Fin de la rétro à la Tek :
Le fantôme du Moulin Rouge (1924)
Passé une bonne demi-heure d'installation sous forme de drame mondain peu stimulante, le film devient excellent avec ce "fantôme" apportant son lot de situations aussi cocasses qu'imprévisibles. On y trouve quelques visions qui aurait pu sortir d'
Entr'acte avant que le dernier tiers ne délivre une sorte de suspens presque métaphysique sans se départir de son humour ironique et des péripéties.
Le voyage imaginaire (1925)
Une récréation pleine de fantaisie, d'inventions, de trouvailles et parfois de poésie. Le rythme ne faiblit jamais entre coups fourrés puérils dans une rivalité amoureuse, toutes les péripéties dans le monde imaginaire et escapades sur les toits de Notre-Dame ( ! ). Il n'y a pour ainsi dire aucun scénario, sans être aussi surréaliste que
Entr'act, mais je m'y suis beaucoup amusé.
La belle ensorceleuse (The flame of New-Orleans - 1941)
Une sympathique comédie romantique hollywoodienne qui parvient à conserver tout de même l'esprit du cinéaste (surtout au travers d'une introduction délicieuse). L'installation et la présentation des personnages fonctionnent parfaitement, cependant la suite n'évite pas malheureusement les conventions du genre. Et si l'esprit et le charme sont souvent présents, ça manque tout de même de rythme. Peut-être parce que l'alchimie entre les acteurs n'est pas toujours au rendez-vous et que Dietrich n'est pas toujours à l'aise dans l'autodérision.
Le silence est d'or (1946)
Le principe de cette relation triangulaire n'est pas franchement neuf et le scénario, comme les dialogues, surlignent souvent sur les nombreux échos ironiques des relations entre les personnages. Impossible en revanche de nier que ça fonctionne parfaitement avec des dialogues savoureux, des acteurs attachants et en grande forme, pas mal de trouvailles intelligentes dans ces effets de répétitions. Rien que le gag de présentation des studios qui est décliné à trois reprises est un bijou d'écriture. Ca donnerait presque envie que l'hommage au cinéma muet soit plus présent d'ailleurs. Bien qu'un peu étriqué, la reconstitution est très plaisante d'ailleurs, et astucieuse. Bonne pioche.
La porte des lilas (1956)
Un duo Brassens/Brasseur aux p'tits oignons affaiblit par un Henri Vidal qui en fait trop. Mais l'univers fonctionne parfaitement, le script est assez riche et plutôt bien construit avec de belles trouvailles de scénario et de mises en scène (les enfants jouant dans la rue pendant la lecture des méfaits du criminels - un type de procédé que René Clair a utilisé a plusieurs reprises). Plus grave et mélancolique, la seconde moitié ne démérite pas avec une réalisation qui installe toujours une sorte de suspens et de tensions dans l'observation et la gestion de l'espace. Par contre, je trouve que la gestion du temps n'est pas assez claire. Malgré quelques baisses de régime, une chouette découverte aux charmes surannés
Tout l'or du monde (1961)
Une comédie bon enfant là aussi très plaisante même si la critique est un peu légère et pas toujours originale. Mais quelques moments font souvent mouche et les comédiens s'y amusent beaucoup, même si la finesse n'est pas de mise. Le scénario brasse large, presque trop, au point de perdre un peu l'essence de son film lors de l'escapade parisienne ou dans son dernier quart qui tourne un peu en rond malgré de jolie moment (la déclaration d'amour avec la fille s'éloignant en arrière-plan). René Clair essaie de dynamiser son film avec un montage soutenu et des transitions rapides mais ça manque régulièrement de punch à l'intérieur même des séquences qui ne retrouvent pas le tempo de la screwball comedy.
Les quatre vérité - les deux pigeons (1962)
Un sketch d'une vingtaine de minutes décent bien qu'un peu léger qui aurait pu être mieux exploité, tant dans son scénario que dans sa mise en scène, malgré les va-et-viens entre les 2 narrateurs qui amènent pas mal d'ironie et de ruptures. Le duo ne fait pas forcément d'étincelles non plus.
Les fêtes galantes (1965)
Fin de carrière plus qu'honorable pour René Clair dans ce film d'aventures savoureux, léger sans basculer dans la parodie pour autant. Les acteurs s'en donnent à cœur joie, le scénario n'en finit jamais de passer de passer d'un camp à l'autre camp, sans créer de lassitude, avec de gags très amusants et beaucoup de fraîcheur dans un esprit très cartoonesque. Comme dans
Tout l'or du monde, le cinéaste essaie de donner du rythme avec des effets de transitions dynamiques, qui deviennent trop systématiques. Par contre si la mise en scène est plus en retrait, la direction d'acteur est plus travaillée pour un bon sens du timing. Après, c'est évident que ça n'a pas le panache brillant d'un
Cartouche mais j'ai passé un excellent moment, plein de malice et de seconde degré, (malgré une conclusion étonnement plus amer, comme si le cinéaste s'excusait de ne pas avoir fait plus d’œuvres sociales).
Il m'en reste encore 4 à voir pour finir sa filmographie.