Personne ici ne doute du succès populaire qu'ont connu les films de DeMille, de ses comédies de remariage des années 20 à ses films spectaculaires des années 50, ses succès ont orienté des pans entiers de l'industrie hollywoodienne, son action sur la director's guild fut fondatrice, et si la notion d'auteur chère aux critiques français est toute relative quand on l'applique à Hollywood, peu de réalisateurs ont été aussi maître du film qu'ils dirigeaient, DeMille ayant gagné la liberté de choisir ses collaborateurs, d'imposer certaines séquences ou certains comédiens.
Le débat ici porte plutôt sur ses qualités de mise en scène. Là, je dirais méfiance : son style ayant pour ainsi dire créé le canon de référence hollywoodien, on pourra facilement le trouver "banal", ou "commun", tellement ses idées de mise en scène ont été pillées par d'autres que lui.
Par ailleurs, sa façon de filmer les conversation est loin de se limiter à de simples champs/contrechamps, comme on peut l'observer dans une flanerie (
En lien ici) que j'avais posté sur une séquence des
Conquérants du nouveau monde tourné à la même époque. Mon avis "de critique" vaut ce qu'il vaut (
), mais au moins, en détaillant les changements de plans méthodiquement, je pense qu'il apparait à la lecture de ce texte qu'on a un échange, un dialogue, dans lequel chaque valeur de plan épouse une situation émotionnelle, une valeur affective en fonction de ce qui est dit (ou signifié). Ce n'est pas du tout un champs/contrechamps, mais un découpage beaucoup plus riche.
Enfin, pour revenir à
Pacific Express, les échanges entre le héros et les bad guys, lorsqu'il a repris l'or et se retrouve seul face à eux (et B.Stanwyck) sont d'une belle tension, et cette situation est tournée sans aucun recours simple au découpage champs/contrechamps (après, je n'ai plus tout le film en tête, il est possible qu'il y aie parfois eu recours).
Mais je crois douteux de penser que sa façon de filmer les dialogues soit peu dynamique. Au contraire, pour ma part, j'ai surtout remarqué qu'il laisse souvent s'exprimer le jeu des comédiens en privilégiant des valeurs de plans à hauteur des enjeux affectifs.
Redondance de la mise en scène et des dialogues ? C'est sans doute une pratique du cinéma hollywoodien classique (surtout si l'on ajoute que la musique sert aussi à amplifier ces effets). Platitude ou paresse de la mise en scène ?? Je n'y crois pas une seule seconde.