Le Masque de Fer (1929 - The Iron Mask)
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Je me suis demandé, vu qu'il y a quand même de la musique, pourquoi on ne pouvait pas avoir des films parlants plus tôt que le chanteur de jazz en effectuant de la post synchro. Tourné en 1929,
Le Masque de Fer a la particularité d'être narré et même introduit par Douglas Fairbanks à l'écran, un peu comme l'annonce d'un spectacle. La qualité de la synchronisation est plutôt moyenne. La musique est par contre excellente et la narration change pas mal les choses en termes de vivacité.
Ce n'est pas la première fois que Fairbanks interprète D'Artagnan et jouait un homme rêvant de l'être une décennie auparavant dans
A Modern Musketeer mais aussi un épisode original,
The Three Musketeers, dont ce film peut se voir comme une suite. Mais ici, il reprend à zéro et à bras le corps toute la légende des Mousquetaires. Rochefort, Constance (interprétée par Marguerite de la Motte, également sur
The Three Musketeers et
Le Signe de Zorro) , Richelieu, Louis XIII, des dauphins jumeaux, les compagnons fidèles de D'Artagnan, Milady... et Dumas. Ca ne peut-être nul et ça ne l'est pas au-delà de toute espérance. L'intrigue est compliquée à souhait. Avec une rapidité extravagante (le film dure 1h10),
Le Masque de Fer brasse quelque vingt ans d'histoire de France pour notre plus grand plaisir. Complots, trahisons, assassinats, passages secrets, emprisonnements, kidnappings... se succèdent frénétiquement. Le Masque de Fer comporte ainsi une bonne dizaines de moments d'anthologie : toutes les scènes avec Milady, la mort de Richelieu, les liens entre le dauphin et D'Artagnan et surtout le kidnapping de Louis et la remise du masque avec un jeu d'ombres impressionnant.
Tour à tour héros valeureux, amoureux passionné, vengeur et mentor bienveillant et fidèle, le jeu aérien de Fairbanks touche à nouveau au merveilleux. Jouant de son propre vieillissement, le déroulement de ce
Masque de Fer sonne comme sa propre vie de la légèreté bondissante de la jeunesse jusqu'à la sagesse et les ultimes prouesses, s'achevant sur un épilogue déchirant aux images inoubliables.
Et alors que la mort frappe un très grand nombres de protagonistes, Le Masque de Fer s'achève sur un surprenant et intriguant "The Beginning". Dans son analyse de l'âge classique (le temps des géants), Pierre Berthomieu y voit le plus beau passage de témoin vers le cinéma parlant... il est aussi l'illustration du talent de Douglas Fairbanks, l'acteur qui inventa presque le film d'action et d'aventure. Avec une modernité étonnante, il joue aussi finement la carte de l'éternelle jeunesse sans en être dupe. Pour avoir vu récemment la fin du pathétique
Trois Mousquetaires de Stephen Herek (champ du signe cinéma pour des acteurs tels Charlie Sheen et Kiefer Sutherland devenus ensuite d'immenses vedettes de la télé), on peut même trouver
le Masque de Fer, plus vieux de plus de 60 ans, bien plus fringant. Chef d'œuvre en somme !
9/10
Update : autre avis sur le film dans le forum
ici.