'époque, mais pas nécessairement d'un engagement moral.
Pour moi un grand film noir à la française en tout cas, je ne suis pas tout à fait d'accord avec toi sur Gabin, pour moi ça à bien fonctionné, ce qui explique comme tu le dis la réussite du twist final. Quelque part, il incarne un chef d'entreprise, dans une activité qui s'organise et se professionnalise -on retrouvera ça dans de nombreux films sur le sujet par la suite- et c'est un rôle qui lui va bien.

Lord Henry a écrit :Un film bien plus roboratif et iconoclaste que Jaws.

Pirhanas ne vaut pas un clou, à moins de pratiquer l'anticonformisme le plus troupier.