Rouben Mamoulian (1897-1987)
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Rouben Mamoulian (1897-1987)
EDIT DE LA MODERATION:
Vous pouvez aussi consulter le topic consacré à Dr Jekyll & Mr Hyde (1931)
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Le Signe de Zorro (The Mark of Zorro, 1940)
20TH CENTURY FOX
Sortie USA : 01 novembre 1940
Après Brigham Young, une nouvelle production de prestige de Darryl F. Zanuck avec ce remake d’un film de 1920 signé Fred Niblo qui voyait Douglas Fairbanks dans le rôle du célèbre justicier moustachu et masqué inventé par Johnston Mc Culley ; Le Signe de Zorro est en quelque sorte une réponse tardive de la 20th Century Fox à la Warner et ses Aventures de Robin des Bois. Alors ce Swashbuckle avait-il vraiment sa phrase au sein d’une chronologie du western ? Oui car si la plupart des films de cape et épée se déroulent dans des pays européens (principalement la France et L’Angleterre), les aventures du héros tout de noir vêtu, une sorte de Robin Hood du Far-West, prennent place en Californie dans le début du 19ème siècle. On peut donc le considérer comme faisant partie du genre qui nous préoccupe même si au travers du ton et du style employés, on se rapproche plus du film d’aventure. Ceci étant dit et malgré le fait que beaucoup connaissent l’histoire, il n’est pas inutile de se la remémorer, certains n’ayant peut-être même pas eu l’occasion de succomber au charme de Guy Williams dans la version la plus connue des aventures du mythique redresseur de torts, celle produite en série télévisée par Walt Disney dans les années 50.
A Madrid, Don Diego Vega (Tyrone Power) met fin à sa formation de cavalier à la demande de son père, Don Alejandro (Montagu Love). Ses camarades le plaignent ; quel guigne de devoir rentrer dans un pays où tout est calme et où il n’aura pas à ferrailler ! Le cœur gros, il quitte alors l’Espagne pour se rendre à Los Angeles. De retour sur sa terre natale, il se rend compte d’importants changements qui lui font se dire que sa maîtrise de l’escrime et du combat ne seront finalement pas de trop pour redonner à la Californie un semblant de dignité et de paix. En effet, ce n’est plus son père qui gouverne la région avec douceur mais un nouvel Alcade en la personne de Don Luis, marionnette entre les mains de son âme damnée de capitaine, Esteban Pasquale (Basil Rathbone). Avec sa main de fer, ce dernier taxe plus que de coutume les pauvres péons qui n’ont, après le passage des soldats, plus d’argent pour survivre. Diego décide de jouer au freluquet efféminé afin de ne pas être soupçonné de revêtir la nuit venue le costume d’un nouveau vengeur masqué, Zorro. Soutenant les paysans opprimés, il devient la bête noire du gouverneur et de son inquiétant homme de main. Dans le même temps, afin de lier les mains aux cavaliers qui semblent vouloir se révolter eux aussi, l’Alcade propose de marier sa nièce, la douce Lolita (Linda Darnell), au fils de l’homme qui les dirige et qui n’est autre que Diego Vega alias Zorro… Nous ne sommes pas loin d'une situation vaudevilesque !
Beaucoup de points communs avec le Robin des Bois de Michael Curtiz et William Keighley à commencer par l’histoire mais également un même ton enjoué et jamais franchement dramatique, un méchant interprété ici et là par Basil Rathbone et deux autres acteurs déjà présents dans la forêt de Sherwood, Eugene Pallette et Montagu Love. On y trouve les mêmes qualités (charme, style et fraîcheur) et malheureusement aussi les mêmes défauts, à savoir surtout un scénario de John Taintor Foote pas très fluide, trop léger voire parfois simpliste (les problèmes et motivations politiques de chacun des camps qui auraient pu être passionnantes sont quasiment évacués) n’arrivant à aucun moment à donner de l’ampleur à une histoire rocambolesque et manquant singulièrement de chair. La musique d’Alfred Newman est loin de posséder la richesse de celles écrites pour le même genre de films par Erich Wolgang Korngold ou Max Steiner et s’avère au contraire parfois pesamment redondante. En revanche la photographie sophistiquée d’Arthur C. Miller est magnifique, jouant avec bonheur sur les ombres et contrastes et les duels chorégraphiés par l’inimitable Fred Cavens sont dignes d’éloges d’autant que Basil Rathbone, en escrimeur émérite, ne s’est pas fait doubler lors des spectaculaires combats. Quant à la mise en scène de Robert Mamoulian, elle a beau être sacrément racé, très élaboré, souvent virtuose et plaisamment élégante (ce qui avouons le, n’est déjà pas négligeable), elle manque néanmoins de la vigueur et du génie d’un Michael Curtiz ou, plus tard, d’un George Sidney ou Jacques Tourneur qui, tout en sachant créer une atmosphère (ce que réussit aussi tout à fait bien Mamoulian), savaient donner un formidable élan à leurs aventures qui ici, bien que fringantes, ne possèdent pas le côté athlétique et intense d’un Capitaine Blood, d’un Scaramouche ou d’un Flèche et le Flambeau par exemple. Rien de déshonorant dans Le Signe de Zorro mais un ensemble bien trop sage à l’image de son interprétation d’ensemble y compris son acteur principal.
En effet, Tyrone Power n’a jamais été aussi convaincant que dirigé par Henry King qui, avec l’aide de ses scénaristes attitrés dont l’immense Lamar Trotti (dites si je radote ! ), savait donner un peu d’humanité voire de gravité aux personnages d’aventuriers ou de bandits que l’acteur avait à personnifier. Son Zorro a beau être alerte, drôle et bondissant, il lui manque un peu d’âme. Errol Flynn avait un éclair de malice dans le regard qui lui semblait naturel et qui parait au contraire forcé chez Tyrone Power. On l’aurait voulu génial, il est juste très bon. Il faut dire qu’il aurait été difficile de ne pas l’être avec un tel double rôle, d’un côté le freluquet maniéré et couard, de l’autre le preux chevalier. On sent le plaisir qu’il a du prendre à interpréter deux facettes aussi différentes d’un même personnage, le thème du double semblant d’ailleurs cher à Rouben Mamoulian qui l’avait par exemple déjà expérimenté dans Dr Jekyll et Mister Hyde. Ses apparitions en Diego provocant la consternation chez la plupart de ses interlocuteurs, y compris sa promise, sont assez jouissives tout comme ses tentatives pour effrayer mine de rien son principal ennemi. Les séquences les plus réussies sont celles le réunissant avec la subliment belle Linda Darnell qu’on regrette qu’elle n’ait pas eu un rôle plus important. Divinement photographiée et costumée, elle est pour beaucoup dans le plaisir pris à la vision d’un film profondément divertissant, certes un peu décevant mais loin d’être ennuyeux.
Vous pouvez aussi consulter le topic consacré à Dr Jekyll & Mr Hyde (1931)
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Le Signe de Zorro (The Mark of Zorro, 1940)
20TH CENTURY FOX
Sortie USA : 01 novembre 1940
Après Brigham Young, une nouvelle production de prestige de Darryl F. Zanuck avec ce remake d’un film de 1920 signé Fred Niblo qui voyait Douglas Fairbanks dans le rôle du célèbre justicier moustachu et masqué inventé par Johnston Mc Culley ; Le Signe de Zorro est en quelque sorte une réponse tardive de la 20th Century Fox à la Warner et ses Aventures de Robin des Bois. Alors ce Swashbuckle avait-il vraiment sa phrase au sein d’une chronologie du western ? Oui car si la plupart des films de cape et épée se déroulent dans des pays européens (principalement la France et L’Angleterre), les aventures du héros tout de noir vêtu, une sorte de Robin Hood du Far-West, prennent place en Californie dans le début du 19ème siècle. On peut donc le considérer comme faisant partie du genre qui nous préoccupe même si au travers du ton et du style employés, on se rapproche plus du film d’aventure. Ceci étant dit et malgré le fait que beaucoup connaissent l’histoire, il n’est pas inutile de se la remémorer, certains n’ayant peut-être même pas eu l’occasion de succomber au charme de Guy Williams dans la version la plus connue des aventures du mythique redresseur de torts, celle produite en série télévisée par Walt Disney dans les années 50.
A Madrid, Don Diego Vega (Tyrone Power) met fin à sa formation de cavalier à la demande de son père, Don Alejandro (Montagu Love). Ses camarades le plaignent ; quel guigne de devoir rentrer dans un pays où tout est calme et où il n’aura pas à ferrailler ! Le cœur gros, il quitte alors l’Espagne pour se rendre à Los Angeles. De retour sur sa terre natale, il se rend compte d’importants changements qui lui font se dire que sa maîtrise de l’escrime et du combat ne seront finalement pas de trop pour redonner à la Californie un semblant de dignité et de paix. En effet, ce n’est plus son père qui gouverne la région avec douceur mais un nouvel Alcade en la personne de Don Luis, marionnette entre les mains de son âme damnée de capitaine, Esteban Pasquale (Basil Rathbone). Avec sa main de fer, ce dernier taxe plus que de coutume les pauvres péons qui n’ont, après le passage des soldats, plus d’argent pour survivre. Diego décide de jouer au freluquet efféminé afin de ne pas être soupçonné de revêtir la nuit venue le costume d’un nouveau vengeur masqué, Zorro. Soutenant les paysans opprimés, il devient la bête noire du gouverneur et de son inquiétant homme de main. Dans le même temps, afin de lier les mains aux cavaliers qui semblent vouloir se révolter eux aussi, l’Alcade propose de marier sa nièce, la douce Lolita (Linda Darnell), au fils de l’homme qui les dirige et qui n’est autre que Diego Vega alias Zorro… Nous ne sommes pas loin d'une situation vaudevilesque !
Beaucoup de points communs avec le Robin des Bois de Michael Curtiz et William Keighley à commencer par l’histoire mais également un même ton enjoué et jamais franchement dramatique, un méchant interprété ici et là par Basil Rathbone et deux autres acteurs déjà présents dans la forêt de Sherwood, Eugene Pallette et Montagu Love. On y trouve les mêmes qualités (charme, style et fraîcheur) et malheureusement aussi les mêmes défauts, à savoir surtout un scénario de John Taintor Foote pas très fluide, trop léger voire parfois simpliste (les problèmes et motivations politiques de chacun des camps qui auraient pu être passionnantes sont quasiment évacués) n’arrivant à aucun moment à donner de l’ampleur à une histoire rocambolesque et manquant singulièrement de chair. La musique d’Alfred Newman est loin de posséder la richesse de celles écrites pour le même genre de films par Erich Wolgang Korngold ou Max Steiner et s’avère au contraire parfois pesamment redondante. En revanche la photographie sophistiquée d’Arthur C. Miller est magnifique, jouant avec bonheur sur les ombres et contrastes et les duels chorégraphiés par l’inimitable Fred Cavens sont dignes d’éloges d’autant que Basil Rathbone, en escrimeur émérite, ne s’est pas fait doubler lors des spectaculaires combats. Quant à la mise en scène de Robert Mamoulian, elle a beau être sacrément racé, très élaboré, souvent virtuose et plaisamment élégante (ce qui avouons le, n’est déjà pas négligeable), elle manque néanmoins de la vigueur et du génie d’un Michael Curtiz ou, plus tard, d’un George Sidney ou Jacques Tourneur qui, tout en sachant créer une atmosphère (ce que réussit aussi tout à fait bien Mamoulian), savaient donner un formidable élan à leurs aventures qui ici, bien que fringantes, ne possèdent pas le côté athlétique et intense d’un Capitaine Blood, d’un Scaramouche ou d’un Flèche et le Flambeau par exemple. Rien de déshonorant dans Le Signe de Zorro mais un ensemble bien trop sage à l’image de son interprétation d’ensemble y compris son acteur principal.
En effet, Tyrone Power n’a jamais été aussi convaincant que dirigé par Henry King qui, avec l’aide de ses scénaristes attitrés dont l’immense Lamar Trotti (dites si je radote ! ), savait donner un peu d’humanité voire de gravité aux personnages d’aventuriers ou de bandits que l’acteur avait à personnifier. Son Zorro a beau être alerte, drôle et bondissant, il lui manque un peu d’âme. Errol Flynn avait un éclair de malice dans le regard qui lui semblait naturel et qui parait au contraire forcé chez Tyrone Power. On l’aurait voulu génial, il est juste très bon. Il faut dire qu’il aurait été difficile de ne pas l’être avec un tel double rôle, d’un côté le freluquet maniéré et couard, de l’autre le preux chevalier. On sent le plaisir qu’il a du prendre à interpréter deux facettes aussi différentes d’un même personnage, le thème du double semblant d’ailleurs cher à Rouben Mamoulian qui l’avait par exemple déjà expérimenté dans Dr Jekyll et Mister Hyde. Ses apparitions en Diego provocant la consternation chez la plupart de ses interlocuteurs, y compris sa promise, sont assez jouissives tout comme ses tentatives pour effrayer mine de rien son principal ennemi. Les séquences les plus réussies sont celles le réunissant avec la subliment belle Linda Darnell qu’on regrette qu’elle n’ait pas eu un rôle plus important. Divinement photographiée et costumée, elle est pour beaucoup dans le plaisir pris à la vision d’un film profondément divertissant, certes un peu décevant mais loin d’être ennuyeux.
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La Belle de Moscou (Silk Stockings - Rouben Mamoulian - 1957)
avec Fred Astaire et Cyd Charisse.
vu ce soir ce TCM.
On continue dans la foulée des remakes, et rebelote pour Lubitsh, puisqu'il s'agit d'une version musicale de Ninotchka.
Le film de Lubitsh comporte déjà quelques petites faiblesses en terme de rythme, mais Garbo y est remarquable et quelques séquences sont absolument tordantes, quant au dialogue il fait souvent mouche !
Tout le contraire de ce fade remake qui n'a pourtant pas que des défauts.
Tout d'abord Cyd Charisse est peut-être une partenaire idéale pour Astaire (c'est certain, et çà nous vaut quelques très beaux numéros) mais ce rôle ne lui convient pas du tout. Elle n'a pas la dureté et la détermination nécessaire.
Les numéros n'apportent pas grand chose à la narration si ce n'est de l'étirer plus que de raison (ce qui amplifie la principale 'faiblesse' du film original) et l'on ne peut pas dire que Cole Porter (que j'adore le plus souvent) ait été dans ses meilleurs jours sur ce film là...
La chorégraphie est le plus souvent inutilement 'athlétique' et sans grâce, à l'exception des duos Astaire-Charisse toujours aussi inégalables.
Et puis les dialogues... franchement c'est souvent poussif voire parfois franchement ridicule, et très loin de l'audace et de l'humour acide de l'original.
Heureusement, il y a Peter Lorre, toujours aussi étonnant dans tous les registres, y compris dans celui de second rôle comique, et la mise en scè-ne très pro de Mamoulian faisant même parfois preuve d'invention, avec un joli travail du son !
La fameuse scène dite du strip-tease est à ce titre, un bel exemple, digne d'un Minnelli par exemple.
Bref, un film pas indispensable, mais regardable toutefois.
avec Fred Astaire et Cyd Charisse.
vu ce soir ce TCM.
On continue dans la foulée des remakes, et rebelote pour Lubitsh, puisqu'il s'agit d'une version musicale de Ninotchka.
Le film de Lubitsh comporte déjà quelques petites faiblesses en terme de rythme, mais Garbo y est remarquable et quelques séquences sont absolument tordantes, quant au dialogue il fait souvent mouche !
Tout le contraire de ce fade remake qui n'a pourtant pas que des défauts.
Tout d'abord Cyd Charisse est peut-être une partenaire idéale pour Astaire (c'est certain, et çà nous vaut quelques très beaux numéros) mais ce rôle ne lui convient pas du tout. Elle n'a pas la dureté et la détermination nécessaire.
Les numéros n'apportent pas grand chose à la narration si ce n'est de l'étirer plus que de raison (ce qui amplifie la principale 'faiblesse' du film original) et l'on ne peut pas dire que Cole Porter (que j'adore le plus souvent) ait été dans ses meilleurs jours sur ce film là...
La chorégraphie est le plus souvent inutilement 'athlétique' et sans grâce, à l'exception des duos Astaire-Charisse toujours aussi inégalables.
Et puis les dialogues... franchement c'est souvent poussif voire parfois franchement ridicule, et très loin de l'audace et de l'humour acide de l'original.
Heureusement, il y a Peter Lorre, toujours aussi étonnant dans tous les registres, y compris dans celui de second rôle comique, et la mise en scè-ne très pro de Mamoulian faisant même parfois preuve d'invention, avec un joli travail du son !
La fameuse scène dite du strip-tease est à ce titre, un bel exemple, digne d'un Minnelli par exemple.
Bref, un film pas indispensable, mais regardable toutefois.
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Majordome a écrit :La Belle de Moscou (Silk Stockings - Rouben Mamoulian - 1957)
avec Fred Astaire et Cyd Charisse.
vu ce soir ce TCM.
On continue dans la foulée des remakes, et rebelote pour Lubitsh, puisqu'il s'agit d'une version musicale de Ninotchka.
Le film de Lubitsh comporte déjà quelques petites faiblesses en terme de rythme, mais Garbo y est remarquable et quelques séquences sont absolument tordantes, quant au dialogue il fait souvent mouche !
Tout le contraire de ce fade remake qui n'a pourtant pas que des défauts.
Tout d'abord Cyd Charisse est peut-être une partenaire idéale pour Astaire (c'est certain, et çà nous vaut quelques très beaux numéros) mais ce rôle ne lui convient pas du tout. Elle n'a pas la dureté et la détermination nécessaire.
Les numéros n'apportent pas grand chose à la narration si ce n'est de l'étirer plus que de raison (ce qui amplifie la principale 'faiblesse' du film original) et l'on ne peut pas dire que Cole Porter (que j'adore le plus souvent) ait été dans ses meilleurs jours sur ce film là...
La chorégraphie est le plus souvent inutilement 'athlétique' et sans grâce, à l'exception des duos Astaire-Charisse toujours aussi inégalables.
Et puis les dialogues... franchement c'est souvent poussif voire parfois franchement ridicule, et très loin de l'audace et de l'humour acide de l'original.
Heureusement, il y a Peter Lorre, toujours aussi étonnant dans tous les registres, y compris dans celui de second rôle comique, et la mise en scè-ne très pro de Mamoulian faisant même parfois preuve d'invention, avec un joli travail du son !
La fameuse scène dite du strip-tease est à ce titre, un bel exemple, digne d'un Minnelli par exemple.
Bref, un film pas indispensable, mais regardable toutefois.
Au contraire! Les chansons sont toutes inoubliables, parmi les meilleurs pour une comédie musicale (le rock de Fred Astaire!). Ma comédie musicale préféré, après singin' in the rain .
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Honnêtement, je serais bien incapable de t'en fredonner une seule ! Rien ne se détache d'une magma sonore très daté, même si pas désagréable à l'oreille...CaptainBlood a écrit :Au contraire! Les chansons sont toutes inoubliables, parmi les meilleurs pour une comédie musicale (le rock de Fred Astaire!). Ma comédie musicale préféré, après singin' in the rain .Majordome a écrit :La Belle de Moscou (Silk Stockings - Rouben Mamoulian - 1957)
avec Fred Astaire et Cyd Charisse.
vu ce soir ce TCM.
Et puis je n'ai pas tant critiqué les numéros que les pénibles longueurs entre les numéros...
Le rock de Fred Astaire est à mon avis un numéro amusant mais sans plus, qui sent la fin de carrière et le manque de virtuosité. le chapeau qui tombe de sa tête et qu'il ramasse à la va-vite, le temps d'arrêt avant d'entreprendre péniblement la roue finale, sont des éléments qui font effectivement sentir qu'il était temps que le genre prenne une pause.
Et Gigi est incomparablement supérieur à cet 'honnête' divertissement un peu longuet.
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We live again de Rouben Mamoulian(1934)
Pour les retrouvailles de Mamoulian et Frederic March après le très reussi Docteur Jekill et Mister Hyde, je m'attendais à découvrire plus qu'un bon film.Dans les années 30 (donc avant la guerre froide),les cinéastes américains n'ont jamais été tres à l'aise quand il s'agissait de traiter la révolution Russe ou le communisme,refusant de traiter le sujet de front c'est toujours par le biais de la comédie qu'ils abordaient le sujet (ainsi Vidor dans Comrade X, Wellman dans Héros à vendre et meme Lubitsh avec Ninotshka).Mamoulian n'échappe pas à la règle et plombe son sujet (un roman de Tolstoi pré révolutionnaire) des la première demi-heure,puis de la comédie on glisse vers le drame sentimental et Mamoulian de conclure betement(religieusement)...
Pour les retrouvailles de Mamoulian et Frederic March après le très reussi Docteur Jekill et Mister Hyde, je m'attendais à découvrire plus qu'un bon film.Dans les années 30 (donc avant la guerre froide),les cinéastes américains n'ont jamais été tres à l'aise quand il s'agissait de traiter la révolution Russe ou le communisme,refusant de traiter le sujet de front c'est toujours par le biais de la comédie qu'ils abordaient le sujet (ainsi Vidor dans Comrade X, Wellman dans Héros à vendre et meme Lubitsh avec Ninotshka).Mamoulian n'échappe pas à la règle et plombe son sujet (un roman de Tolstoi pré révolutionnaire) des la première demi-heure,puis de la comédie on glisse vers le drame sentimental et Mamoulian de conclure betement(religieusement)...
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J'aime bien ce que vous dites sur le film de Rouben que vous ne trouvez pas assez réaliste, pas assez ... certainement dans la ligne du Parti. Quant à l'alliance de vos deux derniers adverbes qui concluent votre jugement, je les trouve parfaitement, comment dirai-je, d'époque c'est-à-dire politiquement infiniment corrects.Geoffrey Firmin a écrit :We live again de Rouben Mamoulian(1934)
Pour les retrouvailles de Mamoulian et Frederic March après le très reussi Docteur Jekill et Mister Hyde, je m'attendais à découvrire plus qu'un bon film.Dans les années 30 (donc avant la guerre froide),les cinéastes américains n'ont jamais été tres à l'aise quand il s'agissait de traiter la révolution Russe ou le communisme,refusant de traiter le sujet de front c'est toujours par le biais de la comédie qu'ils abordaient le sujet (ainsi Vidor dans Comrade X, Wellman dans Héros à vendre et meme Lubitsh avec Ninotshka).Mamoulian n'échappe pas à la règle et plombe son sujet (un roman de Tolstoi pré révolutionnaire) des la première demi-heure,puis de la comédie on glisse vers le drame sentimental et Mamoulian de conclure betement(religieusement)...
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Silk Stockings, Mamoulian 1957
Je ne me souviens plus si on apprécie Silk Stockings sur le forum mais j'ai été enchanté de le revoir. Même si l'humour est parfois facile, quelle pêche! Cela m'a fait un bien fou et ces lyrics et ces numéros plus réjouissants les uns que les autres vous envoient to Heaven. J'ai même retrouvé une scène qui m'avait intrigué (alors qu'à l'époque je ne regardais pas les dessous des filles): dans le superbe numéro de danse sur le plateau du tournage de Josephine, par deux fois la jupe normale de Cyd Charisse se transforme en jupe-culotte. Marrant.
Et du coup je viens de lire Tavernier ...mais il dit des conneries sur ce coup là: à mon avis il a un compte à régler.
Je ne me souviens plus si on apprécie Silk Stockings sur le forum mais j'ai été enchanté de le revoir. Même si l'humour est parfois facile, quelle pêche! Cela m'a fait un bien fou et ces lyrics et ces numéros plus réjouissants les uns que les autres vous envoient to Heaven. J'ai même retrouvé une scène qui m'avait intrigué (alors qu'à l'époque je ne regardais pas les dessous des filles): dans le superbe numéro de danse sur le plateau du tournage de Josephine, par deux fois la jupe normale de Cyd Charisse se transforme en jupe-culotte. Marrant.
Et du coup je viens de lire Tavernier ...mais il dit des conneries sur ce coup là: à mon avis il a un compte à régler.
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Queen Christina (La Reine Christine) de Rouben Mamoulian (1933).
N’ayant jamais eu l’occasion de voir un film avec Greta Garbo (les diffusions sur le réseau hertzien se font très rares), j’ai donc profité de la soirée « hommage » que lui rendait TCM vendredi dernier pour découvrir cette grande actrice. Après un superbe documentaire de Kevin Brownlow retraçant la vie de « La Divine », j’ai pu enfin visionner le film de Rouben Mamoulian Queen Christina.
Que dire ? L’histoire est apparemment assez éloignée de la vérité historique et je n’ai ressenti aucune émotion, excepté lors de deux très belles scènes : le moment de l’abdication et la dernière scène sur la proue du navire. Sinon, à part cela, je me suis même parfois un peu ennuyé. Certes, La Divine Garbo est vraiment magnifique et le film, à ce sujet, la met très bien en valeur dans certains plans. Mais cela est-il réellement suffisant pour donner de la substance à un film ?
5/10
On vante souvent les mérites du film Camille (Le Roman de Marguerite Gautier) de George Cukor. Est-ce que ce film vaut le détour ?
N’ayant jamais eu l’occasion de voir un film avec Greta Garbo (les diffusions sur le réseau hertzien se font très rares), j’ai donc profité de la soirée « hommage » que lui rendait TCM vendredi dernier pour découvrir cette grande actrice. Après un superbe documentaire de Kevin Brownlow retraçant la vie de « La Divine », j’ai pu enfin visionner le film de Rouben Mamoulian Queen Christina.
Que dire ? L’histoire est apparemment assez éloignée de la vérité historique et je n’ai ressenti aucune émotion, excepté lors de deux très belles scènes : le moment de l’abdication et la dernière scène sur la proue du navire. Sinon, à part cela, je me suis même parfois un peu ennuyé. Certes, La Divine Garbo est vraiment magnifique et le film, à ce sujet, la met très bien en valeur dans certains plans. Mais cela est-il réellement suffisant pour donner de la substance à un film ?
5/10
On vante souvent les mérites du film Camille (Le Roman de Marguerite Gautier) de George Cukor. Est-ce que ce film vaut le détour ?
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Merci pour la réponse M'sieur Fox !Jeremy Fox a écrit :Un magnifique mélo. Pour moi, son plus beau rôle.Private Joker a écrit :
On vante souvent les mérites du film Camille (Le Roman de Marguerite Gautier) de George Cukor. Est-ce que ce film vaut le détour ?
Je vais essayer de me procurer le film en DVD.
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Queen Christina (La reine Christine) (1933)
Souvent, je viens apaiser les tourments de mon âme auprès de l’insolente facticité de ce cinéma qui ne craignait pas de s’offrir comme art du mensonge.
Sous l’éclat des étoiles qui tapissaient le ciel de Culver City, régna sans partage l’unique divinité de cet Olympe de stuc que l’on eût pourtant jamais rêvé plus vrai.
Exilée de sa Suède natale, Garbo en refoule symboliquement le sol sous les atours de la légendaire souveraine des lieux, Christine, pour finalement s’en éloigner à jamais le regard perdu dans la contemplation un horizon imaginaire.
Rouben Mamoulian brosse avec une préciosité attentive le portrait de cette femme en rupture de conventions, qui renonça à sa couronne pour ne pas renoncer à sa liberté.
La main ferme du réalisateur dans le gant de l’esthète guide la vedette dans les pas d’une langoureuse chorégraphie amoureuse : à la lueur d’un feu de cheminée, Christine effleure divers objets qui garnissent la chambre où elle vient de consumer sa première nuit avec Antonio (John Gilbert) – une séquence paraît-il réglée au métronome par Mamoulian.
La déesse scandinave joue avec virtuosité de son incomparable sensualité froide ; sous la calotte glaciaire brûlent les flammes de la passion, sous le masque marmoréen frémit la fantaisie.
Les arabesques de la Divine tissent la trame d’un jeu affranchi des outrages de l’âge, elle glisse sur la pellicule pareille à un joyau qui se niche au creux de son écrin
Tel un astre elle impressionne la pellicule de tout son éclat, et cette clarté resplendissante rejette impitoyablement dans l’ombre les partenaires trop ternes ; ici un John Gilbert méritant mais dépassé.
Garbo n’est pas la Reine Christine, la Reine Christine est Garbo.
Souvent, je viens apaiser les tourments de mon âme auprès de l’insolente facticité de ce cinéma qui ne craignait pas de s’offrir comme art du mensonge.
Sous l’éclat des étoiles qui tapissaient le ciel de Culver City, régna sans partage l’unique divinité de cet Olympe de stuc que l’on eût pourtant jamais rêvé plus vrai.
Exilée de sa Suède natale, Garbo en refoule symboliquement le sol sous les atours de la légendaire souveraine des lieux, Christine, pour finalement s’en éloigner à jamais le regard perdu dans la contemplation un horizon imaginaire.
Rouben Mamoulian brosse avec une préciosité attentive le portrait de cette femme en rupture de conventions, qui renonça à sa couronne pour ne pas renoncer à sa liberté.
La main ferme du réalisateur dans le gant de l’esthète guide la vedette dans les pas d’une langoureuse chorégraphie amoureuse : à la lueur d’un feu de cheminée, Christine effleure divers objets qui garnissent la chambre où elle vient de consumer sa première nuit avec Antonio (John Gilbert) – une séquence paraît-il réglée au métronome par Mamoulian.
La déesse scandinave joue avec virtuosité de son incomparable sensualité froide ; sous la calotte glaciaire brûlent les flammes de la passion, sous le masque marmoréen frémit la fantaisie.
Les arabesques de la Divine tissent la trame d’un jeu affranchi des outrages de l’âge, elle glisse sur la pellicule pareille à un joyau qui se niche au creux de son écrin
Tel un astre elle impressionne la pellicule de tout son éclat, et cette clarté resplendissante rejette impitoyablement dans l’ombre les partenaires trop ternes ; ici un John Gilbert méritant mais dépassé.
Garbo n’est pas la Reine Christine, la Reine Christine est Garbo.
Dernière modification par Lord Henry le 25 janv. 11, 10:14, modifié 1 fois.