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Re: La Reine Margot (Patrice Chéreau, 1994)

Publié : 3 sept. 09, 23:42
par Alcatel
En dehors du fait que le film n'a rien à voir avec la réalité historique (pas plus que Richelieu ne complotait viscéralement contre Louis XIII :mrgreen: ), Chéreau a réalisé un immense film qui prend aux tripes. De Dumas, il ne garde que le rythme des rebondissements feuilletonesques qui font passer la durée du film comme une fleur; derrière, il le croise avec Shakespeare au grand rendez-vous d'Eros et Thanatos. Du cul, du sang, de la mort: la recette d'un très grand film. 8)

Re: La Reine Margot (Patrice Chéreau, 1994)

Publié : 4 sept. 09, 01:28
par Jericho
Intéressant...

J'essaierai de le voir si j'ai l'occasion !

Re: La Reine Margot (Patrice Chéreau, 1994)

Publié : 4 sept. 09, 10:09
par Nestor Almendros
posté par Max Schreck en juin 2007

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(J'ai toujours trouvé cette affiche sublime)
La Reine Margot, Patrice Chéreau, 1993
Revu mais dans sa version soit-disante longue (impossible de repérer les différences). J'aimais bien ce film, et je crois l'avoir encore bien apprécié. L'Histoire violée a fait un bel enfant, mais je ne suis pas sur que c'était la préoccupation première de Chéreau. J'y vois avant tout une belle tragédie familiale, sur le mode "bruit et fureur". Le casting est en soi la promesse de scènes réussies. Adjani, par ses costumes, sa coiffure, la façon dont elle est photographiée, sa voix, est absolument magnifique, Daniel Auteuil m'a rappellé qu'il est quand même un acteur doué.

Mais ce qui est curieux, c'est que j'ai trouvé que Chéreau échouait un peu dans sa mise en scène à vraiment mettre en valeur ses décors, se concentrant surtout sur ses personnages. Ça finit par donner l'impression d'une vision un peu étriquée, manquant un poil de souffle. Et malgré la longueur du film (qui se suit cependant sans aucun ennui), les transitions m'ont semblées un peu abruptes.

Re: La Reine Margot (Patrice Chéreau, 1994)

Publié : 4 sept. 09, 10:18
par Alcatel
Ah et aussi je trouve l'affiche du film génialissime. :D

Re: La Reine Margot (Patrice Chéreau, 1994)

Publié : 4 sept. 09, 10:21
par joe-ernst
Probablement une des plus belles directions d'acteurs qu'il m'ait été donné de voir, et de nombreuses scènes sont inoubliables ! :D

Re: La Reine Margot (Patrice Chéreau, 1994)

Publié : 4 sept. 09, 10:31
par Phnom&Penh
odelay a écrit :Je viens de revoir pour énième fois ce film de Chéreau que je considère comme un véritable chef d'oeuvre du cinéma français toutes époques confondues.

Quand un metteur en scène s'attaque un classique de la littérature avec des costumes, forcément le côté académique et empesé a souvent tendance à pointer son nez. Pas que ce soit forcément un défaut rédhibitoire (il y a des films à la mise en scène dite "académique" mais qui sont néanmoins réussis), mais ça peut quand même dans le pire des cas donner un côté SFP qui ne changera beaucoup pas du téléfilm de luxe en deux partie de F2. Avec Chereau derrière la caméra, pas de risque.
Je suis bien d'accord avec toi, c'est un film superbe et on s'y croirait, en train de s'étriper :D

Pour moi, l'exemple type d'une adaptation personnelle parfaitement réussie, à la fois sur le plan historique et sur le plan du roman. Il monte une atmosphère très moderne, sanglante et suintante, qui convient parfaitement à l'évocation de l'évènement.
odelay a écrit : On est aussi surpris de constater que Chereau a éliminé un élément pourtant essentiel des films qui se passent à cette époque qui à froler l'erreur historique : les chapeaux. Pas un seul à l'horizon. C'est peut être aussi ça qui capte de manière inconsciente l'attention et qui fait la différence.
Je n'avais jamais prêté attention à ce détail et il est effectivement symbolique de ce qu'on voit à l'écran: du baroque sans le moindre poids en trop. Du grand art.

Re: La Reine Margot (Patrice Chéreau, 1994)

Publié : 4 sept. 09, 17:25
par odelay
Nestor Almendros a écrit :posté par Max Schreck en juin 2007

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(J'ai toujours trouvé cette affiche sublime)
La Reine Margot, Patrice Chéreau, 1993
Revu mais dans sa version soit-disante longue (impossible de repérer les différences). J'aimais bien ce film, et je crois l'avoir encore bien apprécié. L'Histoire violée a fait un bel enfant, mais je ne suis pas sur que c'était la préoccupation première de Chéreau. J'y vois avant tout une belle tragédie familiale, sur le mode "bruit et fureur". Le casting est en soi la promesse de scènes réussies. Adjani, par ses costumes, sa coiffure, la façon dont elle est photographiée, sa voix, est absolument magnifique, Daniel Auteuil m'a rappellé qu'il est quand même un acteur doué.

Mais ce qui est curieux, c'est que j'ai trouvé que Chéreau échouait un peu dans sa mise en scène à vraiment mettre en valeur ses décors, se concentrant surtout sur ses personnages. Ça finit par donner l'impression d'une vision un peu étriquée, manquant un poil de souffle. Et malgré la longueur du film (qui se suit cependant sans aucun ennui), les transitions m'ont semblées un peu abruptes.

Chereau disait que justement il voulait ne pas être "esclave" des décors et ne pas se sentir obligé de les filmer parce qu'ils avaient justement été construits pour l'occasion.

Re: La Reine Margot (Patrice Chéreau, 1994)

Publié : 4 sept. 09, 17:30
par Le prisonnier
Nestor Almendros a écrit :Image
Affiche effectivement sublime ! Et la scène à laquelle elle fait référence est à la limite du gore...

Re: La Reine Margot (Patrice Chéreau, 1994)

Publié : 5 sept. 09, 11:25
par nobody smith
Cela fait longtemps que je voudrais le voir (même si bon Adjani :? ) et vos avis enthousiastes attisent plus que jamais ma curiosité. J'ai plus qu'à remettre la main sur ma VHS qui doit traîner quelque part dans mon capharnaüm.

Re: La Reine Margot (Patrice Chéreau, 1994)

Publié : 6 sept. 09, 22:50
par Alcatel
nobody smith a écrit :Cela fait longtemps que je voudrais le voir (même si bon Adjani :? ) et vos avis enthousiastes attisent plus que jamais ma curiosité. J'ai plus qu'à remettre la main sur ma VHS qui doit traîner quelque part dans mon capharnaüm.
Ca doit être un des rares films français que j'ai vus où l'actrice s'efface totalement derrière son personnage. :D
En comparaison on devine beaucoup plus Auteuil derrière Henri de Navarre par exemple.

Re: La Reine Margot (Patrice Chéreau, 1994)

Publié : 6 sept. 09, 23:35
par Bavhna
j'avais 14 ans lors de sa projo cannoise - foudroyée sur place par tant de beauté...

Chéreau en cette rentrée met en scène au théâtre Duras avec Dominique Blanc qui reste aussi efficace dans la Reine Margot qu' Adjani, aériennes.

Re: La Reine Margot (Patrice Chéreau, 1994)

Publié : 27 août 10, 21:25
par Demi-Lune
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Août 1572. Paris est en ébullition. Le protestant Henri de Navarre, futur Henri IV, s'apprête à épouser Marguerite de Valois, dite Margot, catholique, fille de France, fille de Catherine de Médicis et sœur de l'instable roi Charles IX. Les deux époux ne s'aiment pas. Il s'agit d'un mariage politique, orchestré par Catherine de Médicis, destiné à apaiser les haines et les rivalités entre catholiques et protestants et à ménager les susceptibilités du pape Grégoire XIII et de l'Espagne d'une part, des états protestants d'autre part. Chacune des parties cherche à en découdre et la maladresse de la reine mère, couplée avec les ambitions contraires des divers protagonistes, sans oublier le goût du pouvoir des princes, fera basculer le pays tout entier dans un terrible massacre, six jours seulement après le mariage.

Quel film, mes aïeux ! N'ayant pu tourner une adaptation des Trois mousquetaires d'Alexandre Dumas, Patrice Chéreau, sur le conseil de Danièle Thompson avec laquelle il signera pendant plusieurs années le scénario du film, se rabat sur celle de La Reine Margot (épais roman feuilletonesque de 1845 dont la rareté était telle, à l'époque, qu'il était difficilement trouvable dixit les deux comparses) et dégaine, durant plus de 2h30, une hallucinante fresque pleine de fureur et de sang, d'une ambition et d'un accomplissement qui laissent pantois et soufflé. Tentant de concilier à la fois la vérité historique, les écrits de Dumas et sa propre vision du projet (très marquée par un contexte d'intolérance religieuse en Iran), Chéreau accouche d'une œuvre d'une barbarie sourde et constante, s'éloignant du style humaniste et haut en couleurs de Dumas pour lui préférer la peinture étouffante d'un véritable Enfer, celui du Royaume de France du XVIe siècle, miné par les guerres de religion intestines entre les Catholiques et les Protestants, par les intrigues machiavéliques de la Reine mère Catherine de Médicis, par la décadence de la famille royale des Valois, promise à une chute inexorable. Baignant tout entier dans une frénésie suffocante qui traduit, avec une acuité pleine d'audace, le climat politique et religieux chaotique de cette époque, La Reine Margot suit l'entrecroisement des destins de personnages historiques mus pour la plupart par une folie rampante. La direction d'acteurs est à ce titre absolument prodigieuse : qu'ils soient illuminés (Anglade en Charles IX, Virna Lisi en Catherine de Médicis, impériaux - il faut voir leurs regards de fous), fanatiques (Coconas, le duc d'Anjou ou le duc de Guise), ou terrifiés (Marguerite de Valois et Henri de Navarre), l'interprétation générale nage dans une sorte de transe collective, rendant le film extrêmement viscéral, aussi bien dans ses séquences graphiquement violentes (le massacre de la Saint-Barthélémy, les charniers, les innombrables assassinats que compte le film) que dans son enfermement de Cour, où la mort peut surgir à tout moment. Adjani, Auteuil, tous les acteurs sont époustouflants ; j'ai rarement vu un casting aussi uniformément inspiré. La mise en scène de Chéreau, qui évite volontairement de s'attarder sur les décors et les dorures pour mieux aborder l'Histoire de façon moderne et réaliste, est d'ailleurs toute entière focalisée sur ses acteurs. Le cinéaste les enferme, ne leur laisse aucun échappatoire. Il impose par là une atmosphère irrespirable et très violente (toute l'atmosphère du film est contenue dans sa fascinante affiche), ainsi qu'une mécanique narrative aux accents inéluctables - comme une épée de Damoclès pesant autant au-dessus de la tête des personnages que de ses spectateurs. Bien que les scènes véritablement sanglantes soient numériquement limitées, il règne sur tout le film un véritable goût de sang, suintant de tous les pores comme sur le visage agonisant de Charles IX. Il règne également une effervescence quasi mystique, qui explose en un déchaînement de passions, de fanatisme et de sauvagerie incontrôlable. Chéreau et ses acteurs donnent tout, vont jusqu'au bout de leur démarche, ne concèdent rien. Représentation historique crue et unique, La Reine Margot, descente aux Enfers de toute une monarchie dans une violence qu'elle a elle-même provoquée, se lit plus largement comme un torrent de larmes sur le tombeau de la barbarie humaine, capable des pires atrocités en tous temps (les corps nus et empilés des Protestants massacrés renvoient aux charniers de l'horreur des dictatures).
Comme dirait Alcatel, du sang + du cul + Auteuil + Adjani = chef-d'œuvre.

Re: La Reine Margot (Patrice Chéreau, 1994)

Publié : 27 août 10, 21:42
par Jordan White
C'est un bon film, mais tu l'as vraiment préféré à Jennifer's Body ?

Re: La Reine Margot (Patrice Chéreau, 1994)

Publié : 27 août 10, 21:44
par Eusebio Cafarelli
:lol: :lol:

C'est un immense film !

Re: La Reine Margot (Patrice Chéreau, 1994)

Publié : 27 août 10, 22:19
par jacques 2
Immense film - bien loin des "culculteries" habituelles des films qui se réclament de Dumas - et, à propos de l'édition vidéo: la réédition dvd de 2007 avec master haute définition est plus que recommandable : c'est bien simple, on dirait du blu ray ... :D
Grosse, très grosse différence donc avec l'édition 2000 au master peu défini ... :?

:wink: