Pas sûr qu'il y ait grand monde sur ce topic, m'enfin sait-on jamais?
Alexandre :
De son vrai nom, Kellner Sándor László naît dans la Grande Plaine hongroise dans une famille juive. C'est une devise latine "Sursum corda !" de son école de commerce de Budapest qui lui donne l'idée pour son nom. Il travaille d'abord comme journaliste et devient l'envoyé spécial à Paris de Független Magyarország (La Hongrie Indépendante). puis il se consacre au cinéma comme critique et théoricien. Lorsqu'il quitte son pays natal en 1919, il a déjà 25 films à son actif comme réalisateur. Il travaille ensuite à Vienne, Berlin, Paris (Marius) et Hollywood, où il entre à l'United Artists. Cependant, c'est au Royaume-Uni qu'il connaît ses plus grands succès. Il finit par s'y installer avec ses frères et, en 1932, il y fonde London Films et les studios à Denham qui deviennent finalement une partie de la Rank Organisation.
Ses films sont remarquables et il est un des premiers à faire un usage remarqué de la couleur. Parmi ceux-ci, La Vie privée d'Henry VIII (1932) et Rembrandt (1936), tous deux avec Charles Laughton, qui apparaît aussi dans I, Claudius. En 1942, Korda devint le premier réalisateur à être anobli. Parmi ses plus grands succès en tant que producteur, on note : Les Quatre plumes blanches (1937), Le Voleur de Bagdad (1940) et Le Troisième homme (1949).
Zoltan :
Comme ses frères, il débute sa carrière dans son pays natal où il réalise deux films muets (puis un troisième en Allemagne). Zoltan Korda s'installe aux États-Unis en 1940, à Hollywood (avec son frère Alexander qui lui, reviendra ensuite au Royaume-Uni) et y intègre la United Artists. Surtout connu pour les films d'aventures de sa période britannique, il réalise et produit encore quelques films américains, avant de se retirer en 1955, affaibli par une tuberculose (dont il décédera).
Vincent :
Collaborateur et directeur artistique de ses frères, ainsi que d'autres réalisateurs de cinéma. Il s'établit en Grande-Bretagne en 1930 avec ses frères. Il fut pour eux un décorateur de talent, sachant fort bien réussir les effets de grandes mises en scène.
The Four Feathers (Les quatre plumes blanches) (Zoltan Korda, 1939) :

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Je m'attendais à bien plus de cette grosse production britannique dépeinte comme une grande fresque censée avoir joué dans la cour des grands, concurrencé les studios hollywoodiens. Effectivement, ici ou là, quelques séquences démontrent que les frères Korda ont mis énormément de moyens, en hommes notamment, sur ce film.
Etant donné la période et connaissant les liens qui les unissaient aux Korda, on ne peut manquer de songer à la paire Powell et Pressburger. Ces deux-là font cruellement défaut au film. Il y manque le souffle, le lyrisme et surtout l'humour des Archers sans doute.
Les personnages, hautement moraux, persistent à cultiver les non-dits tentant par là même de distiller de cette communication meurtrie une sorte d'héroïsme mélancolique qui finit par paraitre au mieux pompeux, au pire grotesque. C'est peu dire que je n'ai pas aimé ces personnage prisonniers de leur culture et infoutus de s'en révolter.
En fin de compte, carapaçonnés dans leur honneur à la con, les personnages sont comme des poupées de cire qui ne fondent pas, lisses, pâles, sans aspérités, réelle consistance, peu de personnalité, celles d'un musée oublié, empoussierrées.
Certains ont trouvé que ce film donnait une fidèle image de la société britannique de l'époque, où les mentalités faisaient la part belle à des valeurs d'honneur, à des primautés traditionnelles, où les figures aristocratiques perpétuaient un esprit chevaleresque, etc. J'estime pour ma part ce questionnement est mal posé par le manque de recul et que certains situations apparaissent même plutôt ineptes. Là où le colonel Blimp pointait un doigt moqueur autant que savoureux sur la nostalgie d'un temps perdu, là où Powell et Pressburger saluaient avec infiniment de bonté et de bienveillance les facheuses postures sociales, là où le colonel Blimp donnait une caresse à l'inutile et le futile, ces quatre plumes blanches ne proposent qu'une simple fable sur un monde plat et quelconque, où les marionnettes ont remplacé les hommes. J'ai malheureusement l'oeil méchant, pris qu'il est par les souvenirs indélébiles de la magie Powell & Pressburger.
Ce film a la chair triste et flasque.
Au-delà de l'histoire un brin emmerdante, rares sont les plans intéressants. Le technicolor n'est pas subtilement utilisé. Le travail tant vanté par Powell justement de Périnal, un de ses maîtres, n'a jamais touché ma rétine. Pas un plan ne justifie l'usage du technicolor. Les magnifiques ocres et bleus du désert égypto-soudanais ne sont pas vraiment mis en valeur. Quel dommage!
Les comédiens quant à eux ont bien du mal à ne pas passer inaperçus, faute de personnages véritablement frappants. Si bien que dans l'ensemble le film constitue une belle déception.