Female de Michael Curtiz (et aussi William Dieterle et William A. Wellman, 1933) :
PDG d'une firme automobile, une femme ne vit que pour son travail, et n'a que des aventures sans lendemain avec ses employés.
Un film commencé par William Dieterle, mais qui, malade, a été remplacé par William A. Wellman. Ce dernier, quittant prématurément le projet après avoir mis 17 scènes en boite, a été a son tour remplacé par Michael Curtiz qui termina le film. En fait, Jack Warner a vu une première version du film et a détesté la prestation de l'acteur jouant le rôle de George Cooper, et il insista que les scènes où il apparaît soient retournées avec Johnny Mack Brown dans ce rôle : mais Wellman n'était plus disponible, engagé sur un autre film (College coach).
Le film étonne d'emblée par son personnage principal et sa liberté de ton. Une femme directrice d'une firme automobile, un monde habituellement d'hommes, industriels et financiers sans scrupules généralement. Une particularité peu réaliste pour l'époque qui goûte peu les femmes ailleurs qu'au foyer pour l'homme de la rue et autrement que fatale au cinéma... Mais c'est sans compter sur l'écriture du personnage, au caractère quasi masculin, sans état d'âme pour les affaires, piochant dans son personnel ses conquêtes d'un soir, et attention à celui qui s'accroche... !
On parle ici de sexe comme d'une envie à assouvir et non comme un prolongement de sentiments partagés. Cette franchise de ton, qui est sensible aussi bien dans les scènes que dans les dialogues, accroche du début à la fin, mais ne sera plus possible l'année d'après car en 1934, le code Hays va durcir le ton de la censure et ce genre d'histoire ne sera plus possible.
Dommage que la fin, très conventionnelle, remette les choses à leur place brutalement pour une morale respectée, ainsi une femme qui se marie doit forcément tout abandonner pour suivre son mari, remettant donc un film en avance sur son temps à propos de la femme dans la société occidentale sur les rails de son époque. Le film ne durant qu'une heure, cette fin est clairement bâclée en quelques minutes, ce qui rend peu cohérent le changement radical de son héroïne.
En tous cas un beau portrait de femme forte, incarnée avec pep par une formidable Ruth Chatterton qui habite le film et éclipse ses partenaires mâles, pour un ensemble rythmé et piquant.
Étoiles : * * . Note : 13/20.