The Good Shepherd (Robert de Niro - 2006)
Publié : 6 mars 07, 09:14
Après avoir aligné des rôles tous plus ou moins nazes ces dernières années (entre les Meets the Parents, Mafia Blues, des doublages de dessins-animés minables et des zéderies fantastico-neuneu), de Niro, pour la 2ème fois de sa carrière, derrière la caméra et nous livre rien de moins que l'histoire de la création de la C.I.A.. Et pour le coup, il s'entoure plutôt bien. Matt Damon dans le rôle titre avec, à ses côtés, Angelina Jolie, William Hurt, Billy Crudup, Alec Baldwin, Keir Dullea, Michael Gambon, Joe Pesci, Timothy Hutton, John Turturro et Bob lui-même dans le rôle d'un vieux général sur le point de mourir. Un casting aux petits oignons, une équipe technique en béton (entre autres, Richardson à la photo) et un scénario ambitieux.
Edward Wilson (Damon) est un jeune homme de bonne famille qui aura vite fait d'intégrer la très secrète organisation Skull & Bones. Alors qu'il caresse au départ l'idée de partir dans la poésie, ses pairs et mentors décideront bien vite de son sort en lui offrant la possibilité d'officier dans une agence nationale secrète en devenir. S'en suivront alors formation, séjour en Europe durant la 2GM, trahisons, mise à l'épreuve pour enfin retourner au pays et débuter alors une vie de famille chaotique. Les seuls véritables moments de joie de Wilson seront vite condamnés à disparaître au profit de la sécurité nationale et il finira par ne faire plus qu'un avec son métier, avec son agence.
The Good Sheperd nous plonge dans une histoire au ton constamment mélancolique et distant. Ce personnage qui passe totalement à côté de sa vie, coupable d'actes ignobles, qu'il exécute pourtant avec une froideur de fonctionnaire totalement détaché. Et de Niro de nous balader entre "présent" (ou plutôt, l'année 1961, sur laquelle débute le film) et passé, qui nous fait découvrir l'évolution de Wilson. Et si ce principe de récit n'est pas nouveau et que l'on aurait vite fait de tomber dans la facilité, de Niro et son scénariste Eric Roth (le bonhomme n'est pas un manche, il a bossé sur Ali, the Insider, Munich, Forrest Gump, etc..), s'en tirent plutôt bien, en laissant à plusieurs reprises le spectateur dans le flou, pour ensuite remettre le puzzle en place progressivement. Puzzle constitué d'une multitude de pièces, qui nous font passer ces 2h37 à un rythme plutôt soutenu. Peut-être que le montage ne met pas suffisamment en valeur chaque acteur et que certains rôlent font un peu remplissage (Alec Baldwin et William Hurt ne sont pas utilisés à leur juste valeur, l'unique scène de Joe Pesci fait un peu "vieux copain qui passe un coup sur le tournage" et Keir Dullea.. je ne sais même pas quand est-ce qu'il apparaît), peut-être aussi que sur la fin, on sent que le vieux Bob a quelque peine à conclure correctement son histoire (même si le plan final est bien pensé et pessimiste en diable) et qu'il se perd un peu dans certains détails, mais sur l'ensemble, cela ne sont que de maigres détails. On sera surtout étonné des quelques flambées de violence qui apparaissent soudainement (la mort d'un personnage important, la torture d'un autre), mais aussi d'une capacité à rendre émouvante certaines séquences "toutes simples", comme ce court passage où Wilson va changer son fils qui, paniqué, s'est uriné dessus. Ou encore ce petit montage parallèle entre découverte de preuves compromettantes et morceau de violon joué par un suspect. Belle surprise aussi avec la composition de deux à-peu-près inconnus, Bruce Fowler (ce premier étant surtout orchestrateur chez Hans Zimmer et ses potes de MV) et Marcelo Zarvos, qui livrent une musique nostalgique à souhait, toute en retenue.
Mais derrière l'histoire de cet homme brisé et quasiment dénué d'émotions se cache aussi, peut-être, un chant du cygne. Celui de de Niro, qui, à sa manière, nous dit qu'il est condamné à faire ce qu'il fait jusqu'à sa mort et que même si ce n'est pas forcément ce qu'il aurait voulu faire au départ, il s'est révélé être l'un des meilleurs (prétention ou non, cela reste bel et bien le cas). Difficile aussi de ne pas ignorer cette petite réplique de son personnage qui dit à Wilson que "dans un an, je serais probablement mort".
Robert de Niro fait partie de ces personnages que l'on imagine immortels, pourtant avec ce film il nous plonge dans une sorte de létargie doucement pessimiste, une sorte de retour à la réalité, qui nous montre "les meilleurs" sous un jour sombre, désespéré. L'innocence des débuts dévorée par le cynisme de l'accession au pouvoir. The Good Sheperd, c'est cette voix venue, comme dans le film, d'outre-tombe et qui sera entendue lorsqu'il sera trop tard. Déprimant.
Edward Wilson (Damon) est un jeune homme de bonne famille qui aura vite fait d'intégrer la très secrète organisation Skull & Bones. Alors qu'il caresse au départ l'idée de partir dans la poésie, ses pairs et mentors décideront bien vite de son sort en lui offrant la possibilité d'officier dans une agence nationale secrète en devenir. S'en suivront alors formation, séjour en Europe durant la 2GM, trahisons, mise à l'épreuve pour enfin retourner au pays et débuter alors une vie de famille chaotique. Les seuls véritables moments de joie de Wilson seront vite condamnés à disparaître au profit de la sécurité nationale et il finira par ne faire plus qu'un avec son métier, avec son agence.
The Good Sheperd nous plonge dans une histoire au ton constamment mélancolique et distant. Ce personnage qui passe totalement à côté de sa vie, coupable d'actes ignobles, qu'il exécute pourtant avec une froideur de fonctionnaire totalement détaché. Et de Niro de nous balader entre "présent" (ou plutôt, l'année 1961, sur laquelle débute le film) et passé, qui nous fait découvrir l'évolution de Wilson. Et si ce principe de récit n'est pas nouveau et que l'on aurait vite fait de tomber dans la facilité, de Niro et son scénariste Eric Roth (le bonhomme n'est pas un manche, il a bossé sur Ali, the Insider, Munich, Forrest Gump, etc..), s'en tirent plutôt bien, en laissant à plusieurs reprises le spectateur dans le flou, pour ensuite remettre le puzzle en place progressivement. Puzzle constitué d'une multitude de pièces, qui nous font passer ces 2h37 à un rythme plutôt soutenu. Peut-être que le montage ne met pas suffisamment en valeur chaque acteur et que certains rôlent font un peu remplissage (Alec Baldwin et William Hurt ne sont pas utilisés à leur juste valeur, l'unique scène de Joe Pesci fait un peu "vieux copain qui passe un coup sur le tournage" et Keir Dullea.. je ne sais même pas quand est-ce qu'il apparaît), peut-être aussi que sur la fin, on sent que le vieux Bob a quelque peine à conclure correctement son histoire (même si le plan final est bien pensé et pessimiste en diable) et qu'il se perd un peu dans certains détails, mais sur l'ensemble, cela ne sont que de maigres détails. On sera surtout étonné des quelques flambées de violence qui apparaissent soudainement (la mort d'un personnage important, la torture d'un autre), mais aussi d'une capacité à rendre émouvante certaines séquences "toutes simples", comme ce court passage où Wilson va changer son fils qui, paniqué, s'est uriné dessus. Ou encore ce petit montage parallèle entre découverte de preuves compromettantes et morceau de violon joué par un suspect. Belle surprise aussi avec la composition de deux à-peu-près inconnus, Bruce Fowler (ce premier étant surtout orchestrateur chez Hans Zimmer et ses potes de MV) et Marcelo Zarvos, qui livrent une musique nostalgique à souhait, toute en retenue.
Mais derrière l'histoire de cet homme brisé et quasiment dénué d'émotions se cache aussi, peut-être, un chant du cygne. Celui de de Niro, qui, à sa manière, nous dit qu'il est condamné à faire ce qu'il fait jusqu'à sa mort et que même si ce n'est pas forcément ce qu'il aurait voulu faire au départ, il s'est révélé être l'un des meilleurs (prétention ou non, cela reste bel et bien le cas). Difficile aussi de ne pas ignorer cette petite réplique de son personnage qui dit à Wilson que "dans un an, je serais probablement mort".
Robert de Niro fait partie de ces personnages que l'on imagine immortels, pourtant avec ce film il nous plonge dans une sorte de létargie doucement pessimiste, une sorte de retour à la réalité, qui nous montre "les meilleurs" sous un jour sombre, désespéré. L'innocence des débuts dévorée par le cynisme de l'accession au pouvoir. The Good Sheperd, c'est cette voix venue, comme dans le film, d'outre-tombe et qui sera entendue lorsqu'il sera trop tard. Déprimant.