Michael Curtiz (1886-1962)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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O'Malley
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Re: Michael Curtiz (1886-1962)

Message par O'Malley »

Joe Wilson a écrit :La charge de la brigade légère

Petite déception, on est assez loin des meilleures collaborations Curtiz/Flynn. La faute à un scénario bancal qui mêle intrigue amoureuse, exotisme, et vengeance militaire, sans parvenir à convaincre. Le mélange est sans liant, manque de subtilité, et les changements de ton, entre gravité excessive, humour répétitif, alourdissent la structure.
Le révisionnisme historique concernant la guerre de Crimée ne favorise certainement pas l'adhésion, d'autant que le propos patriotique et pro-colonialiste n'est que peu assumé (l'évolution de Surat Khan, balancée par une contextualisation laborieuse). Il n'est pas transcendé par un jusqu'au boutisme et une ampleur de mise en scène que l'on a pu voir par exemple dans La charge fantastique de Walsh.
Le duo De Havilland/Curtiz fonctionne à l'envers puisque celle-ci lui préfère son frère, joué par un Patric Knowles bien falot, ce qui rend ces péripéties peu crédibles. Les personnages restent caricaturaux, les séquences n'allant pas au-delà de parenthèses lassantes.
La charge de la brigade légère échoue donc à devenir un brillant film d'aventures. Malgré tout on trouve de beaux moments, Curtiz montre son aisance dans les scènes de bataille à l'image de la "charge finale". L'utilisation du clair obscur, un sens aigu du rythme rendent la vision du film largement agréable et plaisante.
Mais on reste avec un regard un peu distant et parfois agacé par un matériau abordé avec beaucoup trop de légèreté.
Je signe mot pour mot. Un Flynn- Curtiz inférieur aux autres films d'aventures auquels ils ont collaboré. Heureusement que le dynamisme et l'inventivité de la mise en scène de Curtiz magnifie le tout et contribue in extrémis à faire de cette Charge un très bon divertissement, certes mineur. Pour l'appécier pleinement, faut laisser de côté tout aspect historique et se laisser aller à une imagerie naive et totalement romanesque.

Capitaine Blood (1935)
Cette première collaboration Curtiz- Flynn reste, plus de 70 ans après, une formidable réussite qui n'a (presque) pas pris une ride. La densité du scénario (qui peut contenir facile l'intrigue de deux ou trois films du même genre) alliée à la mise en scène toujours aussi dynamique de Curtiz en font un spectacle hautement réjouissant, matrice d'un genre dans lequel la Warner allait souvent revenir jusqu'aux années cinquante (L'aigle des mers, Capitaine sans peur, Le corsaire rouge, Le vagabond des mers, Le roi des îles...) et qui là, lui permettait de casser son image de studio associé au réalisme social et aux films de gangsters. Une bouffée d'oxygène qui relève tout le charisme et l'élégance d'un Errol Flynn bondissant et cabotin. On ne s'ennuie pas une seconde.
allen john
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Re: Michael Curtiz (1886-1962)

Message par allen john »

Michael Curtiz sur TCM

La chaine nous a donc gratifié en décembre d'un petit nombre de films, beaucoup desquels sont assez peu connus, et certains pouvant sans doute être considérés copomme mineurs. Néanmmoins, sans vouloir enfoncer le clou d'un Curtiz artiste accompli et génie d'un certain cinéma de studio, ils sont tous bougrement distrayants. De la petite comédie Goodbye again (1933), adaptation de pièce délurée avec un Warren Wiliam en roue libre, à l'élégant Stolen holiday (1936), inspiré par l'affaire Stavisky et interprété par claude Rains, Kay Francis et Ian Hunter, les petits films se succèdent. On peut remarquer sa versatilité dans les film mêmes, avec Private detective 62(1933), un véhicule pour le grand William Powell qui passe du film d'aventures improbables à la comédie avant de devenir un film policier plus classique, ou encore avec les étranges mais pas indignes comédies familiales de 1939/40, Four wives (1939) et Daughters courageous (1940). Les interprètes des deux films sont les mêmes, des soeurs Lane à Claude Rains, ainsi que John Garfield. Les deux films appartiennent au même univers, exploré lors d'un premier film réalisé en 1938 (Four daughters), qui n'était pas présenté, mais seul Four Wives est une suite de Four daughters... Au-delà de la comédie de moeurs à la Andy Hardy, ces petits films se laissent voir avec plaisir, sinon plus.
Mais le pompon, c'est qu'au sein de cette programmation dominée forcément par Casablanca, Mildred Pierce, Noah's ark (Unique muet et film de luxe), Molly Louvain et Captain Blood, se cache un chef d'oeuvre inattendu, sur lequel je reviendrai: Moutain Justice (1937), avec George Brent, Josephine Hutchinson, Guy Kibbee et Margaret Hamilton. Un film réalisé la même année que They won't forget, de Mervyn LeRoy, et un an après le grand Fury de Fritz Lang, juste pour situer... :mrgreen: :mrgreen: :mrgreen: :mrgreen: :mrgreen: :mrgreen: :mrgreen:
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AtCloseRange
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Re: Michael Curtiz (1886-1962)

Message par AtCloseRange »

J'en essayé quelques-uns dans cette intégrale comme Agent Secret ou Stolen Holiday et Mountain Justice est, en effet, l'un des seuls qui m'ait captivé. C'est vrai que c'est un bon film même si l'ombre de Fury pèse un peu sur lui et que la fin laisse un peu à désirer. Excellente interprétation de Josephine Hutchinson et surtout de Robert Barratt dans le rôle de son odieux père.
J'ai de toute façon un goût certain pour les films consacrés aux hillbillies (dans ce cas précis, le terme est parfaitement adéquat).
Fatalitas
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Re: Michael Curtiz (1886-1962)

Message par Fatalitas »

pas vu beaucoup de films de l'integrale Curtiz, mais bonnes impressions egalement devant ce Mountain Justice, et Daughters courageous que n'aurais pas renié un Jeremy Fox que je sais fan de ce genre de films (les comedies familiales)

me reste à voir le muet :)
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beb
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Re: Michael Curtiz (1886-1962)

Message par beb »

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allen john
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Re: Michael Curtiz (1886-1962)

Message par allen john »

Mountain justice (1937)

Le propos de la Warner avec ce film était sans doute de donner de la hauteur au mélodrame en racontant aussi méthodiquement une affaire de justice. Le film est sorti après Fury dont il n’ya que peu de chance qu’on ait eu envie de le copier, puisque il n’a pas eu un grand succès ; They Won’t forget, de LeRoy, est venu plus tard, et a été l’objet de plus d’attentions de la part de la firme : Claude Rains était une étoile montante, et George Brent dans ce film de Curtiz est plutôt sur le déclin, sans compter qu’il n’est pas omniprésent à l’écran : le film est dominé par Josephine Hutchinson, une actrice capable, mais dont la carrière n’a pas provoqué de raz-de-marée public. Ce drame noirissime chez les hillbillies était donc un film B, mais cela n’a pas empêché Curtiz de s’intéresser particulièrement au film, et en bon contrebandier, de faire passer pas mal de choses par les chemins détournés qui le caractérisent.

Ce n’est pas tant l’intrigue dans son ensemble qui a intéressé le metteur en scène : une jeune femme éduquée habitant les Appalaches avec sa famille, soucieuse de faire avancer les choses en poussant les habitants arriérés à laisser la médecine s’intéresser à eux, rencontre un jeune avocat qui, manque de chance, est précisément venu pour un procès dans lequel le fruste et brutal père de l’héroïne va être condamné. Il s’ensuivra une aggravation des rapports entre la jeune femme et son père, un ressentiment très fort entre celui-ci et l’avocat qui l’a fait condamner, et une haine de plus en plus forte des habitants pour la jeune femme, identifiée comme une influence extérieure… Cela ira jusqu’à la violence et la mort, et au-delà.

La désintégration d’une famille en proie à des passions d’autant plus fortes qu’il s’agit d’un choc de civilisations plus que d’un conflit de générations, la capacité de résistance de l’obscurantisme, le jusqu’au-boutisme de l’extrémisme des gens locaux, et la lente montée de l’horreur sont les choses qui ont intéressé Curtiz ici, plus que le coté didactique, ficelé qu’aurait eu un film de procès. Fury avait à cœur de démontrer le mécanisme des mouvements de foule, et d’inscrire cette démonstration dans une fable amoureusement contée par un maître, qui culminait dans une scène de procès, convoquant la morale de la société et la confrontant à une morale plus élevée, qu’elle soit humaine ou religieuse. They won’t forget sera lui aussi, avec talent d’ailleurs, un film de procès, dont les coups de théâtre s’inscrivent (Pour autant que mes souvenirs lointains du film me permettent de vraiment m’en souvenir !) dans une logique de suspense judiciaire. Le film de Curtiz évite soigneusement de s’appesantir sur les procès, qui sont les moments durant lesquels George Brent peut faire sortir son talent, disons pas vraiment spectaculaire. Non, le principal intérêt du film, cest l’évolution du calvaire de Ruth Harkins, dont la première scène fait pourtant une héroïne à la Blood : assistante du médecin local (Guy Kibbee) qui vient de procéder à un accouchement, elle est vue, et son volontarisme avec, avec autant de méfiance que le docteur lorsqu’elle tente de persuader les gens de faire appel à des moyens plus modernes pour leur communauté; on est naturellement surpris lorsque l’on voit cette jeune femme éduquée, qui tranche sur les gens locaux rentrer chez son père, et celui-ci va dominer le film de toute la force de la menace qu’il représente : terrorisant ses filles par la sécheresse de sa communication, intervenant en meute pour empêcher sa fille de fréquenter un étranger à la foire, rentrant chez lui après la prison pour voir une maison décorée avec un peu de frivolité par ses filles et sa femme, et commençant à tout casser méthodiquement avant de corriger sa fille aînée dans une scène d’une violence qui rappelle en plus ironique (Mais oui) Broken blossoms : Curtiz a recours à des silhouettes et des ombres, et cadre d’une caméra en position basse un napperon sur le mur, seule décoration autorisée dans ce foyer traditionnel, sur lequel est écrit Tu aimeras ton père et ta mère

Les épisodes situés en dehors de l’environnement fruste des montagnes sont réduits à l’essentiel, Curtiz ne situant qu’une scène en extérieurs dans les épisodes New-Yorkais, une promenade à Central Park qui sert vraisemblablement de fausse piste. Après l’épisode, le retour au pays sera ultra-violent, avec des suggestions d’infanticide et un parricide patenté. Les ombres, ces acteurs que Curtiz préférait dans de nombreux films, sont ici déchainées : il ne s’agit pas seulement de signer son film à la façon de Hitchcock, ce qu’il faisait en se livrant à une petite scène d’ombres chinoises dans tous ses films ou presque, mais d’étendre le cadre de ce qu’il peut montrer en suggérant ce qu’il ne peut pas filmer (Les scènes de violence, l’accouchement) en profitant d’une certaine économie de moyens (Contrairement à un Borzage qui réclamait manifestement des décors à fenêtres, Curtiz les suggérait par des ombres. C’est souvent le cas dans ce film) et par-dessus le marché Curtiz situe le gros du film dans la nuit, dans des masures montagnardes sombres qui ré-haussent le coté glauque de l’histoire.

Si on cherche les seconds rôles Curtiziens dans cette sombre histoire, on sera servi, mais l’histoire d’amour boîteuse entre Guy Kibbee (cet acteur est très attachant) et l’admirable Margaret O’Brien (Celle qui meurt quand on la trempe) sert autant de bouche-trou sans intérêt que de « comic relief » à la Ford. Du reste, ces deux personnages permettent quand même d’humaniser un peu les montagnes par leur bonté et leur soutien à l’héroïne. Mais une surprise de taille, lors du deuxième procès, est réservée par une jeune actrice (Marcia Mae Jones) qui a un cri du cœur, inattendu et d’autant plus fort que la situation de sa sœur, Ruth, est arrivée à un paroxysme dramatique. Autant dire que le film va loin, et que Curtiz, typiquement, va sans doute plus loin que ne l’avaient prévu les producteurs, qui n’ont pas du s’impliquer de façon très importante dans ce film ; lui, si: cet histoire d’exil forcé (D’un état vers l’autre, mais Ruth aime ses montagnes, elle le dit à George Brent dans une très jolie scène diurne) , accompli dans la violence et le renoncement à la liberté élémentaire (Y compris avec la bénédiction des autorités, ne peut que lui ressembler. Et on ne me fera pas croire que la fin soit un happy-end, pour Curtiz, comme pour son héroïne : Ruth Harkins, à la fin du film, condamnée à ne jamais revenir afin de rester libre, erre entre deux mondes, comme décidément beaucoup de héros de Michael Curtiz.
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Re: Michael Curtiz (1886-1962)

Message par Alligator »

Young Man with a Horn (La femme aux chimères) (Jeune fou à la trompette) (Michael Curtiz, 1950) :

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all caps
_______________

L'affiche est appétissante, n'est-ce pas? La jeune Doris Day encore un peu gironde, la tout aussi jeune mais éternelle fine Lauren Bacall, le musculeux (j'attends avec impatience de voir un de ses films sans une scène topless) de Kirk Douglas, Carmichael toujours pianiste (il frappe le clavier dans le bar de Sam, in Casablanca) et puis surtout Maître Curtiz à la manoeuvre.

Et pourtant au final, le film se revèle décevant. La première heure décrit la lente ascension sociale sans trop de heurts d'un jeune trompettiste de jazz. Puis la descente aux enfers commence enfin à donner un peu de jus, un goût de gibier en quelque sorte, avec des scènes saignantes, des crocs dans la chair, mais que ce fut long pour en arriver là. Ensuite, la fin un brin expédiée redonne au spectateur l'arrière-goût d'une petite désillusion. Tout ça pour ça... Parce qu'en somme, que nous a montré le film? Un enfant esseulé trouve dans la musique une raison de vivre. Adulte, il passe à côté de sa vie sentimentale. Autiste, il gâche en grand partie son existence. Il oublie son mentor, loupe le vrai amour de sa vie et épouse le mauvais parti. Un looser ou un crétin sans adolescence et qui fait ses conneries à trente ans bien tassés. Pathétique et pas très intéressant. Sans grandes aspérités, paradoxalement.

Et pourtant ce n'est pas faute d'avoir une arme de prestation massive en la personne de cet hallucinant Kirk Douglas, capable de tout jouer avec un naturel sans faille. Il n'y a pas de mots je crois pour décrire la haute admiration que je lui voue, et ce de manière toujours croissante, au fur et à mesure que je découvre avec stupéfaction la richesse et la diversité des rôles qu'on lui a attribués, en même temps que la simplicité avec laquelle il les a endossés. "Hooo, il m'épate, il m'épate, il m'épate".
Il n'est pas besoin de voir ce film en particulier pour connaitre le doux cahot que provoquent la beauté froide et chaude, sucrée salée de Lauren Bacall, la profondeur de son regard, ce "look" si tendre et si braguette à la fois. Mais sur une scène, j'avoue que la finesse de son cou, la courbe de sa nuque dénudée m'ont saisi au col et baladé plusieurs secondes sur une planète inconnue. Quelle cambrure! Je suis sûr et certain que le collier n'a rien à voir avec ce soudain émoi. Non, il s'agit bien de son cou. Une envie folle d'y coller des smacks avaleurs m'a pris aux lèvres. Illico presto. Mamma mia!

Autres moments où l'on posera les yeux avec plaisir sur ce film : toutes les fois où Monsieur Curtiz (avec sa filmographie, on se doit de l'appeler Monsieur si Maître est déjà pris) s'est amusé à filmer ses ombres parlantes, ses jeux de miroir ou New-York et ses lumières de l'aube. Magnifique! Quelques plans ravissent l'oeil de l'aficionado photographique.

Rien que pour ses trois cadors, le film vaut d'être vécu. Dommage que l'histoire ne soit pas à la hauteur.
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Re: Michael Curtiz (1886-1962)

Message par allen john »

Alligator a écrit :Young Man with a Horn (La femme aux chimères) (Jeune fou à la trompette) (Michael Curtiz, 1950) :

Rien que pour ses trois cadors, le film vaut d'être vécu. Dommage que l'histoire ne soit pas à la hauteur.
Je l'ai bien aimé, celui-ci. C'est vrai que le script n'est pas à la hauteur, comme avec la plupart des Curtiz post-Mildred Pierce, d'ailleurs, mais le bonhomme a coutume de faire sa petite affaire dans son coin à chaque fois qu'un film, pour quelque raison que ce soit, l'inspire, et ce "Young man with a horn", vaguement inspiré de la vie de Bix beiderbecke, mais au scénario émasculé (Bix était un alambic sur pieds) nous présente un Curtiz qui, l'air de rien, souligne dans les marges la noirceur, le vide de la vie de musicien, le sacerdoce... ses ombres , généralement laissées de coté après 1948, sont omniprésentes, et semblent nous donner des nouvelles d'un monde autrement plus inquiétant que celui dépeint par le film, dans lequel un musicien de jazz se paye un appart grand luxe. De plus, c'est encore une de ces fausses comédies musicales dans lesquelles le metteur en scène se refuse à filmer de manière artificielle (Voir Mammy, Yankee Doodle Dandy, et Night and day), et prend le contrepied de Busby Berkeley. Toute musique est ici inscrite dans le contexte artistique (Répétition), économique (Tournée contractuelle), constamment réaliste. Bien sur, on est loin du bebop, et la contradiction entre le personnage censé être un rebelle et la trompette brilante mais sage de Harry James fera sourire les initiés, mais qu'importe: on n'a jamais aussi bien filmé le jazz que Curtiz, manifestement fasciné par sa noirceur. Donc, après la comédie musicale, voici le film noir musical baroque.
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Jeremy Fox
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Re: Michael Curtiz (1886-1962)

Message par Jeremy Fox »

allen john a écrit : De plus, c'est encore une de ces fausses comédies musicales dans lesquelles le metteur en scène se refuse à filmer de manière artificielle (Voir Mammy, Yankee Doodle Dandy, et Night and day), et prend le contrepied de Busby Berkeley.
Que veut tu dire par là ? Car niveau artificialité, convention et tout le reste, Night and Day se pose un peu là je trouve ! Berkeley aurait probablement réalisé un meilleur film sur le sujet.
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Re: Michael Curtiz (1886-1962)

Message par allen john »

Jeremy Fox a écrit :
allen john a écrit : De plus, c'est encore une de ces fausses comédies musicales dans lesquelles le metteur en scène se refuse à filmer de manière artificielle (Voir Mammy, Yankee Doodle Dandy, et Night and day), et prend le contrepied de Busby Berkeley.
Que veut tu dire par là ? Car niveau artificialité, convention et tout le reste, Night and Day se pose un peu là je trouve ! Berkeley aurait probablement réalisé un meilleur film sur le sujet.
Tout à fait d'accord. Je m'explique: Ce refus de l'artifice chez Curtiz, c'est ce qui l'amène à toujours circonscrire la représentation de chansons, numéros musicaux, etc de manière à ce qu'on voie les ficelles, les coulisses, le théâtre. Il n'y a aucun désir de faire sauter les limites scéniques, contrairement à Berkeley ou à Singing in the rain: les prestations artistiques dans ces quatre films musicaux sont réalistes, et ne débordent jamais.

A propos de Night and day, un film bien terne c'est vrai, on remarquera toutefois que Curtiz prend un malin plaisir à "signer" l'une de ces scènes, lorsque l'on voit Cary Grant au piano qui accompagne une chanteuse (Hors champ) dont l'ombre gigantesque se dessine sur un mur de la salle de théâtre... Ici, non seulement la scène musicale reste limitée au réalisme d'une séquence de répétition, mais plus encore, on évite de cadrer ce qui habituellement fait le sel d'une comédie musicale. Donc Curtiz ne souhaite pas le faire. Affaire de goût, sans doute, mais c'est l'un des aspects intrigants de son oeuvre, qui sert bien un film comme Young man with a horn, et en sauve certains aspects: le jazz (Le vrai, s'entend, pas le jazz à la Al Jolson) sied bien à la crudité du propos de ce film.
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Re: Notez les films naphtas - Mai 2009

Message par Lord Henry »

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Victime d'un coup monté, John Ellman (Boris Karloff) est condamné et exécuté pour l'assassinat d'un juge. Alors même qu'il est électrocuté,  un témoignage tardif établit son innocence. Afin de réparer cette injustice, un savant (Edmund Gwenn) propose de le ressusciter au moyen d'une technique de son invention. Revenu d'entre les morts, il devient l'instrument du châtiment qui frappe les vrais coupables.


Michael Curtiz a jalonné ses deux premières décennies aux couleurs de la Warner, d'autant de réalisations en tout genre que de témoignages de sa virtuosité. A chaque fois, le spectateur est livré à l'enivrant parfum qu'exhale le pur plaisir du cinéma; un plaisir dont on se plaît à croire qu'il contagionne naturellement le public pour avoir été d'abord éprouvé par le cinéaste.
The Walking Dead (1936) marie avec frénésie le Film Noir, la science-fiction et le Fantastique, fondant sans se soucier des convenances les trois genres dans une même esthétique. Les idées de mise en scène contenues dans ses soixante-six minutes suffiraient au bonheur de plusieurs longs-métrages. Ainsi, l'extraordinaire séquence du concert que donne le mort-vivant à ses bourreaux: le jeu des éclairages et de la photographie, associé aux notes de piano, suffit à traduire le terrible affrontement des volontés en présence.
Dernière modification par Lord Henry le 23 mai 09, 11:13, modifié 1 fois.
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Re: Notez les films naphtas - juillet 2009

Message par Profondo Rosso »

Les Conquérants (Dodge City) de Michael Curtiz (1939)


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1872. Au bout de la piste poussiéreuse, les ennuis commencent. Assoiffés, prêts à dégainer pour un rien, les cow-boys viennent de mener leur troupeau à Dodge City, là où trop souvent la force fait loi. Il faudrait bien que la loi règne dans cette ville corrompue où les balles sifflent à tout instant. Lorsque Wade Hatton, patron du troupeau, devient shériff, c'est fait...

La formule gagnante du film d'aventure, Michael Curtiz à la réalisation, Errol Flynn en héros viril au grand coeur et Olivia De Havilland :oops: en héroïne romantique vient apliquer pour la première fois son sens du spectacle dans le western. Tout les classiques du genre sont représentés, avec pour une des premières fois dans le western de cette époque des moyens énormes et des stars. Narrant la sauvagerie qui pouvait régner dans ses villes de l'Ouest livré à la loi du plus fort, le film illustre la lutte acharné entre un truand despotique génialement incarné par Bruce Cabot et un Errol Flynn droit comme la justice. Malgré l'aspect grand divertissement, le film étonne par ses moments de noirceur avec la mort tragique d'un enfant motivant la vocation de sheriff de Flynn ou encore un festival d'assassinants en règle orchestré par Cabot. Visuellement somptueux, avec un technicolor flamboyant et un Curtiz autant inspiré par les moments contemplatifs où il magnifie les paysages de l'Ouest que dans les moments d'actions spectaculaire. Au programme une baston de saloon absolument homérique, parmis les plus impressionnante que j'ai pu voir (avec un décor détruit dans ses moindres recoins), le gunfight final dans un train enflammé lancé à grande vitesse et un Errol Flynn qui donne de sa personne comme jamais, voir la scène où rattrappe et stoppe deux chevaux avec un enfant accroché à leur rênes, inutile de chercher la doublure. Très bon western très divertissant et palpitant de bout en bout. Et le score de Max Steiner démonte ! 5/6
someone1600
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Re: Michael Curtiz (1886-1962)

Message par someone1600 »

J'adore aussi ce film. Excellent western... et la bagarre de saloon est mémorable. :lol:
allen john
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Re: Michael Curtiz (1886-1962)

Message par allen john »

someone1600 a écrit :J'adore aussi ce film. Excellent western... et la bagarre de saloon est mémorable. :lol:
Oui!! D'aileurs, c'est ce moment de pur bonheur, cette digression de génie qui était projetée en boucle au MOMI de Londres, au NFT (Du moins quand j'y suis allé dans les années 90) comme exemple archétypal de western réjouissant.
Nestor Almendros
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Re: Michael Curtiz (1886-1962)

Message par Nestor Almendros »

ALIAS THE DOCTOR (1932)

Je me suis essayé, sans conviction, à cette rareté diffusée au Cinéma de Minuit. Moi qui ai encore quelque appréhension avec le cinéma de cette époque, j'ai été servi! L'ensemble est plutôt balourd, manque de subtilité, évite tout développement psychologique des personnages pour ne résumer que les grands évènements de l'histoire. On sent beaucoup le "produit" de consommation, vite fait, pour alimenter le flux dans les salles. Même si l'histoire se suit sans trop d'ennui (et avec beaucoup d'indulgence), ça fait quand même son âge.
Visuellement, on retient surtout un style encore très inspiré du muet. A commencer par son acteur principal, Richard Barthelmess que j'ai trouvé assez mauvais (son jeu se résume une expression - deux à la limite - mais pas plus, et c'est presque pire quand il parle :fiou: ). On remarquera surtout un travail parfois étrange mais intéressant sur les décors (le tribunal, l'appartement des étudiants) sans que cela soit réellement mis en valeur. On s'attardera peut-être plus facilement sur quelques brefs moments plus marquants où Curtiz semble aiguiser son style (la scène avec l'employé de la morgue, à la fin).
"Un film n'est pas une envie de faire pipi" (Cinéphage, août 2021)
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