Georges Lautner (1926-2013)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Répondre
Avatar de l’utilisateur
AtCloseRange
Mémé Lenchon
Messages : 25415
Inscription : 21 nov. 05, 00:41

Re: Georges Lautner

Message par AtCloseRange »

Eusebio Cafarelli a écrit :Un point de vue intéressant
http://feusurlequartiergeneral.blogspot ... ingue.html
Mouaif. Autre temps, autre mœurs. Je ne vois rien de bien surprenant (ou d'hypocrite) là-dedans.
Même des féministes doivent pouvoir se marrer à des films de Lautner. L'auteur de cet article en profite pour se faire sa petite vengeance politique personnelle à peu de frais.
Avatar de l’utilisateur
hellrick
David O. Selznick
Messages : 13823
Inscription : 14 mai 08, 16:24
Liste DVD
Localisation : Sweet Transylvania, Galaxie Transexuelle
Contact :

Re: Georges Lautner

Message par hellrick »

comment ne pas mourir de rire devant de telles conneries: "la domination hétérofasciste du mâle blanc quinquagénaire, "
:mrgreen:
vive les féministes, vive les gauchistes
ou pas :D
Critiques ciné bis http://bis.cinemaland.net et asiatiques http://asia.cinemaland.net

Image
Avatar de l’utilisateur
Rick Blaine
Charles Foster Kane
Messages : 24130
Inscription : 4 août 10, 13:53
Last.fm
Localisation : Paris

Re: Georges Lautner

Message par Rick Blaine »

hellrick a écrit :comment ne pas mourir de rire devant de telles conneries: "la domination hétérofasciste du mâle blanc quinquagénaire, "
:mrgreen:
vive les féministes, vive les gauchistes
ou pas :D
Oui c'est à mourir de rire.

Quant à dire que le cinéma de Lautner est un cinéma de mec alors que le personnage principal -et le personnage fort- de la filmographie de Lautner est probablement celui incarné (en de multiples variations) par Mireille Darc, c'est pour moi une erreur d'analyse assez grotesque.
Federico
Producteur
Messages : 9462
Inscription : 9 mai 09, 12:14
Localisation : Comme Mary Henry : au fond du lac

Re: Georges Lautner

Message par Federico »

Derrière quelques formulations excessives, l'article n'est pas si con que ça. Et si Mireille Darc est l'un des personnages centraux d'une partie de la filmo de Lautner (et que Galia est un film à part), son cinéma reste un cinéma de mecs, de gonzes. Faudrait quand même pas le faire passer pour Ophuls, Lubitsch ou Cukor, ni même pour Sautet (qui faisait lui aussi à sa façon des films de mecs, mais bien plus complexes et subtils). :wink:
La galaxie tournant autour d'Audiard/Lautner m'a toujours fait penser à une version franchouille du Rat Pack, dont la craquante Mireille était la très sexy mascotte au même titre que le furent Angie Dickinson et Shirley MacLaine auprès de la bande qui écumait les casinos.
The difference between life and the movies is that a script has to make sense, and life doesn't.
Joseph L. Mankiewicz
Avatar de l’utilisateur
AtCloseRange
Mémé Lenchon
Messages : 25415
Inscription : 21 nov. 05, 00:41

Re: Georges Lautner

Message par AtCloseRange »

Le problème dans cet article n'est pas l'analyse du cinéma de Lautner (dire que le cinéma français de cette époque était plus "macho" qu'aujourd'hui - ouah, le scoop) mais le discours politique sous-jacent vis-à-vis de la réception de sa mort.
Avatar de l’utilisateur
Flol
smells like pee spirit
Messages : 54789
Inscription : 14 avr. 03, 11:21
Contact :

Re: Georges Lautner

Message par Flol »

blaisdell a écrit :on peut citer Le septième juré, film d'une noirceur étonnante, très proches des futurs oeuvres de Chabrol et servi par un immense Bernard Blier.
Pour ceux qui ont Cine Polar (comme moi), Le Septième Juré sera diffusé jeudi soir à 20h50.
Avatar de l’utilisateur
cinephage
C'est du harfang
Messages : 23911
Inscription : 13 oct. 05, 17:50

Re: Georges Lautner

Message par cinephage »

Ratatouille a écrit :
blaisdell a écrit :on peut citer Le septième juré, film d'une noirceur étonnante, très proches des futurs oeuvres de Chabrol et servi par un immense Bernard Blier.
Pour ceux qui ont Cine Polar (comme moi), Le Septième Juré sera diffusé jeudi soir à 20h50.
C'est à ne pas louper, le film vaut vraiment le coup, et Blier est effectivement exceptionnel dans ce rôle.
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
Alligator
Réalisateur
Messages : 6629
Inscription : 8 févr. 04, 12:25
Localisation : Hérault qui a rejoint sa gironde
Contact :

Re: Georges Lautner (1926-2013)

Message par Alligator »

Image

http://alligatographe.blogspot.fr/2013/ ... diard.html

Mort d'un pourri 1973

"Morts de plusieurs pourris" aurait été un titre plus judicieux. Car ils sont tous plus ou moins pourris dans ce film noir. Curieux animal que ce film!

Rarement je n'aurais eu autant d'efforts à fournir pour suivre une intrigue! Très vite on se heurte au nombre de personnages à retenir, dont il faut deviner les fonctions, les liens avec les autres, et puis tous ces noms qui s'amoncellent! On peut très vite se sentir submergé (au bout d'une demi-heure, c'était déjà compliqué). Mais attention, ce n'est pas non plus insurmontable, et puis au fond, d'une certaine manière, on s'en fout. Et on pourrait même dire que cela sert le film, que cela montre bien que le monde dans lequel industriels, financiers, politiques et mafieux baignent, est complexe, touffu, que les liens entre tous ces protagonistes sont difficilement traçables, bref que le monde décrit est une gigantesque toile dont les araignées partagent la responsabilité. Effectivement, c'est un peu la morale de l'histoire, le "tous pourris" sous-entend que personne n'est coupable, puisque toute la société fonctionne grâce à ces chaines, ces réseaux et qu'on n'y peut rien faire.

Tentaculaire monde auquel le personnage joué par Alain Delon s'attaque avec le courage de l'inconscient. Finalement, il exonère tout ce petit monde poursuivant sa petite vendetta personnelle, mais en ne voulant pas se poser en juge, laissant au spectateur cette rude tâche (feignasse!). Dans le domaine de la faux-culotterie, le sieur Delon se pose là, disant en gros qu'il abomine autant la voyoucratie que la vertu, espèce de ni-ni qui lui permet de ne prendre aucun risque. Voilà une des limites du film, on nous sert un "tous pourris", sans avoir l'air d'y toucher, démagogique, sans non plus donner de clés réelles au public. Parce que le film tourne sur ces clichés et veut faire du noir, à tout prix. En conte moral pendant la majeure partie du film, ce récit nous laisse en plan avec la réalité de la fin, démerdez-vous!

Si bien que je ne sais plus trop quoi penser de cette histoire au fond. Surtout, c'est un film qui ne ressemble pas à Georges Lautner. C'est un film presque aigri. On voit bien Delon là-dedans, mais Lautner? Bon, il y est, bel et bien au générique, faut s'y faire.

On ne peut pas dire que Michel Audiard ait livré là un très grand scénario (co-écrit avec Jean Laborde), ni de très grands dialogues. Sur ce point, les discussions entre personnages sont parfois bien écrites, intelligentes mais rarement elles ne font preuve de la percussion habituelle chez cet auteur. Il n'y a guère qu'un monologue de Klaus Kinski sur le libéralisme économique qui vaut son pesant de cacahuètes cyniques. La mondialisation dans ce qu'elle a de plus crû. Pour le reste, Audiard garde un ton grave. Point trop d'humour, mais une sobriété qui sauvegarde l'aspect noir de l'histoire.

De ce point de vue, la photographie de Henri Decaë ménage quelques bons moments. Elle mérite un blu-ray. Je n'ai pu voir qu'un dvd pas net. Les ombres manquaient de profondeur. Les lumières crachaient parfois beaucoup de grain. Dommage, on sent une bonne photo.

C'est un peu le même topo avec la musique de Philippe Sarde, très jazzy, très cave parisienne des années 50-60, embrumée. Elle est très agréable, avec un goût de cigarette, mais ne semble pas parvenir à rendre le film plus tangible.

Ce qui impressionne le plus, c'est certainement cette incroyable distribution. Pléthorique, elle ne se justifie pas toujours (que vient faire ici Mireille Darc?). Mais on y retrouve ce qu'on fait de mieux chez les seconds roles français de l'époque. Entre le génial Julien Guiomar et le non moins hypnotisant Jean Bouise, on pourra retrouver le grand Michel Aumont ou Henri Virlojeux.

Ce "Mort d'un pourri" reste en grande partie un mystère pour moi, une incongruité dans la filmographie de Georges Lautner, préfigurant par contre tous les polars giallesques de Delon dans les années 80.
Dernière modification par Alligator le 2 déc. 13, 19:06, modifié 1 fois.
Julien Léonard
Duke forever
Messages : 11824
Inscription : 29 nov. 03, 21:18
Localisation : Hollywood

Re: Georges Lautner (1926-2013)

Message par Julien Léonard »

Mon Lautner préféré. Une ambiance superbe, un modèle d'efficacité, une rythmique presque parfaite, des dialogues brillants de bout en bout, une musique à se damner, un Delon en mode "plus Delon que ça tu meurs"... Un thriller noir à la française, esthétique et très bien réalisé.

Le blu-ray allemand est très sympa, à défaut d'être parfait. On surpasse en tout cas sans problème le DVD.
Image
Avatar de l’utilisateur
Commissaire Juve
Charles Foster Kane
Messages : 24561
Inscription : 13 avr. 03, 13:27
Localisation : Aux trousses de Fantômas !
Contact :

Re: Georges Lautner (1926-2013)

Message par Commissaire Juve »

Alligator a écrit : Ce "Mort d'un pourri" reste en grande partie un mystère pour moi, une incongruité dans la filmographie de Georges Lautner, préfigurant par contre tous les polars giallesques de Delon dans les années 80.
Désolé de venir faire du parasitage... Moi, dernièrement, c'est Les seins de glace (1974) que j'ai testé... et il m'a laissé bien perplexe. En fait, je n'ai pas été emballé.

Concernant Mort d'un pourri, ton post me rappelle des souvenirs, mais ça reste lointain, confus.
La vie de l'Homme oscille comme un pendule entre la douleur et l'ennui...
Alligator
Réalisateur
Messages : 6629
Inscription : 8 févr. 04, 12:25
Localisation : Hérault qui a rejoint sa gironde
Contact :

Re: Georges Lautner (1926-2013)

Message par Alligator »

Ah je n'avais pas vu fait gaffe à l'édition allemande. Alors recommandons-la.
Alligator
Réalisateur
Messages : 6629
Inscription : 8 févr. 04, 12:25
Localisation : Hérault qui a rejoint sa gironde
Contact :

Re: Georges Lautner (1926-2013)

Message par Alligator »

Image

http://alligatographe.blogspot.fr/2013/ ... utner.html

On est accueilli très chaleureusement par la jolie musique de Georges Delerue, guillerette et tendre. Quand j'ai revu ce film il y a quelques jours, je n'ai pas prêté une attention particulière à sa date de sortie, ni donc à la place chronologique qu'il tient dans la filmographie de Georges Lautner. Et pendant la revoyure, j'ai eu le sentiment d'être devant une oeuvre de jeunesse, alors que Lautner a déjà sorti « les Tontons Flingueurs » et qu'il sort la même année « Les barbouzes » et « Le monocle rit jaune ». Il est donc déjà bel et bien installé dans le cinéma français. Comment se fait-il que je ressente ce film comme bancal ?

Est-ce le scénario ? En effet, le film parait se jouer en trois actes dont les tonalités et les rythmes sont pour le moins changeants. Est-ce la mise en scène qui accentue ses variations d'un espace à l'autre ? Il manque du liant à ce film, mais je ne sais pas trop pourquoi. Du mal à me décider, à y voir bien clair.

La première partie, l'exposition, nous présente la majeure partie des personnages (pas tous, Francis Blanche n'apparaissant que dans la dernière) et la construction du problème : un taulard sort de prison, joue au tiercé tout en cherchant à tuer le mec qui lui a piqué sa gonzesse et finit dans une malle de contrebasse avec un poignard dans le dos. La deuxième partie est plus fourre-tout, les personnages cherchant à se débarrasser discrètement du macchabée. Dans la troisième et ultime partie il s'agit de récupérer le ticket gagnant du tiercé que le mort avait conservé dans sa veste. Simple et compliqué à la fois. On passe d'un enjeu à l'autre avec plus ou moins de bonheur, mais c'est peut-être un sentiment tout personnel. Que retenir de ce petit Lautner ? Oh, il y a pas mal de choses qui valent de s'y essayer.

D'abord, sans contestation possible, Mireille Darc est une bombe qui vous pète à la rétine pour peu que vous soyez mâle hétéro ou femelle homo. À ce moment-là, ce n'est pas son premier rôle au cinéma. Elle a déjà quelques compositions de grand format à son actif, mais elle est encore toute jeune et elle sait parfaitement jouer la petite greluche experte pour séduire n'importe quelle zigounette. Elle maîtrise.

Dans ce casting de rêve, chez les bonhommes, on peut admirer Maurice Biraud dans un de ses meilleurs rôles, celui du marlou grande gueule, beau costard ("mate un peu le tombé du froc"). Quand le Jean Poiret n'est pas là, le Michel Serrault danse quand même pas mal. On notera la présence d'un Louis de Funès déjà grisonnant, déjà grimaçant, mais dont le numéro n'est pas assez valorisé et cela tombe un peu à l'eau. Là encore, il y a maldonne, il détonne avec le reste.

Vous avez déjà compris qu'on a là un grand cru de Michel Audiard : turf, petits voyous, personnages pontifiant et pérorant, le dialoguiste génial peut lâcher les chevaux et s'en paye une bonne tranche dans la vulgarité, dans la sentence bourgeoise ou dans l'érudition flamboyante. Irrésistible.

Et puis par bien des aspects, on reconnaît à ce film la patte de son metteur en scène, Georges Lautner, notamment dans sa recherche de variété, dans les plans, les cadrages. Beaucoup de contre-plongées, de changements de plan (gros plans ou plans américains) pour donner de la vie à son récit. Il tente des trucs souvent, on voit bien qu'il cherche l'idée originale, jolie ou parlante. Ça bouge beaucoup. Sans être un grand auteur, il arrive à donner à son film un style particulier qu'on reconnaît dans beaucoup de ses autres films, une folie sage, un désir de plaire et de surprendre à la fois. Une sorte de joie de filmer se ressent sur beaucoup de séquences. Son attirance pour la jeunesse et le monde insouciant vers lequel elle est constamment tournée ne se dément pratiquement jamais dans sa filmographie. C'est une constante Lautnerienne. Et qui peut faire comprendre à bien des égards la difficulté qu'il a eue à vieillir. Ici, c'est la façon qu'il a de filmer la surprise-partie et ses extravagances qui en est le témoin. Que ce soit dans « Les tontons flingueurs », « Ne nous fâchons pas », « Quelques messieurs trop tranquilles » ou d'autres, Georges Lautner aura, malgré ses côtés réactionnaires, toujours eu un regard attendrissant sur la volupté d'être jeune et inconscient.
Federico
Producteur
Messages : 9462
Inscription : 9 mai 09, 12:14
Localisation : Comme Mary Henry : au fond du lac

Re: Georges Lautner (1926-2013)

Message par Federico »

Alligator a écrit :Que ce soit dans « Les tontons flingueurs », « Ne nous fâchons pas », « Quelques messieurs trop tranquilles » ou d'autres, Georges Lautner aura, malgré ses côtés réactionnaires, toujours eu un regard attendrissant sur la volupté d'être jeune et inconscient.
Ce n'est pas incompatible. Et réactionnaires ou pas (ou moins ou "réactionnaires de gauche" ou "sans opinion" ou ce que vous voudrez :wink: ), c'est le cas de bien des cinéastes de tous horizons : Carné, Pasolini, Bresson, Rohmer, Godard, Bergman, Allen, Nicholas Ray, Ferreri, Jacquot, Doillon, Rivette, Téchiné, Varda...
The difference between life and the movies is that a script has to make sense, and life doesn't.
Joseph L. Mankiewicz
Avatar de l’utilisateur
Flol
smells like pee spirit
Messages : 54789
Inscription : 14 avr. 03, 11:21
Contact :

Re: Georges Lautner (1926-2013)

Message par Flol »

Découverte de 2 Lautner à la suite :

Des pissenlits par la racine : casting de malade mental (Serrault, Francis Blanche et sa perruque, Mireille Darc en bombe sexuelle, De Funès qui grimace quand même un poil trop) et une intrigue prétexte à des situations rigolotes.
Ça casse rien, mais j'ai trouvé ça très amusant. Et puis ça m'a permis de constater que Lautner est un bien meilleur metteur en scène que ce que je croyais : ça ne se repose pas uniquement sur ses comédiens, il y a un véritable travail de mise en image, sur le rythme du montage, la profondeur de champ, etc...
Pas d'ennui et beaucoup de rigolade, donc (le cameo de 3mn de Darry Cowl :lol:).

Mort d'un pourri : j'avais un peu peur de voir un produit pour la star Delon, alors qu'en fait pas du tout. Le scénario d'Audiard est ambitieux et n'hésite pas à taper sur les puissants. Et malgré la fin un peu plus optimiste, c'est avant tout une certaine amertume qui traverse l'ensemble du film. Le ton est surtout désabusé, en fait.
Et Delon est excellent en type "normal" pris dans un engrenage politico-médiatique qu'il ne maîtrise pas totalement.
Alors il faut parfois s'y retrouver dans une intrigue forcément labyrinthique, mais si on reste concentrés, on ne peut en retirer que du plaisir. Surtout quand c'est servi par un tel casting : donc Delon, Ronet, Guiomar (j'adore cet acteur), Audran, Ceccaldi, Aumont, Bouise...
Et superbe musique jazzy/mélancolique de Sarde.
Ah on en fait définitivement plus, des polars comme ça (ça m'a aussi rappelé Adieu Poulet, tiens)...
Avatar de l’utilisateur
Profondo Rosso
Howard Hughes
Messages : 18522
Inscription : 13 avr. 06, 14:56

Re: Georges Lautner (1926-2013)

Message par Profondo Rosso »

Pas de problème ! (1975)

Image

Poursuivi par deux tueurs, un homme vient mourir chez Anita Boucher, récemment sortie de prison. Pour éviter d'avoir des ennuis, elle cache le cadavre dans le coffre de la voiture du père de Jean-Pierre Michalon, qu'elle a rencontré en boîte de nuit. Or le père de Jean-Pierre, Edmond, arrive plus tôt que prévu, et repart avec sa voiture retrouver sa femme en Suisse. Jean-Pierre et Anita, accompagnés de Daniel, l'ancien copain d'Anita, se lancent à la recherche de la voiture pour l'empêcher de passer la frontière...

En 1972, Georges Lautner tourne la comédie potache Quelques messieurs trop tranquilles ou il confrontait une horde de hippies aux habitants d'un village rural et par la même occasion offrait un joyeux melting-pot au casting entre vieux de la vieille habitués des seconds rôles (Jean Lefebvre, Michel Galabru, Paul Préboist) et jeune pousses où l'on remarquait déjà une certaine Miou Miou. Cette expérience ainsi que le souffle nouveau amené par le triomphe et le scandale des Valseuses (1974) de Bertrand Blier donne des envie de jeunesse à Lautner d'autant qu'il a un peu le sentiment de s'être un peu fait voler Miou Miou par Blier alors qu'il estime l'avoir lancé le premier. L'occasion lui en sera donnée avec le pitch délirant que lui propose Jean-Marie Poiré, un road movie sur fond de course-poursuite après un cadavre. Le genre du road movie et la présence de Miou Miou entretiennent bien sûr le lien avec Les Valseuses mais Lautner saura apporter sa patte délirante et amusée.

Le début du film nous égare avec une poursuite effrénée où coup de feux et cascades extravagantes laissent croire que l'on se trouve dans un polar décalé façon Ne nous fâchons pas (1966). La cible de cette poursuite, criblée de balle échoue dans l'appartement d'Anita (Miou Miou) pour y mourir avec fracas. La jeune fille ayant récemment eu quelques ennuis avec la justice n'ose se rendre à la police et va trouver une aide inattendue avec Jean-Pierre Michalon (Bernard Menez) garçon qui cherchait à la séduire en boite de nuit. Tous deux transportent donc le cadavre dans la voiture de Jean-Pierre pour s'en débarrasser mais le vrai propriétaire du véhicule son père Edmond (Jean Lefebvre) débarque et part en voyage d'affaire avec sans se douter de la macabre cargaison contenu dans le coffre de sa DS. Avec pareil postulat on s'attend à une course poursuite survoltée où Anita, Jean-Pierre et le troisième larron Daniel (Henri Guybet) traquent paniqué le véhicule mais il n'en sera rien. Au contraire le pitch sert de prétexte dans une intrigue nonchalante où l'on alterne entre les déboires de Jean Lefebvre en voyage et le marivaudage du trio juvénile. De toute façon avec Jean Lefebvre la colère potentielle de ce père n'est pas l'enjeu et l'on s'amusera plutôt des péripéties qu'il rencontre dont une jeune anglaise en quête de sensations fortes ou une maîtresse acariâtre joué par une délicieusement odieuse Anny Duperey. Bernard Menez maladroit et emprunté est très attachant et Lautner semble s'être trouvé une nouvelle muse avec Miou Miou où contrairement à l'espiègle Mireille Darc il joue là essentiellement sur sa vulnérabilité, sa fragilité enfantine séduisant les hommes et leur faisant prendre tous les risques pour elle. Ces détours nous emmènent donc du côté du vaudeville le plus enlevé, des gags désopilant (le passage en douane suisse) et de comédie romantique au point d'en oublier l'objectif principal : retrouver et se débarrasser du cadavre. Un point que Lautner et Poiré auront perdu de vue également puisqu'ils tourneront sans pouvoir utiliser leur fin initiale et la chute amusante ayant le même caractère improvisé et nonsensique que le reste du film. En dépit de quelques baisse de rythme, très plaisant et un des derniers Lautner réellement spontané avec l'excellent On aura tout vu (1976) qui suivra de nouveau avec Miou Miou. 4,5/6
Répondre