Après une rupture sentimentale, un écrivain trentenaire alcoolique, vivant à Brooklyn, et en panne d'inspiration, va s'improviser détective privé à l'image des héros de Raymond Chandler, afin de stimuler son imagination.
La première saison vient de sortir en dvd en France. Un petit avis sur la série serat le bienvenue.
Le public qui grandit devant la télé affine son regard, acquiert une compétence critique, une capacité à lire des formes compliquées. Il anticipe mieux les stéréotypes et finit par les refuser car il ne jouit plus d'aucune surprise ni curiosité, les deux moteurs de l'écoute.Il faut donc lui proposer des programmes d'un niveau esthétique plus ambitieux. La série télé s'est ainsi hissée, avec ses formes propres, au niveau de la littérature et du cinéma.
On vient de me prêter le coffret de la 1e saison... et je l'ai visionné pratiquement d'un coup (bon, 8 épisodes de 25 minutes, c'est vrai que ce n'est pas un exploit). J'ai vraiment accroché : c'est très drôle, écrit avec précision (mise en place rapide des intrigues, dialogues hilarants), réalisé avec soin et les 3 personnages principaux sont décalés mais terriblement attachants (avec une mention particulière à Ted Danson, tordant).
Les deux premiers épisodes ne donnent pas forcément envie d'aller plus loin (même si la séquence au gymnase du 2e épisode est très marrante) car l'acteur principal et le côté intello raté de son personnage nous donne l'impression d'être chez Wes Anderson. En vérité, à partir du troisième épisode, la série trouve un ton particulier, se détache de ses références et devient particulièrement addictive. En effet, une fois les personnages bien définis, la série se lâche, gagne en efficacité et propose des situations vraiment originales : un des personnages est arnaqué par des lesbiennes qui revendent son sperme [!!], le héros s'enflamme pour un mafieux russe romantique sorti de prison, le vol d'un skate board tourne à la course-poursuite dans les rues de New-York... On passe de séquences totalement puériles à des scènes d'amitié touchantes, de situations graveleuses à des sommets de finesse et de réalisation (le dialogue avec Jarmusch qui tourne à vélo autour du héros est une vraie trouvaille de mise en scène). Ce sont les deux derniers épisodes de la saison, autour d'épiques et dérisoires combats de boxe, qui emportent vraiment le morceau. La dernière séquence, très belle, parle avec finesse de l'amitié et nous donne envie de retrouver très vite ce faux détective qui se rêve homme d'action et ses potes.
En plus le générique est superbe - je recommande d'ailleurs l'album "Davy" de Coconut Records, le groupe de J. Schwartzman.
"I scream, you scream, we all scream for ice cream..."