Énième révision de
La Firme... pour moi c'est toujours de la très belle ouvrage, un thriller anti-spectaculaire de 2h30 un peu contre-nature dans le paysage hollywoodien des 90's, emballé avec grande classe par Pollack qui trouve un équilibre total entre les différents fils d'un scénario ultra dense - le couple Mitch/Abby, la relation de mentor avec Avery, les magouilles criminelles, l'environnement juridique, les ramifications du plan de Mitch qui s'entrecroisent jusqu'au vertige dans la dernière partie... Robert Towne a réussi à fluidifier et à améliorer le bouquin de Grisham sans en sacrifier la complexité structurelle, tandis que le sens narratif de Pollack fait une nouvelle fois des merveilles. Aucune scène ne pourrait être sacrifiée, tout fait corps. C'est à la fois méticuleux et sophistiqué, comme d'un autre temps.
Le casting est plaqué or. Outre le plaisir de croiser Ed Harris, David Starthairn ou Holly Hunter, c'est probablement le plus beau rôle de Cruise dans les 90's avec
Eyes Wide Shut, et Gene Hackman est proverbialement grand. Et je craque pour Jeanne Tripplehorn.
Un peu comme avec
Sens unique, mon intérêt se porte vers des choses différentes selon les innombrables révisions. Là, j'ai surtout été attentif à tout le volet vie privée entre Mitch et Abby. La délicatesse avec laquelle Pollack capte leur relation conjugale m'a toujours plu. Dès le générique, ces petits gestes, cette complicité, fait mouche et là encore, je loue la qualité du scénario qui ménage pour ce couple de très belles scènes (Cruise qui ne sait pas comment se faire pardonner de sa femme, etc). Au fond, tout l'emballage thriller sert de mise à l'épreuve de la solidité de leur amour. C'est pourquoi la scène finale, ce regard cassé de Cruise et la déclaration que lui fait Trippelhorn, m'a toujours profondément ému.
- Spoiler (cliquez pour afficher)
- "Je t'ai aimée toute ma vie. Je t'aimais même avant que je te rencontre. Ce n'était même pas pour toi. C'était pour ce que tu promettais de devenir. Et ces derniers jours, tu l'as tenue, cette promesse.
... Comment aurais-tu pu me perdre ?"