Isolation, de Billy O'Brien
Je reposte ici mes mauvaises impressions de ce film, histoire de recentrer le débat dans le bon topic. Je n'ai qu'un regret, avoir rendu le dvd à la location, ça m'aurait permis de mieux argumenter (là, je n'ai que ma mémoire).
Bref, mon nanar du mois s'appelle Isolation, de Billy O'Brien.
Une hilarante histoire d'horreur dans une ferme labyrinthique, avec veaux-garous en pagaille et lisier méphitique...
Sans blague, ça faisait bien longtemps que je n'avais pas vu un aussi mauvais film... Mais j'ai bien ri.
Entre des comédiens hébétés, une photo hideuse, un rythme bancal et une intrigue énorme qui accumule tous les clichés des films de monstre des vingt dernières années, au mépris des bases les plus élémentaires de la biologie (sans s'en soucier, d'ailleurs), le film n'a vraiment pas grand chose pour lui.
On sent le manque de moyens, mais aussi, plus grave, le manque d'idées (les rares idées qu'on peut trouver sont celles qui proviennent d'autres films, très mal introduites, hélas).
phylute wrote:J'ai trouvé la mise en scène du film très maîtrisée, les acteurs très justes, et le tout est tenu par un excellent sens du rythme et bénéficie d'une photo bien travaillée !
Comme quoi l'égoût et l'écouleur...
Franchement,
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- L'éclairage des intérieurs, en particulier de l'intérieur caravane, est vraiment très laid, et le cadrage produit souvent de la confusion (on ne voit pas ce qui se passe, on ne comprend pas ce qu'on vient de voir).
Je ne sais pas à quel moment les comédiens t'ont particulièrement convaincu, mais j'ai en tête un échange 'je sors d'ici' / 'Vous resterez ici" dans le laboratoire particulièrement peu convainquant : le "jeune héros" masculin ne jouant ni le choc, ni la colère, ni la peur...
Enfin, une séquence particulièrement malheureuse reste celle où le fermier engage son tracteur dans le lisier jusqu'à y noyer son moteur "pour effrayer la bête" ... Le découpage de la scène m'a semblé carrément regrettable (j'ai mis 2 minutes à comprendre la disposition des lieux).
Je vais aller lire ce que tu as trouvé dans le film, ça me fera sans doute réfléchir un peu.
Ratatouille wrote:1ère fois que je lis qu'
Isolation serait un nanar, quand même...
Je le considère comme étant un bon film de genre, blindé de références mais sachant les intégrer parfaitement à son récit ; récit qui, effectivement si l'on s'amuse à le prendre au 1er dégré, peut paraître assez grotesque...alors peut-être suis-je un naïf ou un grand enfant, mais je n'ai pas pu m'empêcher de trouver cette histoire, pourquoi pas....
"réaliste".

Non vraiment cinéphage, ton avis me surprend.
Certes, le traitement "filmage numérique" donne toujours une impression plus vraie que vraie (réaliste, documentaire...), on le sait depuis Blair Witch, et Ils, que j'ai vu récemment, l'illustre parfaitement. Mais tout de même, ça ne dispense pas d'un traitement sérieux.
L'histoire du "veau mutant", si l'on passe outre le coté rigolo du principe de base (et il est de taille), demanderait un traitement un tant soit peu sérieux.
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- On débouche ici sur un monstre dont on sait qu'il est viable et mobile avant même la naissance (et qu'il peut mordre tout en restant dans son placenta), qu'il est infectieux (mais de quoi ??), tout en étant capable de "se transmettre" à l'homme (là encore, comment ?). On ne saura jamais vraiment à quoi il ressemble, sinon à des petits bouts de viande qui gigotent, mais toujours de façon floue.
Si on évince l'énigme sans réponse (aliens ou mystère insoluble), l'explication "scientifique" doit alors un minimum tenir la route : pour un mutant, il a de drôles de caractéristique, le veau mutant...
Les comportements des personnages et les faits présentés sont trop souvent incohérents (pourquoi le fermier veut-il "effrayer" la bestiole avec son tracteur ?? Si c'est son tracteur, n'aurait-il pas pu deviner qu'en en noyant le moteur dans du lisier, il le mettrait en panne ? Comment croire à ce décor, crédible pour une vieille installation fermière insalubre, mais pas pour un lieu d'expérimentations génétiques high-tech ?? La bestiole aurait également des réactions "humaines" : alors qu'elle est à 30 cm de l'héroïne, il suffit de faire du bruit pour l'attirer à soi (comme si l'héroïne n'en faisait pas, avec ses cris, du bruit)).
Bref, les incohérences se multiplient, et il ne suffit pas d'une image crade en DV pour donner une vraisemblance à un postulat de film de genre ultra-caricatural.
En conclusion, je n'ai eu peur à aucun moment (et je me demande quand il aurait fallu avoir peur), et l'histoire m'a paru risible (j'ai d'ailleurs énormément ri).
J'ai eu l'impression qu'on me prenait un peu pour un con, en me demandant d'accepter un grand nombre de postulats "parce qu'on est dans un film d'horreur et que c'est toujours comme ça dans les films d'horreur". Utiliser les codes d'un genre n'exempte pas de les justifier dans le récit.
A vous lire, je me dis que je suis passé à coté du film. Je suis pourtant généralement friand de films de ce genre là. Mais je ne retenterai pas l'expérience de sitôt avec Billy O'Brien.
phylute wrote:C'est peut être ta télé qui est un peu sombre car franchement j'ai trouvé le film très lisible. Le réalisateur ne fait pas du tout dans l'image crade et réaliste, il travaille au contraire ses cadres et ses lumières.
Quand aux incohérences scientifiques, il y en a certainement, mais ça ne m'a franchement pas gêné plus que de raison.
C'est une vraie petite série B très agréable, directe, qui fait vraiment plaisir à voir.
S'ensuit un échange sur le fait que j'ai cru avoir une image en numérique, alors qu'il s'avère que le film est en 35 mm. Je me suis par conséquent payé une petite session réglage des noirs sur ma télé hier soir. A mon grand dam, je ne peux plus vérifier comment serait le film à présent, mais il semble qu'effectivement, ma télé aie un peu "sali" l'image (suffisamment pour me gacher le film).
takezo wrote:
Je te rejoins dans les grandes lignes, même si j'ai trouvé l'ambiance et la photo très réussie avec une bonne mise en place des caractères. Par contre, au bout d'une demi-heure la narration part en sucette, avec une enfilade de scènes mal fagotées, gavées de références à peine digérées (
Alien,
The Thing...). Suffit de voir la fin pour s'en convaincre.
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- L'attaque dans la caravane est foireuse à souhait. La bestiole ayant l'air de dire "restez coucher, je ne fais que passer". Et puis le coup du "j'ai une idée, je vais chercher mon tracteur pour m'enliser dans un mètre de gadoue...." hum...
Le gros souci du film reste le design de la bestiole, complétement ratée à mon gout. Fatras osseux mal animé et sans personnalité propre, impossible d'être effrayé par ça.