Quantum of Solace (Marc Forster - 2008)
Publié : 20 oct. 08, 13:48
Surprise.
La fin de Casino Royale faisait trépider pour la suite, mais avec des craintes quand au retour (banal) à la formule éprouvée gadgets, voiture invisible et domination mondiale. Et puis non, un détail en entame de Quantum of Solace, puis un tas d'autres, ne trompent pas : le Bond vu triomphant sur les marches chez Campbell n'est pas encore le pro tout à fait formé qu’on connaît. Ouf. Les vieux de la vieille vont encore crier au sacrilège sur un paquet d'éléments bondiens; certains sont là (les filles à oilpé dans le générique, très différent de d'habitude et travaillant plutôt bien sur les textures, mais de façon moins plastoque que chez le prédécesseur Daniel Kleinman), d'autres non. Il y a surtout des choses que 007 n'a jamais faites en 40 ans de films, ce qui va encore énerver ceux que Casino Royale avait laissés tièdes. Mais après tout, c'est le début d'accord, d'accord.
Frappant d'emblée, la réalisation : si oui le staff technique de Jason B. donne un air de déjà vu encore plus prononcé (bagarre, poursuites), la présence de Craig est quand même très différente de celle de Damon. L’action tient alors plus du match de boxe que du ballet abstrait de La… dans la peau. Le film est incroyablement découpé pour un Bond et rompt avec le classicisme parfois longuet de Casino. Si bien que si on se souvient en général d’un film de la série pour telle séquence précise, le film ici va tellement vite – de pays en pays, de scène en scène - qu’on a du mal à isoler un moment. QOS est un tout, au risque de l’illisibilité, ajusté à la personnalité de Craig : vite et furieux. Il y a tout de même des moments (on ne pensait jamais écrire cela) chichiteux pour un Bond – un flottement dans une course de voitures, un passage à l’opéra… - plutôt rafraîchissants. Forster s’en tire très bien dans les scènes intimistes et sa relecture de certains passages obligés de la série (une réunion de méchants entre autres) est assez mémorable. Il fuit le côté carte postale (un événement touristique italien est utilisé pour faire monter la tension), faisant même de ce Bond un sauveur tiers-mondiste (ici la Bolivie).
Craig est tout simplement incroyable, même dans les plans les plus subliminaux (un regard, sauter par dessus un balcon, jeter des clés). Il prolonge son 007 hargneux mais sensible, tout en affinant le portrait du fauve blessé (le sous-titre du film pourrait être Tout est pardonné). Sa performance dans la dernière scène du film – le truc qu’on regarde toujours d’un œil distrait dans un Bond – est fiouuuu… Olga Kurylenko se débrouille pas mal en JB girl active. Le plus grand acteur française, Matthieu A., s’amuse comme un fou (et nous aussi) dans un rôle de méchant tout en tics, plus réel que Le Chiffre mais sans être trivial. Un hommage cradingue – et d’autres - à un Bond sixties très bien considéré rachète tous les clins d’œil foireux de Meurs un autre Jour. Soundtrack d’Arnold dans la lignée de Casino Royale. La chanson de White/Keys vaut ce qu’elle vaut. Encore plus radical que Casino Royale, le film va faire grincer des dents, mais tant mieux. Vivement le prochain.
La fin de Casino Royale faisait trépider pour la suite, mais avec des craintes quand au retour (banal) à la formule éprouvée gadgets, voiture invisible et domination mondiale. Et puis non, un détail en entame de Quantum of Solace, puis un tas d'autres, ne trompent pas : le Bond vu triomphant sur les marches chez Campbell n'est pas encore le pro tout à fait formé qu’on connaît. Ouf. Les vieux de la vieille vont encore crier au sacrilège sur un paquet d'éléments bondiens; certains sont là (les filles à oilpé dans le générique, très différent de d'habitude et travaillant plutôt bien sur les textures, mais de façon moins plastoque que chez le prédécesseur Daniel Kleinman), d'autres non. Il y a surtout des choses que 007 n'a jamais faites en 40 ans de films, ce qui va encore énerver ceux que Casino Royale avait laissés tièdes. Mais après tout, c'est le début d'accord, d'accord.
Frappant d'emblée, la réalisation : si oui le staff technique de Jason B. donne un air de déjà vu encore plus prononcé (bagarre, poursuites), la présence de Craig est quand même très différente de celle de Damon. L’action tient alors plus du match de boxe que du ballet abstrait de La… dans la peau. Le film est incroyablement découpé pour un Bond et rompt avec le classicisme parfois longuet de Casino. Si bien que si on se souvient en général d’un film de la série pour telle séquence précise, le film ici va tellement vite – de pays en pays, de scène en scène - qu’on a du mal à isoler un moment. QOS est un tout, au risque de l’illisibilité, ajusté à la personnalité de Craig : vite et furieux. Il y a tout de même des moments (on ne pensait jamais écrire cela) chichiteux pour un Bond – un flottement dans une course de voitures, un passage à l’opéra… - plutôt rafraîchissants. Forster s’en tire très bien dans les scènes intimistes et sa relecture de certains passages obligés de la série (une réunion de méchants entre autres) est assez mémorable. Il fuit le côté carte postale (un événement touristique italien est utilisé pour faire monter la tension), faisant même de ce Bond un sauveur tiers-mondiste (ici la Bolivie).
Craig est tout simplement incroyable, même dans les plans les plus subliminaux (un regard, sauter par dessus un balcon, jeter des clés). Il prolonge son 007 hargneux mais sensible, tout en affinant le portrait du fauve blessé (le sous-titre du film pourrait être Tout est pardonné). Sa performance dans la dernière scène du film – le truc qu’on regarde toujours d’un œil distrait dans un Bond – est fiouuuu… Olga Kurylenko se débrouille pas mal en JB girl active. Le plus grand acteur française, Matthieu A., s’amuse comme un fou (et nous aussi) dans un rôle de méchant tout en tics, plus réel que Le Chiffre mais sans être trivial. Un hommage cradingue – et d’autres - à un Bond sixties très bien considéré rachète tous les clins d’œil foireux de Meurs un autre Jour. Soundtrack d’Arnold dans la lignée de Casino Royale. La chanson de White/Keys vaut ce qu’elle vaut. Encore plus radical que Casino Royale, le film va faire grincer des dents, mais tant mieux. Vivement le prochain.