PareilAmarcord a écrit : Pardonnez-moi reste pour moi l'un des premiers films les plus étonnants que j'aie vus ces dernières années, et je continue de penser que ça fait du bien d'être secoué (même maladroitement) comme ça, par un premier film.
Maïwenn
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Re: Maïwenn
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Re: Maïwenn
Ce qui me chiffonne (je précise que je n'ai vu aucun de ses films) dans son discours c'est la manière dont elle semble prendre tout ça (la technique) par dessus la jambe. Or, j'aime trop le cinéma pour qu'on le (dé)considère comme un médium parmi d'autres. Cette désinvolture, sans me choquer outre mesure, ne m'incite pas à découvrir son univers.
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Re: Maïwenn
Maïwenn est surtout une très bonne communicante, c'est peut-être ça qui t'agace, plus que ses films...C'est vrai que la photo, plus le titre de l'article, avec en dessous: "Chacun de mes films parle d'une rébellion... intérieure, extérieure."...ça donne une bonne idée de ce qui peut énerver chez elleballantrae a écrit :La différence de la demoiselle? Son appartenance au gotha artistico médiatique ( via maman , Isild, Luc et bien d'autres!!!!) qui lui permet d'avoir les moyens nécessaires pour mettre et diffuser (quelle campagne médiatique autour du bal et de Polisse!) ses idées sur grand écran
Pour le reste, rien que de mettre sa mère dans ses "chances dans la vie", ça montre à quel point tu es objectif
Sinon, la phrase citée est provocatrice mais quand je lis ça:
Comment avez-vous appris le métier?
Comment j'ai appris à faire mes films? (long silence) Ben, je n'ai pas fait d'école. (Silence) Pour mon court métrage, j'avais fait le découpage avec un assistant de Jean-Paul Rappeneau sur Bon Voyage. Et il m'a montré le découpage de Rappeneau. J'ai été tellement impressionnée! C'est un travail de fourmi... A ce moment-là, je me suis dit qu'il fallait que je refasse mon découpage. Je l'ai fait à la façon de Rappeneau. Mais après, j'ai tourné un film avec Claude Lelouch en tant qu'actrice, et j'ai trouvé sa façon de réaliser très différente et très libre, même s'il y avait des choses que je n'aimais pas. Et c'est là que j'ai trouvé la mienne. Attention, je n'ai essayé de copier Lelouch! Je me suis : il n'y a pas qu'une seule manière de faire des films. Il n'y pas de règle; il faut s'écouter... donc, moi, qu'est-ce que je fais? Je m'écoute...
Et vous avez le sentiment d'avoir plus appris en regardant les films des autres ou réalisant les vôtres?
En réalisant! Mais en voyant de mauvais films aussi. Ce qui est intéressant, c'est de comprendre pourquoi c'est raté. Les bons films, on essaye plus de les analyser tellement ils sont bons; alors que les mauvais... Une heure trente, quand le film est vraiment mauvais, c'est dur ! Ce qui est intéressant, c'est de se servir du mauvais pour s'empêcher après de tomber dedans.
je me dis qu'elle a de bons réflexes, une façon appropriée pour une autodidacte d'apprendre et de s'entourer, bref je trouve ça sympathique et intéressant.
J'ai failli sauter le pas pour Le bal des actrices, et j'irai voir Polisse. Je ne serais pas surpris de l'apprécier.
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Re: Maïwenn
Éventuellement, on peut aussi se dire qu'une cinéaste totalement autodidacte évite de tendre le baton pour se faire battre, et ne s'aventure pas sur un terrain miné. En évoquant des termes techniques dont elle ne maitrise pas l'usage, elle risque d'être ouvertement moquée par "ceux qui savent". De facto, Maiwenn est une cinéaste instinctive, et je ne vois pas comment elle pourrait se réclamer d'une technique qu'elle ne maitrise pas vraiment (sinon par l'expérience). Ne pouvant prétendre à la maitrise technique, elle peut donc affirmer ne pas s'y intéresser, ça m'étonnerait, au vu de ses films, notamment sur le plan technique, que la réalité soit de cet ordre.Père Jules a écrit :Ce qui me chiffonne (je précise que je n'ai vu aucun de ses films) dans son discours c'est la manière dont elle semble prendre tout ça (la technique) par dessus la jambe. Or, j'aime trop le cinéma pour qu'on le (dé)considère comme un médium parmi d'autres. Cette désinvolture, sans me choquer outre mesure, ne m'incite pas à découvrir son univers.
Cela dit, j'ai entendu plus d'un cinéaste avoir ce discours ("au diable la technique, ce qui m'intéresse, ce sont les acteurs"), tous leurs films ne sont pas pour autant des films ratés.
(Inversement, j'aurais même tendance à penser beaucoup de mal de films techniquement aboutis, mais où l'histoire et les comédiens passent au second plan. Hollywood produit beaucoup d'oeuvres de ce genre chaque année. La plupart d'entre elles sont sans intérêt).
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Re: Maïwenn
Du coup, c'est une posture et ça me chiffonne encore davantagecinephage a écrit :Ne pouvant prétendre à la maitrise technique, elle peut donc affirmer ne pas s'y intéresser, ça m'étonnerait, au vu de ses films, notamment sur le plan technique, que la réalité soit de cet ordre.Père Jules a écrit :Ce qui me chiffonne (je précise que je n'ai vu aucun de ses films) dans son discours c'est la manière dont elle semble prendre tout ça (la technique) par dessus la jambe. Or, j'aime trop le cinéma pour qu'on le (dé)considère comme un médium parmi d'autres. Cette désinvolture, sans me choquer outre mesure, ne m'incite pas à découvrir son univers.
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Re: Maïwenn
Quand tu es autodidacte, sur un plateau, et que tu dois diriger de vrais techniciens qui en savent tous plus que toi sur le plan technique, la posture est, forcément, permanente. Et indispensable (ou alors tu ne fais pas de film).
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Re: Maïwenn
Une fraîcheur dans le propos qui rejoint bien la "fraîcheur" (relative, vu que le climat y est parfois très lourd... cf. la fameuse scène de la poupée dans Pardonnez-moi) qui émane de ses films... Ce ton libre, irrévérencieux, voire dilettante... Je dois avouer que ça ne me déplaît pas. Et je ne pense pas (mais je peux me tromper) qu'il s'agisse chez elle d’une posture.
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Re: Maïwenn
En même temps elle fait partie de cette tendance "littéraire plus que visuelle" qui caractérise le cinéma français, non? Je moi aussi quand je lis ses délcarations sur la technique mais, après tout, son cinéma n'en pâtit pas et elle fait ce qu'elle sent. C'est son choix et libre à d'autres cinéastes de jouer sur ce terrain vacant...
"Un film n'est pas une envie de faire pipi" (Cinéphage, août 2021)
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Re: Maïwenn
Je crois qu'il faut arrêter avec cette vaste plaisanterie qui consisterait à penser que tous les spectateurs de cinéma s'intéressent à la technique.Nestor Almendros a écrit :Je moi aussi quand je lis ses déclarations sur la technique...
La vérité, c'est que la grande majorité des gens qui vont voir un film y vont pour voir un film, pour se divertir et rien d'autre (question, sur un exemple récent : sur les 12 millions de gens qui sont allés voir Bienvenue chez les Ch'tis, combien ont été sensibles à ses qualités techniques ? Combien y sont allés "POUR" ses qualités techniques ?).
Et ce n'est pas prendre les spectateurs pour des veaux que de dire cela. C'est un fait. Maïwenn, quand elle dit que les gens s'en foutent de la technique, ne fait qu'énoncer une évidence tellement banale que je m'étonne de voir les réactions que cela suscite chez certains, ici... Tenez-le vous pour dit, chers Classikiens : vous faites partie d'une élite, en tout cas d'une minorité. Ce n'est ni bien ni mal : c'est juste comme ça. Et les propos de Maïwenn ne font que mettre en lumière cela.
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Re: Maïwenn
Tu trouves que les spectateurs se moquent de la technique? Je fais peut-être un raccourci très (trop) rapide mais quand je compare le degré d'attraction des films américains et des films français pour le spectateur français j'ai vite fait ma petite conclusion. Il va voir des films français quand ce sont des comédies, parce que ce qui importe peut-être plus c'est le rire et non le visuel, mais pour le reste même les pires bouses US attirent du monde. Evidemment il ne se pose pas la question en ces termes mais inconsciemment je pense que le spectateur va vers ce qui est plus travaillé, plus chiadé, pas vers l'oeuvre de télévision (même de luxe).
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Re: Maïwenn
Idem, pas mieux.Watkinssien a écrit :Ceci explique pourquoi je déteste son cinéma, au moins elle me le confirme...
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Re: Maïwenn
Tu lui fais quand même dire ce qu'elle n'a jamais dit. Le cinéma ne se résume pas forcément à des images chiadées...Jericho a écrit :Idem, pas mieux.Watkinssien a écrit :Ceci explique pourquoi je déteste son cinéma, au moins elle me le confirme...
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Re: Maïwenn
Petit message à Amarcord: et oui, le cinéma n'étant pas né hier et la demoiselle n'ayant pas fait ( polisse échappe peut-être à la règle?) de films novateurs, je me permets de penser à d'autres cinéastes qui semblent avoir oeuvré avant elle dans l'ambiguité réel/fiction. J'aurais pu convoquer bon nombre d'autres références (les débuts de Kahn et Beauvois,certains Rohmer comme le Rayon vert ou Quatre aventures de Reinette et Mirabelle,Wanda de B Loden...sans parler du travail sur l'autobiographie de Mekas) mais à quoi bon? Effectivement c'est...cruel pour rester poli ( tu aurais dit con, non?).
Pour ce qui est de déboulonner des idoles à coup de Maiwenn, n'oublie pas le sens de l'humour de Jeremy Fox. après, on peut ne pas aimer Cassavetes mais de là à mettre sur un piedestal l'un des premiers films les plus pitoyables depuis Les nuits fauves? Au dessus des sommets émotionnels border line de a woman under influence, de la construction jazzy de Shadows, de la réflexion sur le théâtre et la vie de opening night, de la réinvention du polar dans Meutre d'un bookmaker ou Gloria??? c'est aussi un peu écraser la demoiselle...
On a le droit de dire que Houellebecq est préférable à voyage au bout de la nuit...et on a aussi celui de penser que l'original est meilleur que la photocopie de mauvaise facture!
Quant aux cinéastes qui déclarent ne rien y connaitre (Hawks, Fellini,Ford, Walsh...)c'est un petit mensonge pour cacher l'ampleur de leur boulot. Maiwenn est directe : elle ne cache rien, elle ne sait rien!
Pour ce qui est de déboulonner des idoles à coup de Maiwenn, n'oublie pas le sens de l'humour de Jeremy Fox. après, on peut ne pas aimer Cassavetes mais de là à mettre sur un piedestal l'un des premiers films les plus pitoyables depuis Les nuits fauves? Au dessus des sommets émotionnels border line de a woman under influence, de la construction jazzy de Shadows, de la réflexion sur le théâtre et la vie de opening night, de la réinvention du polar dans Meutre d'un bookmaker ou Gloria??? c'est aussi un peu écraser la demoiselle...
On a le droit de dire que Houellebecq est préférable à voyage au bout de la nuit...et on a aussi celui de penser que l'original est meilleur que la photocopie de mauvaise facture!
Quant aux cinéastes qui déclarent ne rien y connaitre (Hawks, Fellini,Ford, Walsh...)c'est un petit mensonge pour cacher l'ampleur de leur boulot. Maiwenn est directe : elle ne cache rien, elle ne sait rien!
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Re: Maïwenn
Tiens, je suis donc assez cohérent ; Houellebecq est certainement l'un de mes écrivains préférés.ballantrae a écrit : On a le droit de dire que Houellebecq est préférable à voyage au bout de la nuit...et on a aussi celui de penser que l'original est meilleur que la photocopie de mauvaise facture!
Pas comprisPour ce qui est de déboulonner des idoles à coup de Maiwenn, n'oublie pas le sens de l'humour de Jeremy Fox.
Et je trouve la suite de ton crachat aussi méprisant que le mépris que tu dénonces chez la cinéaste.
Quand je n'aime pas à ce point un auteur, je le dis une bonne fois pour toute et ne vais pas m'acharner dessus par la suite au point de faire pire que ce que l'on veut dénoncer chez l'autre. S'il a des fans, je me dis que je ne vois pas pourquoi ils auraient tort et moi raison. Car le mépris, on se demande de quel côté il se trouve dans ce cas de figure. Je trouve ça un peu dommage (tout comme ton acharnement sur Kechiche par exemple) car sinon c'est évidemment ton droit de détester son cinéma comme le mien de ne pas hésiter une seconde entre voir un film de Maïwenn ou de Cassavetes.
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Re: Maïwenn
Ca devrait, c'est un médium basé sur l'image je ne vois pas comment cela pourrait en être autrement.Jeremy Fox a écrit :Tu lui fais quand même dire ce qu'elle n'a jamais dit. Le cinéma ne se résume pas forcément à des images chiadées...Jericho a écrit : Idem, pas mieux.
A mépriser le cinéma, elle ne mérite que le même sort.
Peut être pas "chiadées", mais un minimum "pensées" !