Pulse (Sonzero - 2005)
"Coucou... qui c'est ?"
Travaillant sur la notion de genre et remake à ma fac pour un dossier à rendre (cf, ma vie au boulot
), je me suis donc penché sur le remake américain d'un de mes films cultes, "
Kaïro" (chro à venir bientôt).
Mais voilà.... Outch.
Là ça fait mal.
Concrètement je ne suis pas contre l'idée du remake. Le pays diffère, la sensibilité aussi. Le film de Kiyoshi Kurosawa étant clairement un film d'auteur fantastique issu du revival moderne du
Kwaïdan (ou
Kaidan, nos chers films de fantômes japonais) déclenché par "
Ring" (Hideo Nakata) en 1998, on savait néanmoins pertinnement que c'était avant tout un film de Kiyoshi Kurosawa. Comme le réalisateur l'indiquait lui-même dans une interview donnée aux cahiers du cinéma à l'occasion de la sortie de "
Charisma" en 1999 (numéro 540 des cahiers, novembre 99), il part d'un genre bien défini et parfois imposé d'office par la production ou le scénario puis s'en dégage lentement grâce au décor, au vécu (K.K a fait des études de sociologie avant de faire du cinéma et réfléchir/enseigner sur le cinéma) et à ses propres questionnements.
Dans cette optique, on peut comprendre que la tentative de remake serait donc de ramener l'ovni de maître Kiyoshi dans les carcans d'un genre bien défini (l'horreur) pour un public occidental bien défini (les jeunes) avec un encrage plus contemporain et moins intemporel que ne l'était le superbe film du japonais (ici on a des posters de "Sin city" ou "Chicago" dans les chambres des jeunes, donc des références filmiques actuelles). Sans compter que carcan horrifique, il faut une mention, un signal bien reconnaissable qui valide pleinement ce remake dans le genre, ce sera le scénario de l'opportuniste Wes Craven et un caméo sympathique mais totalement inutile de Brad Dourif.
Maintenant que j'ai plus ou moins expliqué en quoi pouvait-on faire un remake d'un immense film qui n'en avait certainement pas besoin, passons au... truc....Là, le machin... "pulse"...
"Bouuuuh je suis un méchant fantôme très moche qui t'écoute respirer à travers les wécés."
Soyons clairs et net, Pulse est une purge infâme.
De la subtilité du film original qui permettait questionnements et malaise grandissant du spectateur, le remake américain choisit d'utiliser les gros sabots en surlignant un peu tout : détails du plus inutile au méga plus inutile (un chat à moitié mort dans le placard, des cafards sur la table, les gros plans sur les mégots pour signifier à plusieurs reprises que le gars c'était un hacker et que ben, il était super tellement doué qu'il sortait jamais de chez lui, fumait comme un pompier, se lavait pas et laissait pousser des cafards et des larves partout.
J'ai pas d'explication pour le chat par contre...), mimiques forcées, comédiens aux 4/5e d'une nullité affligeante et ne faisant que traduire en clichés la justesse de leurs personnages (c'est simple, on a le paumé, le beau gosse qui sait tout et qui va s'en sortir
parce qu'il est beau et qu'il sait tout !!!! --Ian Somerhalden, mon petit Ian... Pourquoi as tu disparu de LOST où tu jouais Boone pour ce "film" ? Reviens Ian, on t'aime encore, on te pardonne.
--, la métisse gentille, le rasta trop stone --d'ailleurs c'est son prénom ou surnom...
et la bimbo trop mignonne qu'on sait pas pourquoi elle est là. Kristen, tu es très jolie mais voilà... dans ce film où je te vois jouer pour la première fois --non je ne regarde pas Veronica Mars--, je suis désolé mais c'est minable. Pardon Kristen, je sais que tu as des fans sur ce forum mais si on regarde le film c'est surtout pour ...
t'espérer voir nue... Pardon... ). En fait c'est bien simple, Wes Craven et l'ensemble de tous ceux qui ont participé au film sont en train de faire un lavage de cerveau au spectateur.
Et que je te fais une esthétique clippesque que les zones de l'entre-monde aperçues en rêve sont dignes d'un clip d'Evanescence (avec cheveux dans le vent et décor onirique oui, oui) et que la réalité est noyées sous les filtres bleus-verts-gris tout moches pour signifier que les fantômes sont partout, que le monde se déshumanise, ça oui ma bonne dame (en opposition à de rares couleurs chaudes liées aux rares sentiments amoureux et donc humains), reprise de toutes les séquences de "Kaïro" en mélangeant complètement l'ordre de leurs apparitions quand ce n'est pas le cadre ou la vue qui change (exemple dans Kaïro, Michi arrive à l'appartement de Taguchi au début du film et une contreplongée nous révèle les escaliers et l'immeuble. Ici, c'est l'effet parallèle : plongée sur Kristen Bell qui arrive dans la cour de l'immeuble et lève les yeux vers celui-ci pour bien nous montrer que oui, l'immeuble fait peur (à l'image du film quoi. Mais dans le mauvais sens du terme) ou que la séquence est complètement refaite n'importe comment (les gens se barricadent de scotch rouge à
l'intérieur des chambres. Certes, mais pour sortir, aller manger, faire leurs besoins, ils font comment alors ? N'importe quoi.
) sans oublier certaines incohérences fondamentales (les flics prennent le corps et l'ordinateur mais ne remarquent même pas une pièce capitonnée de scotch rouge, hoho
).
Surtout, une volonté d'expliciter le pourquoi du comment du défilement de fantômes matérialisés dans la réalité là où le film de Kurosawa n'indiquait rien que des hypothèses abstraites propres à alimenter encore plus peur et questionnement chez le spectateur. Du coup Pulse s'effondre définitivement dans sa médiocrité et son besoin de prendre le spectateur pour un imbécile. Impossible même de s'identifier aux jeunes cités plus haut tant ils ne sont que des schéma, des clichés ridicules auquel on a surtout envie de foutre des baffes.
En fait Pulse ne vise qu'à être une insulte envers le spectateur. Libre à lui d'adhérer pleinement ou pas à ce faux miroir horrifique que pour ma part je ne considère pas comme un film.
1/6.