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Re: Michael Curtiz (1886-1962)

Publié : 27 janv. 11, 08:42
par allen john
Profondo Rosso a écrit :L'Égyptien (1954)
Merci pour cette (profonde) contribution: je sais ce qu'il me reste à faire... c'est justement le début du mois!!!

Re: Michael Curtiz (1886-1962)

Publié : 27 janv. 11, 09:34
par francesco
Je précise juste à propos de cette critique très sentie (j'aime beaucoup le film) que L'Egyptien est l'adaptation d'un long roman (passionnant) de Waltari, pas d'une nouvelle. Corrigeons vite cette étourderie :wink:

Re: Michael Curtiz (1886-1962)

Publié : 27 janv. 11, 09:51
par Jeremy Fox
L'égyptien est selon moi l'un des meilleurs films de Curtiz des années 50 et l'un des 'péplums' les plus intelligents qui soit.

Re: Michael Curtiz (1886-1962)

Publié : 27 janv. 11, 09:57
par Rick Blaine
Vos avis font vraiment envie. Il faut que je trouve un moyen de découvrir ce film.

Re: Michael Curtiz (1886-1962)

Publié : 27 janv. 11, 12:52
par Profondo Rosso
francesco a écrit :Je précise juste à propos de cette critique très sentie (j'aime beaucoup le film) que L'Egyptien est l'adaptation d'un long roman (passionnant) de Waltari, pas d'une nouvelle. Corrigeons vite cette étourderie :wink:
C'est corrigé ! :wink: Sinon pour découvrir le film une seule solution l'édition dvd espagnole (dans la même collection que celle ou on peut trouver le Ambre de Preminger) l'image est très belle comme on peut voir sur les captures par contre juste la VO et la version espagnol mais pas le moindre sous titres hormis en espagnol.

Re: Michael Curtiz (1886-1962)

Publié : 27 janv. 11, 13:04
par Rick Blaine
Profondo Rosso a écrit :Sinon pour découvrir le film une seule solution l'édition dvd espagnole (dans la même collection que celle ou on peut trouver le Ambre de Preminger) l'image est très belle comme on peut voir sur les captures par contre juste la VO et la version espagnol mais pas le moindre sous titres hormis en espagnol.
Je vais essayer de me mettre en quête de ce DVD.
Edit: D'ailleurs à ce propos, Tu te l'es procuré comment? Le seul endroit ou je le vois est fnac.es, mais je ne sais pas trop si ça marche bien quand on est en France

Re: Michael Curtiz (1886-1962)

Publié : 27 janv. 11, 22:22
par Profondo Rosso
Rick Blaine a écrit :
Profondo Rosso a écrit : Edit: D'ailleurs à ce propos, Tu te l'es procuré comment? Le seul endroit ou je le vois est fnac.es, mais je ne sais pas trop si ça marche bien quand on est en France
Je l'ai trouvé sur amazon UK en cherchant un peu à l'aveuglette s'il existait une édition dvd du film

http://www.amazon.co.uk/Egyptian-Catego ... 651&sr=1-2

Après peut être tenter ebay aussi ça doit y être trouvable également je pense. Mine de rien les espagnols ont pas mal d'exlus c'est le seul pays où on trouve un dvd zone 2 du Fedora de Wilder (je vais bientôt craquer celui là marre d'attendre) ou du Gouffre aux chimères (hormis le Criterion)...

Re: Michael Curtiz (1886-1962)

Publié : 27 janv. 11, 22:38
par someone1600
Je serais aussi interessé a le voir... mais bon, un dvd espagnol... :? bizarre mais je crois bien avoir un enregistrement de ce film a TCM... :?

Re: Michael Curtiz (1886-1962)

Publié : 28 janv. 11, 09:03
par Rick Blaine
Profondo Rosso a écrit : Je l'ai trouvé sur amazon UK en cherchant un peu à l'aveuglette s'il existait une édition dvd du film

http://www.amazon.co.uk/Egyptian-Catego ... 651&sr=1-2

Après peut être tenter ebay aussi ça doit y être trouvable également je pense. Mine de rien les espagnols ont pas mal d'exlus c'est le seul pays où on trouve un dvd zone 2 du Fedora de Wilder (je vais bientôt craquer celui là marre d'attendre) ou du Gouffre aux chimères (hormis le Criterion)...
Merci pour le lien!

C'est vrai que l'Espagne à pas mal d'exclus, même si on n'est en réalité pas à plaindre, c'est dommage que les mêmes choses ne soient pas dispo en Europe d'un pays à l'autre.

Re: Michael Curtiz (1886-1962)

Publié : 28 janv. 11, 19:20
par allen john

Re: Michael Curtiz (1886-1962)

Publié : 27 févr. 11, 16:22
par allen john
ANGELS WITH DIRTY FACES(1938)
Image
Habitué à décrire des êtres à la dérive, Curtiz fait les choses en grand avec ce film superbe, qui commence par une vue d'un quartier foisonnant d'une grande métropole à l'aube du 20e siècle. Les gens y sont, majoritairement, d'origine Irlandaise, ce qui ne sera jamais dit mais transpirera du début à la fin du film. Jerry Connolly et "Rocky" Sullivan sont deux amis, des ados grandis trop vite, qui sont toujours à l'affut d'un mauvais coup. Coursés par la police, ils vont être rattrappés, mais Jerry court plus vite et Rocky lui fait comprendre de sauver sa peau. Il ira seul en maison de correction... Les années passent, et Rocky (James Cagney) devenu un gangster revient suite à sa libération sur les lieux de sa jeunesse. Il retrouve son ami jerry (Pat O'Brien), devenu prêtre, "father" Connolly, et passe du temps avec une jeune femme qu'il connaissait durant sa jeunesse (Ann Sheridan), qui a perdu son mari à cause du gangsterisme. Mais surtout, il va se frotter à plus fort que lui, en affrontant le système mafieux du gangster Mac Keefer (George Bancroft), et son associé l'avocat douteux Frazier (Humphrey Bogart), tout en s'occupant d'un groupe de jeunes voyous dont le père Connolly tente par tous les moyens de faire des bons garçons honnêtes, mais qui sont plus attirés par le clinquant d'un Rocky...

La foule de choses qui précèdent ne doit pas nous leurrer, ce film est d'une simplicité cristalline. ce qui nous est conté est le crépuscule d'un homme, contrairement aux films de gangsters des débuts des années 30 qui s'intéressaient à l'ascension puis la chute, ce film, tout comme The roaring twenties, passe assez rapidement par les années de formation, pour s'intéresser à la façon dont Sullivan va chuter. Chuter? Pas si sur... le fait que Curtiz ait convoqué la foule des grands jours, et se soit beaucoup plu à filmer au plus large dans les décors très réalistes de Robert Haas, magnifiquement filmés par Sol Polito, nous renseigne sur l'importance que le metteur en scène a accordé personnellement à ce film. Il l'a tout bonnement inspiré, et il s'est suffisamment retrouvé en Cagney pour lui donner un écrin en forme de crescendo émotionnel... Parmi les "héros" qui ont inspiré Curtiz, on retrouve des idéalistes, le plus souvent sur le retour (Bogart dans Casablanca), des criminels fous et vaguement artistes (Lionel Atwill, Mystery of the wax museum, et Claude Rains, The unsuspected), des femmes perdues (Crawford dans Mildred Pierce) ou des démiurges fascinants (Doctor X, Mad genius...). L'anti-héros crépusculaire représenté par Cagney ici fait à la fois partie d'une nouvelle catégorie, qu'on retrouvera dans d'autres films Warner, dont bien sur High Sierra, mais il est aussi un démiurge, à sa façon. on y reviendra...

Mais revenons en arrière, à ce moment où Jerry et Rocky s'en vont, poursuivi par les forces de l'ordre... Rocky tombe sur une voie ferrée, et va pousser Jerry à continuer sans lui. Rocky va donc devenir un gangster en allant en maison de correction et en suivant le cursus habituel, mais Jerry va se repentir, et devenir prêtre. Et si il fallait considérer cela, tout simplement comme les deux possibilités offertes à tout être humain? Sectionnés ironiquement par le passage d'un train, ils vont garder tout au long du film cette amitié presque contre nature, et qui poussera Jerry à ne jamais juger ni abandonner Rocky, y compris lorsque celui-ci polluera ses petits protégés. Le film devient un combat, non entre le bien et le mal, mais entre l'attirance du bien et l'attirance du mal... de plus, l'anecdote nous pousse dans l'idée que Rocky devient par ce geste le bon génie qui va permettre pas son sacrifice à Jerry de prendre de la heuteur, et de fait de les sauver tous les deux. Ce qui n'est pas rien...

Ce n'est pas la première fois que Curtiz réalise un film dans lequel une exécution se met en place: il a déjà exploré le sujet avec le très beau 20,000 years in Sing-sing dans lequel un gangster affrontait son destin jusqu'au bout. Ici, il place son propos un cran au-dessus, en ayant recours à une astuce de scénario qui brouille les cartes et donne à la mort de Rocky une connotation sacrificielle, sans jamais nous donner la solution d'une petite devinette... Tendre à l'égard des petits protégés de son ami Jerry, Rocky sait quelle influence il a sur eux... A la fin, lorsque Jerry lui demande de mourir en geignant, en faisant semblant de pleurer, en se comportant comme un lâche, Rocky refuse fermement mais poliment. Puis, au moment de mourir, il pleure, geint, supplie. Le message passe, les gamins l'apprennent, et suivent Jerry, le coeur gros. Ils sont sauvés. Bien sur on ne sait pas si le héros s'est volontairement prêté à cette mise en scène,et on ne le saura jamais. Curtiz, qui de toute façon n'a sans doute pas le droit de montrer de façon directe cette exécution, passe par sa méthode habituelle, de montrer les ombres de l'exécution, de nous montrer de façon furtive quelques gestes de désespoir de James Cagney, de jouer sur la bande-son. En faisant semblant de vouloir montrer l'exécution sans la montrer, il la fait passer au rang du mythe. Seules les larmes de jerry qui assiste à l'exécution nous renseignent sur l'interprétation que celui-ci fait du geste de son ami. Cette façon inattendue de retourner le film, et le final qui suit (Jerry vient chercher les jeunes voyous dans leur repaire, et ils montent un escalier avec lui, ascension littérale), nous donnent le pouvoir de cropire que Curtiz laisse à chacun des spectacteurs le choix. L'élégance de la mise en scène, le coté "baroud d'honneur" des aventures de Rocky et l'amitié que les gens lui portent, ainsi que la sympathie qu'il inspire au spectateur, de toutes façons, tout fait de lui cet élégant manipulateur qui fait de sa propre mort une mise en scène afin de dissuader six ou sept gamins de suivre son exemple, tout comme il s'est symboliquement sacrifié pour permettre à son ami Jerry de s'en sortir. Magnifique.

Re: Michael Curtiz (1886-1962)

Publié : 27 févr. 11, 16:30
par Julien Léonard
Très belle critique pour un film que j'aime profondément. Dans mon top 5 Curtiz, je pense...

Re: Michael Curtiz (1886-1962)

Publié : 2 mars 11, 09:44
par allen john
The charge of the light brigade (1936)

C'est presqu'un genre à soi tout seul: les films concernant les batailles et conquêtes coloniales de l'empire Britaniques, sensés jouer sur le parfum d'aventure exotique, tout en offrant un pendant au western, avec lequel les passerelles sont nombreuses. Dans tous ces films, la dimension d'aventures subsiste aujourd'hui, et les penchants coloniaux, et autres stupidités liées à l'honneur de l'armée (Honneur et armée, deux mots tellement vomitifs...) resteent toujours aussi insupportables... Justement, la Warner en 1936 est à la recherche d'un nouveau souffle, et l'a prouvé dès l'année précédente en mettant en chantier un grand nombre de films, réalisés par des auteurs prestigieux, qui quittent la peinture de l'Amérique de la crise pour s'attaquer à de grands sujets littéraires et d'aventures... Anthony Adverse (Le Roy) et Black Fury (Curtiz) en ont représenté deux versants, le premier une adaptation littéraire de grande classe, le deuxième un plaidoyer social magnifique. A midsummer night's dream (Reinhardt, Dieterle) de son coté, est venu apporter ue caution 'artistique', pendant que Captain Blood (Curtiz) semblait faire la synthèse: film épique, adaptation littéraire populaire d'un roman qui certes avait déjà servi, et grand film d'aventures, avec création de star à la clé: Erroll Flynn est né. et son succès est si immédiat, que la Warner lance un nouveau film en chantier, qui reprend le romantisme aventurier, les pseudo-prétentions littéraires (Un poême de Tennyson), les deux stars (Flynn et Olivia de Havilland), ainsi que le metteur en scène.

En Inde, sur la frontière, les agissments politiques d'un indépendantiste turbulent, liés à des mouvements de troupe russe, inquiètent les Anglais; en même temps, deux frères, les Vickers, se disputent l'affection d'une femme...

Je pense que contrairement à Captain Blood, Curtiz n'a pas été spécialement interessé par ce nouveau film; il n'en a signé que la photographie principale, et le morceau de bravoure est parait-il du principalement à des assistants... Mais il a réussi à y apposer sa marque d'une façon intéressante, et bien dans sa manière: ironiquement, bien sur... D'une part, il y a du désespoir chez Flynn, qui doit ici jouer l'echec total de sa vie amoureuse. Curtiz le souligne, montrant une Olivia de havilland qui se sent forcée à devoir l'épouser, prisonnière d'une affection aveugle... La complicité des acteurs rend ces scènes qui auraient du être mièvres (Qu'on es compare avec les scènes des deux tourtereaux, Patric Knowles et De havilland...) gagnent une forte ironie, et la vision romantique de Curtiz en ressort grandie. Mais surtout, devant un film conçu pour gagner par des scénaristes qui ont tout verrouillé, Curtiz choisit une scène et la soigne particulièrement: dans les dix premières minutes, la colonne de lanciers arrive chez Surat Khan, pour lui signifier son changement de régime, qui n'est en rien favorable, puisqu'un importante subvention lui est retirée. Les scènes dans son palais, un endroit baroque avec des relents art déco, sont toutes de politesse, et de gentillesse: "quel brave homme, ce Surat Khan, il a très bien pris la chose..." Seul Flynn semble amer: il a flairé que l'ennenmi veille, et qu'il va se passer quelque chose. Mais Curtiz l'a ris de vitesse: toute la première entrevue entre les lanciers et le Khan est filmée par un Curtiz goguenard, qui a multiplié les ombres de danseuses projetées sur les murs effrayants de blancheur... Pendant que les hommes parlent, et empilent deux trois fadaises, les ombres qui s'agitent nous rappellent ironiquement à l'ordre, et de fait, l'atmosphère entre les deux factions ne va pas tarder à se refroidir...

Le héros Flynn, de plus, se voit attribuer un sacrifice, qu'on veut nous faire croire idéaliste et politique, mais Curtiz souligne la nature privée et romantique de ce qui est bien un suicide. Baroque, puisqu'à l'instar de Custer dans They died with their boots on, Vickers entraine des soldats dans la mort... Sinon, fidèle à son habitude, Curtiz a particulèrement soigné certaines scènes: massacres, escarmoucvhes, scènes de panique, et bien sur diverses parties nocturnes. Ce n'est donc pas le meilleur Curtiz-Flynn, qui ne doit sans doute sa réputation qu'à la présence de la star, mais certains films ont une vie propre: des passages répétés à la télévision durant notre jeunesse ont fini d'en faire un classique, qu'on le veuille ou non... Cela dit, j'ai fait une allusion à They died with their boots on, de Walsh: celui-là est un chef d'oeuvre, un vrai.
http://allenjohn.over-blog.com/article- ... 07201.html

Re: Michael Curtiz (1886-1962)

Publié : 2 mars 11, 14:42
par Lord Henry
A noter The Unsuspected (1947), programmé sur TCM il y a quelque temps. Peut-être le plus brillant du point de vue de la mise en scène des films noirs de la grande époque - le scénario, lui, n'est pas toujours à la hauteur.

Image

Re: Michael Curtiz (1886-1962)

Publié : 2 mars 11, 21:44
par someone1600
allen john a écrit :The charge of the light brigade (1936)
Je l'ai bien aimé celui-la, mais de tous les Flynn/Curtiz que j'ai vu, c'est le moins bon... :?