Maurice Pialat (1925-2003)
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Y'a un doc sur Pialat qui sort la semaine prochaine et qui a été présenté au festival
Maurice Pialat, l'amour existe
Maurice Pialat, l'amour existe
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- Usant jusqu'à la Coen
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ça, je trouve que c'est une légende, due au fait que le feuilleton, longtemps resté invisible, est devenu "culte" chez les cinéphiles...Randolph Carter wrote:Le meilleur Pialat reste quand même La maison des bois
Dans les faits, c'est une affirmation très péremptoire, et sans doute assez disproportionnée: malgré les merveilles que comporte ce feuilleton, j'ai personnellement du mal à le trouver "meilleur" que mes films de chevet que sont Loulou ou Passe Ton Bac D'Abord.
D'ailleurs, je ne vois pas l'intérêt d'effectuer ce genre de classement.
Pialat avait beau dire c'était ce qu'il avait fait de mieux... je ne suis pas certain que les artistes soient les mieux placés pour parler de leur oeuvre.
Après tout, je crois que Pialat disait SURTOUT ça par rapport aux conditions de tournage (il paraît que c'est le seul film où il n'ait pas eu de problèmes, notamment avec les producteurs).
Et puis, il disait quand même pas mal de conneries, le père Momo: si on l'écoutait, La Maison des Bois serait un trésor, et Van Gogh, Nous Ne Vieillirons Pas, Loulou..., seraient "loupés", gna gna gna !
Il ne faut pas déconner

Pialat était un formidable râleur, qui pouvait dire tout et son contraire en interview. On ne peut absolument pas se fier à son "opinion" pour affirmer que La Maison des Bois est ce qu'il a fait de mieux.
C'est incontestablement une oeuvre importante, qui apporte une indéniable fraîcheur au reste du corpus.
Mais il ne faut pas la sanctifier non plus...
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Maurice Pialat, l'amour existe (Anne-Marie Faux & Jean-Pierre Devillers) 2007
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Vu hier soir. Extrêmement intéressant pour un néopialaphile, surprenant (l'hommage à Fort Apache dans Van Gogh Choqué ). Un portrait emblématique d'un type pas doué pour le bonheur mais foutrement génial, un personnage complexe bourré de qualités qui sont aussi ses défauts, c'est fascinant. Très attachant.
Il m'avait bien semblé également que j'avais vu Depardieu au journal télévisé de France 3 venir commenter la sortie de ce documentaire pour une présentation au festival de Cannes, ce qui est rappellé au début du film. Pas en sélection officielle, mais dans le cadre de la sélection "Cannes Classics".
http://www.festival-cannes.fr/index.php ... esClassics
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Vu hier soir. Extrêmement intéressant pour un néopialaphile, surprenant (l'hommage à Fort Apache dans Van Gogh Choqué ). Un portrait emblématique d'un type pas doué pour le bonheur mais foutrement génial, un personnage complexe bourré de qualités qui sont aussi ses défauts, c'est fascinant. Très attachant.
Il m'avait bien semblé également que j'avais vu Depardieu au journal télévisé de France 3 venir commenter la sortie de ce documentaire pour une présentation au festival de Cannes, ce qui est rappellé au début du film. Pas en sélection officielle, mais dans le cadre de la sélection "Cannes Classics".
http://www.festival-cannes.fr/index.php ... esClassics
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pour ma part, je n'ai pas trouvé ce docu tellement intéressant. Sans doute, comme dit Alligator, peut-il inciter des néophytes à se pencher sur l'oeuvre magistrale de Pialat. Mais les amateurs du cinéaste n'y trouveront pas grand chose à se mettre sous la dent: 99% des séquences sont tirées des coffrets DVD déjà parus, et il n'y a pas réellement de travail documentaire inédit là-dedans.Alligator wrote:Maurice Pialat, l'amour existe (Anne-Marie Faux & Jean-Pierre Devillers) 2007
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Vu hier soir. Extrêmement intéressant pour un néopialaphile, surprenant (l'hommage à Fort Apache dans Van Gogh). Un portrait emblématique d'un type pas doué pour le bonheur mais foutrement génial, un personnage complexe bourré de qualités qui sont aussi ses défauts, c'est fascinant. Très attachant.
Il m'avait bien semblé également que j'avais vu Depardieu au journal télévisé de France 3 venir commenter la sortie de ce documentaire pour une présentation au festival de Cannes, ce qui est rappellé au début du film. Pas en sélection officielle, mais dans le cadre de la sélection "Cannes Classics".
http://www.festival-cannes.fr/index.php ... esClassics
Pour moi, c'est de la compilation de bonus DVD, ni plus, ni moins.
Le compilateur (je n'ose dire réalisateur) n'a pas beaucoup de mérite: c'est très beau, parce que les séquences tirées des films sont inoubliables, et que les interventions du cinéastes sont toujours émouvantes. Mais je trouve que l'on ne s'attarde pas assez sur chaque film, ni sur le processus créatif, encore moins sur la cohérence des films entre eux.
C'est donc assez décevant, quand on connait déjà le cinéma du Grand Momo.
Cela dit, les apprentis-Pialatophiles seront ravis, eux.
ps: et Alligator a raison, la superposition de Fort Apache/Van Gogh est très émouvante

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Re: Maurice Pialat (1925-2003)
Nous ne vieillirons pas ensemble (Maurice Pialat, 1972) :

_______________
Non, en effet, ils ne vieilliront pas ensemble et ce n'est pas faute d'avoir essayé. On se prend des mandales dans la tronche presque directement. Quelques minutes après le début du film Jean Yanne attaque sa diatribe célèbre dans la voiture, avec cette scène hallucinante de violence verbale sur Marlène Jobert qui avait déjà reçu des coups de semonces dans une rue camarguaise. Pas uniquement de semonces d'ailleurs d'après un dialogue avec ses parents. On aura échappé à la violence physique en tant que spectateur, le personnage jouée par Jobert manifestement non.
Bref, pendant les premières minutes de film, on reste abasourdi par cette violence, que l'on peine à justifier, au moins intellectuellement. D'où vient-elle? A quoi sert-elle? Que veut-elle exprimer? A quoi peut bien jouer le personnage de Yanne? Qu'est-ce qui peut justifier que Catherine, appellons-les par leur prénom, continue de rester avec cette boule de violence, ce discours dénigrant, avilissant, cette masse de haine ambulante. Pourquoi ce couple? Et l'on se demande comment on va pouvoir supporter la suite et cette incompréhension? Qu'est-ce que ça veut dire? Pourquoi se haïr, être ensemble, pour se faire autant de mal? Est-ce une vue de l'esprit? Un jeu sado-masochiste?
Devant la violence aussi crue, on se sent pris par la sienne propre, Yanne est si bon acteur, son personnage est si ignoble qu'on a envie de lui faire mal, de l'arrêter, on aurait envie que Jobert se révolte, on a peur en quelque sorte et on se pose mille questions.
Vouloir y voir une simple relation sado-masochiste et s'en contenter serait une erreur et le film de Pialat est là pour nous rattraper par la manche et nous dire de prendre du temps pour essayer de comprendre avant tout, que la vie est parfois plus compliquée et qu'il faut savoir et essayer de comprendre les autres même quand ils sont aussi infects. Pas facile.
Le ciné de Pialat n'est pas à l'évidence là pour faire du facile. Je lui en rends grâce.
Malgré la violence, malgré l'incompréhension, on passe pourtant un très bon moment. Un de ceux-là, vous savez, que vous retenez, qui vous retiennent, on ne sait pas trop dans quel sens ça attire et plaque. Quoiqu'il en soit, on ne sort pas indemne d'un tel film. Il remue les tripes.
Les deux acteurs dépassent leurs propres frontières et vont chercher une sincérité émouvante. Yanne excelle à jouer l'immonde crapule égoïste, impulsive, cruelle et somme toute je pense prompte à se regarder, même s'il aime, en train de souffrir. La grosse brute fragile en dedans n'est pas si facile à mettre en corps. Ses regards, son air pataud, lourd, avec une nonchalance feinte, périlleuse pour l'entourage, ses allures de volcan en sommeil prêt à éclabousser de sa furie tout ce qui bouge sont d'une justesse impressionnante. Jean Yanne est un immense acteur et le prouve. Personnellement, je m'en étais aperçu comme beaucoup bien avant, par contre Marlène Jobert, j'étais moins disposé à le croire et c'est donc plus qu'une surprise, une révélation toute personnelle. Son personnage est à la fois extrêmement fragile et prêt à encaisser énormément de violence. Elle parvient très bien à lui donner une densité amoureuse et à lui retirer petit à petit, usée par les coups et les déceptions de ces sentiments. Peu à peu la révolte prend forme. Elle répond un peu. Mais jamais elle ne le lache vraiment. Jusqu'à la fin elle sera là pour l'aider à s'en sortir. Bref, là encore son personnage n'est pas d'un bloc. Et Jobert parvient tellement bien à incarner cette évolution.
C'est marrant, si je puis dire, mais j'ai l'impression que chez Pialat on retrouve toujours un peu la même brutalité, et la demande d'amour derrière. A prendre ou à laisser. La plupart du temps on laisse, pour son salut. Il y a comme une inacessibilité au bonheur dans ce cinéma là. Pas pour les spectateurs par contre.
Ce film, plus j'y pense, plus je l'aime et plus je le trouve riche.

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Non, en effet, ils ne vieilliront pas ensemble et ce n'est pas faute d'avoir essayé. On se prend des mandales dans la tronche presque directement. Quelques minutes après le début du film Jean Yanne attaque sa diatribe célèbre dans la voiture, avec cette scène hallucinante de violence verbale sur Marlène Jobert qui avait déjà reçu des coups de semonces dans une rue camarguaise. Pas uniquement de semonces d'ailleurs d'après un dialogue avec ses parents. On aura échappé à la violence physique en tant que spectateur, le personnage jouée par Jobert manifestement non.
Bref, pendant les premières minutes de film, on reste abasourdi par cette violence, que l'on peine à justifier, au moins intellectuellement. D'où vient-elle? A quoi sert-elle? Que veut-elle exprimer? A quoi peut bien jouer le personnage de Yanne? Qu'est-ce qui peut justifier que Catherine, appellons-les par leur prénom, continue de rester avec cette boule de violence, ce discours dénigrant, avilissant, cette masse de haine ambulante. Pourquoi ce couple? Et l'on se demande comment on va pouvoir supporter la suite et cette incompréhension? Qu'est-ce que ça veut dire? Pourquoi se haïr, être ensemble, pour se faire autant de mal? Est-ce une vue de l'esprit? Un jeu sado-masochiste?
Devant la violence aussi crue, on se sent pris par la sienne propre, Yanne est si bon acteur, son personnage est si ignoble qu'on a envie de lui faire mal, de l'arrêter, on aurait envie que Jobert se révolte, on a peur en quelque sorte et on se pose mille questions.
Vouloir y voir une simple relation sado-masochiste et s'en contenter serait une erreur et le film de Pialat est là pour nous rattraper par la manche et nous dire de prendre du temps pour essayer de comprendre avant tout, que la vie est parfois plus compliquée et qu'il faut savoir et essayer de comprendre les autres même quand ils sont aussi infects. Pas facile.
Le ciné de Pialat n'est pas à l'évidence là pour faire du facile. Je lui en rends grâce.
Malgré la violence, malgré l'incompréhension, on passe pourtant un très bon moment. Un de ceux-là, vous savez, que vous retenez, qui vous retiennent, on ne sait pas trop dans quel sens ça attire et plaque. Quoiqu'il en soit, on ne sort pas indemne d'un tel film. Il remue les tripes.
Les deux acteurs dépassent leurs propres frontières et vont chercher une sincérité émouvante. Yanne excelle à jouer l'immonde crapule égoïste, impulsive, cruelle et somme toute je pense prompte à se regarder, même s'il aime, en train de souffrir. La grosse brute fragile en dedans n'est pas si facile à mettre en corps. Ses regards, son air pataud, lourd, avec une nonchalance feinte, périlleuse pour l'entourage, ses allures de volcan en sommeil prêt à éclabousser de sa furie tout ce qui bouge sont d'une justesse impressionnante. Jean Yanne est un immense acteur et le prouve. Personnellement, je m'en étais aperçu comme beaucoup bien avant, par contre Marlène Jobert, j'étais moins disposé à le croire et c'est donc plus qu'une surprise, une révélation toute personnelle. Son personnage est à la fois extrêmement fragile et prêt à encaisser énormément de violence. Elle parvient très bien à lui donner une densité amoureuse et à lui retirer petit à petit, usée par les coups et les déceptions de ces sentiments. Peu à peu la révolte prend forme. Elle répond un peu. Mais jamais elle ne le lache vraiment. Jusqu'à la fin elle sera là pour l'aider à s'en sortir. Bref, là encore son personnage n'est pas d'un bloc. Et Jobert parvient tellement bien à incarner cette évolution.
C'est marrant, si je puis dire, mais j'ai l'impression que chez Pialat on retrouve toujours un peu la même brutalité, et la demande d'amour derrière. A prendre ou à laisser. La plupart du temps on laisse, pour son salut. Il y a comme une inacessibilité au bonheur dans ce cinéma là. Pas pour les spectateurs par contre.
Ce film, plus j'y pense, plus je l'aime et plus je le trouve riche.
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Re: Maurice Pialat (1925-2003)
Pas mieux, BravoAlligator wrote:Nous ne vieillirons pas ensemble (Maurice Pialat, 1972) :
Ce film, plus j'y pense, plus je l'aime et plus je le trouve riche.

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Re: Maurice Pialat (1925-2003)
Hommerwell, fan de Pialat et d'Ibicus de Rabaté ? Dans mes bras !!!
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Re: Maurice Pialat (1925-2003)
Tu résumes très bien ce que je pense du cinéma de Pialat. Son premier film s'appelle L'amour existe et ça n'est pas un hasard. Ses personnages ne maîtrisent jamais leurs émotions, de la colère au désir, mais surtout ils ne savent pas aimer. Car l'amour ça n'est chez Pialat pas une évidence, ça se choisit, ça se construit. Le plus bel exemple en est la Suzanne d'A nos Amours qui semble condamnée à passer sa vie loin de ce que le titre promettait.Alligator wrote:C'est marrant, si je puis dire, mais j'ai l'impression que chez Pialat on retrouve toujours un peu la même brutalité, et la demande d'amour derrière. A prendre ou à laisser. La plupart du temps on laisse, pour son salut. Il y a comme une inacessibilité au bonheur dans ce cinéma là. Pas pour les spectateurs par contre.
Son cinéma pose des questions esthétiques, morales et philosophiques que peu osent se poser. Et cela sans jamais tomber dans l'intellectualisme ou la psychologisation. Du sensitif pur, brut et à fleur de peau. De la niaque, dit simplement. J'aime Maurice Pialat pour cette "rencontre" qu'on fait toujours avec ses films.
Last edited by MJ on 6 May 08, 18:00, edited 1 time in total.
"Personne ici ne prend MJ ou GTO par exemple pour des spectateurs de blockbusters moyennement cultivés." Strum
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Re: Maurice Pialat (1925-2003)
Pour moi Pialat est le cineaste qui recherche la realité, il filme la vie dans beaucoup de ses films, pas de fiction et d(histoire pour raconter, la vie c'est tout comme dans A nos amours, Le garcu, La gueule ouverte, cela peut-etre difficlle à adorer notament ce dernier, j'ai trouvé surprenant son adaptation de Sous le soleil de Satan, toutes ces sequenses d'une dizaine de minutes qui s'enchainent, bien aimé quand meme, Loulou, Police toujours cette recherche de verité surtout Loulou, j'ai preferé Police, les 2 que je prefere 2 tres grands films Nous ne vieillirons pas ensemble et Yanne extraordinaire encore une fois, et les relations avec Pialat furent bien mauvaises comme pour d'autres acteurs, le souci d'exigence est tel que pour des acteurs ou actrices ce fut tres dur de travailler avec lui, et puis l'exceptionnel Van Gogh, tres belle reconstitution de la fin de vie de Van Gogh, film tres fort, drole, l'oeuvre de Pialat est une des plus fortes du cinema francais, mais pas facile à aborder.
Last edited by Sabsena on 6 Sep 08, 19:33, edited 1 time in total.
Vous conviendrez qu'il vaut mieux arroser quelqu'un que de l'assassiner. Fernando Rey : Cet obscur objet du désir.
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- Régisseur
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Re: Maurice Pialat (1925-2003)
sansponctuationtontexteaussin'estpasfacileàaborder.
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- Mémé Lenchon
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Re: Maurice Pialat (1925-2003)
cestpasvraiyapleindevirgulesGrimmy wrote:sansponctuationtontexteaussin'estpasfacileàaborder.
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