Jordan White a écrit :C'est très intéressant tout cela, mais je ne peux pas être de ton avis. Si tu trouves ton compte dans la surenchère de CH, honnêtement tant mieux, tu apprécies ce film pour ce que tu y voies ( un film à l'aspect documentaire qui joue de façon habile avec le vrai et le faux) je n'irai pas sonner à ta porte pour te frapper ou balancer la copie de ton film au feu, mais il me semble que cette surenchère là ne sert à rien d'autre. J'en suis sorti écoeuré donc voilà, je n'en retire rien. C'est plus une expérience négative qu'un film qui me laissera des traces car je l'ai déjà oublié, hormis les scènes de torture sur les animaux qui me restent en travers de la gorge. Parce que CH est jusqu'à la un film que je trouve juste mauvais mais pas désagréable. Maintenant si tu penses que CH est plus défendable que Irréversible parce qu'il est plus insoutenable ou que ses scènes sont plus choquantes, je ne sais pas quoi te répondre, à part que l'on doit pas avoir la même vision du cinéma...
CH a été réalisé pour faire tomber des tabous, montrer l'immontrable, faire croire aux gens, aux spectateurs que c'était " pour de vrai". Je dois avouer que de ce point de vue là, c'est réussi. Je ne suis pas sûr que ça en fasse un bon film pour autant, car je reste convaincu que la mise en scène et la photo de CH sont d'une grande pauvreté. Parce que rien qu'à penser que CH a un but artistique ça me limite glausser, mais bon..
En aucun cas c'est le caractere insoutenable de
Cannibal Holocaust qui me fait dire qu'il est plus defendable que
Irreversible mais le fait que je trouve que le sujet y appelle largement plus un tel traitement.
Nombreux sont ceux qui disent que
Cannibal Holocaust est un film totalement gratuit mais sincerement je ne trouve pas plus que
Irreversible. Il faut etre clair que je ne crache pas sur la gratuité qui ne me derange pas forcement, mais c'est seulement pour continuer dans cette comparaison.
Mais jamais je ne m'arrete à des scenes "choquantes" pour decreter que le film est defendable.
Par exemple,
Cannibal Ferox est l'exact exemple du film indefendable artistiquement parlant, par contre on ne peut renier que le film de Deodato a été indeniablement pensé pour susiter une autre reaction que le simple degout du aux scenes gores. Au contraire, celles-ci sont la pour appuyer le message. Je me repete mais le film est parfaitement decoupé et, revu dans des conditions comme le propose la superbe copie du dvd, je suis loin de cracher sur la mise en scene que je trouve la encore plutot intelligente. Bref on est loin d'un film ou le seul enjeu consiste à voir tripailles, castration, eventrations...
D'ou le fait qu'indiscutablement à mes yeux, le film a un but artistique.
Contrairement au
Dernier monde cannibal qui lui a été basé sur un recit veridique,
Cannibal Holocaust a été inspiré lui par une reflexion de sa fille devant un journal televisé : mais pourquoi une telle complaisance? Quel en est l'interet?
A partir de la, facile de comprendre le canevas de
Cannibal Holocaust, qui pointe du doigt les medias donc, mais derriere cela et ça se pose dans le film, il en profites carrement pour dresser une critique de la "civilisation", bien entendu d'abord mediatiquement donc en montrant la complaisance des dits journalistes qui sont conditionnés par la reussite professionnelle du fait de l'apetit malsain du public. Et à travers la developpe plusieurs reactions, la premiere etant l'irrespect total du dit homme civilisé devant les coutumes locales, chose que l'on peut constater tous les jours, sa conviction d'etre evolué, son envie de dominer, sa soif de pouvoir et de reconnaissance.
Certes autant de choses non inedites mais (je me repetes
), le traitement le fait encore mieux resortir.
Apres, c'est vrai que Deodato en profites pour noyer tout cela en plus dans un flou (il a fait signé aux acteurs un contrat comme quoi ils devaient disparaitre de la circulation pendant au moins 1 an) visant à rendre la chose encore plus realiste (et cela surtout sur la 2eme partie du film)
Les reactions furent indignés, accrochant à la chose pour se meprendre à voir un snuff (Deodato a du s'expliquer devant les tribunaux). Le mot qui est revenu est le terme "honte".
Ces memes gens qui regardent les journaux telé sans meme sourcillier contre la complaisance inutile de certaines images pourtant elles bien veridiques.
Le but artistique est donc meme à mes yeux atteint.