Re: Quelques séquences - flaneries cinéphagiques (index p.1)
Publié : 18 janv. 11, 20:30
Tadaaaa, allez, ma seconde flanerie en image après Les ailes d'Honneamise.
Cette fois, je me suis penché sur Que la bête meurt (Claude Chabrol - 1969).
Sans trop déflorer l'intrigue, je précise que je ne mets pas de balise spoilers parce que la flanerie décrite est cette fois, tout au début du film. D'ailleurs, quand on lit les résumés du film, on ne peut pas manquer ceci, je précise juste en image et donc en détails ce qui se résume généralement à une ligne derrière le dvd. L'occasion de vérifier une fois de plus la subtilité de la mise en scène de Chabrol, faussement apaisée, profondément complexe, souterraine, comme une majeure partie de ces films les plus réussis.
A ce moment, il vient de rentrer dans le village. Tout va se dérouler très vite.
Cette fois, je me suis penché sur Que la bête meurt (Claude Chabrol - 1969).
Sans trop déflorer l'intrigue, je précise que je ne mets pas de balise spoilers parce que la flanerie décrite est cette fois, tout au début du film. D'ailleurs, quand on lit les résumés du film, on ne peut pas manquer ceci, je précise juste en image et donc en détails ce qui se résume généralement à une ligne derrière le dvd. L'occasion de vérifier une fois de plus la subtilité de la mise en scène de Chabrol, faussement apaisée, profondément complexe, souterraine, comme une majeure partie de ces films les plus réussis.
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Le début du film est assez troublant et anticipe en fait d'une sensation de flou dont le film ne se départira jamais vraiment. Ce flou qui se précise de moins en moins sur la figure d'un petit garçon est typique du jeu des apparences contenu dans le film de Chabrol. Sans trop dévoiler le reste du film, on peut le relier à la recherche d'un coupable comme aux évènements qui vont à chaque fois faire rebondir le récit. Mais sitôt que l'on a pu avoir une vue du jeune garçon en ciré jaune enfin nette, la vue recule en un zoom inversé (on comprend donc qu'on voyait à travers un effet de zoom impressionnant comme un entologiste qui, armé de sa loupe, chercherait une nouvelle espèce d'insecte, le réalisateur porte un regard distancié sur ce qui va arriver), comme si le garçon nous échappait à nouveau une fois qu'on avait réussi à déterminer ce qu'il est.
Le zoom se termine donc sur ce petit point minuscule, presque écrasé. Et à ce moment, on change de plan et, première surprise, on entend de la musique (auparavant, aucun son). Plus précisément un requiem des plus froid et terrifiant se fait entendre : Sitôt que le jeune garçon s'est relevé, c'est la mort qui s'est mise en marche. On passe d'un plan fixe en zoom inversé à un travelling suivant avec précision une voiture noire, impassible.
Encore une fois un plan fixe, le garçon arpente la plage de gauche à droite. A sa staticité s'oppose les mouvements de la voiture noire qui continue de rouler, de droite à gauche, du fond, traversant un pont, puis passant devant nous, repartant de plus belle au fond du décor. Le conducteur semble visiblement pressé. A la musique, on peut penser à un bourgeois volontiers élitiste avec sa voiture rutilante (du moins le rusé Chabrol voudrait nous le faire croire). Il passe une vitesse, accélère, peu lui importe la vitesse. La caméra nous fait sentir l'accélération par un court et bref plan sur le toit du véhicule. C'est presque du Tarantino, voire du Sarafian avant l'heure. Pas de transparence, juste une maîtrise qu'on soupçonne sans s'en rendre compte.
Cette fois c'est l'heure de rentrer, papa risque de s'inquiéter. Il va sans doute bientôt être midi. Le garçon regroupe tranquillement ses affaires et entreprend dans le même plan de remonter la falaise par un petit chemin. Plus rapide pour arriver au village, plus proche doit-il penser. Plans d'après, on repasse au chauffeur anonyme. D'un plan à l'extérieur on revient brièvement à l'intérieur. Si il change de vitesse pour ralentir, c'est l'espace d'un instant. Il n'a pas l'intention de rouler comme un escargot dans ce village de bouseux et d'un geste brusque (nouveau plan très bref), il ramène sa compagne contre lui. On la remarque alors pour la première fois.
A ce moment, il vient de rentrer dans le village. Tout va se dérouler très vite.
Le plan d'après part lentement d'une vieille façade pour déboucher sur une rue où débouche au fond notre gavroche. Un zoom s'approche alors de lui alors qu'il se rapproche de plus en plus de nous. A ce moment, le plan change très vite : retour dans la voiture du chauffard inconnu et tandis que la voiture tourne rapidement à un virage, la caméra panote dans le même temps vers la gauche et l'on distingue avec horreur le petit garçon en jaune. Il est trop tard. Un plan d'ensemble (que je n'ai pas mis mais qui rejoint cette idée que nous sommes que des insectes face à la vacuité du monde parfois, comme au début) montre le corps se faire renverser par la voiture.
Le plan revient très vite ensuite à l'arrière de la voiture. La fille horrifiée hurle en mettant sa main sur sa bouche. L'homme, qu'on ne verra pas avant une bonne heure de film lui crie juste "Ta gueule !". Un plan fixe montre le corps abandonné gisant sur la route, la voiture noire fuyant lâchement au bout.
Alors il y a une contreplongée. L'enfant vit-il encore ? Est-ce qu'on voit vraiment par ses yeux alors qu'il agonise ? On ne sais pas mais toujours est-il que lentement, des badauds accourent, trop surpris pour faire quelque chose. Alors le titre arrive en même temps que le père, qui comprend que son enfant est mort et le porte dans ses bras en hurlant une longue plainte.
Le décor est posé, le reste du film augure une longue traque de vengeance...
Alors il y a une contreplongée. L'enfant vit-il encore ? Est-ce qu'on voit vraiment par ses yeux alors qu'il agonise ? On ne sais pas mais toujours est-il que lentement, des badauds accourent, trop surpris pour faire quelque chose. Alors le titre arrive en même temps que le père, qui comprend que son enfant est mort et le porte dans ses bras en hurlant une longue plainte.
Le décor est posé, le reste du film augure une longue traque de vengeance...