Re: Le Western Américain : Parcours chronologique
Publié : 6 avr. 10, 20:43
Je ne l'ai jamais vu ce film d'Henry King... Et bien du coup, je me programme ça pour la fin de la semaine. Merci Jeremy !
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Je t'avoue ne pas y avoir pensé en regardant le film hier soir mais ça pourrait effectivement se tenir. J'y voyais plus un amoureux transi mais c'est vrai que ça semble parfois trop exagéré. En tout cas, le personnage joué par John Carradine avec une grande classe est vraiment touchant.cinephage a écrit :
J'en profite pour poser une question qui me taraude depuis un moment :
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Si j'en trouve l'énergie ce week-end, je te fais un topo détaillé sur mon interprétation (parce que j'ai l'impression qu'elle est juste, et, surtout, qu'elle ajoute au tragique du personnage de John Carradine et de sa "protégée").Jeremy Fox a écrit :Je t'avoue ne pas y avoir pensé en regardant le film hier soir mais ça pourrait effectivement se tenir. J'y voyais plus un amoureux transi mais c'est vrai que ça semble parfois trop exagéré. En tout cas, le personnage joué par John Carradine avec une grande classe est vraiment touchant.cinephage a écrit :
J'en profite pour poser une question qui me taraude depuis un moment :
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Il m'a toujours paru clair également qu'il y avait bien plus qu'un simple sentiment amoureux ou qu'un simple lien d'intérêt dans l'attachement immédiat de Carradine pour la jeune femme. Il tressaille quand il entend le nom du général, et devient le protecteur de la femme. Il y a manifestement à l'oeuvre un attachement familial, dont on ne distingue pas très bien s'il concerne avant tout Carradine et la jeune femme ou Carradine et le général. Quoiqu'il en soit, Carradine veut protéger la femme mais aussi l'enfant. S'y ajoute une volonté de rédemption manifeste comme si Carradine voulait se prouver quelque chose, et à lui seul puisqu'il ne dit rien à la jeune femme ; sans doute pour ne pas lui faire de peine mais aussi peut-être pour s'infliger une pénitence solitaire. On devine un secret de famille. Ce secret, c'est la grandeur et la pudeur de Ford que de ne pas le révéler clairement comme il ne veut pas révéler clairement, par exemple, les liens amoureux qui unissaient sans doute Ethan et sa belle-soeur dans La Prisonnière du Désert. Carradine était peut-être un mauvais fils. Mais le général était peut-être aussi un mauvais père, ou un mauvais homme. Alors le secret demeurera enfoui et ne sortira pas des lèvres de Carradine, peut-être pour ne pas noircir le tableau du monde pour ceux qui restent quand on le quitte.cinephage a écrit :Si j'en trouve l'énergie ce week-end, je te fais un topo détaillé sur mon interprétation (parce que j'ai l'impression qu'elle est juste, et, surtout, qu'elle ajoute au tragique du personnage de John Carradine et de sa "protégée").Jeremy Fox a écrit :Je t'avoue ne pas y avoir pensé en regardant le film hier soir mais ça pourrait effectivement se tenir. J'y voyais plus un amoureux transi mais c'est vrai que ça semble parfois trop exagéré. En tout cas, le personnage joué par John Carradine avec une grande classe est vraiment touchant.
Là par contre, c'était quand même plus évident ; enfin disons que ça m'a sauté plus vite aux yeux. Magnifique cette manière de tout dire par de simples gestes ou regards d'autant plus qu'ils ne sont pas forcément appuyés.Strum a écrit : comme il ne veut pas révéler clairement, par exemple, les liens amoureux qui unissaient sans doute Ethan et sa belle-soeur dans La Prisonnière du Désert.
Oui, ce sont notamment ces petits détails, parmi d'autres choses, qui font pour moi de Ford le plus grand de tous. Comme un peintre, il fait dans ses meilleurs films une confiance absolue au cadre, aux regards, aux gestes (plus qu'aux mots), pour dire ce qu'il a à dire.Jeremy Fox a écrit :Magnifique cette manière de tout dire par de simples gestes ou regards d'autant plus qu'ils ne sont pas forcément appuyés.
Le film fut quand même dès sa sortie un réel succès public (1 million de $ de recettes en 10 mois) plus 7 nominations aux oscars dont deux victoires - meilleure musique et Thomas Mitchell comme meilleur second rôle masculin (l'année où "Autant en emporte le vent" allait tout rafler) et le prix des critiques new-yorkais de l'année.Mais en Amérique, ce classique n’a pas tout de suite été reconnu à sa juste valeur, les spectateurs n’étant au départ pas très enthousiastes : on lui reproche trop de psychologie au détriment de l’action, une couleur locale atténuée, moins de schématisme réconfortant, tout ce pourquoi justement le film se démarquait des westerns antérieurs.
Ce n'est pas central à l'action, c'est plutôt un à-coté concernant des personnages "secondaires", mais je trouve que ça rajoute un aspect très tragique à ce personnage (et comme John Carradine est un de mes Character actors favoris, j'aime le voir dans un rôle plus profond qu'il n'y parait), et j'ai l'impression que Ford fait comme exprès de ne pas tout révéler, de garder des secrets. En même temps, lorsque je lis une analyse et que cette idée ne vient même pas en tête de l'analyste, je me sens frustré, parce que maintenant que je vois le film de cette façon, ça me parait plus évident à chaque visionnage.Jeremy Fox a écrit :Je sens que je vais devoir me le repasser dans les jours qui viennent ; c'est vrai que j'avais remarqué des réactions étranges chez le personnage sans plus me poser de questions
Ainsi qu'à Jesse James, Dodge City ou Pacific Express dont les recettes furent quand même beaucoup plus spectaculaires. Mais il y participe certes et il n'attendra pas longtemps avant de devenir un classique. Apparemment, ce furent les premières semaines où il eut du mal à démarrer. Il faut dire qu'après Jesse James, les spectateurs attendaient certainement un autre grand spectacle en Techicolor.afaparis a écrit : La mise en production de nombreux westerns A dans les années suivantes lui doit sans doute beaucoup.