La Plus Belle soirée de ma vie (Ettore Scola - 1972)
Publié : 30 déc. 07, 00:32
La lecture d'un ouvrage de Claude Dauphin* m'a donné envie d'écrire quelques lignes sur un de mes films préférées de Scola. Un opus du maître tombé dans les oubliettes de la cinéphilie (decidément après Pierre Etaix et le film Le Temps de la Revanche, je vais finir par me spécialiser dans ce type de topics)
C'est un court récit, assez célèbre pour sa noirceur, (La Panne de Friedrich Dürrenmatt ) que Scola adapte avec le concours du scénariste Sergio Amidei, en 1972. Le film ne sortira en France qu'en 1979. Étonnant si on en juge le casting. Outre l'extraordinaire Alberto Sordi (une fois de plus génial, mais ce n'est pas une surprise), qu'il a déjà dirigé, Scola convie, en effet, ceux que les italiens nomment les derniers trombones. Michel Simon, Pierre Brasseur (dont c'est le dernier rôle, il meurt d'ailleurs en plein tournage), Charles Vanel et Claude Dauphin (dont le journal de bord deviendra *Les Derniers Trombones, formidable témoignage sur le tournage d'un film).
Scola et Amidei développent d'abord un scénario assez fidèle au texte de Dürrenmatt (même si le personnage principal Alfredo Traps devient Alfredo Rossi, sous les traits de Sordi) mais, au cours du tournage, Scola n'aura de cesse de modifier le matériau originel. Il change notamment la fin brutale imaginée par l'auteur tyrolien pour une non moins brutale mais davantage allégorique. Un des plus belles que je connaisse en tout cas, de celles qui vous laissent sur le carreau entre le rire et l'effroi.
Car c'est bien une comédie de l'effroi que nous concocte le maestro. Dès le début quelque chose cloche. Dans la musique, dans ces images entêtantes ou Alberto Sordi suit une motarde inconnue vêtue de cuir noir sur une route sinueuse des Alpes.
Alberto Sordi interprète un industriel italien qui vient déposer des fonds secrets en Suisse. Suite à une panne de voiture, il se retrouve dans le château du comte de La Brunetière qui à tôt fait de lui présenter ses quatre comparses : un juge, un greffier et un procureur tous à la retraite. Sordi accepte de devenir leur compagnon de jeu. Car ces quatre là, pour tromper l’ennui, refont les grands procès de l'Histoire de Platon à Pétain. Mais c'est tellement plus agréable de juger un vivant...surtout que dans chaque individu se cache peut être un criminel qui s'ignore...
A la lisière du fantastique (il diffère en cela du texte originel) le récit de Scola et d'Amidei ménage de nombreuses surprises. Le film est un peu à l'image de son tournage, inattendu. Pas étonnant que Dauphin en ait tiré un ouvrage passionnant qui n'occulte pas les deux décès survenus pendant le tournage. Pierre Brasseur s'éteint en effet avant d'avoir tourné sa dernière scène (passage assez bouleversant sous la plume de Dauphin). Puis c'est la soeur adorée de Sordi qui disparaît. L'acteur transalpin rentre en Italie dans la demeure où ils vivaient (Sordi est un célibataire notoire, il finira d'ailleurs ses jours dans cette demeure) avant de revenir terminer les prises de vues.
Le film ne sort en France que tardivement, en 1979 donc. Cette sortie différée n'a rien d'exceptionnel, si on se fie à la distribution anarchique des comédies italiennes sur les écrans Français... elle devient plus étrange à la lumière du casting français prestigieux que Scola a mis sur pied. Des quatre trombones, seul Vanel est encore en vie quand les spectateurs français découvrent le film sur grand écran. Le livre de Dauphin paraît la même année, un an après la disparition de son auteur.
Aujourd'hui le film reste rare. Certaines chaînes du câble le diffusent de temps à autres La Panne, qui renvoie évidemment à l'oeuvre originelle de Dürrenmatt. La VF a été post-synchronisée par sordi, notamment, en bon francophone et francophile qu'il était.
Kikavu ?
C'est un court récit, assez célèbre pour sa noirceur, (La Panne de Friedrich Dürrenmatt ) que Scola adapte avec le concours du scénariste Sergio Amidei, en 1972. Le film ne sortira en France qu'en 1979. Étonnant si on en juge le casting. Outre l'extraordinaire Alberto Sordi (une fois de plus génial, mais ce n'est pas une surprise), qu'il a déjà dirigé, Scola convie, en effet, ceux que les italiens nomment les derniers trombones. Michel Simon, Pierre Brasseur (dont c'est le dernier rôle, il meurt d'ailleurs en plein tournage), Charles Vanel et Claude Dauphin (dont le journal de bord deviendra *Les Derniers Trombones, formidable témoignage sur le tournage d'un film).
Scola et Amidei développent d'abord un scénario assez fidèle au texte de Dürrenmatt (même si le personnage principal Alfredo Traps devient Alfredo Rossi, sous les traits de Sordi) mais, au cours du tournage, Scola n'aura de cesse de modifier le matériau originel. Il change notamment la fin brutale imaginée par l'auteur tyrolien pour une non moins brutale mais davantage allégorique. Un des plus belles que je connaisse en tout cas, de celles qui vous laissent sur le carreau entre le rire et l'effroi.
Car c'est bien une comédie de l'effroi que nous concocte le maestro. Dès le début quelque chose cloche. Dans la musique, dans ces images entêtantes ou Alberto Sordi suit une motarde inconnue vêtue de cuir noir sur une route sinueuse des Alpes.
Alberto Sordi interprète un industriel italien qui vient déposer des fonds secrets en Suisse. Suite à une panne de voiture, il se retrouve dans le château du comte de La Brunetière qui à tôt fait de lui présenter ses quatre comparses : un juge, un greffier et un procureur tous à la retraite. Sordi accepte de devenir leur compagnon de jeu. Car ces quatre là, pour tromper l’ennui, refont les grands procès de l'Histoire de Platon à Pétain. Mais c'est tellement plus agréable de juger un vivant...surtout que dans chaque individu se cache peut être un criminel qui s'ignore...
A la lisière du fantastique (il diffère en cela du texte originel) le récit de Scola et d'Amidei ménage de nombreuses surprises. Le film est un peu à l'image de son tournage, inattendu. Pas étonnant que Dauphin en ait tiré un ouvrage passionnant qui n'occulte pas les deux décès survenus pendant le tournage. Pierre Brasseur s'éteint en effet avant d'avoir tourné sa dernière scène (passage assez bouleversant sous la plume de Dauphin). Puis c'est la soeur adorée de Sordi qui disparaît. L'acteur transalpin rentre en Italie dans la demeure où ils vivaient (Sordi est un célibataire notoire, il finira d'ailleurs ses jours dans cette demeure) avant de revenir terminer les prises de vues.
Le film ne sort en France que tardivement, en 1979 donc. Cette sortie différée n'a rien d'exceptionnel, si on se fie à la distribution anarchique des comédies italiennes sur les écrans Français... elle devient plus étrange à la lumière du casting français prestigieux que Scola a mis sur pied. Des quatre trombones, seul Vanel est encore en vie quand les spectateurs français découvrent le film sur grand écran. Le livre de Dauphin paraît la même année, un an après la disparition de son auteur.
Aujourd'hui le film reste rare. Certaines chaînes du câble le diffusent de temps à autres La Panne, qui renvoie évidemment à l'oeuvre originelle de Dürrenmatt. La VF a été post-synchronisée par sordi, notamment, en bon francophone et francophile qu'il était.
Kikavu ?