Dvdclassik : cinéma et DVD

Youssef Chahine... J'ai beau être assez porté sur le cinéma d'auteur, j'avoue que lorsque j'entendais ce nom, que je voyais des photos de ces films (ou de sa tête), que je pensais à ce que pouvait être le cinéma égyptien, je n'avais pas, mais alors pas du tout envie de tenter le film...
Et puis, une bonne critique de télérama, et un vide sidéral dans le programme TV, je me suis laissé tenté, il y a un an ou deux, par LE DESTIN et là : La grosse claque dans ma gueule de nul ! Bien fait pour moi et mes a priori débiles ! J'ai trouvé ce film parfait : intelligent, génialement politique sans y toucher, scénario fin et passionnant, image magnifique (sans être esthétisante comme je le pensais), acteurs au poil. Je l'ai fait rentrer dans mon top 20 de tous les temps direct. C'est une merveille et le souvenir de ce film me hante encore.
Du coup, j'ai une "envie de Chahine"... Mais je ne connais rien à sa filmo, je ne sais pas quoi voir, quoi acheter, en premier... Des conseils de la part de nos forumeurs avisés ?

NotBillyTheKid a écrit : quoi acheter

Je ne savais pas que ses films étaient dispos en DVD.

Je conseille Gare Centrale (1958) quasi-thriller matiné de mélo où la gare du Caire devient la métonymie explosive de la société egyptienne et Alexandrie Pourquoi ? (1978) déclaration d'amour à une ville et au cinéma.

Cosmo Vitelli a écrit :Je conseille Gare Centrale (1958) quasi-thriller matiné de mélo où la gare du Caire devient la métonymie explosive de la société egyptienne

Dans mon top 100. Un film magnifique !

Merci... Je me mets en chasse... Je ne l'ai pas vu ds les dvd que j'ai trouvés; mais je vais chercher un peu mieux...

Silence...on tourne :

A 74 ans Youssef Chahine nous livre une oeuvre d'une richesse incroyable, à la fois comédie musicale, comédie de moeurs, étude sociologique et film bercé par la nostalgie d'antan sans pour autant à aucun moment faire preuve de passéisme. Loin d'être le film d'un réalisateur pantouflard qui laisse ses acteurs en roue libre, Silence on tourne est au contraire une bulle d'énergie, revitalisante, un concentré de rires et d'émotions qui balaient tout sur son passage.
Grâce soit rendue à ce réalisateur qui donne de la dynamique à un récit qui aurait pu souffrir de sa linéarité mais propose bel et bien une lecture moderne, attachante, profondément humaine de la société égyptienne du début des années 2000 entre traditions et volonté de s'affranchir d'un certain carcan politique, la censure étant évoquée lors d'un dialogue explicite à ce sujet.

Grâce soit rendue à ses actrices, merveilleuses et sensuelles, dont Latifa, chanteuse arabe qui illumine ici le film, ainsi que la jeune Rubi, toutes deux poumons de ce film qui ne néglige pas les femmes, et parle souvent de leurs relations avec les hommes, lesquels sont loin d'être des abrutis ou des prêcheurs, mais des êtres aux contradictions flagrantes que Chahine dépeint non sans humour. Du beau gosse parleur, qui verra en Paula une héritière parfaite, au scénariste tenté par le démon de minuit, en passant par le réalisateur tout le temps en état d'alerte, Silence..on tourne aborde puis creuse les personnalités d'un microcosme qui reflète aussi une réalité plus universelle : la course à l'amour et les beaux discours qui l'accompagnent souvent, l'honnêté face à soi-même et aux autres. Le tout avec un détachement et des situations jubilatoires, rappelant parfois La Règle du Jeu de Renoir, surtout dans le tableau final

Spoiler (cliquez pour afficher)

où s'affrontent sans s'entretuer les différentes strates de la société égyptienne, du domestique à la gouvernante, en passant par la star et le prétendant chanteur.

Qu'un homme comme Chahine ait pu bénéficier d'une réelle liberté artistique pour livrer un film aussi frais, aussi fou parfois qui tente des choses que je n'avais pas vues depuis Charlie's Angels (la délirante séquence d'amour sur la plage avec les parasols volants et le jet ski en incrustations), aussi beau et touchant (la chanson d'ouverture, l'adieu à la grand-mère, jusqu'au final). Des audaces aussi avec un fondu enchaîné par ci, une caméra tout le temps en mouvements, des plans pensés et repensés en terme de cadrage et qui coulent de source par là.
Que des actrices me touchent autant, me dévoilent leur beauté orientale et leurs émotions à fleur de peau, n'a pas de prix.
Sublimé par sa photo, par ses dialogues, ses décors, par sa mise en scène, Silence on tourne est un film essentiel, un film fort sur la création, la musique, le cinéma auquel il rend un hommage appuyé.

9.5/10
Palme D'Or
Prix d'Interprétation Féminine pour Latifa et Rubi.

Le cinéaste égyptien Youssef Chahine dans le coma

LE CAIRE (Reuters) - Dans le coma après une hémorragie cérébrale, le cinéaste égyptien Youssef Chahine, 82 ans, est en route pour la France où il sera admis à l'hôpital américain de Neuilly, près de Paris, apprend-on de source égyptienne autorisée.

Son dernier film en date, "Chaos", est sorti cette année mais sa mauvaise santé l'avait empêché de le terminer et il avait dû passer le relais à son confrère Khaled Youssef.

Chahine, né en janvier 1926 à Alexandrie, avait quitté l'Egypte à 21 ans pour étudier le cinéma en Californie. Nourri de culture française, il a réalisé son premier film, "Papa Amine", en 1950. Il a notamment signé "Adieu Bonaparte" en 1985.

Il a reçu en 1978 l'Ours d'argent et le grand prix du jury au festival de Berlin pour "Alexandrie pourquoi ?" et en 1997 le prix du cinquantième anniversaire du festival de Cannes.

http://www.journaldunet.com/economie/ac ... coma.shtml

ça sent le sapin

(... et peut-être, enfin, des rééditions)

Après Bo Diddley, mes vieux préférés n'aiment pas 2008...

NotBillyTheKid a écrit :Après Bo Diddley, mes vieux préférés n'aiment pas 2008...

Clairement... Peut-être que le Dieu des Artistes s'est offert une année sabbatique...

bronski a écrit :Peut-être que le Dieu des Artistes s'est offert une année sabbatique...

Ben oui, c'est clair que 2008 est une année exceptionnelle. Vous pensez, une année où des vieux meurent, c'est incroyable.

Momo la crevette a écrit :

bronski a écrit :Peut-être que le Dieu des Artistes s'est offert une année sabbatique...

Ben oui, c'est clair que 2008 est une année exceptionnelle. Vous pensez, une année où des vieux meurent, c'est incroyable.

J'ai pas dit "vieux", j'ai dit "artistes âgés"

moi j'avais dit "vieux"... Mais ce sont les miens...

bronski a écrit :

Momo la crevette a écrit : Ben oui, c'est clair que 2008 est une année exceptionnelle. Vous pensez, une année où des vieux meurent, c'est incroyable.

J'ai pas dit "vieux", j'ai dit "artistes âgés"

Ok, je rectifie : quelle année incroyable où des artistes âgés meurent !

Momo la crevette a écrit :Ok, je rectifie : quelle année incroyable où des artistes âgés meurent !

On ne répertorie malheureusement pas un nombre équivalent de naissances de grands artistes.

LE CAIRE (AFP) - Le plus célèbre des cinéastes égyptiens, Youssef Chahine, est décédé à l'âge de 82 ans, a annoncé dimanche la télévision publique égyptienne.

"Mort de Youssef Chahine", indique la télévision dans un bandeau, en diffusant des extraits de ses films et des images d'archives du cinéaste.

RIP!

Un grand cinéaste de langue arabe nous quitte. Il aimait la France et parlait très bien notre langue.
Pour certains son meilleur film récent restera Le Destin (1997) salué à Cannes


Mais c'est Silence... on tourne qui m'a fait jubiler, rire et pleurer à la fois. Un hommage au cinéma et à la musique, d'une jeunesse et d'une vitalité sidérantes.


Il me reste à découvrir Alexandrie New-York et bien sûr ses premiers films.