Joli petit film avec déjà l'esthétique du plan séquence que reprend Cuaron dans Les Fils de l'homme. Ici, c'est moins pour donner un climat oppressant que pour laisser toute liberté et naturel aux acteurs. Le duo Gael Garcia Bernal & Diego Luna fonctionne très bien, le dérèglement de leur forte amitié naît au fur et à mesure du film mais c'est retrospectivement que tout apparaît clairement. Maribel Berdu (vu dans Le Labyrinthe de Pan) a un rôle très touchant, et interprète avec beaucoup de conviction ses scènes d'amour (ce qui n'était pas pour me déplaire...
) avec les deux jeunôts prétentieux. Grâce à elle ces derniers vont mûrir, apprendre à regarder leurs travers, leur immaturité et leur machisme en face. L'ensemble du film baigne dans une lumière forte, brillante, qui va bien avec le naturel de l'histoire et la légèreté de l'ensemble. Mais les interventions ponctuelles et inattendues d'une voix-off, qui raconte des détails invisibles et des anecdotes passés des personnages ou des lieux visitées, rappellent la fatalité de cette histoire, et lui confère sa dimension dramatique. Ce procédé, ainsi que plusieurs scènes, me semblent être un hommage direct à la Nouvelle Vague française, et à Godard en particulier : la voix-off et la scène de danse avec juke-box et regard-caméra sortent tout droit de Bande à part, et de Une femme est une femme aussi. (et c'est un non-fan de Godard qui souligne ça, hein...).
Encore une fois, film cadré et eclairé par Emmanuel Lubezki (Les Fils de l'homme, Le Nouveau monde, Sleepy Hollow, etc). Le talent de cet homme et de Cuaron me semble de plus en plus évident et éblouissant.
