CrankyMemory a écrit :Montage très précis, narration et un certain formalisme dissimulant mal une belle maîtrise technique.
Impossible pour moi d'être d'accord avec ça, ou alors, il y a des tas d'autres cinéastes qui peuvent rentrer dans cette catégorie (car enfin, la précision du montage ou la "belle maîtrise technique", par exemple, ils sont pléthore à en être capables)... Le cinéma de Rivette (sur la forme comme sur le fond) fonctionne plutôt à l'économie (surtout de moyens, le pauvre !) quand celui de Kubrick va davantage dans le fastueux, le clinquant (voire, pour certains cinéphiles, l'esbrouffe).
Pour ce qui est de la narration (dont découle le rythme et, finalement, ce fameux "certain formalisme" dont tu parles), je ne connais personne, en dehors de Rivette (et surtout pas Kubrick) qui oserait montrer un trajet en bus ou en train quasiment en temps réel (comme Rivette le fait avec Sandrine Bonnaire, dans
Secret défense) sans lesquels le film perdrait tout son sens (et même son intérêt, allez, j'ose !).
Et puis, il y a (enfin, en tout cas je perçois, à tort ou à raison... mais c'est un autre débat) chez Kubrick, comme une volonté de faire toujours le "film définitif" (dans un genre particulier notamment), comme, par exemple, avec Shining, et ses allures de "film qui fait le plus peur de tous les temps"... Un côté "adepte du challenge", du tour de force (ce qui est en soi très honorable, voire même stimulant pour le spectateur) que je ne retrouve pas chez Rivette, qui m'apparaît davantage comme un "artisan", de ceux qui "cent fois sur le métier remettent l'ouvrage", patiemment, obstinément...
Enfin, il y aurait aussi beaucoup à dire sur la méthode de travail de chacun des deux (et qui rejaillit fatalement sur le résultat, à l'écran) : par exemple, il n'est pas rare qu'un film de Rivette s'écrive au jour le jour, sur le plateau, en direct, avec apport concret et participation active des acteurs (exemple : les 4 actrices du génial
Céline et Julie vont en bateau, créditées au générique comme les scénaristes et dialoguistes du film, au même titre que Rivette).
Vraiment, Rivette et Kubrick me paraissent très éloignés l'un de l'autre, fût-ce seulement pour une question d'univers personnel... Mais bon, on est libre de faire les associations qu'on veut après tout... Je me souviens, notamment, de Strum me tombant (très amicalement !
) dessus à bras raccourcis parce que j'avais "osé" comparer Antonioni à Kurosawa, sur la base de l'utilisation que chacun des deux fait du silence dans un film...
Mais j'aime tellement Rivette (et nettement moins Kubrick, par comparaison) que je voulais réagir à ta comparaison, qui reste respectable, même si je n'y adhère en aucune manière.
CrankyMemory a écrit :J'ai trouvé ça et j'ai trouvé cette capture magnifique:
- Spoiler (cliquez pour afficher)
Noroît 1976
Elle l'est, en effet. Mais ce n'est pas de
Noroît (dans lequel la géniale Juliet Berto ne joue pas) qu'il sagit ici. Cette belle capture provient de
Duelle (1976).