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Re: Notez les films naphtas - Juin 2010

Publié : 18 juin 10, 01:21
par Profondo Rosso
Gendarmes et Voleurs de Steno Mario Monicelli (1951)

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Ferdinando Esposito vit de petites arnaques à Rome. Déguisé en guide il vend de fausses pièces antiques à des touristes, l'un d'eux, Locuzzo, découvre qu'il vient de se faire avoir et jure de retrouver Esposito qui s'enfuie. Ce dernier recrute des enfants pour aller chercher des colis à une distribution de bienfaisances organisée par des Américains à destination des familles italiennes en difficulté. Mais alors qu'arrive son tour, Esposito découvre que l'Américain organisateur n'est autre que Locuzzo, qui le reconnait et envoie le sergent Bottoni à ses trousses. Au bout d'une longue poursuite le policier rattrape le voleur, mais ce dernier, par un subterfuge, arrive à s'échapper.Locuzzo est furieux et en réfère en très haut lieu. Bottoni est suspendu et menacé de procès pour négligence. S'il veut s'en tirer il va devoir retrouver Esposito avant la date du procès.

Plusieurs années avant le céléèbrissime "Le Pigeon", Monicelli tentait déjà le rapprochement entre comédie et néoréalisme (qui allait trouver son aboutissement avec le film de 58 et lancer la comédie italienne féroce) à travers cette commande pour le comique Toto co réalisée avec Sténo. On est donc bien évidemment loin de la méchanceté et de la noirceur de la grande comédie italienne et le tout est encore largement imprégné de préoccupations sociales. On ressent beaucoup cela dans le traitement des personnages dans la tonalité des comédie populaires italiennes des années 50, tous très attachants malgré la provenance douteuses de certains. On assiste donc ici au redoutable jeu de chat et de la souris entre un officier de police balourd incarné par Aldo Fabrizi et un voleur sournois joué lui par Toto. Le scénario se montre très inventif pour dépeindre leur rapport. L'opposition joue à plein lors de leur première entrevue où Fabrizi traque longuement Toto après l'arnaque de celui ci sur un touriste. La poursuite est hilarante de lenteur et de ridicule, et la séquence qui suit entre aparté improbable (Steno et fabrizi qui stoppe un temps leur poursuite pour discuter de cure thermal de repos :lol: ),échanges savoureux (avec un Toto irrésistible de sans gêne qui humilie Fabrizi durant leur conversation) et l'évasion finale de Toto est un grand moment de comédie. L'histoire prend ensuite un tour étonnant, l'officier devant retrouver celui qui l'a roulé sous peine d'être sanctionné. L'idée de son enquête est fabuleuse, puisqu'il va se rapprocher de la famille du voleur et se faire bienfaiteur afin de le retrouver. Une ambiguité se fait jour, le policier adoptant une méthode tout aussi sournoise que l'escroc pour l'arrêter, avec pour victime une famille innocente quand l'autre ne s'attaquait qu'à de pauvres bougres touristes (ce que souligne un échange entre eux à la fin du film). L'époque n'est pas encore à aller au fond thématique de cette dualité et finalement Fabrizzi s'attache à la famille de son ennemi, qui lui même explore la sienne de son côté avec un savoureux moment où les deux s'interceptent au téléphone, chacun étant au domicile de l'autre. La facture visuelle évoque bien évidemment le néo réalisme à travers les quartiers populaires de Rome et ces environs encore très champêtres mais Monicelli parvient à délivrer quelques moments à la limite du Tex Avery lors des innombrables poursuite entre ses deux héros, et le film est sacrément drôle du début à la fin. Très sympathique, je découvre un peu Toto avec ce film et serait très curieux de voir les autres films faits avec Steno ou Monicelli s'ils sont aussi réussis. 5/6

Re: Mario Monicelli

Publié : 22 nov. 10, 14:28
par Federico
Casanova '70 (1965)

Monicelli et Mastroianni ont voulu se faire plaisir avec ce vrai-faux film à sketches mais que c'est lourdingue et poussif ! Marcello est un militaire de l'Otan, homme à femmes qui ne peut connaître l'extase qu'en pimentant ses conquêtes internationales (hôtesse de l'air, épouse de barbon ou Sicilienne recluse par sa famille) de circonstances dangereuses. C'est le mauvais côté de la comédie italienne qui ne craignait pas toujours de sombrer dans la vulgaire pantalonnade. En comparaison, Hier, aujourd’hui et demain, c'est du Lubitsch ! Monicelli - dont j'ai vite envie de revoir les grands films - réussit même l'exploit d'enlaidir ou de rendre communes de bien belles actrices (Virna Lisi, Beba Loncar, Marisa Mell, Margaret Lee) à l'exception peut-être d'une Michèle Mercier joliment cuivrée et de Jolanda Modio, la Sicilienne à chevelure de jais.

Une vision si affligeante que mon cerveau déconnecté n'a même pas reconnu Marco Ferreri, interprète de l'inquiétant comte sourd collectionneur d'antiquités !

Le plus intéressant dans le DVD édité par Carlotta, ce sont les commentaires de Grégory Valens qui parvient à raconter des choses passionnantes à partir d'un film qui ne l'est jamais. L'oeil et l'oreille ne s'ouvrent que sur le générique (un peu) pop, quelques notes de Trovajoli, la splendeur des toits d'un village des Pouilles et celle de la colossale villa en ruines du comte.

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Re: Mario Monicelli

Publié : 22 nov. 10, 14:50
par Profondo Rosso
Ah tu es sévère le film est très inégal mais a quelques bons moments. La première moitié et notamment le passage en Sicile avec la famille moyenageuse m'a bien fait rire tout de même, après ça s'enlise un peu sur la fin la partie avec Marco Ferreri est interminable.

Re: Mario Monicelli

Publié : 22 nov. 10, 15:01
par Federico
Profondo Rosso a écrit :Ah tu es sévère le film est très inégal mais a quelques bons moments. La première moitié et notamment le passage en Sicile avec la famille moyenâgeuse m'a bien fait rire tout de même.
Quand même, le gag éculé de la visite du docteur... C'est lourd comme du Philippe Clair ou du Charles Gérard. Compare avec le picaresque autrement plus élégant de la même scène dans Mon oncle Benjamin de Molinaro... ou pour revenir au personnage de Casanova, avec le passage identique au début du tome 1 de la série BD Giacomo C. de Griffo & Dufaux.

Re: Mario Monicelli

Publié : 22 nov. 10, 15:09
par Profondo Rosso
C'est vrai que c'est bien gras et vulgaire, mais bon bon ça ne fait pas de mal de temps en temps cet humour à gros trait. On est loin des meilleur Monicelli je suis d'accord et Germi est plus subtil quand il traite de la Sicile arriérée mais c'est passé tout seul pour moi. Mais je vois qu'on est pas souvent d'accord sur la grosse comédie italienne commerciale comme Hier aujourd'hui et demain que j'avais moi adoré :wink:

Re: Mario Monicelli

Publié : 22 nov. 10, 15:39
par Federico
Profondo Rosso a écrit :C'est vrai que c'est bien gras et vulgaire, mais bon bon ça ne fait pas de mal de temps cet humour à gros trait. On est loin des meilleur Monicelli je suis d'accord et Germi est plus subtil quand il traite de la Sicile arriérée mais c'est passé tout seul pour moi. Mais je vois qu'on est pas souvent d'accord sur la grosse comédie italienne commerciale comme Hier aujourd'hui et demain que j'avais moi adoré :wink:
Ma déception s'explique probablement par le fait que j'ai été bercé toute mon enfance par les récits de mon père qui travailla 25 ans en Italie, du Nord au Sud et n'a jamais cessé de me vanter l'élégance et le raffinement de ses amis transalpins (bon, en même temps, il bossait dans l'industrie du luxe, pas chez Barilla :wink: ).

Mario Monicelli (1915-2010)

Publié : 29 nov. 10, 23:18
par Eusebio Cafarelli
Mario Monicelli s'est suicidé :(
http://www.lepoint.fr/culture/suicide-d ... 8479_3.php

Ah, Mes Chers Amis...

Re: Mario Monicelli (1915-2010)

Publié : 29 nov. 10, 23:19
par Watkinssien
Pourquoi ce geste ? :shock:

RIP pour ce grand cinéaste italien ! :oops:

Re: Mario Monicelli (1915-2010)

Publié : 29 nov. 10, 23:35
par bruce randylan
Il avait beau avoir 95 ans, la découverte de son décès me file un énorme coup de blues. :(

Re: Mario Monicelli (1915-2010)

Publié : 29 nov. 10, 23:39
par Watkinssien
Ah Le pigeon, ah Les Camarades...

Re: Mario Monicelli (1915-2010)

Publié : 29 nov. 10, 23:44
par bruce randylan
Et la grande Guerre et la fille au pistolet et Larmes de joie et mes chers amis et romances et confidences...

La découverte d'une vingtaine de films lors de rétrospective à la cinémathèque était la plus grande révélation de mes dernières années (avec celle sur Masumura)...

Re: Mario Monicelli (1915-2010)

Publié : 29 nov. 10, 23:54
par riqueuniee
Watkinssien a écrit :Ah Le pigeon, ah Les Camarades...
Evidemment...Mais aussi Nous voulons les colonels,une comédie satirique (tirant vers la farce) avec Ugo Tognazzi,sur une tentative de coup d'Etat par des militaires pro-fascistes.

Re: Mario Monicelli (1915-2010)

Publié : 30 nov. 10, 09:09
par Cosmo Vitelli
Il était en phase terminale d'un cancer. Il s'est défenestré de sa chambre d'hôpital.

Un grand maitre qui part, et un cinéaste qui m'était particulièrement cher. J'ai découvert Le Pigeon tout jeune (11-12 ans). Et si l'aspect social m'avait échappé, j'avais ri aux éclats à tel point que le film était devenu un de mes favoris.

65 films et parmi eux des joyaux inestimables.

Addio Maestro. Grazie di tutto.

Re: Mario Monicelli (1915-2010)

Publié : 30 nov. 10, 11:34
par Cosmo Vitelli
riqueuniee a écrit : Evidemment...Mais aussi Nous voulons les colonels,une comédie satirique (tirant vers la farce) avec Ugo Tognazzi,sur une tentative de coup d'Etat par des militaires pro-fascistes.
Qui sortira en DVD au mois de février chez SNC.

En espérant que ses films majeurs soient enfin édités chez nous.

Re: Mario Monicelli (1915-2010)

Publié : 30 nov. 10, 11:37
par Ann Harding
Cela m'a fait un choc quand j'ai entendu la nouvelle hier soir à la radio. Je l'avais vu, il y a 2 ans, à la Cinémathèque où il était venu présenter un cycle Monicelli. Il semblait dans une forme éblouissante à 93 ans. Et, il parlait un français presque parfait (bien qu'il prétendait l'ignorer!). J'avais adoré tous les films que j'avais vu à cette occasion, en particulier Un Borghese piccolo, piccolo. RIP. :(