Je ne sais pas si c'est moi qui suis en phase terminale de wokisme mais j'adhère à 100% à cette analyse des séquences finales du film qui torpillent en quelques secondes, de façon maladroite, voire grossière, le discours subversif du patriarcat chrétien, jusque là exemplaire. On passe donc, le temps dune respiration, d'un film prodigieusement audacieux, progressiste, à un film désespérément rétrograde. Ici l'happy end c'est la femme qui, et c'est toute la détestable subtilité du scénario, comprend d'elle même où se situe sa véritable place : entre les casseroles de la cuisine et les couches culottes des morveux. Son affranchissement passe d'abord par l'acceptation de son infériorité. D'aucuns, dont on peut contester les interprétations orientées, y verront au contraire un sous texte plus subtil, qui donne à la femme une place plus stratégique, en retrait, pour pervertir insidieusement l'american way of life...Profondo Rosso a écrit : ↑5 oct. 15, 01:37 Female (1933)
Alison Drake dirige d'une main de fer une grande entreprise automobile, la Drake General Motors, qu'elle a héritée de son père. Lassée d'être sans cesse courtisée pour son argent et non sa personne, elle s'amuse à inviter des employés de l'entreprise à diner en tête à tête, puis dans son lit, avant de les rejeter le lendemain. À la suite d'une soirée mondaine où elle est une fois de plus courtisée par tous, elle décide de sortir incognito et de se fondre dans la masse d'une fête foraine. Elle y rencontre un homme très séduisant Jim Thorne, qu'elle retrouve dans son usine le lendemain et qui n'est autre que l'ingénieur qui doit sauver l'entreprise de la faillite.
Le scénario est malheureusement assez maladroit, ce chemin nécessaire d'Alison devenant un retour pur et simple à l'image de femme au foyer ménagère et génitrice avant tout. Pas de juste milieu dans une conclusion trop précipitée qui gâche toutes les audaces du film. Cela passait sans doute mieux dans le contexte de sortie du film mais a du mal à passer pour un spectateur contemporain.
- Spoiler (cliquez pour afficher)
4,5/6
- Spoiler (cliquez pour afficher)
Michael Curtiz (1886-1962)
Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky
- John Holden
- Monteur
- Messages : 4889
- Inscription : 1 sept. 14, 21:41
- Contact :
Re: Michael Curtiz (1886-1962)
- Alexandre Angel
- Une couille cache l'autre
- Messages : 14078
- Inscription : 18 mars 14, 08:41
Re: Michael Curtiz (1886-1962)
Tu serais plutôt en phase metoo, non? (ces notions se mélangent un peu dans ma tête , je reconnais) et le constat est juste mais selon l'expression "non consacrée", à ce stade du film, le bien est fait. Il se s'agit pas là d'un "grand film" avec un "grand sujet" (genre, au hasard, Une Place au soleil) qui ne se relèverait pas d'une trahison idéologique mais d'une bande américaine de la première moitié des années 30 qui va vite, qui passe vite, qui affiche un certain ton, etc.. Le changement de point de vue qu'on ressent à la fin est très courant dans le cinéma américain, cinéma de studio. Vous avez raison de le constater mais pour ma part, ça ne suffit pas à torpiller le film.John Holden a écrit : ↑28 janv. 24, 10:04 Je ne sais pas si c'est moi qui suis en phase terminale de wokisme mais j'adhère à 100% à cette analyse des séquences finales du film qui torpillent en quelques secondes, de façon maladroite, voire grossière, le discours subversif du patriarcat chrétien, jusque là exemplaire. On passe donc, le temps dune respiration, d'un film prodigieusement audacieux, progressiste, à un film désespérément rétrograde.
Je trouve que tu surdramatises le dommage
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.
m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
- John Holden
- Monteur
- Messages : 4889
- Inscription : 1 sept. 14, 21:41
- Contact :
Re: Michael Curtiz (1886-1962)
Bah, même si la plus délicieuse et passionnante des créatures me donnait rendez-vous derrière l'église, après m'avoir fait part de sa passion pour une idéologie nauséabonde, je pense que je ferais d'abord la visite de toutes les autres églises du Monde avant de peut-être la retrouver un jour. (Définition du wokisme pour le petit Alexandre. )Alexandre Angel a écrit : ↑28 janv. 24, 10:31Tu serais plutôt en phase metoo, non? (ces notions se mélangent un peu dans ma tête , je reconnais) et le constat est juste mais selon l'expression "non consacrée", à ce stade du film, le bien est fait. Il se s'agit pas là d'un "grand film" avec un "grand sujet" (genre, au hasard, Une Place au soleil) qui ne se relèverait pas d'une trahison idéologique mais d'une bande américaine de la première moitié des années 30 qui va vite, qui passe vite, qui affiche un certain ton, etc.. Le changement de point de vue qu'on ressent à la fin est très courant dans le cinéma américain, cinéma de studio. Vous avez raison de le constater mais pour ma part, ça ne suffit pas à torpiller le film.John Holden a écrit : ↑28 janv. 24, 10:04 Je ne sais pas si c'est moi qui suis en phase terminale de wokisme mais j'adhère à 100% à cette analyse des séquences finales du film qui torpillent en quelques secondes, de façon maladroite, voire grossière, le discours subversif du patriarcat chrétien, jusque là exemplaire. On passe donc, le temps dune respiration, d'un film prodigieusement audacieux, progressiste, à un film désespérément rétrograde.
Je trouve que tu surdramatises le dommage
Concernant la "schizophrénie" toute relative du scénario, ce qui m'embarrasse c'est qu'on a inclus ce film dans le genre bien défini du pré-code, auquel il appartient, certes, mais davantage pour des raisons superficielles. Ici, essentiellement pour les allusions à peine dissimulées sur la frénésie sexuelle de Ruth Chatterton et l'inversion des rapports de pouvoir entre hommes et femmes. Et même là, les scénaristes ne valident pas jusqu'au bout l'émancipation féminine. On la fait plutôt passer pour une hystérique, une insatisfaite chronique. Bref, rien de bien transgressif pour un pré code.
- Rick Blaine
- Charles Foster Kane
- Messages : 24145
- Inscription : 4 août 10, 13:53
- Last.fm
- Localisation : Paris
Re: Michael Curtiz (1886-1962)
La plupart des films du cycle de la femme déchue prennent pourtant cette trajectoire scénaristique. C'est un peu l'équivalent de la mort du "héros" dans les films de gangster.
Il fallait quand même pouvoir les projeter ces films à l'époque, et donc donner une caution aux ligues de vertues
Il fallait quand même pouvoir les projeter ces films à l'époque, et donc donner une caution aux ligues de vertues
- John Holden
- Monteur
- Messages : 4889
- Inscription : 1 sept. 14, 21:41
- Contact :
Re: Michael Curtiz (1886-1962)
On est bien d'accord, la liberté de ton dans le pré code avait ses limites.Rick Blaine a écrit : ↑28 janv. 24, 11:47 La plupart des films du cycle de la femme déchue prennent pourtant cette trajectoire scénaristique. C'est un peu l'équivalent de la mort du "héros" dans les films de gangster.
Il fallait quand même pouvoir les projeter ces films à l'époque, et donc donner une caution aux ligues de vertues