Shutter Island (Martin Scorsese - 2010)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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ingoruptibles
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Re: Shutter Island (Martin Scorsese, 2010)

Message par ingoruptibles »

Memento a écrit :Sinon, la seconde vision confirme la mécanique très bien huilée du scénario (et bien sûr du matériau de base, le roman).
Tout s'imbrique parfaitement et de nombreux détails insoupçonés ou inaperçus à la première vision nous sautent désormais aux yeux, dans quasiment chaque plan.

Par ailleurs, comme cela a été dit, ce nouveau visionnage permet de se concentrer davantage sur
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la pathologie de Teddy Daniels et de faire abstraction de l'intrigue principale
, ce qui permet d'appréhender le film sur un autre niveau, tout aussi intéressant, si ce n'est plus intéressant. :wink:

Au final, c'est un film très malin que nous a pondu Scorsese, mais en même temps, sans prendre le spectacteur pour un con. Un film qui survit très bien à son twist final.
Hé bien je vois qu'on est parfaitement d'accord sur ce film, bro ! 8)

Tu parles de "spectacteur"...lapsus ou vraie-fausse erreur ?
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Zelda Zonk
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Re: Shutter Island (Martin Scorsese, 2010)

Message par Zelda Zonk »

ingoruptibles a écrit :
Memento a écrit :Sinon, la seconde vision confirme la mécanique très bien huilée du scénario (et bien sûr du matériau de base, le roman).
Tout s'imbrique parfaitement et de nombreux détails insoupçonés ou inaperçus à la première vision nous sautent désormais aux yeux, dans quasiment chaque plan.

Par ailleurs, comme cela a été dit, ce nouveau visionnage permet de se concentrer davantage sur
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la pathologie de Teddy Daniels et de faire abstraction de l'intrigue principale
, ce qui permet d'appréhender le film sur un autre niveau, tout aussi intéressant, si ce n'est plus intéressant. :wink:

Au final, c'est un film très malin que nous a pondu Scorsese, mais en même temps, sans prendre le spectacteur pour un con. Un film qui survit très bien à son twist final.
Hé bien je vois qu'on est parfaitement d'accord sur ce film, bro ! 8)

Tu parles de "spectacteur"...lapsus ou vraie-fausse erreur ?
les deux sans doute ! :lol:
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Re: Shutter Island (Martin Scorsese, 2010)

Message par Strum »

ingoruptibles a écrit :Tu parles de "spectacteur"...lapsus ou vraie-fausse erreur ?
La question se pose effectivement. Les spectacteurs pouvant être aussi bien des cinéphiles qui parlent avec tact d'un film mineur de Scorsese que des amateurs de jambon cru italien mangeant avec tact du speck, en hommage aux origines italiennes de Scorsese et Di Caprio. :| :arrow:
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Phnom&Penh
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Re: Shutter Island (Martin Scorsese, 2009)

Message par Phnom&Penh »

MJ a écrit : J'irai voir Shutter Island, j'espère y prendre le plus de plaisir possible. Mais je n'espère guère plus y trouver ce qui, de Mean Streets à son travail dans les 90's (plus ou moins convaincant), donnait un cachet supplémentaire à sa virtuosité: le facteur humain!
Curieuse impression ressentie après avoir vu le film. Si je te cite, MJ, c'est parce que l'aspect justement humain de ce film m'a fait très forte impression, même si c'est complétement différent des films précédents de Scorsese.

J'avais lu l'intégralité du topic avant de voir le film, donc je ne m'attendais pas à être très surpris par le scénario. Et pourtant, le film est tellement surprenant dans sa mise en scène que j'ai été très choqué (dans le bon sens) et justement, surpris. La mise en scène est tellement focalisée sur l'état d'esprit du héros, dont on découvre au fil du film le déséquilibre, sans pour autant qu'on ne puisse s'empêcher de croire à son histoire jusqu'à la scène ultime, que je finis par croire que c'est le déséquilibre de notre monde contemporain que Scorsese cherche à illustrer, tout en cherchant à impliquer le spectateur.

J'ai eu l'impression de voir une vision extrémement noire du monde, un monde où la réalité devient si terrible qu'il est naturel de se réfugier dans une forme de folie, un monde où la dernière réflexion du héros s'adresserait autant à lui qu'à nous.

Cela expliquerait d'ailleurs les images des camps, la fusillade, tout ce qui peut paraître obscène, et notamment l'"erreur" sur la porte du camp. Ces images ne sont pas tant les souvenirs du héros en particulier, que les images que nous avons tous en tête des massacres et fusillades en général. Lui, c'est Dachau, nous c'est Srebrenica ou je ne sais quoi d'autre, mais le monde nous inflige à tous des images intolérables dont la porte d'Auschwitz serait un universel symbole, alors que celle de Dachau est peu connue. Cette scène arrive d'ailleurs à un moment du film où la folie du héros devient si évidente qu'on commence justement à douter de ses souvenirs. Sont-ils les siens, sont-ils le fruit de son imagination où certains souvenirs réels de Dachau se mêlent à des images et à d'autres souvenirs? Le côté incompris et collectif de ses souvenirs de guerre m'a rappelé la poignante scène entre les deux vieux dans Une histoire vraie de David Lynch, où le dialogue ne ressemblait en rien aux habituels souvenirs de vétérans dans la plupart des films.

Un film trop noir pour que j'y adhère totalement, mais il m'a laissé une impression très forte. Une grande réussite et une grande originalité, en tout cas.
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Re: Shutter Island (Martin Scorsese, 2010)

Message par Stromboli »

Scorsese est de loin mon réalisateur en activité préféré et malgré leurs défauts j'ai trouvé "Aviator" ou "The Departed" 100 fois plus interessants que la plupart des petits chefs d'œuvres qui sont censés sortir chaque année... Mais "Shutter Island" est vraiment tout en bas de son inspiration.

En tant que cinéphile je suis sur que Scorsese adore les thrillers gothiques mais il n'est clairement pas à l'aise avec ce matériau (comme autrefois avec "Les nerfs à vifs").

C'est un scénario qui aurait mieux convenu à David Lynch, dont la talentueuse roublardise aurait sans doute su instiller le mystère et l'ironie nécessaire pour faire fonctionner l'intrigue plus maligne que profonde de Lehane (toujours le même problème avec cet écrivain : des romans dont tous les ingrédients font saliver et qui au final laissent toujours un goût d'inachevé).

Scorsese excelle à montrer l'extrême violence enfouie sous des dispositifs censés l'atténuer en nous civilisant ( organisations criminelles, familles, réécriture de l'histoire par les états,...).
Ici sa virtuosité (pas vraiment à son meilleur: les effets numériques plutôt ratés, les acteurs un peu paumés, les morceaux de bravoure embarrassants comme la confrontation avec le détenu tabassé ou l'apparition de De Niro/Koteas) devient redondante avec un scénario grand guignol et peu inspiré (final tristement verbeux, explicatif et interminable -scène de la grotte puis du phare-).
Aucune surprise, aucun risque visuel ou narratif (de vieilles ficelles 100 fois vues et souvent mieux), ce qui explique sans doute en partie le grand succès commercial du film aux USA.

Vivement le suivant!
Dernière modification par Stromboli le 25 mars 10, 18:35, modifié 1 fois.
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Re: Shutter Island (Martin Scorsese, 2010)

Message par Watkinssien »

afaparis a écrit :ou l'apparition de De Niro)
Bon, c'est vrai qu'Elias Koteas ressemble beaucoup à De Niro, mais de là à affirmer qu'il joue dans le film ! :wink:
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Re: Shutter Island (Martin Scorsese, 2010)

Message par Stromboli »

Watkinssien a écrit :
afaparis a écrit :ou l'apparition de De Niro)
Bon, c'est vrai qu'Elias Koteas ressemble beaucoup à De Niro, mais de là à affirmer qu'il joue dans le film ! :wink:
Aie désolé pour lui d'autant que c'est habituellement un acteur que j'apprécie (comme De Niro!), enfin je vais assumer cette erreur, en espérant que Scorsese et Koteas aient eu conscience de cette possible confusion. Mea culpa :fiou:
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Re: Shutter Island (Martin Scorsese, 2010)

Message par ed »

Colqhoun a écrit :
Ratatouille a écrit :Je dirais plutôt le Robert de Niro de Frankenstein
Oui aussi.
Mais sur le coup j'ai eu un gros doute, ayant complètement oublié la présence de Koteas dans le film, je me suis dit qu'il s'agissait d'un caméo de de Niro.
Exactement pareil ; je trouve d'ailleurs que Koteas joue la scène "à la De Niro" (paupières plissées, sourires fous, etc...)

Sinon, beaucoup parlent des quelques faux-raccords particulièrement frappants dans la première scène sur le ferry ou dans les entretiens avec les patients, mais sauf erreur de ma part, personne n'a mentionné le fait que la règle des 180° soit il me semble plusieurs fois brisée lors de champs/contre-champs du début. Ceci étant, si ces choix de montage/cadrage sont profusion dans les premières minutes et participent totalement à la dimension "ludique" du film (dissémination d'indices "révélateurs" que verront les spectateurs avertis mais qui resteront au mieux discrets pour les profanes), ils ont tendance à radicalement se réduire ensuite, ce que je trouve un peu dommage dans le rapport entre la mise en scène (qui se calme) et l'état psychologique du personnage (qui lui ne se calme pas).

Quant à mon avis, que j'ai failli oublier, il est extrêmement positif (je précise que je n'avais pas lu le Lehane mais que j'avais lu l'adaptation BD de De metter) ; j'ai trouvé le film à la fois réjouissant (pour la dimension ludique que j'évoque plus tôt) et vraiment angoissant par moments, avec une partie trop explicative (le phare + le flashback) suivie presque immédiatement, comme pour compenser, d'une autre à l'efficacité assez prodigieuse (le réveil, la confession et la dernière scène). Honnêtement, je crois que je préfère ce Scorsese là, inventif et baroque, à celui des Infiltrés, qui m'avait semblé plus en pilote automatique.
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Re: Shutter Island (Martin Scorsese, 2009)

Message par MJ »

Phnom&Penh a écrit :Si je te cite, MJ, c'est parce que l'aspect justement humain de ce film m'a fait très forte impression, même si c'est complétement différent des films précédents de Scorsese.
Je me suis d'ailleurs demandé ce que tu allais penser du film! Ce qu'il m'en reste quelques semaines après c'est aussi plus une certaine tristesse, le climat d'un deuil à porter (mais de qui? ou de quoi?) que la virtuosité formelle. A la fois curieux et anxieux de retenter le voyage.
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Re: Shutter Island (Martin Scorsese, 2010)

Message par Zelda Zonk »

Sinon, beaucoup évoquent les "faux-raccords" (je mets des guillemets, car encore une fois, ils sont sciemment pensés), mais j'ai été quant à moi supris de voir Scorsese user autant des transparences pour les paysages, notamment dans la scène d'intro sur le bateau. Je pense d'ailleurs que cette démarche suit plus ou moins la même logique que celle des faux-raccords, accentuant ici l'artifice des paysages (extérieurs ? (objectifs) ou intérieurs ? (subjectifs)) et le côté borderline du personnage, comme si le second plan était volontairement détaché de la réalité.
Certes, cette technique n'est pas nouvelle et nombreux sont les réalisateurs modernes a l'avoir volontairement expérimenté (Tarantino, dans Pulp Fiction, par exemple (scène du taxi), même si dans son cas, cela tenait avant tout à l'hommage et à la référence/citation, en bon geek qu'il est), mais je ne me souviens pas avoir vu Scorsese user autant des transparences dans ses précédents films.
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Re: Shutter Island (Martin Scorsese, 2010)

Message par Demi-Lune »

Contrairement aux "faux"-raccords, l'artificialité de ces plans CGI-sés, même s'ils sont pertinents puisque possiblement en adéquation avec l'état mental du personnage, m'a quand même un peu dérangé. Cela faisait plus travail baclé qu'autre chose. Je crois ainsi me souvenir d'un plan esthétiquement assez moche en contre-plongée de Di Caprio, Ruffalo et un gardien de la prison, au bord d'une falaise : le ciel numérique était très laid.
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Re: Shutter Island (Martin Scorsese, 2010)

Message par angel with dirty face »

Demi-Lune a écrit :Je débouche le champagne si Angel with dirty face revient lui aussi sur son jugement... :mrgreen: :twisted:
Demi-Lune a écrit :Contrairement aux "faux"-raccords, l'artificialité de ces plans CGI-sés, même s'ils sont pertinents puisque possiblement en adéquation avec l'état mental du personnage, m'a quand même un peu dérangé. Cela faisait plus travail baclé qu'autre chose. Je crois ainsi me souvenir d'un plan esthétiquement assez moche en contre-plongée de Di Caprio, Ruffalo et un gardien de la prison, au bord d'une falaise : le ciel numérique était très laid.
Attention! Tu es en train de passer du côté obscur de la force... :mrgreen:
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Re: Shutter Island (Martin Scorsese, 2010)

Message par Demi-Lune »

Hé hé, qui sait ? Je retourne voir le film ce soir...
Tu aimerais y croire, hein ? :mrgreen: :lol:
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Re: Shutter Island (Martin Scorsese, 2010)

Message par Demi-Lune »

Oh là là, cruelle désillusion !
Dès l'instant que l'on connait déjà l'intrigue et son dénouement, le film perd singulièrement de son intérêt, le temps devient interminable tandis que les scories de la réalisation sautent aux yeux. Alors que son interprétation névrosée m'avait bluffé la première fois, j'ai trouvé Di Caprio navrant. Tout comme Scorsese, d'ailleurs, qui réalise ici sans doute son plus mauvais film (le nombre de faux-raccords, c'est dingue :shock: ). Il n'y a guère que Mark Ruffalo qui tire son épingle du jeu de ce Cluedo chez les zinzins.
Quel gâchis !



























Nan, j'déconne ! :mrgreen: Ce film est une bombe, je le trouve même encore meilleur à la revoyure. Pensée amicale pour :

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:wink: :P
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Re: Shutter Island (Martin Scorsese, 2010)

Message par Demi-Lune »

Petit détail en passant : à la lumière de vos remarques concernant les fameux "faux"-raccords qui m'avaient plutôt échappé la première fois, j'ai tenté de rester concentré sur cet aspect lors de cette révision, tout particulièrement sur la désormais célèbre "scène du verre d'eau".
Spoiler (cliquez pour afficher)
Alors, effectivement, l'actrice tend la main à sa bouche comme pour boire mais ne tient en aucun cas le verre d'eau. Pourtant, le plan suivant, elle repose le verre sur la table. Ce n'est donc pas un faux-raccord, mais tout simplement une superbe idée de mise en scène. La coupure entre les deux plans intervient précisément au moment où l'on se rend compte que quelque chose cloche dans cette image, mais cette idée est tout de suite balayée puisqu'on voit la femme reposer le verre le plan suivant.
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