Le Cinéma italien naphta

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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manuma
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Re: Le Cinéma italien naphta

Message par manuma »

FACCIA DI SPIA (1975)

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A la lecture du synopsis de ce Faccia di spia, rassemblant une partie de la crème des acteurs italiens engagés de l’époque (Lou Castel, Mariangela Melato, Riccardo Cucciolla… Gian Maria n’est pas venu, mais il a envoyé son frère, Claudio Camaso, à sa place), je m’attendais à une expérience cinématographique proche du cinéma engagé de Francesco Rosi ou Carlo Lizzani. Petit surprise donc, puisque ce titre relève finalement presque autant du mondo que de l’œuvre de fiction. Ainsi, afin d’évoquer les coups bas les plus célèbres attribués à la CIA, du milieu des années 50 au début des années 70 (débarquement de la baie des cochons, attentat de la Piazza Fontana et coup d’état chilien de 1973 au programme des festivités), le film opte pour un ambigu mélange d’image d’archives et de (grossière) reconstitution.

Le problème est que Giuseppe Ferrara n’est pas Bellocchio ni même Pontecorvo, et que ses bonnes intentions dénonciatrices sont tuées dans l’œuf par le discours, relevant du lavage de cerveau, répétant bêtement pendant 105 minutes la même chose, à savoir que l’agence américaine est une entité maléfique au service du grand capital, et la méthode, plus que douteuse dans son montage traficotant le vrai, ne craignant jamais de faire passer certaines séquences fictionnelles pour d’authentiques archives. Avec pour (contre-)résultat d’entretenir une sensation constante de factice et d’arnaque, quand bien même on ne doute pas de la véracité de certains évènements ici relatés.

Ajoutons à cela une permanente et très maladroite volonté de choquer, et on obtient un pamphlet cinématographiquement assez peu recommandable, quoi que sans doute intéressant à étudier d’un point de vue politico-historique. Pamphlet s’achevant par ailleurs sur un peu subtil mais néanmoins troublant plan-montage de rigoles de sang coulant le long des Twin Towers.
Dernière modification par manuma le 11 févr. 24, 10:52, modifié 1 fois.
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Bogus
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Re: Le Cinéma italien naphta

Message par Bogus »

Détenu en attente de jugement de Nanni loy (1971)

Giuseppe Di Noi est géomètre et vit en Suède depuis sept ans. Il décide de prendre quelques semaines de vacances avec sa femme et ses enfants en Italie, son pays natal. Mais à la frontière, un douanier lui demande de le suivre. À peine entré dans les locaux de la douane, il en ressort menotté et en état d’arrestation sans savoir de quoi on l’accuse.

Grand film kafkaïen porté un bouleversant Alberto Sordi.
J’aime les recits qui impliquent émotionnellement leur spectateur, qui les font réagir et ici j’ai été révolté, effrayé, ému aussi par le sort réservé au pauvre Giuseppe.
Pourquoi ce film n’est-il pas sorti en France à l’époque? Mystère.

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Courleciel
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Re: Le Cinéma italien naphta

Message par Courleciel »

Rétrospective MARIO MONICELLI à la cinémathèque Française printemps 2023 :D
"- Il y avait un noir a Orly, un grand noir avec un loden vert. J'ai préféré un grand blond avec une chaussure noire a un grand noir avec un loden vert
- Dites-moi, mon petit vieux, pour faire de la littérature, attendez la retraite. Bonne appétit."
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Supfiction
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Re: Le Cinéma italien naphta

Message par Supfiction »

Un avis sur La farce tragique (La cena delle beffe) ? Kevin ?
Dans la bobine « ronde des baisers » de Cinema Paradiso, il apparaît dans les scènes coupées par le curé lorsque Clara Calamai se retrouve presque nue. Le film a d’ailleurs subi les foudres des autorités ecclésiastiques et fut interdit aux moins de seize ans.

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Kevin95
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Re: Le Cinéma italien naphta

Message par Kevin95 »

Supfiction a écrit : 29 sept. 22, 13:23 Un avis sur La farce tragique (La cena delle beffe) ? Kevin ?
En cherchant bien dans mes souvenirs, je suis resté sur un cape et d'épée naïf porté par un Flynn discount (Amedeo Nazzari) mais digne et correctement rythmé. On n'est ni chez Cottafavi, ni chez Freda, mais pas si loin. Tu me donnes envie de le revoir (copie Bach donc, prévoir des lunettes à double foyer).
Les deux fléaux qui menacent l'humanité sont le désordre et l'ordre. La corruption me dégoûte, la vertu me donne le frisson. (Michel Audiard)
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Supfiction
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Re: Le Cinéma italien naphta

Message par Supfiction »

Kevin95 a écrit : 30 sept. 22, 00:52
Supfiction a écrit : 29 sept. 22, 13:23 Un avis sur La farce tragique (La cena delle beffe) ? Kevin ?
En cherchant bien dans mes souvenirs, je suis resté sur un cape et d'épée naïf porté par un Flynn discount (Amedeo Nazzari) mais digne et correctement rythmé. On n'est ni chez Cottafavi, ni chez Freda, mais pas si loin. Tu me donnes envie de le revoir (copie Bach donc, prévoir des lunettes à double foyer).
Merci pour ton retour. Effectivement, Amadeo Nazzari a un look que l’on connaît bien. :D
Mais il semble que l’intérêt de ce film réside dans les fausses apparences entre le héros et le supposé méchant. Je vais essayer de le voir.

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beb
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Re: Le Cinéma italien naphta

Message par beb »

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Profondo Rosso
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Re: Le Cinéma italien naphta

Message par Profondo Rosso »

La Maîtresse légitime de Marco Vicario (1977)

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L’action se passe dans la province de Venise, au début du XXe siècle. Depuis que son mari, Luigi (Marcello Mastroianni), l’a déclarée frigide la nuit de leurs noces, Antonia De Angelis (Laura Antonelli) reste recluse, clouée au lit. une accusation d’assassinat a contraint Luigi à la clandestinité. Il s’est caché exactement en face de sa propre maison d’où il peut observer, derrière les carreaux d'une fenêtre, Antonia.

Dans la brillante satire historique Mon Dieu comment suis-je tombée si bas ? de Luigi Comencini (1974), Laura Antonelli interprétait déjà sur un registre comique une grande bourgeoise frigide s'éveillant aux plaisirs de la chair. Ce film constituait un vrai marqueur dans l'emploi sensuel auquel elle était associée l'actrice, ouvrant la voie à des rôles plus ambitieux comme L'Innocent de Luchino Visconti (1976). La Maîtresse légitime s'inscrit dans ce registre, un superbe écrin pour une des plus belles prestations de Laura Antonelli. Elle joue ici Antonia, une épouse délaissée par son époux Luigi (Marcello Mastroianni) depuis que, aux premiers jours de leurs mariage, il a constaté qu'Antonia était frigide. Dès lors il se tient loin du foyer conjugal tandis qu'Antonia dépérit et reste clouée au lit, victimes de maladies imaginaires. Les rares retrouvailles sont glaciales et nourries de reproches, sans espoirs de réconciliation pour le couple. Tout bascule lorsque Luigi se trouve accusé à tort d'un assassinat et doit se cacher. Il va choisir comme refuge un grenier en vis à vis de sa demeure et plus précisément de la chambre d'Antonia. La détresse pousse Antonia à enfin quitter le lit et sa chambre, puis de marcher sur les traces de son époux en effectuant à sa place les tournées commerciales auprès de leurs clients et domaines fermier.

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Marco Vicario va alors instaurer une tonalité surprenante où le couple se découvre réellement à distance, alors qu'il est séparé. Antonia comprend ce qui tenait Luigi à distance, pour le meilleur avec les bienfaits qu'il réalisait auprès de certaines familles pauvres, et pour le plus désobligeant à travers une vie de pacha où il multipliait les maîtresses et séjours dans les maisons closes. Contrairement à Mon Dieu comment suis-je tombée si bas ? où la découverte du sexe tourne à la farce paillarde, nous naviguons ici dans le mélodrame feutré où les moments charnels font sens et s'avèrent tout en retenue. Ce choix tient au point de vue effarouché d'Antonia sidérée par chaque élément révélé sur son mari disparu, fonctionnant sur un lieu, les détails de celui-ci et les rencontres qu'elle y fait. Ainsi elle aura la surprise de se retrouver dans le club fréquenté par Luigi, dormir dans sa chambre habituelle où se trouve des tenues féminines, puis croiser une de ses maîtresses avec la doctoresse Pagano (Olga Karlatos). Se liant d'amitié avec cette dernière, elle écoute la description loin du mari distant qu'elle connaît, mais plutôt un amant espiègle, inventif et bienveillant. Entre vexation et curiosité, ces éléments la poussent à tenter les aventures sensuelles à son tour mais dans un premier temps c'est la désillusion et sa frigidité qui ressurgit. Marco Vicario travaille une tonalité glaciale où cette province rurale baigne dans une photo brumeuse reflétant les rapports guindés se jouant dans l'intimité (le couple) et l'extérieur avec le climat bigot et moraliste fustigeant la moindre tentation. A l'inverse les flashbacks sur la vie secrète dissolue de Luigi se déploie comme un fantasme dans des décors stylisés, une imagerie diaphane et des situations audacieuses comme une tendre partie à trois. Antonia en ne cherchant qu'à "égaler" où se venger des prouesses de son époux ne peut rencontrer le plaisir, jusqu'à sa rencontre avec un séduisant jeune médecin (Leonard Mann) qui va aussi éveiller sa conscience sociale.

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Un des éléments captivants est de voir les rôles s'inverser entre Antonia et Luigi. C'est désormais celui-ci qui, enfermé et souffreteux, observe de loin les allers et venues de sa femme et ne peut que spéculer sur ses agissements. Là aussi les sentiments sont ambivalents, entre une jalousie basiquement machiste et une fascination, un désir et un amour ravivé pour cette femme qui n'a plus rien à voir avec l'épouse aigrie qu'il a connu. Dès lors Luigi ne s'enfonce dans sa solitude janséniste que par un amour plus profond et sincère pour Antonia, et celle-ci ne se perd dans les aventures que pour mieux espérer le retour de Luigi dont elle devine la présence. Marcello Mastroianni et Laura Antonelli livrent des prestations magnifiques orchestrant aussi ces trajectoires inversées, Mastroianni reprenant à son compte l'immobilisme et la frustration pathétique d'Antonelli en début de film, quand cette dernière s'octroie l'élégance et le sex-appeal initial de Mastroianni dans le récit. Elle apporte une forme de retenue bienvenue dans le lâcher-prise sensuel, offrant une protagoniste aussi séduisante que poignante. Les époux dans cette séparation s'exposen l'un à l'autre comme ils n'ont jamais su le faire durant leur vie commune, l'acceptation de la volupté de chacun les différenciant de l'autre couple hypocrite du film (où cette fois c'est la fiancée jouée par Annie Belle qui se heurte à un fiancé bigot (Stefano Patrizi). La dernière scène est une merveille pour traduire ce mélange d'érotisme feutré et de romantisme flamboyant, un plan sur la maison, une lumière qui s'éteint et un panoramique laissant deviner l'élan des retrouvailles tant attendues de Luigi et Antonia. 5/6

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Re: Le Cinéma italien naphta

Message par Jack Carter »

Trois films de Carlo Lizzani sortent en salles mercredi prochain, distribués par Les Films du Camelia, dont un inedit sur support video chez nous (pas trouvé de topic consacré au realisateur)

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Olivier Père en parle :
https://www.arte.tv/sites/olivierpere/2 ... o-lizzani/
https://www.arte.tv/sites/olivierpere/2 ... o-lizzani/
https://www.arte.tv/sites/olivierpere/2 ... o-lizzani/
https://www.arte.tv/sites/olivierpere/2 ... me-siecle/
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The Life and Death of Colonel Blimp (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1943)
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Rick Blaine
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Re: Le Cinéma italien naphta

Message par Rick Blaine »

Je n'aurais certainement pas le temps d'aller en salle, mais j'aimerais voir le second.
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Jeremy Fox
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Re: Le Cinéma italien naphta

Message par Jeremy Fox »

Carlotta Films ressort en salles ce mercredi 7 films italien, proposant une rétrospective couvrant 25 ans de cinéma transalpin, de la comédie à l'italienne au cinéma politique, du film de genre au cinéma humaniste d'Ermanno Olmi. L'occasion de passer l'été avec des représentants glorieux d'une cinématographie marquante, à découvrir ou redécouvrir dans de nouvelles restaurations.
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Supfiction
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Re: Le Cinéma italien naphta

Message par Supfiction »

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Jeremy Fox
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Re: Le Cinéma italien naphta

Message par Jeremy Fox »

Le Prince esclave de Pietro Francisci chroniqué par Justin.
A signaler que ce film vient de sortir chez Artus en Blu-ray.
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