Michel Deville (1931-2023)
Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky
- odelay
- David O. Selznick
- Messages : 13148
- Inscription : 19 avr. 03, 09:21
- Localisation : A Fraggle Rock
Re: Michel Deville (1931-2023)
Ah je ne savais pas pour le Voyage en douce, donc en effet il pourrait être un candidat. Par contre Raphael, il n'est pas sorti chez Gaumont en BR. Du coup il faudrait que d'autres labels se chargent du reste du catalogue comme ça a été le cas pour Raphaël, mais il serait nécessaire que les films soient d'abord restaurés. Benjamin en BR pourrait vraiment être superbe.
- Jack Carter
- Certains l'aiment (So)chaud
- Messages : 30355
- Inscription : 31 déc. 04, 14:17
- Localisation : En pause
Re: Michel Deville (1931-2023)
Sur mycanal
Adorable menteuse
A cause, à cause d'une femme
Le Paltoquet
Un monde presque paisible
Aux petits bonheurs
Sur Arte.tv
Le Dossier 51 (jusqu'au 21 aout)
Adorable menteuse
A cause, à cause d'une femme
Le Paltoquet
Un monde presque paisible
Aux petits bonheurs
Sur Arte.tv
Le Dossier 51 (jusqu'au 21 aout)
The Life and Death of Colonel Blimp (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1943)
- Alibabass
- Assistant opérateur
- Messages : 2679
- Inscription : 24 nov. 17, 19:50
Re: Michel Deville (1931-2023)
Et nous pouvons ajouter Le Mouton Enragé qui sera diffusé sur TV5 aujourd'hui à 21h, et en Replay ensuite jusqu'au 13 mars.
- Flol
- smells like pee spirit
- Messages : 54841
- Inscription : 14 avr. 03, 11:21
- Contact :
Re: Michel Deville (1931-2023)
Alors attention, mais ces 2 là sont disponibles jusqu’à…demain soir seulement.
- Addis-Abeba
- Mouais
- Messages : 16017
- Inscription : 12 nov. 04, 23:38
- Localisation : Chocolatine
Re: Michel Deville (1931-2023)
Vu enfin Le dossier 51, c'est vrai que c'est assez impressionnant, c'est réglé comme une horloge suisse.
J'ai du mal parfois avec des films où il y a trop d'infos (surtout en vieillissant ) style Les hommes du président, mais là c'est tellement bien construit que c'est passionnant. Grand film.
J'ai du mal parfois avec des films où il y a trop d'infos (surtout en vieillissant ) style Les hommes du président, mais là c'est tellement bien construit que c'est passionnant. Grand film.
- Profondo Rosso
- Howard Hughes
- Messages : 18530
- Inscription : 13 avr. 06, 14:56
Re: Michel Deville (1931-2023)
Eaux profondes (1981)
À Jersey, Mélanie (Isabelle Huppert) et Vic (Jean-Louis Trintignant) forment un couple particulier, même s'ils sont bien intégrés dans la population locale. Mélanie séduit d'autres hommes et Vic regarde son épouse dans les bras des autres, sans manifester extérieurement la moindre jalousie. Il s'arrange toutefois pour faire peur aux prétendants et les éloigner de sa femme.
Eaux profondes marque les retrouvailles de Michel Deville avec Jean-Louis Trintignant qu'il avait dirigé sept ans plus tôt dans Le Mouton enragé (1974), mais aussi avec un projet avorté de la même période, l'adaptation du roman éponyme de Patricia Highsmith. A 1980, Michel Deville est dépêché par Stanley Kubrick en personne pour effectuer le casting et diriger le doublage de son Shining (1980). Deville sélectionne Jean-Louis Trintignant pour doubler Jack Nicholson et c'est ainsi l'occasion de renouer le contact avec l'acteur et discuter des projets en cours, d’une nouvelle collaboration éventuelle. Michel Deville vient à ce moment-là de remanier un ancien script écrit avec Christopher Frank adaptant le roman de Patricia Highsmith, initialement abandonné faute d'avoir réussi à rendre le personnage féminin consistant. Deville cerne mieux les scories de ce premier jet à la relecture et rend selon lui l'ensemble plus intéressant, au point de proposer le premier rôle masculin à Trintignant.
Le film aurait tout aussi bien s'appeler Eaux troubles, tant brille ici l'ambiguïté dont Patricia Highsmith est capable. Nous suivons la relation de couple étrange liant Mélanie (Isabelle Huppert) et Vic (Jean-Louis Trintignant), la première s'avérant en constante recherche de flirt ou d'aventures adultère aux yeux de tous, et ce avec l'apparent assentiment de son mari. Les choses s'avèrent plus complexes durant la scène d'ouverture, montrant la danse langoureuse de Mélanie avec son amour du moment sous le regard de Vic. Ce dernier va cependant refroidir les ardeurs du prétendant par une tirade menaçante assénée avec le sourire, sous-entendant le sort funeste des précédents amants de sa femme. Tout le film est une variation de cette introduction, montrant tour à tour Vic ou Mélanie à leur avantage, la seule différence se faisant sur les conséquences criminelles de ce jeu dangereux. La mise en scène de Michel Deville sème le doute entre le degré de conflit, de défi et de complicité de ces situations. Sous ses airs avenants, on sent la jalousie ronger Vic incarné par un Trintignant dont la fascinante opacité permet de projeter une gamme variée de sentiment. Mais d'un autre côté, Mélanie tout affairée qu'elle soit avec un nouvel homme, n'oublie jamais de guetter par un regard en coin la réaction de Vic à son comportement. Cette zone grise entre jeu amoureux et réelle tension conjugale passe par la mise en scène de Deville. Les panoramiques passant de Vic seul, stoïque et meurtri à Mélanie, lascive et sensuelle dans les bras d'un autre laisse entendre cette complicité implicite, quand les champs contre champs plus frontaux et jouant sur les gros plans des visages signifieraient au contraire une jalousie plus ordinaire mais contenue.
Michelle Deville exploite cette tension également dans l'intimité du domicile conjugal, où la place de chacun est incertaine. Vic prête une attention "paternelle" à une Mélanie femme-enfant dans plusieurs situations (la déshabillant avant le coucher, lui apportant le petit-déjeuner) quand Marion (Sandrine Kljajic), la vraie enfant du couple, semble avoir une vraie acuité et maturité pour observer, désamorcer les conflits en germe de ses parents - et a par ce biais davantage le rôle d'une mère et épouse dans la cellule familiale. Il n'y a pas de réel suspense ou de notion de thriller lorsque le crime intervient, tant par une sorte de complicité de classe implicite de cette société de Jersey ne souhaitant pas incriminer l'un des leur, que par cette dynamique insaisissable unissant Vic et Mélanie (cet échange final, "J'ai eu peur", "Moi aussi" se prêtant à toutes les interprétations). Ils ne se poussent mutuellement au bord du précipice (la métaphore finale de la falaise) que pour mieux se retrouver, sans qu'aucun n'envisage sérieusement la solution la plus logique d'une séparation. La dernière scène dépeignant un paisible retour dans la demeure familiale entérine cette zone grise uniquement connue de ce couple singulier. 4,5/6
À Jersey, Mélanie (Isabelle Huppert) et Vic (Jean-Louis Trintignant) forment un couple particulier, même s'ils sont bien intégrés dans la population locale. Mélanie séduit d'autres hommes et Vic regarde son épouse dans les bras des autres, sans manifester extérieurement la moindre jalousie. Il s'arrange toutefois pour faire peur aux prétendants et les éloigner de sa femme.
Eaux profondes marque les retrouvailles de Michel Deville avec Jean-Louis Trintignant qu'il avait dirigé sept ans plus tôt dans Le Mouton enragé (1974), mais aussi avec un projet avorté de la même période, l'adaptation du roman éponyme de Patricia Highsmith. A 1980, Michel Deville est dépêché par Stanley Kubrick en personne pour effectuer le casting et diriger le doublage de son Shining (1980). Deville sélectionne Jean-Louis Trintignant pour doubler Jack Nicholson et c'est ainsi l'occasion de renouer le contact avec l'acteur et discuter des projets en cours, d’une nouvelle collaboration éventuelle. Michel Deville vient à ce moment-là de remanier un ancien script écrit avec Christopher Frank adaptant le roman de Patricia Highsmith, initialement abandonné faute d'avoir réussi à rendre le personnage féminin consistant. Deville cerne mieux les scories de ce premier jet à la relecture et rend selon lui l'ensemble plus intéressant, au point de proposer le premier rôle masculin à Trintignant.
Le film aurait tout aussi bien s'appeler Eaux troubles, tant brille ici l'ambiguïté dont Patricia Highsmith est capable. Nous suivons la relation de couple étrange liant Mélanie (Isabelle Huppert) et Vic (Jean-Louis Trintignant), la première s'avérant en constante recherche de flirt ou d'aventures adultère aux yeux de tous, et ce avec l'apparent assentiment de son mari. Les choses s'avèrent plus complexes durant la scène d'ouverture, montrant la danse langoureuse de Mélanie avec son amour du moment sous le regard de Vic. Ce dernier va cependant refroidir les ardeurs du prétendant par une tirade menaçante assénée avec le sourire, sous-entendant le sort funeste des précédents amants de sa femme. Tout le film est une variation de cette introduction, montrant tour à tour Vic ou Mélanie à leur avantage, la seule différence se faisant sur les conséquences criminelles de ce jeu dangereux. La mise en scène de Michel Deville sème le doute entre le degré de conflit, de défi et de complicité de ces situations. Sous ses airs avenants, on sent la jalousie ronger Vic incarné par un Trintignant dont la fascinante opacité permet de projeter une gamme variée de sentiment. Mais d'un autre côté, Mélanie tout affairée qu'elle soit avec un nouvel homme, n'oublie jamais de guetter par un regard en coin la réaction de Vic à son comportement. Cette zone grise entre jeu amoureux et réelle tension conjugale passe par la mise en scène de Deville. Les panoramiques passant de Vic seul, stoïque et meurtri à Mélanie, lascive et sensuelle dans les bras d'un autre laisse entendre cette complicité implicite, quand les champs contre champs plus frontaux et jouant sur les gros plans des visages signifieraient au contraire une jalousie plus ordinaire mais contenue.
Michelle Deville exploite cette tension également dans l'intimité du domicile conjugal, où la place de chacun est incertaine. Vic prête une attention "paternelle" à une Mélanie femme-enfant dans plusieurs situations (la déshabillant avant le coucher, lui apportant le petit-déjeuner) quand Marion (Sandrine Kljajic), la vraie enfant du couple, semble avoir une vraie acuité et maturité pour observer, désamorcer les conflits en germe de ses parents - et a par ce biais davantage le rôle d'une mère et épouse dans la cellule familiale. Il n'y a pas de réel suspense ou de notion de thriller lorsque le crime intervient, tant par une sorte de complicité de classe implicite de cette société de Jersey ne souhaitant pas incriminer l'un des leur, que par cette dynamique insaisissable unissant Vic et Mélanie (cet échange final, "J'ai eu peur", "Moi aussi" se prêtant à toutes les interprétations). Ils ne se poussent mutuellement au bord du précipice (la métaphore finale de la falaise) que pour mieux se retrouver, sans qu'aucun n'envisage sérieusement la solution la plus logique d'une séparation. La dernière scène dépeignant un paisible retour dans la demeure familiale entérine cette zone grise uniquement connue de ce couple singulier. 4,5/6