Evil Angel (Richard Dutcher - 2009)
Je ne sais quoi dire sur le film tant Jordan a très bien résumé tout ce qu'il fallait en dire dans
son excellente et enthousiaste chronique. Alors restons en à l'évidence, on est effectivement en présence d'une très bonne série B, dotée non seulement d'effets spéciaux convaincants (on pourra trouver le visage de Lilith légèrement guignolesque dans les effets au sens où le réalisateur s'amuse et abuse des plans le dévoilant très souvent mais j'y ai vu autant de clin d'oeil au cinéma horrifique des années 80, notamment du visage de la créature dans la cave d'un
Evil Dead 2 par exemple pour que finalement ça ne me gêne pas), comme d'acteurs doués (bien sûr il y a Ving Rhames ou Ava Gaudet mais saluons aussi Kristopher Shepard dans le rôle de Marcus l'ambulancier, Marie Westbrook dans celui du sublime personnage féminin qu'est Jenny ou JJ Neward en Lilith rousse) et d'idées bienvenues (notamment ce générique érotique très beau qui semble contraster un peu avec toute l'horreur qui va suivre). Qui plus est, les clins d'oeils (Jordan a évoqué
Basic Instinct plus tôt) comme l'humour sont présents et livrent une bonne part d'ironie mordante à certaines situations (le gamin qui dit "batman", les morceaux de corps qui atterrissent dans le camion des jeunesses chrétiennes...
). Et puis certaines situations, certains dialogues sont bienvenus. J'adore ainsi, l'un des dialogues finaux de Lilith à Marcus quand elle lui dit avec un certain mélange d'admiration : "
Tu as tiré". Comme si elle reconnaissait pour la première fois qu'un humain ait pu se mesurer à elle, d'où cette fin attendue mais qui en même temps échappe au banal règlement de compte.
Autant la première partie du film est plus axé sur un crescendo dans l'horreur jouissive, autant la seconde partie est plus psychologique. Cette dernière était pourtant présente à petites touches dans le personnage de la femme de Marcus qui sombrait dans une profonde déprime mais éclipsée par le panache de JJ Neward campant une Lilith rousse exterminatrice terriblement dangereuse. On pourrait alors penser que la seconde partie accuse un coup de mou, il n'en est rien, il faut juste laisser Lilith reprendre ses marques dans un autre corps. Au passage, la séquence où la femme de Marcus choisit de prendre sa décision fatale tout en regardant le Nosferatu de Murnau est très belle je trouve. Comme si face à l'horreur d'un vampire (en noir et blanc), captivé un instant par la magie du cinéma, elle retardait son geste avant, inconsciemment de choisir d'en finir, sûrement après avoir considéré que l'horreur vampirique, même en fiction, n'égalait pas celle du monde réel.
Un seul petit défaut, que Jordan a déjà pointé, les sous-titres. Outre l'absence d'apostrophe, les erreurs orthographiques avec les "
oe " sont parfois assez dures à supporter. "
Il faudrait lui tirer les balles en argent dans le c ur." Outch, ça fait un peu mal ça, parfois. Sinon, peut-être le scénario qui parfois recoupe la narration d'une manière un peu brute (j'ai mis un certain temps à situer comment le policier en venait à s'intéresser à Marcus alors que les affaires pourraient très bien être traitées séparément. J'ai dû louper une case à un moment, je sais pas). A part ces petits défauts mineur, on passe un excellent moment, le réalisateur se faisant même plaisir à apparaître en personnage secondaire dans le film, celui du parano et drôle Martineau.
Merci Jordan pour le DVD.
4,5/6.