Allez, c'est mon tour.
Pardon pour le retard, je découvre aujourd'hui (il n'y a pas que les quiz, je bosse aussi)
Jeremy Fox a écrit :Polanski c'est un peu le cinéaste total, un incroyable technicien doublé d'un très grand conteur.
Je n'ai jamais réussi à voir ça ; mais alors pas du tout ; c'est pour cette raison que ce cinéaste reste pour moi un mystère
Mais chacun doit avoir la même incompréhension pour un réalisateur adulé ; je suis certain que pour toi c'est pareil.
Un mec dirait "
Le mystère John Ford reste entier pour moi", tu lui répondrais quoi ? "C'est ton droit" ? Bah non. Le mec n'a pas dit "
Je n'aime pas", il a parlé de "
mystère" vis-à-vis de la renommée d'un cinéaste. Ça revient à dire qu'on le trouve surestimé.
S'il y a un mystère, alors perçons-le. On parle d'un cinéaste qui a créé un style nouveau, inédit, reconnaissable entre mille (ça, le nier, ce serait de la mauvaise foi), qui a maintes fois influencé, inspiré ou été recopié (notamment par des cinéastes que tu adores et qui sont devenus très bons, notamment David Fincher qui ne jure que par
Chinatown, son film favori). Il a révolutionné notamment deux genres (on ne fait plus des films d'horreur comme en faisait avant
Rosemary's Baby, on ne fait plus de films noirs comme on en faisait avant
Chinatown). Le cinéma tel qu'il est aujourd'hui l'est devenu parce qu'il y eu des gens comme Polanski avant.
Son héritage est important, et quand on parle de
mystère, j'ai envie de t'inviter à regarder des vidéos de Michel Onfray pour comprendre ce qu'il y a d'irritant. Malheureusement lui, contrairement à toi, n'est pas bourré d'incertitudes, à vrai dire il ne se pose pas de question : si ça ne lui plaît pas c'est parce que c'est de la merde (il y a notamment une fameuse vidéo reprise par l'idole du forum, Anal Genocide, où Onfray parle de
L'évangile selon Saint Matthieu de Pasolini, en gros un nanar encensé par Télérama qui représente le lobby des bobos cinéphiles aux goûts exécrables et passionnés de films chiants, et c'est à se tirer une balle). Si on veut éviter de passer pour un con comme le très-sûr-de-lui Michel Onfray
(tu en es très loin hein
je m'adresse à un ensemble inconnu), il faut s'intéresser à l'
histoire, et l'apport de Polanski ne fait pas débat au sein des historiens du cinéma parce que... ben il se voit, il apparaît, il se sent, surtout quand on connaît par cœur son cinéma et son style. On le voit à travers le regard des frangins Coen quand ils mettent en scène
Barton Fink ou
Miller's Crossing. On le sent passer, tel un fantôme à travers les cadrages-épaules de
Zodiac. Quand on regarde
L.A. Confidential, on y reconnaît aisément le fils spirituel de
Chinatown, le film qu'Hollywood est incapable de refaire...
Ne pas aimer c'est une chose parfaitement compréhensible.
Mais évoquer la reconnaissance d'un artiste à travers le terme de "mystère", c'est rabaisser un talent immense dont l'influence est pourtant évidente. Ce n'est pas une question de goûts.
"Le mystère Hitchcock reste entier pour moi."
- "Ah bon ?... et... tu regardes quels genre de films ?"
- "Des giallos !"
"Le mystère Beatles reste entier pour moi."
- "Ah bon ?... et... tu écoutes quoi sinon ?"
- "Oasis."