Pre-Code Hollywood

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Music Man
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Re: Pre-Code Hollywood

Message par Music Man »

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BLONDIE OF THE FOLLIES de Edmun Goulding -1932
avec Marion DAVIES, Billie DOVE, Robert MONTGOMMERY

Pour fuir la misère et la promiscuité, une jeune femme décide de suivre l'exemple d'une ancienne voisine devenue girl au music hall et femme entretenue, qui vit désormais dans le luxe.
Les deux amies ne vont pas tarder à se disputer les faveurs d'un jeune dandy alcoolique. Leurs chamailleries vont finir pas prendre une tournure dramatique.

J'ai été étonné par la première partie de ce film précode. Je m'attendais à une farce, or il s'agit d'une comédie dramatique. Le film dépeint d'abord avec acuité et réalisme un quartier pauvre de New York dans lequel s'étiole une jeune fille qui partage avec une famille nombreuse un tout petit appartement. Les rapports filiaux entre l'héroïne (l'excellente Marion Davies) et son père sont illustrés de façon délicate et avec beaucoup de tendresse. Eblouie par le luxe et l'oppulence, la jeune femme finit par changer de vie et ses principes moraux au grand désespoir de son papa. Le monde frivole du Broadway des années folles est filmé, coté coulisses de façon très convaincante , avec ses vieux messieurs libidineux et les jeunes girls ambitieuses. Les incessantes querelles entre Marion et Billie Dove (qui furent avant leur carrière à Hollywood girls dans des revues)sont cocasses.
Hélas, le film semble ensuite dans le mélo de la pire espèce et le talent des acteurs ne peut rien y changer. Gravement blessée après une bagarre avec sa meilleure amie qui l'a littéralement jetée de la piste en pleine représentation, Marion, juchée sur des béquilles, donne une soirée d'adieu, en souriant à travers ses larmes pour faire croire à ses amis du show business que tout va bien. Ne vous inquiétez pas,à la dernière minute, Robert Montgommery, qu'elle croyait parti pour la France, vient la sauver avec une armada de médecins qui ont étudié son cas et lui promettent qu'après une opération, elle sera sur pieds comme si de rien n'était...
Il est vraiment dommage qu'un film aussi bien commencé bascule ainsi dans le ridicule.
Ce film contient une fameuse (mais bien courte) séquence où Jimmy Durante et Marion pastichent, lors d'une soirée, Garbo et Barrymore dans Grand hôtel : ça vient comme un cheveu sur la soupe, mais c'est parfaitement imité, et à peine forcé.
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Ann Harding
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Re: Pre-Code Hollywood

Message par Ann Harding »

Rasputin and the Empress (1932, R. Boleslavsky) avec Diana Wynyard, Ethel Barrymore, John Barrymore & Lionel Barrymore

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La famille du Tsar Nicolas II tombe sous la coupe du machiavélique Raspoutine (L. Barrymore) qui semble le seul capable de soulager les douleurs du tsarévitch atteint d'hémophilie. Le Prince Chegodieff (J. Barrymore) tente d'alerter la Tsarine (E. Barrymore) de ses manigences. Mais c'est en vain. Même sa fiancée, la princesse Natacha (D. Wynyard) est sous sa coupe...

Voici une grosse production MGM qui réunit pour la seule et unique fois, toute la famille Barrymore, les deux frères Lionel et John ainsi que leur soeur Ethel. Le film est en tous points, une grosse production richement décorée et superbement éclairée par Wm H. Daniels (l'opérateur favori de Garbo). Mais, j'ai été vraiment étonnée de découvrir un véritable film 'pre-code' avec une peinture sans concession de Raspoutine. Lionel Barrymore s'en donne à coeur joie en moine paillard, vicieux et machiavélique. C'est un véritable Tartuffe qui réussit à s'introduire dans la famille du Tsar avec des intentions maléfiques. Certes, ce n'est pas le seul film sur Raspoutine. Harry Baur a lui aussi donné une version haute en couleur du personnage dans La Tragédie Impériale de M. L'Herbier. Mais ici, Raspoutine, non content de comploter contre le régime du Tsar, s'intéresse aussi aux princesses. Il reluque d'une manière parfaitement libidineuse la très jeune princesse Maria (jouée par une jeune Jean Parker) et abuse sexuellement de Natacha (Diana Wynyard). Sur la copie Warner Archive, on remarque d'ailleurs de nombreuses coupes dans les dialogues de certaines scènes qui ont certainement été censurés après 1934. Le film est inégal. Il a été commencé par Charles Brabin et terminé par Richard Boleslavsky (qui avait l'avantage d'être russe de naissance). Certaines scènes sont plates et théâtrales, d'autres ont une atmosphère gothiques remarquables. J'ai d'ailleurs été étonnée par la violence du meurtre de Raspoutine par le Prince Chegodieff. Certes, Lionel et John font assaut de cabotinage, mais, elle n'en reste pas moins extrêmement violente (beaucoup plus que dans La Tragédie Impériale). Il y a quand même dans ce film de très bonnes idées comme lorsque Raspoutine force le tsarévitch à regarder dans un microscope une fourmi en train de dévorer vivante une mouche. La séquence est particulièrement efficace pour suggérer l'emprise de cet homme sur le jeune enfant terrorisé. Même l'assassinat final de la famille du tsar a réussi à me faire sursauter par sa sécheresse. C'est également un plaisir de retrouver la trop rare Diana Wynyard, une actrice anglaise qui n'a fait que peu de films (la version 1940 de Gaslight) et qui est ici la victime innocente de Raspoutine. Ethel, en tsarine, est la moins affectée des trois Barrymore, même si par moment, elle se met à déclamer d'une manière théâtrale. Au final, un film assez inégal, mais on peut prendre un 'plaisir coupable' en le voyant. 8)
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Ann Harding
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Re: Pre-Code Hollywood

Message par Ann Harding »

J'ai découvert hier soir à la Cinémathèque ce film de 1932 présenté dans le cycle Perles Noires. Ce n'est pas un film noir à 100%, mais, il contient tous les ingrédients du film de gangster et c'est une dénonciation de la corruption. En tous cas, c'était vraiment un grand film. 8)

Image (Eric Linden)

Afraid to Talk (1932, Edward L. Cahn) avec Eric Linden, Sidney Fox, Louis Calhern, Tully Marshall, Edward Arnold et Mayo Methot

Dans une grande ville américaine, Eddie Martin (E. Linden), un garçon d'étage dans un grand hôtel, est témoin de l'assassinat d'un gangster par Skelli (E. Arnold). Il accepte de témoigner face à la police. Mais, l'ensemble des édiles municipaux sont corrompus et ne souhaitent pas voir Skelli passer en jugement...

Ce magnifique film de gangster produit par la Universal pourrait s'intituler l'enfer de la corruption. On a rarement vu une dénonciation aussi virulente et noire de la corruption à tous les niveaux. L'un des auteurs du scénario, Albert Maltz, sera d'ailleurs l'une des victimes de la liste noire durant la 'chasse aux sorcières'. Dans cette ville (qui n'est pas nommée), les racketteurs et les bootleggers arrosent tout le monde: maire, gouverneur, procureur et chef de la police. La malheureux Eddie Martin se retrouve témoin d'un meurtre qui va mettre en danger sa propre vie. En fait, il a moins à craindre des gangsters que de ceux qui sont censés le protéger. Le District Attorney (procureur) est joué avec délice par Louis Calhern, toujours suave et élégant dans l'infamie. Il recoit ses ordres du gouverneur et du maire, tous deux parfaitement pourris jusqu'à l'os. On lui demande d'enterrer le dossier d'accusation contre Skelli, car celui-ci a des papiers compromettants. Le dossier est enterré illico. Mais, une fusillade entre gangsters provoque la mort d'un enfant. Le maire (joué par Berton Churchill, le banquier pourri de Stagecoach) voulant être réélu, il faut qu'il montre qu'il fait quelque chose contre les gangsters. Alors, le procureur décide de faire porter le chapeau au malheureux Eddie pour le meurtre commis par Skelli. Les méthodes sont expéditives: un groupe de six flics (plus ou moins écoeurés) sont chargés de torturer le garçon jusqu'à ce qu'il avoue le meurtre dont il est innocent. Il manque de mourir de ce traitement avant d'être soigné par un médecin clairvoyant qui lui envoie un bon avocat pour l'aider. Celui-ci en deux temps deux mouvements réunit un dossier à charge contre la police et la justice. C'est la panique chez le maire et le gouverneur. Alors, le procureur décide de se débarrasser d'Eddie en le faisant pendre dans sa cellule. Il sera sauvé de justesse. Et si presque tous les éléments les plus pourris seront enfin écartés, la gouverneur lui reste en se faisant passer pour le 'nettoyeur de la ville'. La réalisation du film est à la hauteur de ce scénario ravageur. Derrière la caméra, Karl Freund réalise de superbes ombres et lumières. Tous les acteurs, même dans le plus petit rôle, sont absolument formidables et en situation. C'est d'ailleurs un plaisir de reconnaître Tully Marshall, qui avale sans arrêt de l'aspirine (peut-être pour calmer sa culpabilité ?) ou Mayo Methot (la troisième Mrs Humphrey Bogart) qui est la poule du gangster. Au premier rang de l'interprétation, il y a Eric Linden, le jeune et frais acteur de nombres de Pre-Codes, Louis Calhern parfait et suave malfaisant, et Edward Arnold puissant et redoutable. La copie présentée était absolument superbe. Un vrai bonheur et une superbe découverte.
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Ann Harding
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Re: Pre-Code Hollywood

Message par Ann Harding »

Le film repasse le 14 juillet prochain à 19h00. Courrez-y. Vous ne serez pas déçus. :wink:
feb
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Re: Pre-Code Hollywood

Message par feb »

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Je remonte le topic car comme chaque année le complexe cinéma Film Forum à New York (http://en.wikipedia.org/wiki/Film_forum) propose une rétrospective Pré-Code pendant 4 semaines. J'ai jeté un oeil à la programmation, j'ai préféré arrêter à la moitié tellement je suis dégouté :mrgreen:
http://www.filmforum.org/films/essentia ... e.html#728

Le site Mubi propose pour chaque semaine de programmation de petites critiques des films sympa à lire :wink:
http://mubi.com/notebook/posts/new-york ... ies-week-1
http://mubi.com/notebook/posts/new-york ... ies-week-2
http://mubi.com/notebook/posts/new-york ... ies-week-3
joe-ernst
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Re: Pre-Code Hollywood

Message par joe-ernst »

feb a écrit :J'ai jeté un oeil à la programmation, j'ai préféré arrêter à la moitié tellement je suis dégouté :mrgreen:
Es-tu pour autant obligé de nous dégoûter aussi ? :mrgreen:
L'hyperréalisme à la Kechiche, ce n'est pas du tout mon truc. Alain Guiraudie
feb
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Re: Pre-Code Hollywood

Message par feb »

joe-ernst a écrit :
feb a écrit :J'ai jeté un oeil à la programmation, j'ai préféré arrêter à la moitié tellement je suis dégouté :mrgreen:
Es-tu pour autant obligé de nous dégoûter aussi ? :mrgreen:
Connaissant le gout de certains membres pour ce type de films, je me suis dit "pourquoi ne pas faire partager ?" :mrgreen:
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Rick Blaine
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Re: Pre-Code Hollywood

Message par Rick Blaine »

Ça fait vraiment envie.
André Jurieux
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Re: Pre-Code Hollywood

Message par André Jurieux »

Une période du cinéma US qui m'intéresse beaucoup...
Ce serait effectivement formidable de pouvoir visionner ces films sur grand écran...cela dit, si quelques uns sont très rares, on a vu la grande majorité de ces films sur les écrans de TV français et certains sont même sortis en dvd
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Re: Pre-Code Hollywood

Message par Rick Blaine »

C'est vrai que la période n'est pas trop mal couverte en DVD (en tout cas relativement à ce que dois représenter son potentiel commercial), surtout en Z1 avec les coffret Forbidden Hollywood, le coffret precode universal, pas mal de Warner Archive, etc... . Par contre à la télé... si on a que la TNT gratuite comme moi on n'a pas souvent l'occasion de voir ces titres. :mrgreen:
André Jurieux
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Re: Pre-Code Hollywood

Message par André Jurieux »

C'est juste...çà rejoint un échange que l'on a déjà eu. Cela dit je suis comme toi, je me contente de la ( pauvre de moi) TNT.
Par contre, j'ai quelques copains qui ont les chaines sat. et qui m'enregistrent certains films et surtout j'échange avec des
cinéphiles passionnés dont deux au moins ont des collections extraordinaires. L'un d'eux échange avec 2 metteurs en
scène bien connus, ainsi qu'avec un critique de cinéma. Il a une collection impressionnante et me permet de voir des films rares.
La difficulté, ce serait plutôt de lui trouver de mon coté, des films qu'il n'a pas encore...
O'Malley
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Re: Pre-Code Hollywood

Message par O'Malley »

Il y a déjà eu un cycle Pré-Code il y a 2-3 ans je crois sur TCM...

Sinon, une période assez passionnante (mais quelle période n'a pas été passionnante dans le cinéma hollywoodien jusqu'à la fin des années 70?). Au vu de la liste du festival, le Pré-Code me semble surtout concentré sur les studios Paramount Pictures et Warner Bros. (en sur-représantation) avec la MGM un peu plus en retrait, non? Ces trois studios sont ceux qui osaient le plus dans la franchise des situations.
feb
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Re: Pre-Code Hollywood

Message par feb »

O'Malley a écrit :Il y a déjà eu un cycle Pré-Code il y a 2-3 ans je crois sur TCM...
En mars et avril 2008 avec une vidéo de présentation utilisant un extrait du film As you desire me :fiou:
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Ann Harding
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Re: Pre-Code Hollywood

Message par Ann Harding »

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Quick Millions (1931, Rowland Brown) avec Spencer Tracy, Sally Eilers, Marguerite Churchill et George Raft

'Bugs' Raymond (S. Tracy) est un chauffeur de poids lourds qui rêve de faire fortune. Il devient racketteur en demandant de l'argent aux firmes de transport. Devenu riche, il pense pouvoir fréquenter le beau monde...

Les films du début de carrière de Spencer Tracy restent peu connus car ils ont été tournés au sein de la firme Fox (avant son rachat par XXth Century Pictures) qui diffuse peu son catalogue. Quick Millions fut considéré comme perdu jusque dans les années 70 où William K. Everson le projeta à New York. Ce film est signé Rowland Brown, un scénariste qui ne réalisa que trois films. En effet, il donna un coup de poing à un producteur ce qui eut pour effet de le mettre sur une liste noire permanente. En tous cas, ce scénariste nous offre là un film sur les gangsters et la corruption qui est vraiment dans l'air du temps. La prohibition bat son plein et les bootleggers font des fortunes. Ici, Spencer Tracy n'est pas le bon garçon qu'il sera plus tard. C'est un arriviste qui veut avoir de l'argent à tout prix. Sa morale personnelle reflète ces années troublées qui précèdent l'abolition de la prohibition. La corruption parmi les élites est généralisée. D'immenses fortunes se font en un rien de temps. Tracy le dit nettement son business "consiste à obtenir ce que les autres possèdent, en étant aimable." Quant aux lois, elles sont selon lui "faites par des avocats pour que d'autres avocats les enfreignent." L'immoralité ambiante est encore renforcée par les diners organisés par les racketteurs où toute la bonne société se rassemble. On retrouve un peu l'ambiance de Afraid to Talk (1932, E.L. Cahn). Tracy est entouré de sbires qui vont faire les sales besognes pendant que lui fréquente un grand patron de la construction, tout en lorgnant la soeur de celui-ci (M. Churchill). On reconnait parmi eux, un débutant à la jambe agile, George Raft qui fait une belle démonstration de ses talents de danseur mondain dans une séquence. Le film avance rapidement avec des séquences courtes et rapides, et pratiquement sans musique. L'ascension sociale de Bugs sera de courte durée car lorsqu'il voudra devenir 'honnête', ses complices vont se débarrasser de lui rapidement. Les scènes de violence sont toujours suggérées plus que montrées dans ce film. Il y a une excellente scène de meurtre où un journaliste se fait descendre. La scène est vue sous une table. Un corps tombe à terre et une ombre portée sur un mur dirige un révolver vers lui pour l'achever. Le film se veut néanmoins porteur d'un message. Un procureur (Henry Kolker) fait un long discours où il tente de secouer l'apathie de cette ville corrompue. Selon lui, la république est en danger si l'Etat ne se réveille pas pour mettre fin aux agissements des bootleggers et des racketteurs. Tracy, dont c'est seulement le deuxième film, montre déjà l'étendue de son talent. Il offre un portrait intéressant de gangster sans scrupules, mais non dépourvu de charme. Si on le met en regard avec les deux autres gangsters de cette année-là, James Cagney dans The Public Enemy et E.G. Robinson dans Little Caesar, Tracy est plus un arriviste qu'un tueur. En tous cas, ce film m'a certainement donné envie de découvrir les deux autres films de Rowland Brown, Hell's Highway (1932) et Blood Money (1933) qui semblent tous deux fort intéressants, mais également fort rares.
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Ann Harding
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Re: Pre-Code Hollywood

Message par Ann Harding »

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Attorney for the Defense (1932, Irving Cummings) avec Edmund Lowe, Constance Cummings et Evelyn Brent

William J. Burton (E. Lowe) est un procureur new-yorkais réputé pour obtenir facilement la condamnation des accusés qui passent devant lui. Mais, un jour, il fait condamner à mort James Wallace, qui se révèle plus tard innocent. Dégoûté, il quitte ses fonctions de procureur et devient avocat de la défense. Pour se racheter, il paie les études du fils du disparu, Paul Wallace et le considère comme son fils...

Cette série B produite par la Columbia se révèle être un excellent petit film criminel grâce au scénario de Jo Swerling. Irving Cummings, qui a toujours été un réalisateur peu en vue, avait déjà derrière lui une belle carrière au muet. Il bénéficie sur ce film du travail remarquable de Ted Tetzlaff derrière la caméra. Il joue habilement sur la caméra mobile (encore rare en ce début du parlant) ainsi que sur des clairs-obscurs qui annoncent le film noir. Les acteurs principaux ne sont pas de très grandes vedettes, mais ce sont tous des acteurs de grande qualité. Edmund Lowe était un acteur du muet et surtout connu pour son interprétation du Sergent Quirt dans What Price Glory? (1926, R. Walsh). Ici, il interprète avec brio le procureur redevenu avocat qui n'est pas si éloigné du John Barrymore de Counsellor-at-Law (1933, W. Wyler), une autre superbe réussite sur le milieu judiciaire. Autour de lui, s'agite la faune new-yorkaise comme la vénéneuse Val Lorraine, une créature cupide et dangereuse, jouée superbement par Evelyn Brent, qui montre là qu'elle n'a rien perdu de son talent depuis son apparition dans Underworld (1927, J. von Sternberg) avec le passage au parlant. En grand contraste, Dorothy Cummings est la fidèle secrétaire d'Edmund Lowe, qui aime en secret son patron. Si le film parcourt rapidement les années, il permet de se familiariser avec le système judiciaire américain où le procureur cherche systématiquement à obtenir une condamnation pour assurer sa réélection ou son passage au poste de gouverneur. Edmund Lowe va être transformé par la condamnation d'un innocent. Il devient ensuite un avocat intègre qui a renoncé à ses amitiés louches avec la pègre et à ses relations avec Val Lorraine. Le final du film montre l'avocat qui doit se défendre seul face au nouveau procureur. Il est accusé de meurtre. Nous savons qu'il est innocent, mais, nous ignorons qui est le coupable. En deux temps trois mouvements, il va confondre le meurtrier et enfoncer le procureur. Pour cela, il utilise parfois des méthodes qui font sourire. Avec un petit miroir, il envoie les rayons du soleil au-dessus des jurés provoquant leur inattention alors que le procureur débite son réquisitoire. Les scènes dans l'appartement de Val Lorraine possède une atmosphère fort étonnante pour l'époque. Les visages des acteurs disparaissent dans les ombres et semblent être tout droit sortis d'un film noir des années 40. Un très bon film.

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