David Lean (1908-1991)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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AtCloseRange
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Re: David Lean (1908-1991)

Message par AtCloseRange »

supfiction a écrit :
AtCloseRange a écrit : D'accord pour les 2. Si le coffret UK des premiers Lean s'est avéré globalement décevant, Heureux Mortels est dans les bonnes surprises. Et l'Esprit s'amuse est drôle comme une rage de dents.
Parles-tu du coffret David Lean Collection (9 films) ?
Quant au coffret Carlotta, d'après ce que j'ai lu il est à conseiller pour 3 films sur 5, d'après ce que je comprend de vos retours.
Je n'ai qu'une vieille édition dvd française de Brève rencontre.

Edit : Bon, je pensais attendre un hypothétique coffret Blu-ray, mais j'ai l'impression que ce n'est pas pour demain..je viens donc de commander ce coffret Carlotta.
Non, c'est son successeur, le coffret de 10 films The Centenary Collection mais à moins d'avoir du mal avec les sous-titres anglais, c'est le coffret à avoir (même si j'ai été déçu). La qualité de l'image est magnifique (pour du DVD) et c'est le même prix que le coffret français.
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Supfiction
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Re: David Lean (1908-1991)

Message par Supfiction »

Ah oui, exact, c'est celui-ci alors Image Il est à 29 euros, effectivement c'est une super affaire.

Bon trop tard, j'ai commandé le Carlotta (22,90 sur Priceminister). Et puis l'absence de sous-titres français me gêne si j'ai le choix.
Quels sont les titres absents du Carlotta qu'il faut voir ?
Gustave
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Re: David Lean (1908-1991)

Message par Gustave »

Enfin vu ses magnifiques Grandes Espérances ! Moins cruelles et moins émouvantes qu'Olivier Twist mais grandes quand même : par l'écriture humaniste de Dickens, par les influences romantico-gothiques de la mise en scène de Lean qui joue admirablement sur les ombres et la lumière (magnifique scène du procès collectif condamnant entre autres le bienfaiteur de Pip, et où un faisceau de lumière quasi-divine absout par avance les condamnés en masse)...

J'ai mis tellement de temps à reconnaître... un tout jeune ALEC GUINNESS !!!

Après un si beau film, on ne peut que constater l'inutilité de la nouvelle adaptation de Dickens qui se profile :
Gustave
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Re: David Lean (1908-1991)

Message par Gustave »

OMG ! Keilly Reilly, vue dans L'Auberge espagnole et Les Poupées russes de Klapisch ou encore Mrs. Henderson presents de Stephen Frears, ressemble beaucoup trop à Kay Walsh, actrice fétiche, co-scénariste et épouse de Lean entre 1940 et 1949. Elle est ici dans le magnifique Heureux Mortels ! Saisissant !

Keilly Reilly :

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Cathy
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Re: David Lean (1908-1991)

Message par Cathy »

Brève rencontre, Brief Encounter (1945)

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Un homme et une femme se rencontrent sur le quai d'une gare et tombent profondément amoureux

David Lean signe ici un chef d'œuvre de subtilité, de finesse mais aussi d'émotion, comment ne pas craquer devant cette histoire d'amour finalement très banale entre une femme qui vient se distraire en ville le jeudi et un médecin qui rentre chez lui. Le réalisateur a adapté une pièce de théâtre mais il a su habilement éviter l'écueil du théâtre filmé, et jamais on ne sent cette origine scénique tant tout le décor de la gare, de la ville ou encore de la campagne anglaise est utilisé pour servir son argument romantique à souhait. Le fait aussi de raconter cette histoire d'amour par une partie de son dénouement fait la force du film. Il y a aussi ces superbes gros plans de l'actrice Celia Johnson, pas forcément un modèle de beauté, mais qui possède une émotion énorme que ce soit dans ses moments de pur bonheur ou de désespoir, dans ses scènes de mensonge ou d'aveu amoureux. Trevor Hovard est excellent aussi en médecin séduisant et séducteur. Il y a la force de cet amour qui est aussi appuyé par le romantisme exacerbé du concerto pour piano de Rachmaninov, concerto que réutilisera quelques années plus tard William Dieterle pour ses Amants de Capri. Il ne faut pas oublier la superbe scène du train où la jeune femme rêve et voit les images de son rêve se superposer à la vitre. Il y a cette scène finale avec la totale compréhension du mari "trompé" et cette émotion intense. Un film où finalement la force de caractère et l'honneur seront plus forts que l'amour passionné, il ne faut pas non plus oublier l'autre histoire d'amour entre la tenancière de la buvette et le chef de gare joué par Stanley Holloway. Bref un chef d'œuvre et une très belle découverte.
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Jeremy Fox
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Re: David Lean (1908-1991)

Message par Jeremy Fox »

Tu m'as donné envie de le revoir ; j'avais adoré mais avais peur de ne pas retrouver l'émotion ressentie lors de sa découverte il y a plus de 25 ans.
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Cathy
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Re: David Lean (1908-1991)

Message par Cathy »

Curieusement je ne l'avais jamais vu, peur d'être déçue sans doute. Mais le fait de regarder les amants de Capri avec le superbe concerto de Rachmaninov m'a donné envie de franchir le pas. Je ne l'ai pas regretté, j'ai aimé en plus cette superposition de la musique écoutée qui finalement ponctue les images qu'elle se remémore et ne se contente pas d'illustrer le propos. J'aime beaucoup cette évocation indirecte de l'histoire en voix off, finalement plus fort qu'une aventure racontée de manière chronologique. On sait dès le début la fin de l'histoire et c'est sans doute cela qui fait la force...
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Re: David Lean (1908-1991)

Message par Flol »

Mon film du mois de mars 2011 (que le temps passe vite, ma bonne dame).
J'avais trouvé ça d'une modernité incroyable, et cette histoire m'avait tout simplement bouleversé. Un classique qui mérite bien son titre.
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Re: David Lean (1908-1991)

Message par monk »

Un film inoubliable qui m'a hanté plusieurs jours après la séance. Sa découverte a été un grand évènement.
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Re: David Lean (1908-1991)

Message par Profondo Rosso »

L'esprit s'amuse (1945)

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Écrivain à succès, Charles Condomine organise, avec sa nouvelle femme Ruth, un dîner en compagnie d’une voyante excentrique. À la fin du repas, les convives se rassemblent autour d’une séance de spiritisme que tous croient ratée. Mais ce soir-là, Charles est hanté par le fantôme de sa première femme, Elvira, ce qui suscite la plus grande jalousie chez Ruth…

Avant-dernière collaboration avec Noel Coward avant le classique Brève Rencontre (1945), Blithe Spirit est l'occasion d'une délicieuse incursion dans la comédie pour David Lean. L'intrigue offre une sorte de détonante screwball comedy mâtiné de surnaturel avec un drôle de triangle amoureux entre le monde de vivant et l'au-delà. Charles Condomine (Rex Harrison) écrivain à succès décide avec son épouse Ruth (Constance Cummings) d'inviter le médium excentrique Madame Arcati (Margaret Rutherford) pour une séance de spiritisme servant à lui donner matière quant au sujet de son prochain livre. La soirée prend un tour amusant et moqueur vis à vis des excentricités du médium mais la séance supposée ratée a laissée des traces. Elvira (Kay Hammond), l'épouse décédée sept ans auparavant de Charles a ainsi fait sa réapparition, bien décidée à enquiquiner sa remplaçante.

Passé la stupeur et le doute initial, le film assume de plein pied son argument fantastique et amuse de bout en bout. On jouera d'abord sur la rivalité entre les deux épouses, Elvira étant une délicieuse langue de vipère ectoplasmique au charme décontracté tandis que la légitime Ruth est-elle une boule nerf rongée par la jalousie. La complicité retrouvée entre Charles et Elvira alterne avec les échanges orageux avec Ruth et donne l'occasion de mettre en valeur les bons mots de Noel Coward dont cette réplique cinglante de Rex Harrison censurée lors de la sortie américaine.

If you're trying to compile an inventory of my sex life, I feel it only fair to warn you that you've omitted several episodes. I shall consult my diary and give you a complete list after lunch./Si ce que tu essayes de faire c'est dresser l'inventaire de ma vie sexuelle, pour être honnête avec toi je me dois de te prévenir que tu as omis plusieurs épisodes. Je vais consulter mon journal et je te donnerai une liste complète après le déjeuner

Lean donne une énergie et un charme constant à l'ensemble, que ce soit par le jeu sur les dialogues se chevauchant et suscitant le quiproquos entre le trio de héros, et l'intrigue sait constamment rebondir dans des directions inattendues. Le triangle amoureux laisse ainsi place à une réflexion plus amère sur le couple où les reproches sur le quotidien ont autant place avec entre les époux fantômes que ceux bien vivant. Rex Harrison excelle toujours en dandy amusé de ses femmes se déchirant pour lui se prépare déjà au futur Guêpier pour trois abeilles (1967) de Mankiewicz. Il a le beau rôle avant que l'excellent épilogue prenne un tour plus féministe qui le forcera à tenir un peu plus compte des sentiments de sa/moitié(s), dans ce monde ou dans l'autre. Visuellement c'est également un régal d'atmosphère british avec une photo pastel de Ronald Neame donnant un aspect factice et désuet volontaire avec ce décor studio stylisé renforçant la présence incongrue des fantômes à la texture verte plongés dans ce déluge de couleurs désaturées et de beaux jeu d'ombres. Les effets spéciaux seront d'ailleurs récompensés d'un Oscar. Un très bon moment. 5/6
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Profondo Rosso
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Re: David Lean (1908-1991)

Message par Profondo Rosso »

Heureux Mortels (1944)

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L'action est centrée sur la fortune des Gibbons, une famille appartenant à la classe moyenne la moins aisée et vivant dans les faubourgs du sud de Londres, dans une période allant de la démobilisation qui a suivi la Première Guerre mondiale en 1919 et le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale en septembre 1939.

Deuxième film de David Lean, This Happy Breed voit le réalisateur prendre son indépendance vis à vis de son mentor Noel Coward avec lequel il avait co dirigé l'inaugural Ceux qui servent en mer (1942). Lean seul à la réalisation reste néanmoins dans sillage de Coward (qu'il retrouvera sur L'esprit s'amuse (1945) et Brève Rencontre (1945) qui en signera les scénarios d'après ses pièces toujours) en adaptant sa pièce éponyme jouée en 1939. C'est précisément entre cette année 1939 et le début de la Deuxième Guerre Mondiale et 1919 où la Grande Guerre s'achève à peine que se déroule l'intrigue. On s'y penchera sur cette période au destin de la famille Gibbons, le cadre formant une sorte de paradis perdu dans une Angleterre paisible de l'entre-deux guerre.

La scène d'ouverture voit cette vie de famille reprendre son cours par le retour du front du père Frank (Robert Newton) et la réinstallation dans une nouvelle demeure avec son épouse Ethel (Clelia Johnson), sa belle-mère (Amy Veness) et sa sœur Sylvia (Alison Leggatt). Le film semble divisé en deux avec ces années 20 insouciantes où s'épanouit le bonheur simple du quotidien des Gibbons tout en distillant les signes avant-coureurs des malheurs des années 30 préparant ainsi les évènements douloureux à venir en fin de décennie. La caractérisation se fait truculente et chaleureuse dans les rapports et habitudes de chacun entre la relation de couple tout en tendresse sobre puis orageux et amusant pour les échanges entre Sylvia et la belle-mère. Cette légèreté confère un sentiment de bonheur diffus qui court tout au long des ellipses s'arrêtant sur divers évènements traditionnels (noël, mariages) où le technicolor et la mise en scène de Lean renforcent le côté théâtral et imperméable à l'agitation de l'extérieur (la majorité des séquence se déroulant dans la maison qui est le vrai fil rouge de cette tranche de vie des Gibbons) de ce quotidien, en renforçant ainsi l'universalité. C'est par les enfants de la famille que les premiers nuages s'amoncèlent et que la réalité nous rattrape que ce soit face au contexte politique et les velléités sociale de l'aîné Reg (avec la montée du communisme en toile de fond) et à l'inverse les rêves de châteaux en Espagne de Queenie (Kay Walsh) honteuse de cette existence de classe moyenne modeste.

La deuxième partie et les années 30 accentuent ainsi les drames latents, inattendus et plus prévisibles que Lean capture avec une sensibilité déjà éclatante (ce que ne laissait pas forcément présager son premier essai plus froid) dont une scène d'annonce de mort filmée hors champ où un subtil mouvement de caméra ne laissera plus que voir la douleur lourde et insurmontable face à ce deuil. La rébellion puis le retour de Queenie offrira un beau moment également, Lean laissant la part belle à ses comédiens poignants de sensibilité. Robert Newton en père flegmatique sachant instaurer les moments de partage avec son entourage (superbes échanges avec son fils, ferme et juste sans être autoritaire) et humanisé par ses écarts alcoolisés avec le voisins. Clelia Johnson est tout aussi poignante, dévouée, dépassée et si authentique en mère pour une prestation qui lui vaudra le prix de la meilleure actrice du National Board of Review. Alors que la peur s'instaure et que les extrêmes pointent avec nouveau conflit qui s'annonce, l'histoire des Gibbons est prête à s'achever avec le départ de cette maison théâtre de tant d'évènements intimes dans un mouvement de caméra répondant à l'ouverture. Dès ce deuxième film, Lean s'affirme comme un maître de l'émotion dans cette œuvre dont la nostalgie inspirera autant le Mike Leigh de Life is sweet (1990) traitant de la même période que dans l'esprit les films de Terence Davies.6/6
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Re: David Lean (1908-1991)

Message par xave44 »

Bonjour à tous,

J'ai besoin de votre aide car j'ai un mal fou à trouver sur la toile des informations sur les différentes versions d'Oliver Twist et Great expectations sorties ces dernières années par Opening (2009) puis Filmedia (2012).

Q: s'agit-il des mêmes masters ?

Je pose la question car j'envisageais de faire l'acquisition séparée des 2 films Filmedia sortis en novembre 2012 avant de m'apercevoir de l’existence d'un coffret Opening datant de 2011 et regroupant les 2 films sortis séparément en 2009.

Oliver Twist / Opening / 2009 :

http://www.amazon.fr/Oliver-Twist-Alec- ... lean+twist

Coffret Opening / 2011 :

http://www.amazon.fr/David-Lean-Coffret ... lean+twist

Oliver Twist / Filmedia / 2012 :

http://www.amazon.fr/Oliver-Twist-Alec- ... lean+twist
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Jeremy Fox
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Re: David Lean (1908-1991)

Message par Jeremy Fox »

Un premier élément de réponse : Filmedia et Opening (comme Sidonis et Calysta) sont une seule et même boite : la plupart du temps, s'il y a eu réédition, seule la jaquette était modifiée.
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Frances
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Re: David Lean (1908-1991)

Message par Frances »

Ils sont aussi sortis en br. Sans être exemptes de défauts les copies sont très belles. Enfin, elles me satisfont pleinement.
"Il faut vouloir saisir plus qu'on ne peut étreindre." Robert Browning.
" - De mon temps, on pouvait cracher où on voulait. On n'avait pas encore inventé les microbes." Goupi
Mains Rouges.

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Jan 21 : Cousin Jules
Fev 21 : Midnight special
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Avr 21 : Garden of stones
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Re: David Lean (1908-1991)

Message par xave44 »

Jeremy Fox a écrit :Un premier élément de réponse : Filmedia et Opening (comme Sidonis et Calysta) sont une seule et même boite
C'est bien ce que je subodorais...l'éditeur et le distributeur en fait.

Merci Jeremy !
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