Le film est constitué de 83 minutes d'archives dont une grande partie rarement vues sur la vie, la personnalité et la carrière de Staline. Respectable et plutôt intéressant jusque-là. Rien à reprocher à la compilation des documents : c'est de l'excellent travail (avec la participation du CNRS et du CNC).
Seulement voilà : les réalisateurs (sans aucun doute incités par la prod. M6) ont eu la joyeuse idée de coloriser toutes les séquences qui étaient en N&B à l'origine, sans doute pour faire plus djeunz et ne pas répulser les spectateurs allergiques aux vieux films. Résultat : une série de documents historiques rares des années 1920-1950 fraîchement colorisés à la palette digitale, comme La Vache et le Prisonnier. C'est vrai que les cadavres des victimes ukrainiennes du petit père des peuples sont vachement plus jolis en rose et bleu qu'en noir et blanc. Il y a ausssi de temps en temps quelques effets de style, comme Staline mort gisant sur son catafalque : tout est artistiquement colorisé (le coussin, l'uniforme, les décorations, les fleurs et la populace qui vient se recueillir) sauf son visage et ses mains, qui eux sont restés en N&B. Vous me direz, on peut régler sa télé et se passer le documentaire en mode N&B. Mais alors, cerise sur le gâteau, un narrateur à voix de croquemitaine se prend de lire des extraits très intéressants de lettres du Camarade Staline, mais avec le ton funèbre de l'Ogre du Petit Poucet. S'il faut en plus couper le son... Vraiment gerbant, à l'image de ce bandeau promotionnel au graphisme soviético-fun (censuré) :

L'exemple même d'un documentaire de qualité ruiné par la concession à la fashionisation de la forme. Comme disait Jean Yanne dans Tout le Monde il est Beau, Tout le Monde il est Gentil : "Ah, les cons !".
