Zou, quelques petits nouveaux à mon actif!
Ville Portuaire
Fait partie des tous premiers films du Maître et c'est encore assez hésitant. On y décèle une vision très noire de la famille et du groupe comme de l'individu, caractéristique du cinéaste, mais on ne ressent toutefois pas encore cette patte si personnelle qui caractérisera et donnera ensuite sa force à son oeuvre. Niveau influence ça va du cinéma américain à la qualité française, en passant par le néo-réalisme, un beau mélange qui, du coup, fait perdre beaucoup de cohérence au film, sorte de gloubiboulga mal geré.
Les acteurs sont parfois très justes et parfois très crispants, à l'image du film qui altèrne le meilleur
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- (les flash-backs sont de toute beauté, le repêchage de la jeune fille après sa tentative de suicide impose déjà un grand réalisateur)
et le nettement moins bon
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- (la sortie au cinéma du couple et la baston à la sortie, mamma mia ce que ça peut sonner faux!)
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Rythme branlant, scénario qui manque d'aboutissement (la conclusion est bien faiblarde, à croire qu'au départ le concept n'était qu'une atmosphère), toutefois on recèle déjà une grande modernité dans le traitement et certains passages sont assez osés
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- (la description des nuits au pensionnat, l'avortement, les relations saphiques)
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Un film maladroit, remplis d'erreurs et d'incidences mais qui annonce déjà à bien des égards le génie de son auteur. Un film utile à la compréhension du personnage, et encourageant quand on pense que trente-cinq ans plus tard le même gars accouchait de
Fanny et Alexandre, film plus grand que le cinéma lui-même.
Le Septième Sceau
L'agneau qui ouvre le septième sceau, le jugement qui descend sur Terre,
Det Sjunde Inseglet est un film placé sous le sceau de l'inéluctable, bercé d'une atmosphère fin du monde (le ton crépusculaire sera d'ailleurs repris par Verhoeven pour son
Flesh and Blood autre grand chef-d'oeuvre sur le Moyen-Âge, ouvertement inspiré de ce Bergman).
Bergman a autrefois laissé virevolté sa passion et son enthousiasme à sa guise aboutissant à des joyeux tel que
Monika ou
Jeux d'Eté. ici il râtisse, il structure, le mot est un peu fort, mais on appelle ça de l'académisme.
Et c'est dans cette minutie qu'il réussit un mélange conceptuellement très difficile: allier un naturalisme sauvage et abrupt à un lyrisme, une poésie bonne ou mauvaise scellée par l'onirisme. Regard direct et impitoyable sur l'une des période les moins glorieuse de l'histoire de Occidentale,
Le Septième Sceau se permet une étrangeté et un mysticisme parfois à la limite du bunuellien.
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- Voir le sort réservé à la sorcière ayant propagé la peste, accompagnée d'une marche funèbre dirigée par l'Eglise, pourtant plus démoniaque qu'angélique. Attachée au bois, sorte de martyr satanique, une anté-christine messianique qui voit et parle à Satan, la chanceuse.
Voir, là est un peu le sujet du film. Le chevalier interprété par un Max Von Sydow tout jeune, veut
voir Dieu, que ce soit directement ou par le biais de son antipode. Le chef de troupe avec qui il fera route la majeure partie du métrage, à des visions, qui s'avèreront finalement fondées. Certains voient et d'autre pas. Même la Mort prend une forme pragmatique, personnage à la fois effrayant et trucculent, dont les apparitions sèment dans l'esprit du spectateur parfois l'effroi (la rencontre finale), parfois le rire:
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- le badin planqué sur un arbre, que la Mort vient scier avant de lui ôter la vie
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- La vie est un jeu, ce personnage en quête d'une réponse joue d'ailleurs tout au long du film la partie d'échec de sa vie avec cette dernière. Lui et ses amis sont finalement emportée par Elle, dans une danse macabre mélangeant gothisme et expressionisme dans un bonheur communicatif.
Seuls s'en sortiront le troubadour et sa femme, magnifique Bibbi Andersson, porteurs de vie et d'espoir à moins que...
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- La Mort ayant fait allusion à leur enfant à un moment donné.
Un film très maîtrisé, Bergman n'est pas encore arrivé à maturité mais il commence à entrevoir une grâce derrière la porte sur laquelle il a jusqu'alors frappé, frappé et encore frappé. Ni coup d'essai, ni coup de maître (encore que),
Le Septième Sceau est toutefois une réussite majeure, un grand film qui alterne, quand il ne mélange pas, humour, émotion, frisson. Un cinéma du ressenti comme l'a toujours voulu Begman. De ses propres dires, ses films ne naissant jamais d'une réflexion mais d'un sentiment.
Et en retard:
La Source
Comment venger le viol de la vierge? Comment exprimer ce que l'on ressent face à l'absence de Dieu?
Violent, subversif, choquant, dérangeant. Le film se suffit à lui-même et le malaise qu'il procure est difficilement descriptible.
Begman invente le
rape and revenge, et il s'agit assurément de l'un des films les plus efficace du genre.